Le compostage, une meilleure pratique pour améliorer la fertilité du sol : Le cas de Dien

Santé des sols

Notes au radiodiffuseur

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Depuis plusieurs années, la rentabilité de nos fermes diminue de jour en jour. Cela est surtout lié aux aléas climatiques et au fait que les agriculteurs méconnaissent les nouvelles techniques agricoles. Cela affecte la qualité des sols.

Ce texte radiophonique a été réalisé dans la salle d’entrée d’un chef de village. Il présente des informations sur un sujet qui est une solution pour les sols appauvris, et il encourage les agriculteurs à essayer le compostage pour améliorer leurs rendements et fertiliser les sols.

Ce texte est basé sur d’authentiques interviews. Il pourrait vous servir d’inspiration pour conduire une recherche ou pour écrire un autre texte sur un sujet similaire touchant votre région. Alternativement, vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en ayant recours aux voix d’acteurs pour représenter les personnages. Le cas échéant, veuillez vous assurer d’informer l’auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs, et non celles des personnes impliquées dans l’interview originale.

Texte

PERSONNAGES

Amadou Neguetan Fomba: agriculteur à Dien
Tafara Fomba: agriculteur à Dien
Bah N’Golo Fomba: Chef du village de Dien
Seydou Doumbia: vulgarisateur à Dien
Malamine Simpara: technicien, vulgarisateur en agriculture

Pause musicale

LAMINE TOGOLA :
Ici Radio Fanaka, la voix des paysans, des pêcheurs et des éleveurs. Nous nous sommes rendus au village de Dien qui se trouve à six kilomètres de Fana. L’agriculture est la principale source de revenus, à Dien.

Dans cette émission, nous allons parler de compostage. Pour parler de compostage, nous avons avec nous un agriculteur renommé, Amadou Neguetan Fomba.

Caquettement de poule, cris d’oiseaux

LAMINE TOGOLA :
Avec Amadou Fomba, un agriculteur de Dien, nous parlerons de ce qu’il faut pour mieux faire du compost amélioré.Nous discuterons aussi de l’impact du compostage sur le rendement de son champ, et des bénéfices potentiels du compostage par rapport à la sur-utilisation des engrais chimiques.

AMADOU NEGUTAN FOMBA :
Pour faire du compost, nous creusons un trou d’un mètre de profondeur sur deux mètres de large et trois mètres de long, dans notre pâturage. Ensuite nous y jettons des ordures organiques telles que des déchets alimentaires, comme nous creusons ces trous de compostage près des maisons. Nous y jettons aussi des tiges de maïs et de la terre. Nous ajoutons de l’eau, de temps en temps. Nous savons qu’avant le mois de mai, cela va se décomposer parce que nous creusons nos fosses en février. Et en mai, quand c’est prêt, nous commençons à en mettre dans les champs. C’est ainsi que je fais mon compostage.

LAMINE TOGOLA :
Est-ce que le compostage fertilise ton sol?

AMADOU NEGUTAN FOMBA :
On peut réduire l’utilisation ou la quantité d’engrais chimique après avoir appliqué du compost de très bonne qualité. Cela aide aussi le sol à rester humide.

LAMINE TOGOLA :
Comment vos rendements ont-ils été affectés par le compostage?

AMADOU NEGUTAN FOMBA :
Grâce au compostage, mes rendements sont excellents. Toutes sortes de semences poussent très bien dans un sol qui reçoit du compost.

LAMINE TOGOLA :
Quelles différences y a-t-il entre le compostage et l’emploi d’engrais chimique?

AMADOU NEGUTAN FOMBA :
La différence entre l’engrais chimique et le compost est que l’engrais fait pousser les plantes plus vite, mais s’il n’y a pas assez de pluies, l’engrais peut «brûler» les plantes. Puis les feuilles deviennent brunes et se plient.

D’autre part, l’effet du compost dure plus longtemps que celui des engrais chimiques.

Pause musicale

LAMINE TOGOLA :
Après Amadou Neguetan Fomba, nous allons maintenant parler avec Tafara Fomba qui est agriculteur à Dien. Tafara n’utilise pas de compost. (S’adressant à Tafara) Pourquoi ne faites-vous pas de compostage?

TAFARA FOMBA :
Je cultive du coton et du maïs. Je ne fais pas de compostage parce que je n’ai pas le matériel. Il m’est difficile de faire le compost sans charrette et sans bœufs. Il me faut aussi de l’eau. L’eau est une denrée rare à Dien. Ce sont ces raisons qui m’empêchent de faire du compostage. J’utilise des engrais chimiques chaque année. C’est bien mais ça a aussi des inconvénients, le premier étant que le prix de l’engrais augmente chaque année. Son utilisation a aussi tendance à appauvrir le sol.

LAMINE TOGOLA :
Entre le compostage et l’engrais, que choisirez-vous d’utiliser l’année prochaine?

TAFARA FOMBA :
J’y réfléchis, mais je préfèrerais le compostage à l’engrais chimique, malgré ses difficultés. Un champ qui reçoit suffisamment de compost a un rendement similaire à celui d’un champ sur lequel on met de l’engrais chimique.

LAMINE TOGOLA :
Maintenant, Seydou Doumbia, vulgarisateur à Dien, nous dira l’importance du compost pour le sol.

SEYDOU DOUMBIA :
Le compost est très important. D’abord, si un agriculteur utilise le compost, il aura un meilleur rendement par rapport à l’engrais chimique. De plus, le compost rajeunit le sol. C’est comme la différence entre deux habits, l’un en coton et l’autre en nylon. Quand on les trempe dans l’eau, lequel d’entre eux séchera plus vite? L’habit en nylon séchera plus vite. L’utilisation de compost fait que votre sol est comme un vêtement de coton: il retient l’eau plus longtemps qu’un vêtement de nylon. La pratique du compostage rend le sol fertile et lutte contre le changement climatique en aidant à garder d’humidité dans le sol.

LAMINE TOGOLA :
Malamine Simpara, technicien, vulgarisateur en agriculture et coordinateur du Centre Régional pour l’Eau Potable et l’Assainissement à Faible Coût, nous explique le compostage.

MALAMINE SIMPARA :
Un agriculteur fait et utilise du compost pour trois raisons: premièrement, pour nettoyer et garder les ordures à distance de la maison. Deuxièmement, on peut faire des profits en vendant le compost. Et troisièmement, pour l’utilisation personnelle de l’agriculteur (pour augmenter les rendements et améliorer la qualité du sol). Il y a plusieurs façons de faire du compost. Voici une façon: on creuse un trou d’un mètre de profondeur sur trois mètres de longueur et, si possible, on recouvre de béton les cotés et le fond de la fosse. Après avoir rempli la fosse avec des déchets alimentaires, de la terre et des résidus de plantes et du fumier animal qui peuvent se décomposer, on arrose de temps en temps. Il faudra creuser deux trous similaires parce qu’après deux à trois mois, il faut transférer le contenu de la fosse à compost dans un autre trou. Ce processus de transfert doit se faire deux à trois fois pour assurer une meilleure ventilation et minimiser les pertes en nutriments.

Le trou à compost doit être entretenu pendant quatre à six mois pour être bien décomposé, et doit être couvert par du banco (Note de l’Éditeur: le banco est un mélange de sol et d’eau).

Certains font du compost au-dessus du sol entre quatre murs de pierre, banco ou ciment. Dans ce cas, la construction devrait faire deux mètres de profondeur sur cinq mètres de longueur.

Autour de mars-avril, on peut appliquer du compost dans son champ, en respectant des intervalles d’un mètre. Entre 20 et 30 kilogrammes de compost devraient être déposés dans le champ. C’est-à-dire que chaque tas de compost appliqué dans le champ devrait peser 20 à 30 kilogrammes. Selon moi, il faut ajouter cinq à vingt tonnes de compost par hectare de champ.

On peut estimer combien de compost on a utilisé en pesant la corbeille dans laquelle on transporte le compost dans le champ.

LAMINE TOGOLA :
M. Simpara, quel conseil donnez-vous aux agriculteurs sur la pratique du compostage?

MALAMINE SIMPARA :
Mes conseils à propos du compostage sont les suivants: l’agriculteur ne devrait pas penser que son année de travail ne dure que 4 mois, mais plutôt qu’elle s’étale sur les 12 mois de l’année. Seul le travail ardu paye. Et ne vous limitez pas à creuser un seul trou pour le compostage. Creusez plusieurs trous de compostage pour un meilleur rendement. C’est là mon premier conseil. Mon deuxième conseil, c’est que vous devriez connaître tous les endroits ou vous ajoutez du compost dans votre champ: vous devriez ajouter du compost là où le sol est très appauvri.

C’est vrai qu’il est difficile de se sevrer de l’emploi des engrais. Mais le compostage demeure un bon moyen d’améliorer la santé de notre sol.

LAMINE TOGOLA :
Bah N’Golo Fomba, le chef du village de Dien, est agriculteur depuis longtemps. Chaque année, il utilise 40 tonnes de compost dans son champ. Après une courte pause musicale, il va nous prodiguer quelques conseils.

Pause musicale

BAH N’GOLO FOMBA:
Faire du compost est une obligation pour tout cultivateur. Car l’engrais chimique est bon pour aujourd’hui, mais très mauvais pour demain. Le compost améliore la santé du sol. Nous remarquons que, chaque année, il nous faut augmenter la dose d’engrais chimique par hectare.
Et c’est pour cela que nous utilisons le compost.

LAMINE TOGOLA :
Quel appel voudriez-vous lancer?

BAH N’GOLO FOMBA:
Cela fait déjà longtemps que je lance cet appel. J’ai commencé par dire aux gens: «Les ordures que tu ignores, je les prendrai avec plaisir. Et si le fait que je ramasse tes ordures pour faire mon compost te fait mal, tu feras la même chose.» J’étais tellement intéressé par le compost que je ramassais toutes les ordures du village pour faire mon compost.

LAMINE TOGOLA :
C’était une émission de Radio Fanaka. Ont travaillé sur ce programme: Lamine Togola Lamzo, Mariam Dao, Vieux Karamoko Traoré, Bakary Bagayogo et Youssouf Keita, tous de Radio Fanaka.

Nous saluons chaleureusement le chef de village et tout le village de Dien.

Avant de nous séparer, voici une question à se poser:

Qu’est-ce qui fait du compost une bonne chose?
Préparez vos réponses et envoyez-les à Radio Fanaka Banankabougou, face à la Banque Nationale pour le Développement Agricole, à Fana, téléphone: 00223 21 25 33 48, Email: lamzeau@yahoo.fr.
Au revoir et à la prochaine.

Acknowledgements

Rédaction : Lamine Togola, Radio Fanaka, Mali, partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales
Révision : John FitzSimons, professeur agrégé, École de design environnemental et de développement rural, Université de Guelph, Canada
Remerciements à :

  • la chambre d’agriculture de Fana
  • le chef de village de Dien
  • le vulgarisateur de Dien Kalifabougou
  • la population de Dien
  • Radio Fanaka

Une version de ce texte a été produite sur Radio Fanaka en décembre 2008.

Information sources

  • CREPA-Mali
  • Chambre d’Agriculture de Fana
  • La CMDT de Fana
  • IRRRA Mali