La culture des pommes de terre augmente le revenu des agriculteurs à Kabale en Ouganda

Cultures agricoles

Notes au radiodiffuseur

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Les cultures créneaux sont des cultures spécialisées pour lesquelles il existe un marché très particulier mais restreint. Les cultures créneaux peuvent fournir à la fois le revenu nécessaire et la sécurité alimentaire pour les familles d’agriculteurs. La pomme de terre est un exemple de culture créneau qui réussit dans les régions plus fraiches de l’Afrique.

La pomme de terre est une importante culture commerciale et de subsistance sur les hautes terres du sud ouest de l’Ouganda et dans d’autres régions de hautes terres du centre, de l’est et du sud de l’Afrique. Mais les pommes de terre sont sujettes à des problèmes d’insectes nuisibles et de maladies, si bien que les agriculteurs doivent utiliser de bonnes techniques culturales pour réussir.

Avant 1995, la production de pommes de terre était désorganisée en Ouganda, sans faire de distinctions nettes dans les pratiques de production entre la pomme de terre de semence et la pomme de terre alimentaire. Pour améliorer la production de la pomme de terre et augmenter sa compétitivité, des organismes nationaux et internationaux ont collaboré en Ouganda pour accroitre l’adoption des meilleures pratiques de production, notamment en mettant des pommes de terre de semence de qualité à la disposition des agriculteurs à un prix abordable. Une sorte d’École agricole de terrain (ÉAT), financée par des organismes internationaux et impliquant un réseau régional de recherche sur la pomme de terre appelé PRAPACE, a été utilisée pour former des agriculteurs en vue de cultiver la pomme de terre en réalisant des profits. Les agriculteurs ont reçu une formation en gestion intégrée des maladies et des parasites de la pomme de terre, en gestion intégrée des cultures et des nutriments, ainsi qu’en exploitation d’une entreprise agricole. La formation et la productivité accrues ont provoqué une augmentation du revenu, grâce aux efforts déployés par les organismes en vue d’identifier un marché pour les pommes de terre. En conséquence, il existe maintenant un groupe d’agriculteurs, Nyabyumba United Farmers (NUF), qui exploite une entreprise prospère de production de pommes de terre produisant des pommes de terre de table de qualité pour la transformation en frites. Les agriculteurs ont augmenté la production de pommes de terre par unité de surface et de temps. Le présent texte met l’accent sur les activités des Nyabyumba United Farmers, organisme qui a évolué à partir de sept groupes plus petits ayant démarré au départ à des Écoles agricoles de terrain.

Le présent texte montre la valeur de groupes d’agriculteurs efficaces. À titre de radiodiffiseur, vous pouvez aider les agriculteurs en vous renseignant sur les groupes d’agriculteurs de votre région, en diffusant des renseignements sur la création et le maintien de groupes efficaces et en diffusant des histoires à succès inspirantes qui illustrent des groupes efficaces en action.

Texte

Musique introductive pendant cinq secondes, puis fondu enchainé.
Indicatif musical de l’émission (chant de coq).

Animateur :
C’est de nouveau l’heure de la « Voix des agriculteurs ». Si vous êtes assis au bar en attendant que votre copain vous propose une gorgée, vous n’êtes pas à la bonne place! Si vous attendez de prendre un bon coup… retournez au travail!! Aujourd’hui, nous allons parler d’un producteur de pommes de terre qui vous dira comment il a réussi. Vous pourriez peut être apprendre quelque chose de lui et connaitre aussi du succès! Aujourd’hui, nous allons parler de l’endroit où planter vos pommes de terre et de l’importance de travailler votre culture et d’obtenir des semences saines de pommes de terre pour les planter. (À son invité). Bienvenue à notre émission, monsieur. Pouvez vous dire à nos auditeurs qui vous êtes, d’où vous venez et comment vous avez réussi en agriculture.

M. Byarugaba :
Bonjour chers auditeurs et auditrices, j’ai un peu mal à la gorge ce matin mais je vais essayer de faire de mon mieux. (Il se racle la gorge). Je m’appelle Byarugaba, je suis un catéchiste et aussi un agriculteur prospère des Nyabyumba United Farmers.

Mon fils (en s’adressant à l’animateur), l’agriculture n’est pas un métier facile. Si vous voulez réussir, il faut beaucoup de dévouement. Je ne suis pas allé à l’école pour étudier l’anglais comme les professeurs, mais je suis fier de pouvoir m’asseoir avec les professeurs qui écoutent ce que je leur dis. Si on retourne en 1999, j’étais très pauvre. J’étais tributaire des petits produits que je pouvais faire pousser dans mon jardin. Cela ne suffisait pas pour nourrir ma famille et encore moins pour pouvoir vendre les surplus, si bien que je ne pouvais pas payer les frais de scolarité de mes enfants. Mais ce souvenir est maintenant oublié depuis longtemps.

Animateur :
« Un souvenir oublié depuis longtemps! » Pouvez vous nous dire comment vous avez réussi, avec quelle aide, quelles sont les ressources nécessaires, où vous les avez trouvées et tout le reste.

M. Byarugaba :
L’année 1999 restera gravée dans ma mémoire. Je n’avais que deux parcelles de terre que je jugeais utiles, puisqu’elles étaient situées au fond de la vallée. Je pensais qu’elles représentaient le seul espoir pour ma famille. Les autres parcelles étaient stériles en haut de la colline, et je n’y prêtais pas beaucoup attention parce que je savais qu’elles n’étaient bonnes à rien.

J’ai été invité à une réunion dans le village, organisée par deux organismes appelés NARO (National Agricultural Research Organization) et Africare. Ils voulaient travailler avec quelques agriculteurs locaux. Pour y participer, un agriculteur devait avoir des terres au sommet de la colline. Je me suis mis à rire en pensant que rien d’intéressant ne ressortirait de ce projet. Mais j’étais prêt à céder ma terre puisque je la jugeais inutile, et je voulais voir le miracle que les deux organismes pouvaient opérer avec elles.

Animateur :
Pourquoi les organismes voulaient ils des agriculteurs ayant des terres au sommet d’une colline?

M. Byarugaba :
Ils disaient que les terres au sommet des collines étaient les meilleures parce qu’elles étaient exemptes des principales maladies – à la différence des terres situées au fond de la vallée. J’avais déjà fait pousser des pommes de terre dans le fond de la vallée, mais les cultures étaient toujours attaquées par des maladies comme le flétrissement bactérien et la brûlure tardive (également appelée mildiou). On plantait un sac de pommes de terre et on en récoltait très peu car la moitié de la récolte pourrissait.

Les représentants de NARO et d’Africare nous ont dit que les pommes de terre pourrissaient en raison de la présence du flétrissement bactérien dans le sol depuis longtemps. La semence malade et de piètre qualité était une autre cause. Nous n’y avons pas cru tant que nous n’avons pas vu la preuve après la récolte de la première saison.

Animateur :
Merci pour cette information, monsieur Byarugaba. Après la pause, nous serons de retour et notre invité vous en dira bien davantage.

Pause musicale.

Animateur :
Nous voilà de retour. Pouvez vous nous parler de la première plantation de pommes de terre avec NARO et Africare?

M. Byarugaba :
Les deux organismes promirent de nous fournir des semences saines et nous avons commencé à préparer le lit de semence sur les parcelles abandonnées au sommet de la colline. Nous avons travaillé les parcelles et nous avons ensuite reçu des pommes de terre de semence saines. Nous avons planté les semences avec des engrais minéraux, en les espaçant tous les 30 centimètres dans des sillons distants de 70 centimètres. On nous a dit de pulvériser la culture pour prévenir des maladies comme le mildiou, afin qu’il y ait suffisamment de feuilles sur la plante pour nourrir les tubercules dans le sol. Nous avons ensuite désherbé pour nous assurer que les plants aient suffisamment de lumière et que les mauvaises herbes ne concurrencent pas les pommes de terre à la recherche des nutriments du sol, et nous avons continué à contrôler les parasites. Après 90 jours, nous avons récolté beaucoup de pommes de terre. Mon fils, ce fut le début de notre expérience sur la route du succès!

Animateur :
Pensez vous que d’autres gens peuvent obtenir le même succès que vous?

M. Byarugaba :
Qu’ils essaient et peut être bien qu’un jour je les entendrai raconter leur histoire personnelle à la radio!

Animateur :
Merci, monsieur Byarugaba, pour votre participation à l’émission « La voix des agriculteurs » à la station Kachwekano FM 103,7. Nous allons faire une courte pause. À notre retour, pouvez vous nous dire de quelle façon le projet vous a profité individuellement et collectivement?

M. Byarugaba :
Bien sûr, avec grand plaisir.

Thème musical de l’émission (chant du coq), suivi d’une musique sur l’agriculture.

Animateur :
Comme promis avant la pause, M. Byarugaba va maintenant nous parler de son groupe d’agriculteurs. Monsieur Byarugaba?

M. Byarugaba :
Notre groupe, Nyabyumba United Farmers, a énormément bénéficié de notre implication dans cette recherche participative avec des chercheurs. Aujourd’hui, nous sommes capables de faire pousser différentes tailles de pommes de terre – pour les manger ou pour les vendre. Ensemble, nous avons mis sur pied un centre de collecte où les agriculteurs peuvent expédier leurs sacs de pommes de terre et les vendre collectivement. Mais notre action ne s’est pas arrêtée là! Notre pouvoir de négociation avec les gens d’affaires et les intermédiaires a augmenté, et nous pouvons dorénavant déterminer quel est le meilleur moment pour cultiver, vendre et cibler le marché.

Animateur :
C’est impressionnant! Et je crois comprendre que vous avez formé une école de terrain gérée par les agriculteurs, est ce exact?

M. Byarugaba :
Oui. NARO et Africare nous ont classés au premier rang des écoles agricoles de terrain. Par la suite, nous avons également formé ce qu’on appelle aujourd’hui une école de terrain gérée par les agriculteurs. En tant que groupe, nous avons acheté un véhicule pour transporter nos pommes de terre sur le marché. La meilleure nouvelle, c’est qu’un organisme régional de recherche sur la pomme de terre en Ouganda, appelé PRAPACE, nous a aidés à obtenir un contrat avec un restaurant de repas minute à Kampala en vue de lui fournir, durant toute l’année, des pommes de terre pour faire des croustilles. Et le prix est appétissant! Que puis je vous dire d’autre, mon fils? Maintenant, nous pouvons envoyer nos enfants à l’école, améliorer le régime alimentaire de nos familles depuis que nous avons de l’argent et « parler comme des gens aisés ».

Animateur :
Merci, monsieur Byarugaba. J’espère que nos auditeurs seront inspirés par vos actes et votre succès! Si je peux résumer vos directives pour cultiver des pommes de terre, je dirais qu’un agriculteur doit se souvenir d’utiliser des variétés améliorées et des semences saines, en plus de contrôler les insectes nuisibles et les maladies. Il est également important de gérer les mauvaises herbes afin qu’elles ne fassent pas concurrence aux cultures pour puiser les nutriments du sol et aussi pour que des insectes nuisibles ne s’accumulent pas sur les mauvaises herbes. Les agriculteurs doivent demander conseil aux conseillers agricoles qui sont au courant de la culture des pommes de terre. Il est également important de planifier collectivement et d’assister aux réunions de village. Et il faut bien évidemment travailler fort!

M. Byarugaba :
Oui, c’est cela.

Animateur :
Je vous remercie pour le message que vous avez transmis aujourd’hui à nos auditeurs à l’antenne de la « Voix des agriculteurs ».

M. Byarugaba :
Merci de m’avoir invité. J’espère que les agriculteurs qui nous écoutent ont préparé leur houe ou leur binette pour mettre en pratique ce que je viens de leur dire! Essayez et vous verrez! Nous avons un proverbe qui dit : « goûtez et croyez ». Laissons les auditeurs goûter, et bénis soient ceux qui croient sans voir. Merci et Dieu bénisse la « Voix des agriculteurs ».

Animateur :
Chers auditeurs et auditrices, je vous remercie d’avoir participé à notre émission et nous espérons que vous serez encore à l’écoute de la prochaine fois.

Musique de clôture pendant cinq secondes, puis fondu enchainé.

Acknowledgements

Rédaction : Tumwebaze Baryamujura Adrian, Kachwekano Community Multi Media Center, Kabale, Ouganda, avec des renseignements de M. Byarugaba (président des Nyabyumba United Farmers), de Rogers Kakuhenzire (phytopathologiste, NARO), de Tibanyendera Deo (adjoint de recherche/animateur, École agricole de terrain, NARO), et d’Africare.
Révision : Dr Berga Lemaga, coordonnateur de PRAPACE, et Dr William Wagoire, NARO, chef du Programme pour les pommes de terre en Ouganda. Des remerciements s’adressent également au CIAT, qui a appuyé le Groupe d’agriculteurs pour assurer la pérennité de leurs relations commerciales avec NANDOS.