Quand il pleut : le rôle des arbres et des arbustes dans la prévention de l’érosion des sols

Arbres et agroforesterieEnvironnementSanté des sols

Notes au radiodiffuseur

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L’érosion représente l’un des plus graves problèmes auxquels sont confrontés les agriculteurs dans les régions où les terres agricoles sont en pente et manquent de couvert végétal. Une chute de pluie peut emporter tout le travail et les espoirs des agriculteurs. Mais chaque problème a une solution. Pour retenir le sol et prévenir l’érosion, nous pouvons planter des arbres et des arbustes à croissance rapide entre les cultures.

Si vos auditeurs pratiquent l’agriculture sur des terres en pente douce ou modérée et éprouvent de graves problèmes avec les fortes pluies qui érodent leurs sols, ils voudront peut-être planter des arbres et des arbustes comme haies. Ces haies constituent des obstacles physiques contre l’érosion des sols.

Le présent texte est une courte pièce de théâtre qui met en lumière quelques solutions face à l’érosion des sols. Deux façons d’utiliser ce texte consistent à l’adapter simplement à votre auditoire local ou à vous en inspirer pour produire votre propre pièce de théâtre portant sur l’utilisation des arbres pour empêcher l’érosion des sols dans votre région.

La pièce est suivie d’une période de questions entre un intervieweur et un expert au sujet de l’utilisation des haies comme barrières. N’hésitez pas à vous servir de cette séance de questions telle qu’elle est rédigée, en plus de la pièce de théâtre. Ou bien vous pouvez vous en inspirer pour inviter un expert en matière de barrières de haies pour votre station et réaliser votre propre entrevue.

Texte

‘Quand il pleut’– partie 1
Musique en fondu enchaîné. Chants de grillons dans le lointain. Des vents lourds soufflent. Un coup de tonnerre et ensuite une forte pluie. Maintenir la pluie pendant 3 secondes.

Keke :
(Baillant) Rien de tel qu’un matin après la pluie car je peux non seulement sentir mais également respirer l’air frais.

Gazouillis d’oiseaux dans le lointain

Keke :
Ouah! Quelle pluie, je ferais mieux d’aller jeter un coup d’œil dans mes champs. Cette année, ma récolte va être magnifique… (Il crie) Je m’en vais à la ferme!

Ouverture et fermeture d’une porte. Créer l’atmosphère d’un environnement campagnard. Des oiseaux gazouillent. Des vaches meuglent dans le lointain. Couper pour entendre quelqu’un courir dans les broussailles, puis s’arrêter soudainement.

Keke :
Non, ce n’est pas possible, cela ne peut pas être ma ferme! Tafa, as-tu vu? Toutes les ignames et tout le manioc emportés par une seule pluie! Mon Dieu, je suis ruiné!

Tafa :
(D’un ton grave, presque en pleurs) Keke, avez-vous vu ma ferme… oh! La pluie, comment les dieux peuvent-ils être si méchants?
Dende :
(D’une voix apaisante) Tafa, il ne faut pas blâmer les dieux car la plupart du temps c’est de notre faute.
Keke :
Dende, ne me laisse pas passer ma frustration sur toi.

Dende :
(Calmement) Est-ce que cela résoudrait ton problème? N’oublie pas que ce n’est pas seulement ta ferme qui a été détruite par la pluie.
Tafa :
Je suis si déboussolé. Je ne sais pas comment tu peux être si calme… Dende, que devons-nous faire?
Dende :
(Toujours calmement) Nous avons tous souffert des bienfaits de la pluie de la nuit dernière. Les dieux veulent que nous en tirions une leçon… allons signaler cette catastrophe au chef du village.

Toutes les voix à l’unisson :
Je suppose que tu as raison.

Des bruits de pas dans les broussailles. Le bruit d’un cours d’eau. Des oiseaux gazouillant dans le lointain. Des voix d’enfants puisant de l’eau dans le cours d’eau du village.

Tiwa :
Papa Ego, d’où venez-vous? Pourquoi faites-vous tous cette tête? Quelqu’un est-il mort?
Keke :
Tiwa, si quelqu’un était mort, nous serions parvenus à faire face à la situation. Mais ce qui nous arrivé est pire que la mort.
Tafa :
La pluie d’hier…

Tiwa :
(Intervenant) La pluie a été un bienfait pour tous les agriculteurs de notre village. Les avez-vous entendu célébrer et remercier Dieu pour avoir déversé des trombes d’eau?
Tous les hommes murmurent en silence.

Tiwa :
Ai-je dit quelque chose de mal?

Dende :
Non, ma fille, tes paroles sont pleines de sagesse. Il faut du courage pour tirer la leçon de nos erreurs. (Légère pause.) Peux-tu nous faire une faveur?
Tiwa :
Que puis-je faire, monsieur?
Dende :
Peux-tu nous emmener dans tes champs? Nous aimerions les voir de nos propres yeux. Tu dois faire quelque chose de bien et nous avons besoin de le savoir pour survivre.

Augmentation progressive de la musique et temps d’arrêt pour entendre l’animateur

Animateur :
Quelle est, à votre avis, la cause du problème dans le village de Dende? Quelle est la solution à ce problème? Restez à l’écoute pour la conclusion de l’histoire – ‘Quand il pleut’.

Musique de fin d’émission. Maintenir pendant 3 secondes et diminuer graduellement.

‘Quand il pleut’ – partie 2

Animateur :
Pour les agriculteurs, la pluie est une bénédiction car elle apporte de la nourriture aux sols et permet aux cultures de pousser. Pour eux, une bonne pluie est habituellement synonyme de récoltes extraordinaires. Hélas, ce ne fut pas le cas pour les agriculteurs du village de Bendo. Mais attendez un peu, n’ont-ils pas les mêmes sols que leurs voisins du village d’Agbado? Ils plantent des cultures sur ces sols particuliers depuis des générations, alors qu’est-ce qui a mal tourné? Ils vont le savoir car ils suivent Tiwa vers son village d’Agbado.
Introduction de musique et fondu enchaîné vers des bruits extérieurs de gazouillis d’oiseaux et de cris d’écureuils dans l’air frais du matin. Soudain, les bruits de pas s’arrêtent.
Keke :
Tiwa, a-t-il plu ici?

Tiwa :
Très fort.

Des bruits de tambour et de fête arrivent du village

Tafa :
Alors comment? Je ne sais pas…

Dende :
(Interrompant la conversation) Ce que Tafa essaie de dire, c’est que…
Tafa :
Je crois que je peux parler en mon nom. (Légère pause) Comment se peut-il que vos fermes semblent si luxuriantes et intactes? Vous cultivez sur les mêmes collines que nous.
Keke :
(Triste et bouleversé) Les dieux ne sont pas justes. Ils ont utilisé un parapluie pour protéger vos terres et ils ont exposé les nôtres à la destruction.

Dende :
(Amusé) Est-ce que tu ne débloques pas un peu? Nos deux villages sont situés côte à côte et Dieu a protégé leur village et exposé le nôtre…

Keke :
(En colère) Dende, tu te comportes comme si tu étais le seul être sensible dans le village de Bendo.

Tafa :
Keke, je suis d’accord avec vous…

Dende :
Et je suis d’accord avec vous deux.

Keke et Tafa :
(En criant) Qui pensez-vous être?

Tiwa :
Mes pères – vous n’avez pas besoin de perdre votre sang-froid! Nous sommes proches de mon village… rejoignons vos frères et nous trouverons la réponse à ce casse-tête.
Des bruits de pas. Le son des tambours s’amplifie. Lorsque Beke parle, le bruit des tambours s’estompe en arrière-plan.
Beke :
Tiwa, ma fille, vous avez amené nos frères pour fêter avec nous. Dende, Tafa, Keke, mes autres frères – vous êtes tous les bienvenus au village d’Agbado.

Bobo :
Les pluies sont arrivées et, pour nous, la pluie bénit la terre et les produits de nos fermes.

Beke :
Et c’est la raison pour laquelle vous nous avez rencontrés en pleine célébration. Mais vous ne semblez pas heureux. N’a-t-il pas plu dans votre propre village?

Tafa :
(D’un air désolé) Les dieux ont choisi de vous bénir et de nous maudire. Ce n’est pas juste!

Beke :
Cessez de jouer du tambour!
Les roulements de tambour cessent brutalement.
Beke :
(En poursuivant) Je ne comprends pas… avez-vous…

Dende :
Il a plu également dans notre village, mais le résultat est différent. Je suis encore déboussolé, mon père était un agriculteur avant moi, j’ai hérité de sa ferme et j’ai planté des cultures différentes.

Keke :
Dende, tu parles trop. Les pluies sont venues et ont détruit nos terres agricoles.

Bobo :
(D’un ton empathique) À Agbado, nous avons connu cela auparavant. Mais, ensuite, nous avons entendu parler de l’agriculture avec des arbres et cela nous a menés du bord du gouffre au succès.

Beke :
Vous devez voir nos fermes pour le croire. Il faut bien se rendre à l’évidence.
Tafa :
J’ai besoin de voir cela de mes propres yeux pour croire que les agriculteurs peuvent faire pousser des arbres en même temps que des cultures.
Beke :
Suivez-moi.
Des bruits de pas sur le chemin de la brousse. Des oiseaux gazouillant. Des sons de divers animaux dans le lointain. Ils cessent.

Dende :
Je ne peux pas y croire. Vous avez des arbres entre vos cultures!
Beke :
Oui, vous pouvez voir que nous faisons pousser ces rangées d’arbustes et d’arbres entre nos cultures pour protéger la terre. Les racines des arbres aident à retenir le sol. Elles aident également l’eau à pénétrer dans le sol, au lieu de ruisseler en dévalant la colline. Nous élaguons les arbres afin qu’ils ne fassent pas d’ombre sur les récoltes. Ensuite, nous utilisons le bois de taille comme paillis pour nos cultures, ce qui nourrit le sol et le rend fertile.
Bobo :
Si ce n’était de ces arbres, notre situation aurait été aussi critique que la vôtre! Nos larmes auraient coulé et nos cultures auraient été lessivées.

Keke :
Nous coupons nos arbres pour faire du bois de chauffage.
Beke :
Cela a été votre première erreur. Vous avez besoin des arbres pour lutter contre l’érosion. Vous pouvez constater comment nos acajous ont contribué à empêcher l’érosion du sol. Ces arbustes servent de nourriture pour les animaux.
Tafa :
Qu’en est-il des bananiers?

Bobo :
Ils assument la même fonction que les acajous mais servent en plus de nourriture pour tout le village. Nous en exportons même vers le pays voisin.
Dende :
Ce sont de bonnes techniques agricoles, et pas les dieux, qui ont apporté la chance au village d’Agbado.
Keke :
Nous devons en apprendre davantage auprès de vous… nous aimerions visiter à nouveau votre village et y amener un plus grand nombre de nos agriculteurs.

Dende :
Dès que vous serez prêts, revenez nous voir et vous serez les bienvenus. Une chose que j’ai apprise, mes frères, c’est que le savoir est synonyme de pouvoir.

Musique de fin d’émission. Maintenir pendant trois secondes et diminuer graduellement.

Animateur :
Êtes-vous d’accord avec les conclusions tirées par les agriculteurs dans cette histoire? Qu’en est-il de votre village? Avez-vous essayé de planter des arbres pour protéger et retenir le sol en place? Téléphonez-nous à la station pour bavarder avec nous et pour nous parler de vos expériences. Comme nouveauté aujourd’hui, nous avons dans notre studio un expert des barrières de haies. Voici l’agriculteur Ngado pour vous parler davantage de la façon dont vous pouvez utiliser à votre profit les arbres à la ferme.
Ngado :
Dans le récit que nos venons tout juste d’entendre, les agriculteurs du village d’Agbado ont planté des barrières de haies. Elles constituent l’une des pratiques les plus simples et les plus populaires utilisées pour économiser le sol sur les terres en pente. Les agriculteurs plantent des rangées rapprochées d’arbres à croissance rapide le long des contours de la pente. Les arbres forment des haies et les agriculteurs font pousser des cultures vivrières entre les haies. Lorsque de fortes pluies touchent la surface de la terre et que l’eau de pluie dévale rapidement la pente, ces haies empêchent la couche de terre arable de poursuivre sa descente et elles ralentissent l’eau de ruissellement. Dans le récit, les haies ont aidé les agriculteurs à conserver leur sol et leur eau de pluie dans leurs champs de prédilection.

Animateur :
Tout cela est très bien, M. Ngado. Mais certains agriculteurs pourraient s’objecter à la plantation de barrières de haies. Ils pourraient affirmer que le fait de retirer de la production une partie de leurs terres pour faire pousser des haies n’en vaut pas la peine. Ils perdront de l’argent et de la nourriture parce qu’ils ne sèmeront plus autant de cultures.

Ngado :
Vous avez raison. Les barrières de haies ne sont pas bonnes pour tout le monde. Un agriculteur doit soigneusement prendre en considération les avantages et les coûts. Mais s’il vit sur des terres en pente et perd beaucoup de sol par érosion, les barrières de haies pourraient être une bonne idée. Bien sûr, les haies présentent d’autres avantages.

Animateur :
Comme quoi?

Ngado :
Bon nombre d’arbres à haies sont des légumineuses. Ces dernières nourrissent le sol en laissant tomber leurs feuilles riches en azote et parce que leurs racines sont riches en azote. Un autre avantage réside dans le fait que les haies peuvent être taillées et leur bois utilisé comme bois de chauffage. Ou bien vous pouvez recouvrir le sol avec le bois de taille pour aider à lutter contre les mauvaises herbes. En outre, de nombreux agriculteurs donnent le bois de taille à manger à leur bétail.
Animateur :
À quelle distance devrait se trouver une haie par rapport à la suivante?
Ngado :
Cela dépend de la raideur de la pente de la colline. Généralement, les haies sont plantées sur des lignes de contour qui sont distantes de deux mètres au maximum.
Animateur :
Vous avez maintenant utilisé deux fois l’expression «lignes de contour». Mais qu’est-ce que c’est?
Ngado :
Les lignes de contour sont des lignes imaginaires qui courent le long d’une pente à la même hauteur sans monter ni descendre. Donc, quand je dis que les haies sont plantées sur des lignes de contour espacées de deux mètres au maximum, je veux dire qu’il devrait y avoir une chute verticale de hauteur inférieure à deux mètres entre une haie et la suivante. Cela pourrait signifier que les haies sont distantes de six mètres. Mais elles pourraient être beaucoup plus éloignées si la pente est plus douce. Tout dépend de la raideur de la pente.
Animateur :
Comment les agriculteurs plantent-ils les haies?
Ngado :
En général, les agriculteurs font pousser des semis dans leurs pépinières ou sèment des graines directement dans le sol au début de la saison des pluies. Les plants devraient être proches les uns des autres pour former une haie épaisse. Une fois qu’ils ont atteint la hauteur de vos épaules, vous pouvez couper les arbres à 20 ou 30 centimètres de hauteur. Ils repousseront rapidement. Vous pouvez continuer à faire pousser les arbres et à les couper de cette façon pendant des années.
Animateur :
Ainsi, les agriculteurs sèment les graines ou repiquent les plantules de façon rapprochée. Et ensuite ils les coupent lorsqu’ils atteignent la hauteur des épaules. Est-ce exact?
Ngado :
Oui, exactement.
Animateur :
Cette méthode ne semble pas coûter très cher. Mais faut-il beaucoup de main d’œuvre pour élaguer les arbres?
Ngado :
Vous avez raison – il faut beaucoup de main d’œuvre. Mais si vous ne les coupez pas régulièrement, ils grandiront et épaissiront et ils feront concurrence aux cultures. Un agriculteur doit donc décider personnellement si cette main d’œuvre supplémentaire en vaut la peine.
Animateur :
Y a-t-il des endroits où il ne faudrait pas utiliser les barrières de haies?
Ngado :
Nous n’encourageons pas les barrières de haies – ou toute autre culture – sur des pentes très abruptes, à plus de 20%. Il vaut mieux planter ces endroits avec des arbres.
Animateur :
Qu’en est-il des régions sèches?
Ngado :
Les haies s’établissent difficilement dans les régions sèches, mais elles sont extrêmement précieuses. Les régions sèches sont très enclines à l’érosion et ont donc désespérément besoin des haies. Le paillis tiré des haies améliore la capacité du sol à retenir l’eau et protège le sol de la lumière directe du soleil, ce qui réduit l’évaporation. Le fourrage tiré des haies est crucial dans les régions sèches.
Animateur :
Quelles sortes d’arbres devriez-vous faire pousser dans les haies?
Ngado :
Cela dépend de votre lieu de résidence. Parlez à votre conseiller agricole pour obtenir des conseils sur cette question. Mais c’est souvent une bonne idée de faire pousser des espèces de légumineuses. Elles nourrissent le sol et le rendent fertile. Et elles ont des racines profondes qui n’entrent pas beaucoup en concurrence avec les cultures pour l’eau.
Animateur :
Merci, M.Ngado. (Pause) C’est la fin de notre émission pour aujourd’hui. Si vous avez des questions à propos de la culture des barrières de haies, veuillez nous les transmettre à la station par téléphone, texte ou courriel. Nous essaierons d’y répondre nous-mêmes – ou de trouver quelqu’un qui pourra le faire! Merci d’avoir été à l’écoute.

Acknowledgements

  • Adaptation du texte 3 de la pochette 74 de Radios Rurales Internationales, rédigé par l’Association africaine des feuilletons radiophoniques (ARDA), Lagos, Nigeria, un partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales.
  • Révision : Peter Gaichie Kimani, expert-conseil auprès du Centre mondial d’agroforesterie (CIRAF), Nairobi, Kenya.
  • Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada.

Information sources

  • Ed Verheij, 2003. Agroforestry. Agrodok 16. Agromisa Foundation, Waginingen. http://www.journeytoforever.org/farm_library/AD16.pdf, p. 33-37.
  • Trees outside forests: agro-, community, and urban forestry. New forests, Vol. 17, Numéros 1-3, janvier 1999, pages 145-174.