Comment prévenir et traiter les vers ronds chez les bœufs : Conseils d’un vétérinaire et d’un éleveur

Élevage d'animaux et apiculture

Notes au radiodiffuseur

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L’élevage des bœufs qui constitue la principale activité chez les pasteurs qui campent dans les villages de la région du Noun à l’Ouest-Cameroun se heurte à plusieurs problèmes. Durant la grande saison sèche qui dure huit mois, l’herbe fraîche se fait rare. Les animaux sont obligés de parcourir de longues distances pour s’alimenter. Les quelques herbes que les bêtes trouvent ont déjà été broutées par d’autres bœufs qui y ont laissés leurs fèces et leurs urines pour la croissance future de fourrages. Le peu d’herbe restant est souvent dispersé avec des larves de parasites internes qui peuvent se transmettre à d’autres bœufs qui broutent. (Les parasites sont appelés larves quand ils sont dans un stade de développement immature.)

Dans sa lutte contre la pauvreté, le gouvernement fournit des efforts dans l’encadrement des élèveurs à la base. Des départements gouvernementaux du Noun organisent au moins quatre fois par an des campagnes de vaccination. Ces campagnes limitent au maximum le risque d’exposition des bœufs à la contamination car une fois infectés, les effets négatifs sont énormes. Il arrive parfois qu’un seul éleveur perde le tiers de son cheptel.

Le texte est fondé sur une conversation entre trois personnages principaux. Un animateur radio, un éleveur bétail et un vétérinaire. Vous pouvez l’adapter selon votre convenance. Vous pouvez aussi remplacer les noms des personnages des localités par ceux de votre milieu.

Ce texte est basé sur de vraies entrevues. Vous pouvez utiliser ce texte comme inspiration pour faire des recherches et écrire un texte sur un sujet similaire dans votre région. Ou, vous pouvez choisir de reproduire ce texte à votre station, en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les interlocuteurs. Si vous choisissez de reproduire ce texte, s’il vous plaît assurez-vous de dire aux auditeurs au début de l’émission que les voix qu’ils entendent sont celles d’acteurs et non celles des vraies personnes interviewées.

Texte

ANIMATEUR :
Amis auditeurs bonjour. Nous sommes en pleine savane devant un enclos où des bœufs sont vaccinés. Le village de Didango est situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Foumban. Foumban est dans le Département du Noun dans la Région de l’Ouest du Cameroun. L’élevage représente près de 90% des activités des habitants du village de Didango. La communauté des pasteurs élève surtout les bœufs. D’où la nécessité d’analyser l‘importance des vers ronds qui sont sources de maladies contagieuses.

Nous sommes donc à Didango où les bêtes de l’éleveur Baba Abdou sont regroupées dans un enclos où opère le vétérinaire Issofa Mkpoumie. Au fur et à mesure que le vétérinaire vaccine les bêtes et leur administre d’autres traitements appropriés, l’éleveur les marque, afin d’identifier les sujets déjà traités.

Chers auditeurs nous allons engager à toutes fins utiles un entretien avec notre vétérinaire et notre éleveur. Vous écoutez une édition spéciale de l’émission « Fu’nsié ne pata (Les richesses de la terre et de l’élevage) ». Nous espérons que nos auditeurs éleveurs vont bénéficier des conseils du Technicien Issofa Mkpoumie et de l’expérience de leur confrère Baba Abdou. Bien entendu, les meilleurs messages à l’attention des éleveurs ne peuvent provenir que des acteurs quotidiens de l’élevage.

ANIMATEUR :
Bonjour Baba Abdou. Bonjour M. Issofa Mkpoumie. Est-ce que vous pouvez nous parler des vers ronds ?

BABA ABDOU :
Les vers ronds sont presque invisibles à l’œil nu, mais nous sentons seulement les ravages qu’ils causent dans le bétail par la perte d’appétit chez nos bêtes, l’amaigrissement et d’autres comportements bizarres. Par exemple, le refus de parcourir de longues distances par les animaux devenus faibles. Pour les guérir, nous leur donnons des décoctions d’herbes et d’autres plantes. Mais les résultats ne sont pas toujours satisfaisants parce que nous oublions le plus souvent de respecter les doses adéquates ou encore les traitements naturels ne sont pas très efficaces contre les vers. Raison pour laquelle nous utilisons parfois des produits modernes comme les vermifuges 2000 et l’ivermectin.

ANIMATEUR :
M. Issofa Mkpoumie, que pouvez-vous nous dire sur ces fameux vers ronds ?

ISSOFA MKPOUMIE :
Les bœufs broutent les herbes sans prêter attention aux petites larves qui avalées infectent leur organismes avec des parasites adultes internes. Lors que ces parasites sont à un stade de développement immature, on les appelle des larves. Ces infections sont plus communes lorsque leur fourrage a été préalablement souilles au contact de bouses rejetées par des sujets malades. Voila comment les vers ronds sont introduits dans les organismes de nos animaux. Nos bêtes viennent aussi en contact avec les vers ronds en se désaltérant en aval d’un cours d’eau que les fientes des bovins ont pollué en amont.

ANIMATEUR :
Comment les éleveurs traitent-ils les vers ronds?

BABA ABDOU:
Les éleveurs tentent de prévenir les infections causées par les vers ronds en respectant les règles d’hygiène prescrites par les vétérinaires. Par exemple, les éleveurs devraient toujours libérer les animaux après le levé du soleil, lorsque le soleil a séché la rosée du matin qui se trouve sur les herbes. Cela réduit le nombre de larves qui ce collent sur l’herbe. Ensuite, quand nous constatons que les animaux sont atteints, nous leur donnons les comprimés du produit : LEVACIP BOLUS.

ANIMATEUR :
Comment leur donnez-vous les comprimés?

BABA ABDOU :
Le soir quand ils sont dans l’enclos, nous attrapons chaque animal et nous leur donnons un grand comprimé, qui s’appelle bolus. Le comprimé est donné oralement avec un fusil de bolus. C’est un travail très difficile quand c’est un grand cheptel.

ANIMATEUR :
Les vers ronds sont-ils transmissibles à l’homme?

ISSOFA MKPOUMIE :
Sincèrement je ne maîtrise pas les maladies qu’ils causent dans l’organisme humain. Toutefois, nous conseillons de bien cuire la viande afin d’éviter tous les risques.

BABA ABDOU :
En dehors de ces risques potentiels de contamination par la viande mal cuite, les gens devraient aussi éviter la manipulation de fèces et d’urines de bétail afin d’éviter que d’autres organismes ne s’introduisent dans le système digestif de l’animal.

ANIMATEUR :
Avez-vous quelques choses à prodiguer à vos collègues éleveurs?

BABA ABDOU :
Restons vigilant. Surveillons nos bêtes quotidiennement afin de dénicher toute anomalie. Si nous soupçons quelques chose, informons nos patrons vétérinaires le plus rapidement possible. La santé de nos bœufs en dépend. J’exhorte les éleveurs des boeufs à respecter scrupuleusement le calendrier vaccinal afin de protéger leur cheptel. Chers éleveurs, n’hésitez pas de nous contacter dès que vous découvrez la moindre anomalie

ANIMATEUR :
Je vais m’adresser maintenant à Maloum qui est en premier un éleveur mais aussi un guérisseur spirituel.

MALOUM :
Monsieur le journaliste, tu aimes trop poser les questions!

ANIMATEUR :
C’est mon travail.

MALOUM :
A mon tour de te poser aussi des questions.

ANIMATEUR :
Pourquoi pas!

MALOUM :
Vous avez oublie un aspect.

ANIMATEUR :
Lequel?

MALOUM :
La croyance à l’envoutement des animaux. Beaucoup d’éleveurs attribuent encore la décimation de leur bétail, quand cela leur arrive, au sort jeté par un ennemi. Ces pratiques ancestrales sont certes révolues mais hélas continuent à sévir dans l’esprit de certains éleveurs. Très souvent, ils se confient à moi en ces termes « j’ai la ferme conviction que la perte de mes animaux n’est pas seulement liés à la maladie, loin de là, l’augmentation de mon cheptel a certainement fais des jaloux. Je te prie d’utiliser les mêmes moyens pour me venger. »

ANIMATEUR :
Maloum, tu es d’abord éleveur avant d’être maloum. As-tu un message pour tes collègues?

MALOUM :
Chers frères éleveur! Le véritable ignorant c’est celui qui est incapable d’évoluer avec le temps. Ce dernier occupe la même position que les fesses, toujours derrière! De grâce, cessons de croire à l’envoutement de nos animaux à la moindre anomalie. Allons vers nos patrons les vétérinaires.

ANIMATEUR :
M. le vétérinaire, que voulez-vous répondre a cela?

VÉTÉRINAIRE :
Je crois que chaque éleveur doit prendre sa responsabilité, de grâce nous sommes la pour servir, n’attendez pas le pire pour chercher des boucs émissaires

ANIMATEUR :
Effectivement, dans la vie, s’il y a une chose qu’il faut éviter c’est surtout l’ignorance. Encore une fois je remercie mon ami Maloum qui nous rappelle un problème important. Aujourd’hui nous avons discuté des maladies de bœufs en général avec un accent sur les vers ronds. Si vous avez bien suivi, n’oubliez pas d’informer les autres, mais surtout rendez-vous la semaine prochaine!

Acknowledgements

  • Rédaction : Josué Yaneya, Radio Communautaire du Noun, Foumban, Cameroun, un partenaire de radiodiffusion de Radios Rurales Internationales.
  • Révision : Terry S. Wollen, Directeur d’Appui à l’Elevage, Heifer International.