Un agriculteur utilise des déchets animaux pour protéger ses cultures en éloignant les chèvres affamées au Malawi

Agriculture

Notes au radiodiffuseur

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Les précipitations sont parfois irrégulières au Malawi et les agriculteurs ne parviennent pas à récolter suffisamment de nourriture pour leurs familles. Les cultures d’hiver peuvent être utiles. Mais les agriculteurs hésitent souvent à planter des cultures d’hiver, craignant que les chèvres et les moutons en liberté ne viennent les brouter au moment de leur émergence. Si les agriculteurs souhaitent protéger leur culture, ils doivent passer la majorité de leur temps dans le champ tous les jours jusqu’à la récolte. Cela complique leur situation car ils sont censés effectuer d’autres tâches à cette époque-là, comme préparer le jardin pour planter des cultures pluviales. Quand cela arrive, la faim persiste et ils sont pris dans un cercle vicieux.

Mais les agriculteurs d’une région du district de Nkhotakota, dans le centre du Malawi, sont maintenant contents. Ils ont partagé une innovation découverte par un de leurs collègues. Ils sont maintenant en mesure d’effectuer leurs autres tâches sans devoir monter la garde devant leur culture d’hiver.

Le présent texte repose sur des entrevues réelles. Vous pourriez vous en inspirer pour effectuer des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou bien vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens interviewés. Si c’est le cas, assurez-vous de prévenir votre auditoire au début de l’émission que les voix sont celles d’acteurs, et non pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

Texte

ANIMATEUR :
Bonjour, chers agriculteurs et agricultrices. Voici une nouvelle édition de votre émission What’s New à votre station de radio habituelle. Aujourd’hui, nous allons examiner les nouveautés en matière de cultures d’hiver. C’est Andrew Mahiyu qui vous accompagne.

Durant cette émission, je vous emmènerai rendre visite à un agriculteur novateur dans le district de Nkhotakota. Pouvez-vous deviner de quelle innovation il s’agit?

Bruit d’une pompe à pédales

Restez à l’écoute pour le savoir.

Musique pendant cinq secondes, puis fondu enchaîné sous des bruits de ferme – des oiseaux, des bovins qui meuglent au loin et le bruit de pas sur des feuilles sèches. Montée de bruits d’eau courante pendant le propos de l’animateur, puis fondu enchaîné.

ANIMATEUR:
Je vais rencontrer un agriculteur novateur qui a réussi à faire pousser du maïs d’hiver malgré le bétail affamé qui se promène partout en liberté. Je me dirige à pied vers la rivière pour le rencontrer. Allons voir pourquoi il a relevé ce défi. Oh bonjour M.Isaac Deko, je m’appelle Andrew Mahiyu et je suis un animateur de radio. Je suis venu sans prévenir. Pouvez-vous vous présenter à nos auditeurs et auditrices et leur dire ce que vous faites ici à la rivière?

ISAAC DEKO :
Tout d’abord, je tiens à vous remercier d’être venu me voir. Je m’appelle Isaac Deko et je suis membre de l’Association des agriculteurs de Nkhunga. Actuellement, j’arrose ma culture de maïs d’hiver. Comme vous le savez, c’est la saison sèche. J’utilise une pompe à pédales pour arroser ma récolte. J’ai un quart d’une acre plantée en maïs d’hiver.

Bruit d’une pompe à pédales

ANIMATEUR :
Nous ne pouvons pas voir la culture parce qu’elle se trouve à deux mètres au-dessus de notre emplacement au bord de la rivière. L’érosion a grugé le terrain proche de la rivière, si bien que nous devons grimper pour voir la culture de maïs. M.Deko, nous ne savons pas si l’eau de la pompe à pédales se rend aux bons endroits. Pouvons-nous aller voir?

ISAAC DEKO :
Oui c’est possible. Allons-y.

Bruit de pas sur des feuilles sèches. Fondu enchaîné du bruit de l’eau qui coule.

ANIMATEUR :
Oh! Voici un magnifique champ de maïs vert.

ISAAC DEKO :
Oui, c’est le cas.

ANIMATEUR :
Mais, M.Deko, je suis surpris de voir un autre champ de maïs à proximité. On dirait que quelqu’un l’a fauché ou élagué. Qu’est-il arrivé à ce maïs?

ISAAC DEKO :
Non, personne n’a fauché ce champ. Il y a des chèvres et des moutons qui viennent s’y nourrir. Parfois même du bétail lorsque les gamins qui gardent les troupeaux ne font pas attention. Pendant la saison sèche, nous laissons nos chèvres et nos moutons paître en liberté. Mais nous les gardons en dehors des champs quand nous plantons des cultures pluviales.

ANIMATEUR :
Mais ni votre champ ni l’autre n’est clôturé ni protégé. Restez-vous ici pour chasser les chèvres et les moutons quand ils viennent?

ISAAC DEKO :
Non, le secret consiste à prendre les excréments des chèvres et des moutons et à les faire tremper dans de l’eau pendant une journée, et ensuite à bien les mélanger jusqu’à ce que l’eau prenne l’odeur des excréments. Ensuite, je répands cette eau sur mes plantes.

Lorsque les animaux reniflent ma récolte, ils ne la mangent pas. Je crois qu’ils pensent qu’en la consommant, ils mangent leurs propres excréments! Si bien qu’ils laissent ma récolte et vont manger ailleurs, là où les plantes ne sentent pas le fumier. Le propriétaire du champ voisin du mien n’a pas fait la même chose. Il pensait que je faisais de la magie dans mon champ. Mais je lui ai révélé le secret l’autre jour. Il a suivi mon conseil il y a deux jours. Je ne crois pas que les chèvres reviendront manger sa récolte.

ANIMATEUR :
Comment avez-vous trouvé cette méthode?

ISAAC DEKO :
Eh bien, un agriculteur est censé se comporter comme un chercheur. Nous devrions trouver localement des moyens de surmonter les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans nos activités agricoles de tous les jours. Nous ne devrions pas toujours attendre que quelqu’un fasse la recherche pour nous.

Comme vous pouvez le constater, c’est une méthode simple. Mais elle fonctionne! N’est-ce pas de la recherche? Tout d’abord, j’ai essayé d’étaler les excréments sur la partie maigrichonne d’un arbre que les chèvres avaient l’habitude de brouter. J’ai remarqué qu’elles passaient à côté sans le brouter de nouveau. Alors, j’ai décidé d’appliquer la même connaissance à ma récolte de maïs. J’ai constaté que les chèvres ne mangeaient pas mon maïs. C’est ainsi que j’ai appris ce truc.

ANIMATEUR :
Combien de temps l’odeur subsiste-t-elle sur la plante?

 

ANIMATEUR :
Ce sont là de bonnes nouvelles. Combien de sacs de maïs espérez-vous récolter sur cette parcelle de terre?

ISAAC DEKO :
J’estime que je tirerai de cette parcelle neuf sacs de 50 kilos de maïs égrené.

Nous ne mourrons pas de faim à cause de ces animaux en liberté; c’est la solution. Je suis prêt à donner un coup de main sans être payé à quiconque pense que cette méthode ne fonctionnera pas.

ANIMATEUR:
Comment les choses se passaient-elles avant de connaître cette méthode?

ISAAC DEKO :
C’était fatigant. Ma femme restait sur le terrain toute la journée pendant que je faisais les autres travaux à la maison. C’était en 2005 et en 2006. Elle faisait cuire ses repas et mangeait ici même, sur le terrain, et partait le soir. Cela durait chaque jour jusqu’à la récolte. Vous savez, c’est l’époque de l’année où nous préparons nos champs pour planter des cultures pluviales. Mais nous ne pouvions pas nous concentrer sur la préparation des terres tant que nous n’avions pas récolté cette culture. Nous étions toujours en retard pour préparer notre terre et nous plantions toujours tard. Cela influait sur nos rendements. Mais, maintenant, nous pouvons faire notre travail normalement.
ANIMATEUR :
Y a-t-il des agriculteurs à proximité auxquels nous pouvons rendre visite et qui ont adopté cette méthode?

ISAAC DEKO :
Oui, il y a M.Levison Kasakula Mwale. Il a un champ de maïs près d’ici. Il a suivi mes conseils et il a une bonne récolte de maïs. Les chèvres ne la mangent pas. Nous pouvons aller lui parler. Je crois qu’il est dans son champ.

Bruit de pas sur de l’herbe et des feuilles séchées

ANIMATEUR :
Bonjour mama (Note de la rédaction : femme ou mère).

Bruit de chèvres dans le lointain

FLORIDA KASAKULA :
Oh, j’ai des visiteurs aujourd’hui. Vous êtes les bienvenus!

ANIMATEUR :
Merci beaucoup. Je m’appelle Andrew Mahiyu. Nous sommes ici pour savoir comment vous protégez votre récolte contre le bétail en liberté. Nous pensions trouver votre mari. Mais puisque vous êtes ici, je crois que vous savez quoi faire pour protéger votre récolte contre ces animaux. Pouvez-vous vous présenter?

FLORIDA KASAKULA :
Je devrais commencer par vous dire que mon mari est occupé à d’autres travaux. Je m’appelle Florida Kasakula. Nous avons appris une nouvelle méthode de M.Isaac Deko. Il nous a montré comment faire tremper les excréments de chèvres et de moutons, à bien les mélanger et à répandre le liquide sur notre parcelle de maïs. Au début, nous avons essayé le mélange sur une petite superficie pour voir comment cela fonctionnait. Et ça a marché. Les chèvres venaient, reniflaient et partaient. Nous avons constaté que c’était réel.

ANIMATEUR :
Êtes-vous vraiment certaine que les chèvres ne se nourriront pas de ce maïs?

FLORIDA KASAKULA :
Elles ne le feront pas. Elles viennent simplement pour s’abriter et ensuite elles partent sans manger une seule feuille. Cette méthode est efficace.

ANIMATEUR :
Que faisiez-vous avant de connaître cette méthode?

FLORIDA KASAKULA :
C’était terrible. Nous bâtissions un abri temporaire où nous pouvions attendre ces chèvres. Nous passions toute la journée ici, à cuisiner et manger et nous partions après le coucher du soleil. Si je retournais à la maison, même seulement cinq minutes, je retrouvais une grande partie de ma récolte de maïs mangée.

Mais, maintenant, nous ne mourrons pas de faim à cause des chèvres. Nous aurons de la nourriture toute l’année.

ANIMATEUR
: Assurément les familles Kasakula et Deko ne mourront pas de faim. Elles auront du maïs toute l’année. Et il n’est pas nécessaire de monter la garde près de leur récolte sur le terrain. Elles peuvent travailler dans leurs champs principaux et être prêtes à temps pour planter les cultures pluviales. C’est grâce à une nouvelle méthode découverte par une personne et partagée avec d’autres agriculteurs, pour combattre la famine dans le monde. Si vous avez connu le même problème, je crois que vous avez appris quelque chose d’Isaac Deko et de Florida Kasakula.

À la prochaine à l’émission What’s New. Au micro Andrew Mahiyu.

Montée de la musique puis fermeture en fondu

Acknowledgements

  • Rédaction : Andrew Mahiyu, Association nationale des petits agriculteurs du Malawi (NASFAM), un partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales.
  • Révision : Dilip Bhandari, agent de programme Asie/Pacifique Sud, Heifer International, et Terry Wollen, Vice Président de Plaidoyer par intérim
  • Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada

Des remerciements très particuliers sont adressés aux organisations suivantes : Commonwealth of Learning (COL), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le gouvernement du Canada par le biais de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), La Fondation canadienne Donner, l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Inter Press Service (IPS) Afrique et le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), pour leur appui du concours de rédaction de textes radiophoniques sure les innovations des petits exploitants agricoles.

Information sources

  • Entrevues effectuées le 10 septembre 2009 avec des agriculteurs de l’une des associations membres de la NASFAM dans le district de Nkhotakota, au Malawi.