La rétention de l’eau de pluie protège le sol

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Les changements climatiques que connaît le monde aujourd’hui sont attribués, en grande partie, à l’activité des êtres humains. Les changements climatiques englobent le réchauffement de la planète sous l’effet des gaz à effet de serre produits sur la Terre. Ces gaz, dont le dioxyde de carbone, sont issus des fumées des combustibles fossiles brûlés et d’autres activités effectuées sur la Terre, dont le déboisement. Les conséquences des changements climatiques sont nombreuses et fâcheuses, surtout dans les pays sous-développés où la majeure partie de la population dépend des produits des champs pour sa survie. Ces champs sont très vulnérables aux inondations et aux sécheresses, deux situations que l’on rencontre plus souvent avec les changements climatiques.

Le présent texte aidera les agriculteurs dans les pays en développement à apprendre les méthodes qu’ils peuvent utiliser pour mieux gérer l’eau des pluies afin de protéger leur sol. Ce texte aidera aussi les agriculteurs à s’adapter aux effets des changements climatiques.

Texte

Montée de l’indicatif musical pour commencer l’émission. L’indicatif musical est fondu après 20 secondes et enchaîné sous la voix de l’animateur.

ANIMATEUR :
Chers amis auditeurs de Radio Salus, bonjour et bienvenue à l’émission d’aujourd’hui dont le thème est « La rétention de l’eau de pluie protège le sol ». Nous allons parler de certaines des choses que font les agriculteurs rwandais de la Province du Sud pour faire face au climat changeant, surtout comment ils gèrent l’eau et protègent le sol contre l’érosion. Notre invité est Alexandre Rutikanga, président de GRAD, une association d’agriculteurs professionnels. Cette émission est préparée et présentée par Jean Paul Ntezimana. Restez avec nous!

Pause musicale de 10 secondes puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
Depuis un nombre d’années passées, on observe presque chaque année, l’évolution des effets des changements climatiques qui surviennent et affectent les deux saisons agricoles au Rwanda : la saison A de septembre à décembre et la saison B de février à juin.

Comme notre pays connaît un relief accidenté, les changements climatiques se manifestent soit par des pluies abondantes qui ravagent les champs et emportent les terres fertiles sous la pression de l’érosion due à l’eau, soit par les sécheresses qui empêchent la croissance des plantes. Chaque année, des terres de haute qualité sont emportées en grande quantité par l’érosion au Rwanda, soit plus de 14 millions de tonnes. Ensuite, après quelques mois de fortes pluies, la sécheresse gagne du terrain et paralyse le travail aux champs. La houe n’arrive plus à pénétrer dans le sol et la plante qui grandissait sous l’air frais et grâce à l’eau de pluie arrête de pousser sous la chaleur du soleil.

Au Rwanda, les changements climatiques résulte en turbulences climatiques locales (sécheresse, inondations et autres effets) qui affectent les travaux agricoles et causent ou aggravent la misère et la pauvreté, surtout chez les agriculteurs vulnérables : les veuves et les vieillards. Pour confronter le problème, les agriculteurs se sont rassemblés au sein d’associations. GRAD est une association d’agriculteurs qui ont commencé à récolter l’eau de pluie pour une utilisation ultérieure, à lutter contre l’érosion et à protéger la terre arable. Un représentant de GRAD fait le point.

ALEXANDRE :
(ton bas et mesuré) Je m’appelle Alexandre Rutikanga, je représente une organsation qui s’appelle GRAD, qui signifie « Gate for Rwandan Agricultural Development », c’est-à-dire en français « la Porte pour le Développement Agricole au Rwanda». Notre but est de promouvoir l’agriculture professionnelle par la protection de l’environnement, surtout du sol et de l’eau qui sont nos ressources les plus précieuses. Les changements climatiques sont un problème pour notre pays. Nos agriculteurs ne savent pas gérer au mieux l’eau des fortes pluies et la sécheresse qui vient après ces pluies.

ANIMATEUR :
Chers agriculteurs, la gestion de l’eau de ruissellement est un gros problème pour les agriculteurs les plus vulnérables. Même si nous mettons de côté le problème de l’érosion dans les champs, l’eau de pluie endommage aussi les demeures. C’est pourquoi je pense, M. Alexandre, que GRAD a commencé à examiner des façons de gérer l’eau des toitures à Sahera, au sud du pays, agglomération où vivent des veuves du génocide?

ALEXANDRE :
(ton plus haut) Oui, oui… des veuves du génocide de 1994 vivent à cet endroit. Sahera est construite sur une colline à pente forte. L’eau de ruissellement menace non seulement les agriculteurs dans leurs champs, mais aussi dans leurs maisons. Pendant notre visite à Sahera, une forte pluie était tombée la nuit précédente. Nous avons trouvé une veuve âgée d’une cinquantaine d’années, totalement trempée, en train d’enlever des boues d’érosion de sa maison. C’était un beau matin, mais elle semblait épuisée. Elle disait qu’elle n’avait pas dormi. Elle avait passé la nuit à combattre l’eau de pluie en essayant d’éviter l’écoulement dans sa maison. Après avoir remarqué que la collectivité de Sahera était menacée d’une part par l’érosion de l’eau de pluies en provenance des toitures des maisons et d’autre part par de mauvaises techniques culturales, nous avons pris des mesures pour mieux gérer l’eau et les sols dans cette agglomération.

Pause musical de 10 secondes puis fondu enchaîné sous la voix de l’invité

Alexandre continue : (un ton fort) Nous avons organisé un camp de travail rassemblant une centaine de jeunes gens. Les jeunes ont creusé des canaux antiérosifs sur environ 800 mètres, planté du gazon (pasparum) et des arbres agroforestiers pour la rétention du sol et installé des gouttières sur les maisons pour récolter les eaux de pluie. Mais je peux vous signaler ici que cette solution est provisoire. Nous devrions recueillir l’eau de ruissellement pour l’utiliser en agriculture. L’eau ne devrait pas être un problème. C’est une solution! Seulement, elle cause des dégâts quand elle est mal gérée ou dépasse la capacité de gestion de nos agriculteurs, surtout les infrastructures anti érosifs. Nous devons transformer ce problème en solution.

ANIMATEUR :
M. Alexandre, retournons à la gestion de l’eau et à la protection du sol dans les champs. Vous dites que GRAD doit transformer le problème de l’eau de ruissellement en solution. Mais comment allez-vous procéder ?

ALEXANDRE :
Avec les agriculteurs locaux, nous allons collecter l’eau de ruissellement avec trois objectifs : pour irriguer après la saison des pluies, pour abreuver les animaux ou pour usage domestique. Nos techniques de collecte d’eau sont moins coûteuses et nous serviront à entreposer l’eau et à protéger le sol contre l’érosion. Nous proposerons trois techniques : construire des digues de retenue pour l’irrigation, des réservoirs pour l’eau provenant des toitures des maisons et des barrages dans la vallée si c’est possible. Pour protéger les sols sur les pentes fortes, nous construirons aussi des terrasses idéales pour ralentir l’eau de ruissellement et favoriser la production des cultures en terrasses.

Pause musicale de 10 secondes puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
Chers auditeurs, les riziculteurs utilisent des techniques ressemblant à celles de GRAD, comme l’a raconté Joseph Rwagasana, président de l’Union des coopératives de riziculteurs de Butare. Je l’ai rencontré dans la vallée d’Agasasa. Homme d’une quarantaine d’année, de petite taille mais fort, le front en sueur et chaussés de bottes, je lui ai demandé si les riziculteurs ont des techniques de gestion de l’eau et du sol, et voici la réponse qu’il m’a donnée :

Rwagasana : (voix emportée, ton fort) Oui, bien sûr. Pour la protection du sol des vallées, nous luttons contre l’érosion sur les versants des collines ceinturant nos vallées. Pour la conservation de l’eau, nous construisons des barrages qui retiennent l’eau et forment des lacs artificiels. Cela ne se fait pas dans toutes nos vallées, mais c’est très utile là où ces barrages sont construits.

ANIMATEUR:
C’était Joseph Rwagasana, président de l’Union des coopératives de riziculteurs de Butare.

Pause musicale de 10 secondes puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
Chers agriculteurs, revenons dans nos studios et continuons notre émission avec notre invité, M. Alexandre Rutikanga. Comme nous le savons, les travaux des champs peuvent rencontrer des problèmes. L’association GRAD a-t-elle aussi rencontré des problèmes dans ses travaux de gestion de l’eau et du sol?

ALEXANDRE :
Les problèmes sont notamment le manque de financement. Vous le savez tous, les travaux agricoles demandent des efforts qui dépassent quelque fois la capacité financière des agriculteurs. Les agriculteurs ne devraient pas désespérer mais plutôt s’organiser pour ramasser des fonds. Il y a aussi le problème d’organisation, puisque GRAD est composée à majorité d’étudiants. Nous structurons notre association afin d’être admissibles à un financement national.

Pause musicale de 10 secondes puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
Chers auditeurs et chers agriculteurs, nous espérons que vous avez appris quelques techniques pour la gestion de l’eau et la protection du sol. Rappelons que, dans le cadre de l’émission d’aujourd’hui, nous avons parlé des conséquences des changements climatiques comme les sécheresses et les inondations. Nous avons aussi abordé les méthodes de gestion de ces eaux et de protection du sol menacé par l’érosion. Nous avons parlé des méthodes employées par l’association GRAD. Ces méthodes sont également utilisées par les riziculteurs de Butare. Merci M. Alexandre d’être venu nous entretenir aujourd’hui. Merci, chers auditeurs, de nous avoir suivis, et à la prochaine.

Monteé de l’indicatif musical pour terminer l’emission

Acknowledgements

Rédaction : Jean Paul Ntezimana, journaliste de Radio Salus.

Révision : John Stone, chercheur invité, Centre de recherches pour le développement international (CRDI), et Jean Fichery Dukurizimana, journaliste de Radio Salus.

Information sources

  • Vincent Ngarambe, 2004. Plan stratégique de transformation de l’agriculture au Rwanda : Gestion et utilisation de l’eau et des sols. Groupe d’expertise, de conseil et d’appui au développement (GECAD). Kigali, octobre 2004.
  • Charles Uramutse, 2006. Water resources in Rwanda / Ressources en eau au Rwanda. Présentation à l’atelier régional sur l’adaptation du CCNUCC, à Accra, au Ghana, 21 au 23 septembre, 2006.