Les agricultrices africaines ont besoin d’outils convenables

Cultures agricolesÉgalité des genres

Notes au radiodiffuseur

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La situation économique des agricultrices africaines influe fortement sur le genre d’outils qu’elles utilisent et la façon dont elles les utilisent. Les femmes ne perçoivent pas un gros revenu de leurs activités agricoles, si bien qu’il leur est difficile d’acheter des outils agricoles et d’avoir accès à un moyen de transport. Cette situation se complique encore davantage à cause des règles sociales et bancaires qui limitent l’accès des femmes au crédit et à des ressources financières à long terme. Dans la pratique, la plupart des femmes ne possèdent pas de terres et les propriétés foncières constituent la principale garantie en matière de solvabilité.

Les hommes migrent de plus en plus vers les centres urbains à cause des meilleurs moyens de transport, du plus grand nombre d’offres d’emploi et d’autres facteurs. Les conflits et les guerres éloignent également les hommes de leurs familles. Dans toutes ces circonstances, les femmes et les enfants sont livrés à eux-mêmes pour exécuter les tâches familiales, y compris la plupart sinon tous les travaux agricoles. L’argent envoyé au pays pour les agricultrices n’est souvent pas assez pour qu’elle achetent de nouveaux outils et d’autres intrants agricoles, en plus de répondre à d’autres besoins de la famille, tels que les frais de scolarité et de soins de santé. Toutes ces menaces présentent un sérieux obstacle à l’amélioration des outils utilisés par les agricultrices africaines.

Une étude réalisée récemment dans cinq pays africains – le Burkina Faso, le Sénégal, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe – a révélé que des facteurs culturels spécifiques ont également une incidence directe sur le choix des outils par les agricultrices africaines et sur les conditions générales de leur travail agricole. Elle a aussi permis de découvrir que certaines solutions sont incompatibles avec des croyances religieuses, des tabous et des attitudes communautaires traditionnelles.

Dans ce texte, un ancien, un forgeron, un agriculteur et une agricultrice se rencontrent sur la place d’un village pour discuter des conditions et des facteurs culturels ayant une incidence sur le choix des outils et des techniques agricoles par les agricultrices africaines.

Texte

Thème musical pour introduire l’émission.

Animateur :
Bonjour (Bonsoir). Les agricultrices produisent la majorité de nos aliments. Et pourtant, les femmes font face à de nombreux problèmes pour trouver des outils agricoles qui leur conviennent. Traditionnellement, les hommes sont responsables du bétail et des chevaux, et la majorité du matériel de traction est trop lourd pour les femmes. Dans de nombreux pays, il existe un tabou contre les femmes qui se servent de la plupart des animaux pour le travail agricole. Il n’y a pas de tabou contre l’emploi des ânes, que les femmes peuvent utiliser s’ils sont disponibles. Mais les ânes sont considérés inférieurs, principalement à cause du fait que la possession de boeufs apporte un plus grand prestige social.

Restez à l’écoute alors qu’un ancien du village, une agricultrice, un agriculteur et un forgeron discutent des genres de problèmes auxquels font face les femmes pour avoir accès à des outils convenables et un moyen de transport approprié.

Montée de bruits d’un marché de village – des gens parlant et marchandant, des bruits d’animaux, des bruits d’une forge, etc. Tenir pendant cinq secondes, puis fondu enchainé sous la voix de l’ancien du village et coupure.

Ancien du village :
Je parle pour les traditions du village. La binette (petite pioche) a toujours été utilisée pour biner, sarcler et désherber. La lame lourde est rectangulaire et très efficace pour nos sols profonds, même si la forme et la longueur du manche varient. Les binettes à manche court conviennent mieux pour les femmes. Les femmes peuvent travailler plus vite avec des binettes à manche court et les binettes à manche long sont pas assez lourdes pour nos sols. Les femmes travaillent courbées. Mieux vaut travailler pliée en deux que debout, ce qui est un signe de paresse.

Agricultrice :
(Quelque peu frustrée, mais essayant de s’en remettre aux connaissances de l’ancien) Merci, l’ancien. Il est vrai que la binette présente quelques avantages et a de tout temps servi à la culture. La binette à manche court est l’outil auquel nous sommes habituées mais elle n’est pas le seul outil ou même le meilleur outil pour les femmes. Celles qui l’ont utilisée durant toute leur vie ne peuvent plus cultiver pendant leur vieillesse à cause de problèmes de santé causer par le fait quelles ont travaillé si dur dans les champs à dos courbé et à travailler avec des outils très lourds. Il nous faut de meilleurs outils et il nous faut utiliser des animaux pour nous aider à produire davantage d’aliments. (Continuant avec la compréhension de l’ancien) Nous connaissons la situation ici au village. Certains de ces outils, comme la charrue à b?uf, peuvent être tirés par des animaux. Mais, les familles qui possèdent d’animaux et de charrue pourraient charger des prix très élevés que les femmes dans le village ne peuvent s’offrir. N’est-il pas possible de trouver de nouvelles façons d’utiliser la traction animale? Est-ce que les femmes peuvent s’unir pour utiliser de nouveaux outils et partager la traction animale et le transport?

Forgeron :
Nous savons tous que certaines vieilles technologies agricoles et certains vieux outils ne conviennent pas aux femmes. Mais les forgerons ne se contentent pas de fabriquer et de réparer des outils agricoles. Nous pouvons également modifier des outils pour répondre aux besoins des femmes. J’ai entendu dire qu’il y a beaucoup de nouveaux modèles moins coûteux pour les charrues à b?ufs, des chariots qui peuvent être tirées par des ânes et du bétail ainsi que de nouveaux outils à main.

Agriculteur :
Je conviens que les femmes jouent un rôle important dans l’agriculture et qu’elles sont limitées par la sorte d’outils qu’elles utilisent. Nous devons collaborer avec les forgerons pour contribuer à la conception d’outils convenables pour les femmes. Ces outils doivent être facilement disponibles, bon marché et les femmes doivent pouvoir troquer des biens et des services pour s’en procurer. Mais, si les femmes veulent produire davantage d’aliments, il est tout aussi important de changer l’attitude de la société à leur égard. Les femmes sont les principales productrices de la richesse dans l’agriculture. Il faut des programmes de formation pour aider les femmes à participer aux démonstrations de pratiques agricoles. La traction animale peut également contribuer à accroitre l’efficience et l’efficacité des agricultrices.

Agricultrice :
Je suis d’accord. J’ai entendu parler pour la première fois de la traction animale au cours d’une émission radiophonique. Au début, j’ai pensé que c’était impossible. Mais cela est arrivé dans la partie Est du pays. Je craignais que les hommes ne m’appuient pas. Il y a des tabous contre les femmes utilisant des animaux en agriculture. Je n’ai jamais vu de femmes utilisant des animaux en dehors des ânes, dont nous nous servons pour aller chercher de l’eau et transporter des aliments. Progressivement, je suis devenue convaincue et j’ai commencé à utiliser des b?ufs. Aujourd’hui, j’ai plusieurs réalisations à mon actif : ma terre est préparée à temps et mon plantage se déroule très bien. La charrue à b?uf a fait remonter des minéraux à la surface et cela a fait augmenter les rendements. Les animaux m’ont fait économiser du temps et m’ont aidée à me concentrer sur d’autres activités. J’ai maintenant une boutique prospère de vente au détail.

Ancien du village :
(Pensivement et lentement) Humm… D’après ce que je viens d’entendre, il y a des avantages lorsque les femmes utilisent des animaux et des outils agricoles plus appropriés. Il est également vrai que c’est une question touchant les droits des femmes… Je veux bien admettre que les femmes ont besoin de techniques et d’outils appropriés pour améliorer leur productivité.

Montée de bruits d’un marché de village – des gens parlant et marchandant, des bruits d’animaux, des bruits d’une forge, etc. Tenir pendant cinq secondes, puis fondu enchainé sous la voix de l’animateur et coupure.

Animateur :
Chers auditeurs et auditrices, nous voici arrivés à la fin de cette émission. Aujourd’hui, nous avons examiné le rôle de la culture dans la désautonomisation des femmes. Nous avons entendu dire que les femmes sont les principales productrices de la richesse et qu’elles peuvent produire davantage d’aliments en utilisant des outils convenables. Nous avons également entendu parler du rôle des forgerons en vue de modifier les outils et d’en produire de nouveaux pour les femmes. Les agricultrices ont besoin d’être aidées pour jouer un rôle actif dans l’agriculture. Soyez de nouveau à l’écoute la semaine prochaine, même heure, même poste. Au revoir et à bientôt.

Thème musical pour terminer l’émission

Acknowledgements

Rédaction : Anthony Lwanga, Kagadi Kibaale Community Radio, Kagadi, Ouganda.
Révision : Helen Hambly Odame, University of Guelph, au Canada.

Information sources