La signification d’un meuglement : « Pulvérisez-moi, ça me gratte »

Élevage d'animaux et apiculture

Notes au radiodiffuseur

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Les maladies transmises par les tiques constituent un important enjeu économique dans de nombreuses régions de l’est, du sud et du centre de l’Afrique. Une maladie transmise par les tiques, la fièvre de la côte orientale (ou fièvre rhodésienne ou théilériose bovine) tue un million de vaches chaque année dans l’est de l’Afrique seulement.

Le présent texte souligne l’importance du bétail pour l’agriculteur. Dans bien des cas, son gagne-pain dépend de son bétail. Par conséquent, toute maladie est un enjeu considérable et augmente les risques de pauvreté et de malnutrition.

Les méthodes actuelles de lutte contre la maladie sont limitées. L’utilisation des acaricides – pesticides destinés à contrôler les tiques – par les agriculteurs est entravée par la hausse des prix et par la résistance accrue aux acaricides. L’utilisation de vaccins vivants, bien que couronnée de succès à certains endroits, dépend souvent d’installations de réfrigération et peut se révéler difficile dans certaines régions à cause des infrastructures sous-développées.

La meilleure chance de succès dans la lutte contre la maladie consiste à adopter une approche intégrée, en utilisant un éventail de méthodes. Parmi les mesures qui réussissent contre les maladies transmises par les tiques, citons la gestion des pâturages, la construction de clôtures efficaces et le pacage en rotation dans la mesure du possible, pour réduire le niveau d’infestation, l’élevage de bovins résistants aux tiques et de nouvelles méthodes d’immunisation en combinaison avec l’utilisation stratégique d’acaricides. Il convient de faire remarquer que les éleveurs de bovins sont très bien informés sur les tiques et savent quelle tique cause quelle maladie.

Le présent texte est un mini-feuilleton qui souligne les défis associés au contrôle des maladies transmises par les tiques. Il y a deux façons d’utiliser ce texte : simplement en l’adaptant pour votre auditoire ou en vous en inspirant pour réaliser votre propre mini-feuilleton sur les maladies du bétail dans votre région.

Texte

Montée de bruits de la ferme – poulets et vaches, bruits d’oiseaux. Puis fondu enchaîné sous la conversation.

LE PĖRE :
Fils, je suis un homme simple. Je suis des méthodes simples. Voici mes vaches. Un jour, elles seront toutes à toi. N’es-tu pas fier? Pour nous, le bétail c’est la richesse.

LE FILS :
Oui père, je suis très fier. Mais notre richesse court des risques. Notre voisin a perdu son bétail.

LE PĖRE :
Oui, je sais. C’est parce que sa fille a le virus et sa famille est punie pour ses folies. C’est la raison de la mort de son bétail.

LE FILS :
Non, père. Le fait que Kala a le sida n’a rien à voir avec la perte de leur bétail.

LE PĖRE :
Alors comment expliques-tu cela, si ce n’est pas un acte de Dieu?

LE FILS :
Mon instituteur est allé voir le vétérinaire local et a appris que de nombreuses vaches de notre région tombent malades.

LE PĖRE :
Qu’est-ce que ces médecins pour animaux peuvent bien savoir? Ils ont le nez dans leurs livres toute la journée. Je me réveille avec notre bétail, je travaille avec lui et je veille à lui faire passer une bonne nuit tranquille. J’investis mon sang, ma sueur et mes larmes dans ces vaches.

LE FILS :
Mais père, si vos animaux sont si importants, ne voulez-vous pas prendre les mesures nécessaires pour les protéger? Allons voir le vétérinaire tout de suite.

LE PĖRE :
D’accord, fils, si cela fait ton bonheur. Nous irons voir ton vétérinaire au lever du jour. Maintenant, vas te coucher; nous avons une grosse journée devant nous demain.

Montée de bruits de la ferme pendant quelques secondes, puis disparition. Pause pendant deux secondes, puis chant répété d’un coq.

LE FILS :
Père, père… c’est l’heure d’aller chez le vétérinaire.

LE PĖRE :
Mais c’est du beau temps pour aller au pâturage. Faut-il vraiment y aller?

LE FILS :
Père, vous avez promis.

LE PĖRE :
Je te suis, fils.

Montée de bruits de la ferme pendant quelques secondes, puis fondu enchaîné sous la conversation.

VOISIN :
Bonjour voisin. Où allez-vous avec votre fils et votre bétail?

LE FILS :
Nous allons chez le vétérinaire.

VOISIN :
(En riant)Faites-vous confiance à ces docteurs stupides avec votre bétail? Je pensais que vous étiez plus intelligent!

LE PĖRE :
(En aparté, tout bas)Tu vois, fils, tu fais de moi la risée du village avec tes idées modernes.

Montée de bruits de la ferme pendant quelques secondes, puis fondu enchaîné sous la conversation.

VĖTĖRINAIRE :
(Arrivant au micro)Bonjour les amis, qu’est-ce qui vous amène ici aujourd’hui avec votre bétail?

LE PĖRE :
(Chuchotant à son fils)Fils, c’est une femme; nous ne pouvons pas lui faire confiance pour comprendre ces problèmes complexes.

LE FILS :
(Tout bas à son père)Chut.(D’une voix normale)Docteure, j’ai convaincu mon père d’amener notre bétail pour voir s’il est en bonne santé.

VĖTĖRINAIRE :
Bon, examinons une de vos vaches. Pourquoi pas celle-ci? Elle a l’air bien maigre.

LE PĖRE :
Elle n’est pas maigre! C’est l’une de mes meilleures vaches! Je l’ai eue quand j’étais très jeune.

VĖTĖRINAIRE :
Est-ce que tout est normal chez elle?

LE FILS :
Dernièrement, elle produit moins de lait.

VĖTĖRINAIRE :
On dirait qu’elle a aussi la peau endommagée. Ce sont des signes d’infestation par des tiques. Laissez-moi la regarder de plus près.

Pause. Bruits de vache meuglant.

VĖTĖRINAIRE :
Oui, il est certain que cette vache a des tiques.

LE PĖRE :
Que voulez-vous dire?

VĖTĖRINAIRE :
Les tiques sont de petites bestioles qui sucent le sang du bétail et même des humains. Si les tiques ne sont pas traitées, elles peuvent provoquer des maladies graves et parfois fatales.

LE PĖRE :
Oh, mais je pensais que les oiseaux s’en occupaient.

LE FILS :
Les oiseaux, père?

LE PĖRE :
Oui, les oiseaux! Ils enlèvent les bestioles avec leur bec.

LE FILS :
Père, ce n’est qu’un conte de bonnes femmes.

VĖTĖRINAIRE :
En fait, les oiseaux comme les hérons garde-boeufs et les pique-boeufs (ou buphages) peuvent aider à lutter contre les insectes. Mais ces oiseaux ne suffisent pas toujours.

LE PĖRE :
Si ce que vous dites est vrai, que puis-je faire pour aider cette vache?

VĖTĖRINAIRE :
Il ne s’agit pas seulement de cette vache-ci. Tout votre troupeau est à risque. Les tiques répandent la maladie. Si une vache de votre troupeau a des tiques, vos autres vaches en ont vraisemblablement aussi.

LE PĖRE :
Vous ne savez pas ce que vous dites! Vous voulez seulement mon argent.

LE FILS :
(En aparté, tout bas)Écoutez-la, père – elle sait de quoi elle parle. Elle a aidé beaucoup de troupeaux de villageois et ils vont mieux maintenant.

LE PĖRE :
(En aparté, tout bas)Quelle potion magique utilise cette sorcière pour les guérir?

LE FILS :
(En aparté, tout bas)C’est une vétérinaire. Elle sait ce qu’elle fait. Peu importe qu’elle soit une femme.

VĖTĖRINAIRE :
Vous devez pulvériser votre troupeau avec des acaricides, une substance qui contrôle et empêche les infestations de tiques.

LE PĖRE :
Oh, et combien est-ce que ça va me coûter?

VĖTĖRINAIRE :
Cela dépend du genre de traitement.

LE FILS :
Comment utiliser des acaricides pour notre bétail?

VĖTĖRINAIRE :
Les acaricides doivent toujours être appliqués de façon adéquate et sécuritaire avec les dosages appropriés, du bon matériel et des conditions de travail très propres.

LE PĖRE :
J’ai déjà entendu parler de ces pulvérisations. Vous, les vétérinaires, vous nous faites revenir sans cesse pour ces traitements, nous les agriculteurs travailleurs, et vous nous demandez toujours plus d’argent!

VĖTĖRINAIRE :
C’est vrai que le prix des acaricides est en hausse. En outre, il faudra peut-être pulvériser votre troupeau plusieurs fois pour que le traitement soit efficace à long terme. La meilleur façon de contrôler une infestation de tiques est une méthode appelée contrôle intégré.

LE FILS :
Ah oui, mon instituteur nous a aussi parlé de contrôle intégré pour la lutte antiparasitaire.

LE PĖRE :
Quoi? Je ne connais pas ce contrôle intégré. Mes ancêtres ont élevé du bétail bien avant l’apparition de toutes ces nouvelles idées coûteuses!

LE FILS :
Mais père, bon nombre de ces nouvelles méthodes sont efficaces et empêcheront notre bétail de tomber malade.

VĖTĖRINAIRE:
Le contrôle intégré signifie que plusieurs méthodes devraient être combinées pour maximiser son efficacité en matière de prévention des tiques.

LE PĖRE :
Comme quoi?

VĖTĖRINAIRE :
Eh bien, quelques méthodes importantes comprennent, dans la mesure du possible, la construction de clôtures solides autour de vos terres, la bonne tenue et la bonne gestion de vos pâturages et l’utilisation du pacage en rotation pour réduire le niveau d’infestation des tiques.

LE PĖRE :
Ce ne sont pas des idées nouvelles! Ce « pacage en rotation » dont vous parlez est mis en pratique par notre famille depuis des générations. Nous savons qu’il faut laisser la terre se reposer pendant un certain temps après le broutage pour donner le temps à la nouvelle herbe de croître.

VĖTĖRINAIRE :
C’est formidable! C’est un aspect important du contrôle intégré des tiques. En outre, il existe des races de bétail qui résistent davantage aux tiques. Il y a aussi de nouvelles méthodes d’immunisation qui seront utiles si on les utilise avec soin. La combinaison de toutes ces méthodes réduira considérablement le risque pour votre bétail d’être victime de maladies transmises par les tiques.

LE FILS:
Vous avez parlé de nouvelles méthodes d’immunisation. Cela signifie-t-il qu’il existe un vaccin pour protéger notre bétail et nous-mêmes contre la maladie?

VĖTĖRINAIRE :
Oui, il y a l’immunisation à l’aide de vaccins vivants. Cela signifie que nous pouvons donner une injection pour contribuer à protéger votre bétail contre une maladie appelée fièvre de la côte orientale. Le mieux est de le faire chez les veaux de moins de six mois et il vous faut une seule dose! Toutefois, pour les autres maladies qui sont transmises par les tiques, comme la piroplasmose (ou la babésiose), nous n’utilisons pas de vaccins vivants, et il faut vacciner votre bétail plus d’une fois.

LE PĖRE :
Cela semble également coûteux!

VĖTĖRINAIRE :
Vous avez raison. Le bétail doit prendre des antibiotiques pendant plusieurs mois après le vaccin contre la fièvre de la côte orientale et le coût des antibiotiques est assez élevé aussi. De même, il faut entreposer les vaccins au froid et cela pourrait s’avérer impossible pour nous ici.

Cependant, des tas de recherches sont en cours en ce moment pour développer de nouveaux vaccins afin d’éviter de tels problèmes. Pour l’instant, je vous recommanderais d’utiliser un contrôle intégré, en commençant avec un traitement aux acaricides. Par la suite, nous pourrons collaborer à un programme de vaccination pour votre bétail.

LE FILS :
Quand pourrons-nous faire cela? J’ai besoin que notre bétail soit en bonne santé lorsque je le montrerai au père de ma petite amie que je veux demander en mariage.

VĖTĖRINAIRE :
Amenez vos animaux dès demain et tout sera prêt.

LE PĖRE :
Merci docteure, je serai ici demain.

VĖTĖRINAIRE :
Attendez. Avant de partir, je dois prendre un échantillon de sang de votre vache.

LE FILS :
Pour quoi faire?

VĖTĖRINAIRE :
Je dois m’assurer que votre vache n’a pas la fièvre de la côte orientale.

LE PĖRE :
Quelle est cette fièvre dont vous parlez?

VĖTĖRINAIRE :
C’est une maladie transmise par les tiques. Elle peut entraîner la mort en moins de quatre semaines après la piqûre des tiques. Tout votre troupeau peut être infecté. Cette maladie a déjà tué un million de vaches cette année en Afrique orientale.

LE FILS :
Comment pouvez-vous savoir si vos vaches ont cette fièvre?

VĖTĖRINAIRE :
Votre vache aura une toux légère, un écoulement nasal, de la diarrhée, les yeux et les gencives pâles et, souvent, une vache infectée éprouvera de la difficulté à marcher. D’autres symptômes comme une faiblesse, une léthargie et une perte d’appétit sont communs à toutes les maladies transmises par les tiques.

LE PĖRE :
Cela ne ressemble pas à ma vache!

VĖTĖRINAIRE :
Simplement pour en avoir la certitude, j’aimerais vérifier.

LE PĖRE :
Très bien.

Pause. Bruits de meuglements.

LE FILS :
Vous voyez, père, n’êtes-vous pas content d’avoir amené nos vaches avant qu’il soit trop tard?

LE PĖRE :
Oui fils, cette vétérinaire pourrait être en mesure de nous aider. Si elle y parvient, je ne manquerai pas de dire à tous nos amis d’aller la voir.

VĖTĖRINAIRE :
Très bien, je pense avoir tout ce dont j’ai besoin. Je vous verrai demain et nous commencerons à aider vos vaches.

LE PĖRE :
Merci docteure, nous serons ici demain.

Acknowledgements

  • Rédaction : Lee, étudiante, Faculté de médecine, Université McGill
  • Révision : Dr Hameed Nuru, directeur des politiques et des affaires externes, GALVmed (Global Alliance for Livestock Veterinary Medicines)