L’aflatoxine, ennemie des aliments et des gens

Activités après récolteSanté

Notes au radiodiffuseur

Enregistrez et révisez cette ressource sous forme de document Word.

Les humains ne sont malheureusement pas la seule espèce qui aime manger les aliments que font pousser les agriculteurs. En dehors des insectes, des oiseaux et des rongeurs affamés bien connus, il existe de nombreuses sortes de champignons microscopiques et de bactéries qui attaquent les aliments et, très souvent, les rendent impropres à la consommation humaine. L’aflatoxine est un poison produit par certains types de champignons. Elle se développe sur les céréales, les légumineuses et les tubercules, notamment le mais et les arachides. Elle ne fait pas que gâter les aliments; elle peut également rendre les gens très malades. Elle peut aussi avoir une incidence économique sur les agriculteurs et sur toute l’économie exportatrice d’une nation. La présence d’aflatoxines ou d’autres contaminants signifie que les aliments ne peuvent pas être vendus à un bon prix. Les marchés internationaux lucratifs, comme l’Union européenne, n’autorisent que des niveaux très faibles d’aflatoxines dans les aliments importés d’Afrique ou d’ailleurs.

Dans de nombreuses régions, les agriculteurs n’ont jamais entendu parler de l’aflatoxine. Les radiodiffuseurs peuvent rendre un grand service aux agriculteurs en transmettant des renseignements fiables sur l’aflatoxine, notamment les pratiques de gestion et de stockage nécessaires pour éviter la contamination par l’aflatoxine.

Dans le texte, il y a deux ‘clips’ d’entrevues réalisées avec des chercheurs. Il y a plusieurs façons d’adapter cette partie du texte. Vous pouvez carrément ignorer le clip et insérer simplement une question à laquelle le médecin répond avec la citation contenue dans le clip. Si vous utilisez des acteurs pour jouer les rôles des chercheurs, vous pourriez faire un enregistrement de l’acteur et l’insérer à l’endroit approprié. Comme toujours, adaptez le texte à votre situation locale et à vos capacités.

Texte

Thème musical, puis fondu soutenu en arrière fond de la narration

Animateur :
En Afrique, comme ailleurs, la mauvaise qualité des aliments est parfois responsable de la mauvais santé des populations et du bétail. Les aliments peuvent être contaminés par les insectes, les résidus de pesticides ou des poisons provenant de champignons qui se développent sur les aliments. L’un des contaminants les plus dangereux est l’aflatoxine. Elle est produite lorsque de mauvaises techniques de récolte et de stockage entrainent le développement de moisissures sur certains types d’aliments. Au cours de l’entrevue que vous allez entendre, le Dr H, chercheur en matière de post récolte, et la Dre K, médecin, expliqueront le travail d’une équipe de chercheurs qui luttent contre le problème de l’aflatoxine. Sans plus tarder, je vous invite à écouter l’émission.

Montée de l’indicatif musical pendant 10 secondes, puis fermeture en fondu

Clip du Dr H :
Les aliments que nous ingérons peuvent être contaminés par des toxines ou des poisons, comme les moisissures et les champignons. Moi, je m’occupe d’une toxine spécifique qui s’appelle l’aflatoxine. C’est une toxine secrétée par un champignon qu’on retrouve dans les moisissures. Elle croit sur les denrées de base comme le mais, les arachides et de nombreuses autres cultures.

Animateur :
Ces mots du Dr H, qui donnent à réfléchir, soulignent l’importance du sujet qu’il abordera avec nous aujourd’hui, à savoir les répercussions de l’aflatoxine sur la santé. L’aflatoxine se développe dans la denrée alimentaire récoltée par les agriculteurs. Lorsque les gens consomment des aliments qui contiennent de l’aflatoxine, leur santé peut être gravement affectée. (Courte pause) Dr H, bienvenue à notre émission. Pouvez vous nous donner quelques exemples précis des répercussions de l’aflatoxine sur la santé?

Dr H :
Les personnes qui ingèrent de grandes quantités d’aflatoxines peuvent en réalité mourir de cette intoxication là. Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de cas graves en République du Bénin, mais au Kenya c’est une histoire différente. Il y a eu des épidémies d’exposition aigue aux aflatoxines et des gens en sont morts. En République du Bénin, les populations sont généralement exposées à des doses plus faibles sur une longue période. Les enfants que nous avons examinés nous ont montré qu’une exposition continue provoque un retard de croissance. Les enfants vivant dans des régions où les niveaux d’aflatoxines sont plus élevés sont beaucoup plus petits que leurs homologues des régions où les niveaux sont moins élevés.

Animateur :
Quels sont les symptômes de l’exposition aux aflatoxines?

Dr H :
Les symptômes varient, selon l’organe qui est touché. Par exemple, si c’est le foie qui est atteint, la personne souffrira de jaunisse – ses yeux seront jaunes. Si les aflatoxines perturbent l’assimilation des protéines par l’organisme, l’enfant souffrira de kwashiorkor, qui est un type grave de malnutrition. Si les aflatoxines perturbent l’absorption de la vitamine A, alors il y aura un retard de croissance chez l’enfant.

Animateur :
Je sais que la moisissure qui produit l’aflatoxine pousse sur les céréales, les légumineuses et les tubercules. à l’heure actuelle, les chercheurs s’intéressent toutefois principalement au mais, aliment de base le plus important dans de nombreux pays africains. Dr H, de quelle façon l’aflatoxine affecte t elle le mais?

Dr H :
Le mais est souvent moisi parce que les agriculteurs n’ont pas de bonnes conditions de stockage et de séchage. Ce qui est mal récolté est mal stocké et on laisse les aliments récoltés par terre, en partie parce que les gens n’ont pas conscience de la gravité de la contamination par l’aflatoxine.

Animateur :
Comment peut on expliquer l’aflatoxine aux agriculteurs qui ne s’y connaissent pas vraiment?

Dr H :
Lorsque nous parlons aux agriculteurs, nous leur disons que l’aflatoxine est un poison. Ils connaissent tous le poison parce qu’ils utilisent des raticides. Nous leur demandons ce que ce poison fait quand il pénètre dans le corps des rats. Il détruit des organes et tue les animaux. L’aflatoxine fait la même chose.

Animateur :
En tant que médecin, quelles solutions préconisez vous pour faire face à l’empoisonnement par l’aflatoxine?

Dr H :
Malheureusement, ma réponse va peut être vous décevoir. Il n’y a pas de traitement pour cette maladie. Il n’y a que des méthodes de prévention. Il faut être clair : il n’y a pas de médicament pour traiter l’aflatoxine.

Animateur :
Alors, en tant que médecin, comment se fait la prévention contre l’aflatoxine?

Dr H :
Une façon consiste à amener les agriculteurs à adopter des pratiques plus saines en matière de post récolte. Il faut récolter à la bonne date, surtout le mais. En outre, il faut que les installations de stockage soient très saines, bien propres. Et les gens doivent prendre le temps de trier les bons grains des mauvais grains. Malheureusement, à cause de la pauvreté, le triage des grains devient de plus en plus difficile. Mais, si on ne fait pas d’efforts pour changer cette situation, nous continuerons à vivre avec des problèmes d’aflatoxine.

Animateur :
Gardez vous espoir que la situation peut s’améliorer?

Dr H :
Je suis optimiste. Quand je vais sur le terrain, les gens sont familiers avec le mot «aflatoxine». Ils s’en préoccupent. Le défi consiste à maintenir ce niveau de sensibilisation pour qu’il se transforme en un changement de comportement – autrement dit, de meilleures pratiques en matière de post récolte.

Animateur :
Merci, Dr H. (Pause). Cet optimisme du Dr H ne peut pas masquer l’incapacité actuelle de la médecine moderne à guérir de l’aflatoxine. Avec cet aveu d’échec de la science, on se demande ce que sera le sort du monde paysan et du consommateur? Comme l’a mentionné le Dr H, une réponse réside dans de meilleures technologies de post récolte. La Dre K est une spécialiste des questions de post récolte.

Clip de la Dre K :
Même si les problèmes d’aflatoxine commencent dans les champs des agriculteurs, les conditions de stockage peuvent aggraver considérablement les niveaux d’aflatoxines. Souvent, les systèmes de conservation amènent les populations africaines, une fois les récoltes stockées, à les oublier jusqu’au jour où elles veulent les vendre. C’est une politique dangereuse quand il s’agit de l’aflatoxine. D’autres systèmes de stockage obligent les agriculteurs à examiner chaque mois les récoltes entreposées et à prendre certaines mesures en fonction de leurs observations.

Animateur :
Bienvenue, Dre K. Que recommande votre projet pour les pratiques de post récolte?

Dre K :
Notre projet montre aux agriculteurs comment traiter leurs récoltes avec des produits chimiques qui ne posent pas de risques élevés pour la santé humaine. Au moment de la récolte, nous suggérons aux agriculteurs de trier les épis de mais qui ont été attaqués par des insectes et de les mettre de côté, en stockant uniquement les bons épis dans les greniers traditionnels. Après trois mois d’entreposage dans les greniers traditionnels avec les spats (ou les enveloppes), nous préconisons aussi un deuxième traitement. Les agriculteurs devraient égrener le mais et traiter ensuite les grains avec un insecticide sans danger pour le stockage, pour ensuite entreposer les grains traités pendant trois à six mois dans des sacs avant de les vendre ou de les consommer. Dans certains cas, les produits ainsi traités peuvent être entreposés pendant neuf à douze mois.

Animateur :
Quelle est la réaction des agriculteurs quand vous leur parlez de l’aflatoxine?

Dre K :
La plupart d’entre eux ne croient pas que l’aflatoxine existe. C’est un fléau qui a des répercussions sur la santé à long terme mais pas de symptômes immédiats, sauf lorsque les gens sont exposés à des niveaux très élevés, comme on l’a vécu au Kenya. Mais après les campagnes de sensibilisation qui ont été menées, on a vu qu’il y avait des changements de comportement, surtout au niveau des commerçants.

Animateur :
Merci pour votre temps et votre expertise, Dre K. (Pause). Ainsi que le soulignent les chercheurs, si nos braves agriculteurs mettaient en pratique des techniques de post récolte meilleures et plus saines, les contaminants n’auraient plus aucune possibilité de ruiner nos vies en nous intoxiquant au moyen des aliments que nous consommons. Les installations de stockage doivent être très propres et saines. Il faut également trier les produits après la récolte afin que les cultures endommagées par les insectes ne soient pas entreposées avec les récoltes non endommagées. Une fois que ces changements auront été effectués, on pourra espérer avoir une nourriture de qualité pour connaitre une meilleure santé et des échanges commerciaux plus denses sur les marchés tropicaux. Ceci est particulièrement vrai en Afrique, où l’humidité est synonyme de moisissure, source de tous nos maux à base d’aflatoxine.

Montée de l’indicatif musical pendant quelques secondes, puis fermeture en fondu

Animateur :
Merci d’avoir écouté cette émission portant sur la santé publique et faites attention, lors de votre prochaine tournée au marché, de ne pas acheter des vivres moisis. Au revoir et à bientôt.

Acknowledgements

Rédaction : Emmanuel S. Tachin, Service de l’Information et de la Communication, IITA Ibadan.
Révision : Ranajit Bandyopadhyay, phytopathologiste, Institut international d’agriculture tropicale (IITA), Ibadan, Nigeria.

Nota : Ce texte est adapté à partir d’entrevues effectuées par Emmanuel S. Tachin avec le Dr Hounsa et la Dre Hell de l’Institut international d’agriculture tropicale au Bénin.