Un agriculteur étouffe les foreurs de tiges pour sauver sa ferme de cacao

Agriculture

Notes au radiodiffuseur

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Certains agriculteurs travaillent fort pour perfectionner leurs propres techniques agricoles. En fait, l’un des critères utilisés pour juger les candidatures pour les prix de la Journée nationale du paysan au Ghana est le talent innovateur de l’agriculteur.

On peut définir une innovation comme étant soit quelque chose de totalement nouveau (jamais fait auparavant par quiconque nulle part ailleurs), soit quelque chose de nouveau pour une collectivité, quelque chose provenant d’ailleurs qui a été modifiée pour fonctionner dans une collectivité individuelle.

L’innovation désigne également le changement d’objectif, mû par une intention individuelle et collective. Un agriculteur innovateur est donc celui qui a délibérément et consciemment conçu une technique en vue de résoudre un problème particulier.

C’est l’histoire d’un agriculteur d’Osiem dans la région Est du Ghana. Cet agriculteur a élaboré une méthode novatrice pour lutter contre les foreurs de tiges sur sa ferme de cacao. Son innovation est importante pour plusieurs raisons. Le cacao est une importante source de devises étrangères pour les pays producteurs de cacao comme le Ghana. Les producteurs de cacao sont tributaires de la récolte pour leurs moyens de subsistance. Et les foreurs de tiges sont difficiles à maîtriser dans le cacao.

Le texte montre également comment une ou un agent de vulgarisation peut utiliser ses relations dans les milieux de la recherche et de la vulgarisation pour promouvoir l’interaction entre les agriculteurs et l’apprentissage. Le texte peut être adapté pour radiodiffusion dans tous les pays producteurs de cacao. Les producteurs de noix de cajou et d’autres cultures arbustives ayant les mêmes problèmes bénéficieront également de l’émission.

Le présent texte est une mini-dramatique qui souligne la valeur de l’innovation locale et de l’apprentissage entre les agriculteurs, avec l’aide du personnel de vulgarisation et de recherche. Il repose sur des entrevues effectuées par le rédacteur. Il y a deux façons d’utiliser ce texte : en adaptant simplement la dramatique pour votre auditoire ou en vous en inspirant pour produire une mini-dramatique sur la gestion des parasites dans votre région. Si vous produisez ce texte à votre station, en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les personnages, veuillez vous assurer d’informer votre auditoire au début de l’émission que les voix sont celles d’acteurs, et non pas celles des personnes impliquées à l’origine dans les entrevues.

Texte

PERSONNAGES

Animateur (en studio)
Kofi (agriculteur)
Esther (agente de vulgarisation)
Richard (agent de recherche)
Savior (agriculteur innovateur)

Montée de l’indicatif, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
Bonjour chers auditeurs et auditrices et bienvenue à notre émission. Les agriculteurs contribuent tellement à notre bien-être économique et social. Mais ils sont confrontés à une multitude de défis. Au cours de notre émission, nous cherchons à trouver des solutions à certains de ces défis. Aujourd’hui, nous allons écouter une dramatique dans laquelle une agente de vulgarisation présente un agriculteur à un autre agriculteur. Le deuxième agriculteur a trouvé une solution à l’infestation de foreurs de tiges dans le cacao. Une autre personne importante à cette rencontre est un agent de recherche. Cette émission démontre comment nous pouvons établir un lien entre la recherche, la vulgarisation et l’agriculture. Ces liens constituent une façon de contribuer à trouver des solutions durables aux problèmes des agriculteurs. Restez à l’écoute.

Montée de l’indicatif, puis sortie en fondu enchaîné

ESTHER :
Bonjour Kofi.

KOFI :
Humm … (D’une voix triste) Bonjour Esther, mon agente de vulgarisation. Cela fait longtemps.

ESTHER :
Je reviens tout juste de mes vacances annuelles. (Exprimant la surprise) Pourquoi avez-vous taillé vos cacaoyers?

KOFI :
Des insectes sont entrés dans ma ferme et ont causé des ravages dans mon cacao.

ESTHER :
Quel genre de dommages ont-ils provoqué?

KOFI :
Ils ont foré des trous dans les tiges et grimpé en dévorant tout. Lorsqu’ils ont causé assez de dégâts, les feuilles jaunissent et tombent. Les pousses meurent et les insectes passent à d’autres arbres.

ESTHER :
C’est triste en effet.

KOFI:
C’est très grave. L’épidémie commence dans un petit coin et se répand aux autres secteurs de la ferme. Mes voisins ont eu le même problème.

ESTHER :
Qu’avez-vous fait à ce sujet?

KOFI :
Au début, nous avons pulvérisé de l’insecticide. C’était en plus de l’arrosage massif effectué par le gouvernement. (Soupirs profonds teintés de frustration) Mais le produit chimique n’a pas atteint les insectes car ils se trouvent dans des trous dans les tiges.

ESTHER :
Laissez-moi voir… (lle se souvient de quelque chose)… L’an dernier, lorsque nous étions en train d’inspecter des fermes pour les prix de la Journée nationale du paysan, nous avons vu comment Savior, de Osiem, avait utilisé une méthode simple pour lutter contre les foreurs de tiges sur sa ferme. En fait, il a remporté le prix régional du meilleur producteur de cacao.

KOFI :
Ah bon! Il y a une solution à mon problème même si j’en souffre autant. Je vends habituellement une tonne et demie de cacao de ma ferme de deux hectares. Mais, à cause de ces parasites, j’ai vendu seulement une demi-tonne l’an dernier. Et cette année – rien! Il est difficile de payer les frais de scolarité de mes enfants (sanglotant), mon toit qui coule, les funérailles de mon père…

ESTHER :
(L’interrompant) Cessez de vous lamenter! Je vous enverrai à la ferme de Savior à Osiem. J’irai également à l’Institut de recherche sur le cacao pour me renseigner davantage sur ce parasite.

Interlude musical pendant 30 secondes, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
L’agente de vulgarisation rencontre Richard à la station de recherches. Richard est un spécialiste de la lutte contre les insectes parasites. Il accepte d’aller avec Esther et Kofi à la ferme de Savior.

Bruit de feuilles sèches que l’on piétine. Bruits de la ferme – oiseaux, bruits occasionnels de bétail – puis fondu enchaîné et continuation sous la conversation.

ESTHER :
Nous sommes à la ferme de cacao de trois hectares de Savior. Agoo! (Note de la rédaction: Dans l’est du Ghana, dire Agoo! est une façon d’indiquer que quelqu’un est arrivé et entre dans la maison.)

SAVIOR :
Bienvenue. Vous savez qu’il n’y a pas de chaise ici. Mettons-nous à l’aise sur ces troncs d’arbres abattus.

ESTHER :
Eh! Regardez cette ferme, Kofi! Voyez comme elle est belle. L’environnement est frais, même si le soleil est haut dans un ciel clair.

KOFI :
(Impressionné) Savior a fait du bon travail en défrichant le sous-bois. Toute la ferme a l’air propre.

ESTHER:
Papa Savior, nous sommes ici aujourd’hui pour apprendre votre nouvelle méthode. Voilà Kofi, agriculteur, et Richard, spécialiste de la lutte contre les insectes parasites. En premier lieu, voulez-vous vous présenter?

SAVIOR :
Je m’appelle Savior et je suis né à Osiem. J’ai 58ans. Je plante des cultures vivrières et aussi du cacao comme culture commerciale. Je pratique l’agriculture depuis plus de 35 ans.

ESTHER:
Qu’ont fait les chercheurs à propos de cet insecte parasite, Richard?

RICHARD :
Eh bien, le Cocoa Research Institute a effectué une étude à la fin des années 1990 en utilisant un insecticide chimique pour gérer cet insecte dans le cacao. Le produit chimique s’est révélé efficace. Mais nous ne pouvions pas le donner aux agriculteurs car il n’est pas disponible sur le marché. Maintenant, nous constatons que certains agriculteurs bouchent les trous dans les tiges pour endiguer l’insecte.

ESTHER :
Nous allons de nouveau nous tourner vers Savior pour qu’il nous dise comment il lutte contre ce parasite sur sa ferme.

SAVIOR :
J’utilise ces petits bâtonnets pour boucher les trous dans les tiges où vivent les insectes. Cela les étouffe. Comme vous pouvez le constater, les bâtonnets sont un peu plus gros que des cure-dents.

RICHARD :
Les agriculteurs peuvent aussi utiliser du savon de ménage pour boucher les trous.

KOFI :
(Un peu sceptique) Mais comment trouvez-vous les trous?

SAVIOR :
C’est facile. Une sève collante sort du trou d’entrée. Vous cherchez également les excréments des insectes sur le sol. Lorsque vous voyez les excréments, levez les yeux et vous verrez les trous dans les tiges. Lorsque vous traversez le champ à la marche, assurez-vous de transporter suffisamment de bâtonnets dans vos poches pour effectuer le bouchage. Tous les producteurs de cacao de la région le font.

KOFI :
Ensuite, vous devez également ôter les mauvaises herbes de la ferme afin de remarquer les excréments sur le sol.

SAVIOR :
Oui.

ESTHER :
Veuillez nous en dire davantage. Comment avez-vous découvert cette méthode, Savior?

SAVIOR :
Vous voyez, tous les êtres vivants ont besoin d’air, d’eau et de nourriture. L’insecte se nourrit sur la tige et obtient l’eau de la sève, ce qui couvre ses besoins en nourriture et en eau. Il m’est venu à l’esprit que si je pouvais bloquer sa source d’air, l’insecte ne survivrait pas. (Avec fierté) Et cela fonctionne!

KOFI :
(Toujours sceptique, mais davantage rempli d’espoir) Votre ferme est plus grosse que la mienne. Comment pouvez-vous faire le tour de toute votre propriété en bouchant des trous d’insecte?

SAVIOR :
Si vous détectez les trous assez tôt, vous n’avez pas besoin de faire le tour de la ferme. Vous pouvez maîtriser les foreurs de tiges avant qu’ils se répandent.

RICHARD :
Les agriculteurs doivent utiliser cette méthode pour lutter contre les foreurs de tiges dès qu’ils décèlent des signes du parasite. S’ils tardent, les foreurs de tiges détruiront les arbres.

KOFI :
Osee yie! (Note de la rédaction: cri de satisfaction) À partir de maintenant, je peux maîtriser ces insectes mortels.

ESTHER :
Merci Savior, Richard et Kofi d’avoir partagé vos idées sur la façon de maîtriser les foreurs de tiges dans le cacao.

Musique pendant 30 secondes, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
Chers auditeurs et auditrices, nous avons tout entendu. Ceux qui ont des problèmes identiques devraient commencer par tenir leurs fermes propres. Ils devraient surveiller attentivement les signes du parasite, surtout la sève sortant de la tige et les excréments de l’insecte. Ensuite, bouchez les trous dans les tiges pour étouffer les insectes.

Nous tenons notre destin dans nos propres mains. Continuez à discuter de ces idées jusqu’à notre prochaine rencontre. Au micro votre animateur habituel [son nom] qui vous dit au revoir.

Acknowledgements

  • Rédaction : Gabriel Adukpo, ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture, Koforidua, Ghana
  • Révision : Sonii David, Ph.D., spécialiste régional en vulgarisation participative, Programme des cultures pérennes (STCP), Institut international d’agriculture tropicale (IITA), Accra, Ghana; Dr E.A. Dwomoh, Division Entomology, Cocoa Research Institute of Ghana, New Tafo, Ghana; et Charles Bluie, Ghana National Agriculture Technical Class Association
  • Merci à : Edmund Quanor, Ghana News Agency, Koforidua, Ghana
  • Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada

Des remerciements très particuliers sont adressés aux organisations suivantes : Commonwealth of Learning (COL), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le gouvernement du Canada par le biais de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), La Fondation canadienne Donner, l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Inter Press Service (IPS) Afrique et le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), pour leur appui du concours de rédaction de textes radiophoniques sure les innovations des petits exploitants agricoles.

Information sources

  • Engel, P.G.H. 1997. The Social Organization of Innovation: A Focus on Stakeholder Interaction. Institut tropical royal, Amsterdam, Pays-Bas
  • Opanin Abraham Adusei, producteur de cacao, Osiem, Ghana, interviewé le 22 octobre 2009