L’agriculture en sacs : Des récoltes de légumes illimitées!

Agriculture

Notes au radiodiffuseur

Enregistrez et révisez cette ressource sous forme de document Word.

Des rapports scientifiques publiés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en 2007 mentionnent que la croissance démographique rapide a exercé une pression extrême sur l’environnement naturel en Afrique. Dans le monde, plus d’un milliard de gens connaissent les affres de la famine, chiffre qui continue son ascension malgré l’opulence du 21e siècle.

La présente émission sur l’agriculture en sacs fournit une lueur d’espoir pour gérer la sécurité alimentaire des ménages. Elle met en vedette Mike Buseti, un agriculteur kényan qui découvre l’agriculture en sacs. Elle évite la famine qui menaçait auparavant sa famille.

L’agriculture en sacs implique de repiquer des plants de légumes sur le dessus et dans les flancs de sacs synthétiques remplis de terre qui sont placés sur les toits ou sur les pas de porte . L’agriculture en sacs peut être pratiquée partout dans le monde car elle n’exige pas de terres agricoles ni d’eau de pluie.

Le présent texte repose sur une entrevue réelle. Vous pourriez vous en inspirer pour effectuer des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou bien vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens interviewés. Si c’est le cas, assurez-vous de prévenir votre auditoire au début de l’émission que les voix sont celles d’acteurs, et non pas des personnes initialement impliquées dans l’entrevue.

Texte

ANIMATRICE :
Je souhaite la plus cordiale bienvenue à tous ceux et celles qui sont à l’écoute de notre station. Nous sommes heureux de vous compter parmi les auditeurs et auditrices de notre émission. Au micro votre animatrice Rosemary Nyaole.

Montée de l’indicatif musical et fondu enchaîné

ANIMATRICE :
Si vous avez faim parce que vous n’avez pas assez de terres agricoles et d’eau pour faire pousser des aliments, nous avons quelques bonnes nouvelles pour vous aujourd’hui. Nous allons parler de la façon dont votre famille et vous pouvez bénéficier d’une récolte illimitée de légumes dans le confort de votre pas de porte. Durant la présente émission, nous entendrons parler de l’agriculture en sacs et nous apprendrons comment récolter des légumes sans avoir de terres agricoles ni d’eau de pluie. L’agriculture en sacs implique de repiquer des plants de légumes sur le dessus et dans les flancs de sacs synthétiques remplis de terre qui sont placés sur les toits ou sur le pas de la porte. Nous mettrons en vedette un agriculteur kényan qui a fait exactement cela. Restez à l’écoute.

Transition musicale

ANIMATRICE :
Bon retour à notre discussion sur l’agriculture en sacs. Nous allons entreprendre un voyage mémorable ensemble – un voyage à Nairobi, capitale du Kenya, couramment appelée la ville dans le soleil. Nous y rencontrerons Mike Buseti, un agriculteur urbain. Vous pourriez vous demander pourquoi Mike a choisi de cultiver en ville. Allons le découvrir ensemble. Mais écoutez tout d’abord cette dramatique!

Montée d’un lourd ronflement, tic-tac d’un réveille-matin, pleurs d’un bébé

JANE :
(Agitée) Mike, réveille-toi! Mike, mon mari, je ne peux tout simplement plus continuer comme ça!

MIKE :
(Cessant de ronfler) … Quoi? Qu’y a-t-il, ma chère femme?

JANE :
Le bébé. Notre bébé, Mike! Allons-nous rester les bras croisés et regarder notre bébé mourir de faim? Dis-moi, Mike.

Le bébé pleure plus fort

MIKE :
Quoi? … Qu’y a-t-il maintenant? (Il saute du lit) Ne puis-je pas dormir un peu? Pourquoi ne pas allaiter ton bébé?

JANE :
(Sarcastique) Ah, je vois, mon cher mari. Maintenant, c’est mon bébé? (D’une voix sérieuse) Cela fait maintenant trois jours, trois longues journées, que je n’ai pas pris un repas convenable. Tu sais très bien ce que cela veut dire pour une mère. Ce bébé a tété toute la nuit. Mais il n’y a pas de lait…

MIKE :
Mais… (balbutiant), mais nous avons tout perdu. Pas de nourriture, pas d’argent. Ma terre a disparu – oh ma terre!

JANE :
Je suis fatiguée et faible. Comment allons-nous survivre (sanglotant)? Nous pourrions tout aussi bien mourir de faim (autres sanglots). Mike, mon mari, si tu te préoccupes vraiment de nous, va nous chercher à manger. (Sarcastique) Ou mieux encore, assieds-toi ici et regarde-nous mourir de faim.

MIKE :
(Avec vigueur) Non, je ne peux pas! (En colère) Je ne peux tout simplement pas supporter tous ces problèmes.

Bruit de pas rapides, une porte s’ouvre, puis se referme

Transition musicale

MIKE :
(Se parlant à lui-même)Ma famille avait suffisamment de nourriture avant que la violence ne fasse irruption dans ma maison à la campagne. Nous avons dû déménager en ville et maintenant nous sommes confrontés à la famine. Il n’y a pas de terres agricoles, il n’y a pas d’eau de pluie. Oh mon Dieu, que vais-je faire maintenant? Dieu, vous savez combien j’aime ma famille. Mais regardez-moi maintenant. Je n’ai aucun espoir. Je ne peux pas les regarder avoir faim.

VOIX :
(Écho) Retourne vers ta femme et ton fils. Allez va, va…

MIKE :
À qui est cette voix? Hé! vous, savez-vous ce que vous me demandez de faire? De retourner chez moi et de regarder mon fils et ma femme mourir de faim. Non! Je ne peux pas! (Balbutiant) Je ne peux tout simplement pas supporter ça.

NARRATEUR :
Un gamin des rues repère Mike. José porte sur son dos un sac sale à moitié rempli de toutes sortes de déchets. Il envisage d’agresser Mike.

JOSE :
(Hors micro – se parlant à lui-même)Cet homme là-bas. Pourrait-il être une bon pigeon tôt ce matin. (Au micro) Mais pourquoi est-il assis tout seul? Allons le voir pour savoir ce qu’il fait ici.

Montée graduelle de bruits de pas rapides et musique étrange, puis fondu enchaîné

JOSE :
(Sifflotant)Hé toi! Que fais-tu donc ici?

MIKE :
(Imitant José) Et toi? Que fais-tu donc ici?

JOSE :
Comment oses-tu me parler ainsi?

MIKE :
Eh bien, que fais-tu ici?

JOSE:
C’est mon territoire. Donne-moi tout ce que tu as.

MIKE :
(Sarcastique) Te donner tout ce que j’ai? D’accord, me voilà. Prends-moi… tue-moi si tu veux. Je n’ai rien à perdre.

Montée de passages rapides de musique étrange, puis ralentissement

JOSE :
(Se parlant à lui-même) Je ne peux pas le croire…

MIKE :
Jeune homme, du calme. Nous pouvons travailler ensemble, n’est-ce pas?

JOSE :
(Surpris) Que veux-tu dire exactement?

MIKE :
Je m’appelle Mike. Je suis ici en ville parce que j’ai perdu ma terre et tout le reste. Comment t’appelles-tu?

JOSE :
Appelle-moi José. J’ai aussi perdu mes parents et ma parenté. Tout ce que je possède c’est ce sac et aussi deux autres. Je m’en sers pour ramasser les déchets. C’est comme ça que je gagne ma vie maintenant.

Montée de la transition musicale pendant 10 secondes puis fondu enchaîné

Montée de la musique pendant 10 secondes puis fondu enchaîné

ANIMATRICE :
Cette courte dramatique explique le défi auquel font face Mike et bien d’autres agriculteurs qui migrent vers les centres urbains. Mike devait agir très rapidement pour sauver Jane et leur bébé de la famine. Il découvrit une pratique appelée l’agriculture en sacs qui leur sauva la vie. Cela implique de faire pousser des légumes dans des sacs remplis de terre et de déchets domestiques. Tout ce qu’il faut c’est un sac, de la terre et des plants. Les trois sacs de José devinrent leurs premières cultures en sacs. J’ai pu voir les sacs de Mike et j’ai eu cette conversation avec lui.

Montée de bruits de la rue (conversations, colporteurs, enfants qui jouent, circulation, etc.), puis fondu enchaîné sous les voix

NYAOLE :
Comment êtes-vous devenu un adepte de l’agriculture en sacs?

MIKE :
Après m’être débattu pour trouver des légumes à Nairobi, je me suis posé la question : Comment puis-je accroître la sécurité alimentaire de ma famille? Comment puis-je en avoir assez pour nous et un excédent à vendre? J’ai rencontré José, un gamin des rues. Il est orphelin, alors je l’ai un peu hébergé chez nous et je suis devenu comme un père pour lui. Il avait trois sacs qu’il utilisait pour ramasser des déchets. J’ai réfléchi à l’idée de remplir les sacs de terre et de les utiliser comme notre ferme-cuisine. Nous avons essayé et cela a fonctionné. Ensuit, j’ai présenté l’agriculture en sacs à quelques amis. Il est maintenant plus facile pour nous de faire pousser suffisamment d’aliments pour nos familles parce que nous n’avons pas besoin d’un grand espace pour cultiver.

Transition musicale

ANIMATRICE :
Nous voici de retour pour parler de l’agriculture en sacs. Elle implique de repiquer des plants de légumes sur le dessus et dans les flancs de sacs remplis de terre qui sont placés sur les toits ou les pas de porte. Nous avons déjà découvert comment Mike, un agriculteur urbain kényan, a démarré la culture en sacs. Vous pourriez vous demander ce qu’il faut pour faire de l’agriculture en sacs une réalité. Démontrons-le ensemble avec Mike.

NYAOLE :
Vous voulez dire que je verse 15 cm (six pouces) d’un mélange de terre et de fumier composté dans le sac?

MIKE :
Oui. Ensuite, prenez un contenant en plastique de 15 cm par 20 cm qui est ouvert aux deux extrémités. Placez-le dans le sac. Ensuite, mettez des pierres à l’intérieur du contenant en plastique. Ajoutez de la terre à l’intérieur et autour du contenant en plastique et continuez à ajouter de la terre jusqu’à ce que le sac soit plein. Votre culture en sac est maintenant prête. Il suffit d’arroser le sac tôt le matin et le soir et ensuite de repiquer vos plants. N’oubliez pas de placer votre sac dans un endroit ensoleillé.

NYAOLE :
Très bien, tout ce qu’il me faut pour être un agriculteur en sacs c’est donc un sac, de la terre, du fumier composté et de l’eau. Je mélange une partie de fumier composté avec trois parties de terre dans un sac. Ensuite, je repique les plants sur le dessus et tout autour du sac. Puis, il faut arroser tôt le matin et le soir. Est-ce exact?

MIKE :
Oui. C’est bien cela.

NYAOLE :
Comment dois-je repiquer exactement les plants?

MIKE :
Nous recommandons de repiquer environ six plants de sukuma wiki (Note de la rédaction: chou vert frisé en langue kiswahili) sur le dessus du sac. Repiquez les autres plants, soit environ 24, en zigzag tout autour du sac. Placez chaque plant à environ 15 cm (six pouces) de distance.

NYAOLE :
Maintenant que nous avons découvert un moyen simple de fournir des légumes à nos familles, pourquoi ne pas faire un essai? Nous allons faire une courte pause. Lorsque nous reviendrons, Mike nous dira comment éviter la saturation en eau dans notre culture en sac.

Transition musicale

ANIMATRICE :
Avant de faire une pause,Mike a parlé de contenants en plastique et de pierres. Pourquoi faut-il utiliser un contenant en plastique et des pierres dans une culture en sac?

MIKE :
Dans l’agriculture en sacs, le contenant en plastique et les pierres contribuent à filtrer l’eau. Sans eux, la terre et les plants seraient gorgés d’eau et périraient. Les pierres à l’intérieur du contenant empêchent la saturation de la terre en eau.

NYAOLE :
Pourquoi vous servez-vous d’un contenant en plastique?

MIKE :
Des contenants en plastique déjà utilisés sont facilement disponibles dans nos cuisines et nos dépotoirs. L’autre option consiste à utiliser du grillage métallique à l’intérieur du sac. Mais je n’avais pas d’argent pour en acheter. Le contenant en plastique doit être ouvert aux deux extrémités afin que l’eau puisse facilement pénétrer jusqu’au fond du sac. Utilisez un seul contenant par sac.

NYAOLE :
Quand remplacez-vous les sacs?

MIKE :
Le sac vert que je viens de vous montrer durera deux ou trois ans. Cela dépend des conditions météorologiques. Mais il faut remplacer le sac dès qu’il est trop usé pour retenir la terre.

NYAOLE :
À quelle fréquence ajoutez-vous de l’engrais dans votre sac?

MIKE :
J’ajoute du fumier sur le dessus du sac tous les trois mois environ. Étant un agriculteur biologique, j’achète le fumier chez des aviculteurs et je l’utilise pour améliorer la fertilité de la terre.

NYAOLE :
Combien de plants devrais-je repiquer dans un sac?

MIKE :
Chaque sac contient environ trente plants. Repiquez six plants sur le dessus du sac. Plantez le reste, soit environ 24 plants, tout autour du sac. Comme je l’ai mentionné précédemment, repiquez-les en zigzag, pas en ligne droite, à environ 15 cm (six pouces) de distance.

NYAOLE :
Donc, je repique 30 plants? Six sur le dessus et 24 sur le pourtour d’un sac?

MIKE :
C’est exactement cela! Trois sacs contiennent à peu près 90 plants. Cela produirait assez de légumes pour nourrir régulièrement un ménage moyen et même pour en vendre un peu à quelques voisins.

NYAOLE :
Assez pour nourrir une famille moyenne pendant combien de temps?

MIKE :
Aussi longtemps que vous continuez à repiquer des plants frais. Il faut environ trois semaines pour récolter du sukuma wiki. Vous devriez donc repiquer des plants frais toutes les trois semaines.

NYAOLE :
L’eau est très rare ici. Comment arrosez-vous vos légumes?

MIKE :
J’achète de l’eau pour mon usage domestique courant. Après utilisation, je purifie l’eau usée en la faisant passer à travers de fines particules qui subsistent du charbon de bois que nous utilisons pour cuisiner. Il suffit de 20 litres d’eau pour arroser trois sacs deux fois par jour. C’est assez économique.

NYAOLE :
Puis-je arroser mon sac n’importe quand durant la journée?

MIKE :
Non. Il vaut mieux effectuer l’arrosage très tôt le matin et tard le soir. Cela minimise la quantité d’eau qui s’évapore. Il ne faut jamais utiliser d’eau savonneuse à moins de l’avoir soumise à ce processus de purification à travers le charbon de bois.

Transition musicale

ANIMATRICE :
Aujourd’hui, nous avons parlé de la façon de récolter des légumes sans terres agricoles ni eau de pluie. Comme d’habitude, il ne peut jamais y avoir de plantes sans parasites. Comment maîtriser les parasites dans un sac? Mike a réussi à garder ses légumes exempts de parasites sans recourir à des insecticides. Voyons voir de quelle façon il a réussi à relever ce défi.

MIKE :
Pour maîtriser les parasites, utilisez du poivre en poudre. Mélangez-le avec des feuilles de papaye. En réalité, le poivre seul fonctionnera.

NYAOLE :
Comment préparez-vous la poudre?

MIKE :
Vous écrasez les feuilles de papaye et vous y ajoutez du poivre en poudre. Ensuite, vous mélangez avec de l’eau et vous vaporisez sur vos légumes. Vous pouvez également utiliser du lait, mais nous n’encourageons pas l’usage de lait car il coûte cher. Je devrais mentionner que le contrôle des mauvaises herbes est évidemment beaucoup plus aisé dans l’agriculture en sacs.

NYAOLE :
Quels sont certains des autres défis auxquels vous êtes confrontés?

MIKE :
Il y en a eus beaucoup. Tout d’abord, ce fut l’argent et l’espace. J’ai réussi à trouver un logement locatif. Mes sacs occupent chaque espace disponible autour de mon logement locatif. Cela est devenu ma terre, ici à Nairobi. De plus, il y a des gens qui récoltent mes légumes quand je suis absent. Mais les avantages surpassent les défis. Ma femme Jane et notre fils sont maintenant en bonne santé et forts. C’est ma plus grande joie.

Montée de la musique et fondu enchaîné

ANIMATRICE :
Nous avons tout juste découvert comment développer une culture en sacs. Maintenant, les membres du ménage de Mike Buseti apprécient régulièrement en paix un repas de sukuma wiki avec peu d’efforts. Sa famille ne craint plus la famine. Nous pouvons faire la même chose.

Montée de la musique et fondu enchaîné

ANIMATRICE :
J’espère que vous avez apprécié cette émission portant sur l’agriculture en sacs. Si vous avez déjà essayé cette méthode et si vous avez quelques suggestions ou idées pour d’autres auditeurs ou auditrices, veuillez communiquer avec nous ici même à la station de radio et nous parler de vos expériences. C’est tout pour aujourd’hui. Merci d’avoir été à l’écoute. Au micro votre animatrice Rosemary Nyaole.

Montée de la musique et sortie

Acknowledgements

  • Rédaction : Rosemary Nyaole-Kowuor, Shine 103.1FM, Université Daystar, Kenya
  • Révision : Takawira Mubvami, coordonnateur du Programme d’agriculture urbaine, Municipal Development Partnership, Eastern and Southern Africa, Harare, Zimbabwe
  • Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada
  • Merci à : Michael Musembi, Nairobi (Kenya), interviewé le 11 septembre 2009; et à la classe de radiodiffusion théâtrale 2009 de l’Université Daystar (Campus Athi-River), qui a enregistré la dramatique le 14 octobre 2009.