Des mangues à la rescousse : une réaction locale aux changements climatiques

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Depuis un certain temps maintenant, les agriculteurs du Ghana ont réalisé que la baisse de la production et la modification de la configuration des pluies, accompagnées de saisons sèches plus longues et d’orages de plus en plus violents qui détruisent les fermes, sont en partie dus aux changements climatiques et à la hausse des températures partout dans le monde, phénomène connu sous le nom de réchauffement climatique.

Le scénario parle de la plantation de manguiers en tant qu’initiative locale pour aider à changer le climat local ainsi que la production d’autres récoltes. Cependant, bon nombre d’agriculteurs sont loin d’affectionner l’idée de planter des arbres – ils disent que cela prendra trop de temps avant d’en ressentir les bénéfices. De plus, beaucoup d’agriculteurs ne possèdent pas de terre, et ne peuvent donc pas planter d’arbres.

Dans ce scénario, les personnages – Benedict et Joyce – sont amis depuis près de 30 ans, depuis l’école. Ils avaient souvent l’habitude de se rendre visite dans leurs villes natales respectives. Joyce vient du Centre-Nord, tandis que Benedict vient du sud du pays.

Texte

ANIMATEUR :
Bonjour (bonsoir) aux auditeurs. Aujourd’hui nous allons parler de changements climatiques : un phénomène qui inquiète pas mal de gens ces derniers temps. Certains en ont entendu parler ou en ont ressenti les effets, mais ne savent pas quelle est leur part dans tout ça ou quoi faire. En suivant l’émission jusqu’au bout, vous serez à même d’apprécier l’importance de cette question et découvrirez les différentes façons dont vous pouvez contribuer pour éradiquer cette menace.

Joyce visite Benedict environ dix ans après leur dernière rencontre. Ils se rendent sur une plage pas trop loin où ils avaient l’habitude d’aller à Ada Foah.

JOYCE :
Quelle belle plage. Cela fait longtemps que je ne suis pas allée sur une plage côtière comme celle-ci. Mais, hum… Ben, c’est quoi ça là-bas? On dirait – attend – quelque chose comme un pilier en béton, à environ 30 mètres d’ici. Cela m’étonne – qui a bien pu le mettre là et pour quelle raison?

BENEDICT :
Oui, c’est bien un pilier en béton, mais il n’est pas tout neuf. Personne ne l’a planté là. Ce pilier fait partie d’un bâtiment qui était anciennement le bureau local de l’Aménagement des villes et des campagnes du Ministère des travaux et du logement. Tu ne te rappelles pas la dernière fois que tu es venue ici, lorsque nous nous tenions devant ce bâtiment?

JOYCE :
Mais pourquoi est-il sur la plage?

BENEDICT :
Depuis les deux dernières années, la mer pousse vers l’intérieur du pays. Au cours de la dernière décennie environ, de nombreux petits villages côtiers ont été engloutis sous l’eau. Dr Kwabena Agyei, l’un de mes conférenciers à l’Université, m’a dit que cela était dû à la hausse mondiale de la température. On appelle ce phénomène le réchauffement climatique.

JOYCE :
Comment le réchauffement climatique peut-il engendrer la submersion de villages côtiers sous l’eau?

BENEDICT :
Tu vois, le réchauffement climatique a provoqué un changement climatique dans toutes les zones climatiques. L’eau prenant du volume quand elle chauffe, le niveau de la mer augmente. La hausse des températures a également provoqué la fonte des calottes glaciaires et des glaciers. Ce qui contribue également à accroître le niveau de la mer et a des effets sur les littoraux à travers le monde. Le dioxyde de carbone ainsi que d’autres polluants atmosphériques s’amassent dans l’atmosphère, formant comme une épaisse couverture et emprisonnent la chaleur du soleil, ce qui provoque un réchauffement de la planète.

JOYCE :
Donc, si ce processus se prolonge pour les dix prochaines années, la plupart des littoraux tels qu’ils sont aujourd’hui seront alors engloutis.

BENEDICT:
Absolument, mais on peut prendre des mesures pour l’enrayer.

Pause pour un interlude musical

ANIMATEUR :
Une semaine ou deux plus tard, Benedict est retourné visiter Joyce et ils se sont rendus dans un endroit où ils avaient l’habitude d’aller, aux abords de la ville, en haut d’une colline.

BENEDICT :
Joyce, tu te souviens de la voûte d’arbres touffue que nous voyions d’ici, avec cette vue magnifique? On ne les voit plus maintenant.

JOYCE :
Oui, au cours des deux dernières années, les feux de brousse ainsi que l’abattage des arbres et le défrichement sont en forte hausse. Il en résulte que cette voûte d’arbres abondante et la vue magnifique qu’elle offrait ont disparu, pareil pour cet air de fraîcheur qui s’en dégageait. Ma grand-mère m’a dit qu’il y a environ deux ans, il pleuvait ici, avec des pluies bien réparties en cours d’année. Elle disait qu’ils trouvaient de tout – de la nourriture, des escargots, des champignons et bien d’autres choses – dans la forêt. Les forêts gardaient la température fraîche. Il y avait des ruisseaux et des rivières partout, procurant ainsi de l’eau pour l’usage domestique et agricole. Mais tout s’est tari. Les rives de ces cours d’eau qui servaient aux plantations tout au long de l’année ne sont désormais plus utilisables. En fait, j’ai pu constater par moi-même qu’il y existe de réels changements et mouvements. Tu vois, Ben, les changements de climat au niveau mondial ont affecté la configuration des pluies, provoquant inondations, sècheresse et autres problèmes. Dans notre partie du monde, les hommes et les femmes se trouvent bloqués entre deux mouvements résultant d’un changement important de notre climat : le désert qui se rapproche vers le Nord et la mer qui submerge les littoraux.

BENEDICT :
Un changement phénoménal c’est sûr!

JOYCE :
Effectivement, et quelque chose doit être fait pour en réduire les effets ou arrêter cette marée!

Pause pour un interlude musical

ANIMATEUR :
Ce soir-là, les deux amis se rencontrent à nouveau dans leur endroit habituel à Yamfo, la ville natale de Joyce. Nana Agyei Boahen, un agriculteur renommé et prospère de la région, les a rejoint.

M. AGYEI BOAHEN :
Bonsoir vous deux. Comment va la vie?

BENEDICT ETJOYCE :
(ensemble) Bien, Nana!

BENEDICT :
On est juste inquiet des changements rapides dont nous sommes témoins avec le temps et l’environnement.

NANA BOAHEN :
Bien sûr, cela m’inquiète aussi. Une configuration erratique des pluies, des chaleurs intenses, la disparition de la surface boisée avec ses animaux et ses plantes, l’assèchement des ruisseaux et des rivières, la baisse de la fertilité des sols et un niveau d’érosion plus élevé – tout ça engendre de faibles productions de récoltes. Ce n’était pas comme ça lorsque j’ai commencé à cultiver il y a 40 ans.

JOYCE :
Hum! À l’époque, l’agriculture n’était pas aussi chère qu’aujourd’hui.

NANA BOAHEN :
C’est vrai. Mais j’ai remarqué quelque chose sur l’une de mes fermes et je crois que cela peut être essayé et répliqué ailleurs. Il est évident que ce n’est pas la solution au réchauffement climatique, mais cela peut certainement aider en tant qu’initiative locale.

BENEDICT :
De quoi s’agit-il?

NANA BOAHEN :
Il y a environ six ans, j’ai planté du maïs et des aubergines sur une partie de ma ferme où j’ai dix manguiers, espacés tous les 50 mètres environ et couvrant une bonne surface. J’ai remarqué que les feuilles des autres plantes étaient plus vertes et produisaient de plus gros fruits.

JOYCE :
Nana, as-tu vraiment dit des mangues? Je m’y connais pas mal sur les mangues.

BENEDICT:
Raconte-nous, Madame Mangue.

JOYCE :
Les manguiers atteignent une hauteur d’environ 35 à 40 mètres, et sont à peu près 20 mètres plus larges à la cime. Le fruit prend entre trois et six mois pour mûrir. Le manguier est beaucoup cultivé pour son fruit en Afrique. La chair d’une mangue mûre est très sucrée, avec un goût très particulier. La mangue est une excellente source nutritive, contenant plein de vitamines, de minéraux, et autres substances très saines, qui aident à la digestion et à des intestins en bonne santé.

NANA BOAHEN :
Tu as l’air de t’y connaître sur les mangues! Mais moi aussi, je sais quelque chose! Les manguiers peuvent se planter tous les 50 mètres. La voûte peut servir de pare-vent, et les feuilles qui tombent fertilisent les sols pour nourrir les plantes se trouvant au milieu. Les manguiers résistent également au feu et peuvent définitivement servir à renforcer l’environnement aussi bien que n’importe quel autre type d’arbre, et ainsi arrêter les effets locaux des changements climatiques. Allez, plantons encore plus de manguiers pour rendre la terre verte à nouveau.

BENEDICT :
L’idée de Nana me paraît bonne. J’aurais aimé que les agriculteurs partout dans le monde entendent ça et pratiquent en conséquence.

ANIMATEUR :
Chers auditeurs, j’aurais bien voulu pouvoir continuer à écouter cette discussion importante sur le réchauffement et les changements climatiques, mais le temps n’est pas avec nous. Cependant, nous savons que la submersion de nos littoraux, la disparition de nos surfaces boisées ainsi que l’avancée du désert sont en partie dus au réchauffement climatique. Nous savons aussi que les changements climatiques vient de nos propres activités, comme la combustion de charbon, d’huile et de gaz, l’abattage des arbres, les feux de brousse et la production excessive de carbone par des moyens différents.

Mais les amis, tout n’est pas perdu. Plantez un arbre aujourd’hui et on est sur le bon chemin pour renverser la tendance. Je vous dis à la semaine prochaine, où nous aborderons des questions sur l’agriculture, ici (insérer nom de l’animateur), merci et à bientôt.

Acknowledgements

Rédaction : Kwabena Agyei, gérant de production, Classic FM, Techiman, Ghana.

Révision : John Stone, chercheur invité, Centre de recherches pour le développement international (CRDI).