La longue saison sèche : Conte de la cupidité et de l’ingéniosité

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Notes au radiodiffuseur

Guide d’utilisation des textes du feuilleton (adapté du numéro de mars 2003 du bulletin Échos)
Les émissions diffusées par les radios agricoles sont destinées à être informatives et éducatives. Mais la radio doit également être intéressante et divertissante. C’est un défi auquel nous faisons face chaque fois que nous nous présentons devant un micro.
Le feuilleton radiophonique constitue parfois la réponse. Un feuilleton fournit un cadre pour aider les auditeurs à comprendre comment certaines attitudes et certains comportements façonnent les événements de la vie quotidienne. Par le biais d’un feuilleton, les auditeurs établissent un lien avec les personnages et leurs combats – et deviennent partie prenante de la recherche de solutions aux conflits et aux défis des personnages.
La réalisation d’un feuilleton radiophonique est bien davantage que la simple lecture d’un texte. Voici quelques éléments importants à prendre en considération pour donner vie aux feuilletons radiophoniques.
• Trouvez les bons acteurs. Il n’est pas nécessaire d’avoir des acteurs professionnels ou chevronnés pour réussir à réaliser un feuilleton radiophonique. Essayez de trouver des bénévoles consentants par le biais de troupes de théâtre de votre région ou encore dans des écoles et des centres communautaires locaux. En outre, envisagez de confier un rôle à des gens que vous savez être des orateurs naturels et qui seraient disposés à participer. Lors de la distribution des rôles, il est important de trouver des voix nettement distinctes les unes des autres pour donner de la texture à l’émission et pour éviter de semer la confusion dans l’auditoire. Évitez une répartition des rôles en fonction de ce que vous voyez et prêtez attention à la capacité des acteurs de transmettre des actions et des émotions en fonction de ce que vous entendez.

• Répétez, répétez, répétez. Il est important que vos acteurs et vos techniciens de studio se sentent à l’aise avec leurs signaux et développent une synchronisation et un rythme appropriés au feuilleton. Une fois que vous aurez choisi vos acteurs, demandez-leur de lire ensemble l’intégralité du scénario, à l’avance, afin que chacun soit à l’aise avec son texte. Discutez avec eux de façons d’adapter le texte en fonction de leurs besoins et de modifier les répliques difficiles. Les acteurs devraient avoir des répétitions supplémentaires pour développer une synchronisation et adopter un ton naturel dans la conversation. Lorsque vous estimez que tout le monde est prêt, rassemblez-les pour répéter dans le studio d’enregistrement. Ceci vous aidera à planifier le partage du matériel (comme les microphones) et à limiter les bruits inutiles (comme le froissement des pages du scénario).

• Planifiez les effets sonores. Bien que la pochette 77 contienne les signaux pour les effets sonores, vous voudrez peut être les adapter à votre auditoire et à votre situation locale. Même si vous pouvez ajouter beaucoup de choses au texte d’un feuilleton en utilisant des effets sonores pour planter le décor ou suggérer une action, vous devrez le planifier méticuleusement. Vous pourriez avoir la tentation d’utiliser tellement d’effets sonores que votre auditoire en deviendra tout confus. Faites en sorte que les effets demeurent simples, cohérents et facilement identifiables.

• Utilisez de la musique. Servez vous des instructions contenues dans les textes pour orienter votre choix musical. Dans les feuilletons radiophoniques, la musique peut s’avérer très utile comme simple outil de transition. Une mélodie claire et peu complexe peut être très efficace. Vous pourrez peut être trouver dans votre milieu des musiciens disposés à participer à votre production.

• Préparez le studio. Que le feuilleton soit enregistré à l’avance ou diffusé en direct, vous devrez aménager votre studio. Si vous avez suffisamment de matériel, placez chacun des personnages principaux devant son propre micro. Les personnages secondaires peuvent partager un micro. Si vous avez seulement un micro, demandez aux acteurs de se tenir en arrière lorsqu’ils ne sont pas impliqués dans une scène particulière ou lorsqu’ils ne parlent pas pendant plusieurs répliques. Les acteurs doivent se sentir à l’aise avec leurs micros et doivent également pratiquer la projection. Habituellement, un volume et un ton de conversation normaux seront appropriés, mais vous pouvez également transmettre la distance entre les personnages en les éloignant du micro. Prêtez attention aux instructions contenues dans cette pochette, par exemple «HORS MICRO», «ARRIVANT AU MICRO», etc. Trouvez des façons de limiter le bruit de fond lors de l’enregistrement.. Placez si possible les textes sur des supports pour éviter le bruit de froissement du papier. Répétez avec les acteurs pour limiter les respirations fortes, les toussotements ou les bruits de pas.

• Ficelez le tout. La façon la plus facile d’enregistrer un feuilleton radiophonique se fait en «temps réel», lorsque l’on joue tout – y compris les effets sonores et la musique – sans interruptions. Cela permet d’obtenir une sensation plus naturelle et un élan pour aboutir à votre produit final. L’énergie et la spontanéité de chaque personnage «tenu en haleine» contribueront également à l’enregistrement. Si des erreurs sont commises pendant le feuilleton – continuez (surtout si vous êtes en ondes!). Si vous enregistrez, vous pouvez revenir en arrière au début de la réplique et reprendre le dialogue après avoir atteint la fin de la scène.

• Le produit final. Si vous avez enregistré le feuilleton, et si vous avez le matériel nécessaire, vous pouvez inclure les reprises et exclure les pauses et les bruits gênants. À toutes les étapes de la production, vous devriez faire très attention à ce que vous entendez et non pas à ce que vous voyez. Essayez de fermer parfois les yeux pour vous concentrer sur ce qui fonctionne bien et sur ce qui devrait être modifié.
N’oubliez pas qu’un feuilleton radiophonique réussi doit permettre à vos auditeurs de visualiser ce qu’ils écoutent et d’imaginer qu’ils se trouvent en pleine action. Comme vous pouvez le constater, vous n’avez pas besoin d’acteurs professionnels ou de matériel spécial pour raconter une bonne histoire. Avec une bonne planification, un travail d’équipe et de l’imagination, vous serez en mesure de rendre vos textes vivants.
Les radiodiffuseurs ne sont pas censés être des experts techniques sur les sujets qu’ils diffusent
Les radiodiffuseurs sont avant tout des communicateurs, pas des experts dans certains domaines. Autrement dit, à quelques exceptions près, ils n’ont pas les connaissances techniques nécessaires pour répondre aux questions détaillées portant sur la désertification ou sur d’autres sujets, et on ne devrait pas s’attendre à cela. Mais il est utile pour les radiodiffuseurs de savoir où trouver ce genre d’informations. Ces connaissances sont précieuses à la fois parce qu’elles viendront étayer leurs efforts en vue d’élaborer une meilleure programmation et aussi parce qu’elles les aideront à orienter les auditeurs vers des renseignements précis et actualisés. L’Annexe I offre quelques conseils généraux sur les types d’organismes à contacter pour poser des questions techniques portant sur le contenu du scénario. Pour la présente pochette, vous pouvez également consulter les dix textes originaux (41 1, 42 6, 42 8, 43 8, 44 1, 44 2, 44 8, 45 2, 45 7, 75 4) sur lesquels repose le présent feuilleton, qui sont tous affichés sur le site web du RRRPD à l’adresse http://frrp.wpengine.com/francais/radio textes/numerical.asp. Nous avons également inclus à l’Annexe II quelques dessins qui illustrent certaines des méthodes de conservation des sols utilisées par les personnages dans le feuilleton.

Conseils destinés aux radiodiffuseurs ayant des ressources limitées en vue d’adapter la pochette 77
Alors que les grosses stations peuvent avoir le personnel, les ressources et les capacités nécessaires pour monter une production de ces feuilletons à plusieurs personnages, les plus petites stations auront peut être besoin d’aide pour adapter les feuilletons à leurs capacités. Par conséquent, même si nous offrons à tous nos partenaires les suggestions qui suivent en vue d’utiliser et d’adapter les feuilletons, elles s’adressent tout particulièrement aux radiodiffuseurs des petites stations radiophoniques.

1. Regroupez vos ressources avec d’autres stations de radio et/ou d’autres organismes intéressés dans votre région ou votre pays. Les feuilletons radiophoniques peuvent être coûteux et longs à produire, et ceci pourrait aider les petites stations à faire le meilleur usage de leurs ressources limitées. Ensemble, vous trouverez peut être qu’il est plus facile d’embaucher les acteurs et les traducteurs, de faire les recherches sur le contenu local, d’organiser la production et de faire toutes les autres choses nécessaires pour produire les 13 épisodes. Le montage d’un feuilleton radiophonique pourrait offrir une occasion idéale de pratiquer les campagnes de financement. Il y a des bailleurs de fonds potentiels pour les projets qui allient le divertissement populaire à d’importants messages concernant le développement. L’Annexe III fournit l’adresse Internet de documents qui énumèrent des bailleurs de fonds possibles et offrent des conseils en matière de financement.
2. Une deuxième idée consiste à collaborer avec une troupe de théâtre locale pour produire les feuilletons. Cela pourrait être une bonne idée de trouver une troupe de théâtre qui cherche à promouvoir des objectifs environnementaux et sociaux, comme la conservation des terres et le développement communautaire.
3. Troisièmement, vous pourriez lire l’ensemble du feuilleton et envisager quels épisodes pourraient raconter une histoire indépendante ou pourraient être condensés et adaptés comme des feuilletons plus courts. Si l’on s’y prend bien, un animateur pourrait couvrir certaines des actions dans des feuilletons à plusieurs personnages, avec des acteurs faisant les voix des deux ou trois personnages principaux.
4. Nous incluons en Annexe IV ce que l’on appelle un «avant projet» qui a été créé par l’ARDA pour la pochette 77. Cette version de l’avant projet en est une très résumée du document que l’ARDA a créé pour guider la rédaction des 13 épisodes du feuilleton. Les stations ayant peu ou pas de fonds peuvent utiliser ce document pour produire des feuilletons plus courts, par exemple avec deux personnages et un animateur chevronné qui raconte les histoires telles qu’elles figurent dans l’avant projet. L’équipe à deux personnages principaux peut alors improviser de courts dialogues et des actions de temps à autre. Grâce à des répétitions efficaces, ceci pourrait être produit en direct ou enregistré rapidement en utilisant un style sans montage lorsque le studio est disponible. Si vous souhaitez utiliser l’avant projet pour créer des textes avec les messages portant sur la désertification présentés dans la pochette 77, consultez les textes originaux du Réseau sur lesquels est basé le feuilleton. Il sera important d’écrire clairement les méthodes culturales mentionnées dans un épisode afin que les acteurs puissent lire ces descriptions, même si le reste de leur dialogue est improvisé.

Ce ne sont là que quelques idées et vous en trouverez probablement beaucoup d’autres par vous même! Et n’oubliez pas que les partenaires du Réseau sont les véritables experts en radiodiffusion, alors n’hésitez pas à communiquer avec eux si vous avez des questions ou des suggestions concernant l’adaptation de cette pochette à vos besoins et à vos capacités. Veuillez consulter notre site Web http://frrp.wpengine.com/francais/partners.asp pour voir qui sont nos partenaires. Si vous désirez obtenir les coordonnées d’un partenaire, veuillez communiquer avec Blythe MacKay à l’adresse bmckay@farmradio.org. Comme toujours avec les textes du RRRPD, n’oubliez pas d’ajouter, dans la mesure du possible, du contenu local et des expressions locales.

Texte

Épisode 1

DISTRIBUTION
YOHANN
HASSAN
ABAH MANU
MOLEKE
KOI KOI, DES VOIX

1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, 0,5 ET

BAISSE…
ANIMATEUR : TITRE DE L’ÉMISSION ET AMORCE, MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, 0,5 ET BAISSE…

2. ANIMATEUR : Bonjour chers auditeurs! Vous allez entrer dans un monde
familier avec des gens comme vous et moi et comme nos voisins. Comment est ce que je sais tout ça? Parce que! Il y a des gens bons et des gens mauvais, des gens ennuyeux et agaçants, des gens amicaux et obligeants. Un certain nombre sont aimables et désintéressés; ce sont les gens qui pensent aux autres et au bien commun. Mais je suis persuadé que vous connaissez très bien des gens que vous pourriez qualifier de cupides. Oui, vous voyez le genre. Ils vont tricher et se servir encore et toujours, sans rien donner en retour… cela vous semble familier?

C’est comme ça à Mabudi. Un village tranquille où il se passe beaucoup de choses… mais vous ne le saurez jamais, à moins de prêter l’oreille et de gratter sous la surface. Ou jusqu’à l’arrivée de quelque chose ou de quelqu’un de nouveau. Il s’appelle Moleke. Personne à MABUDI n’a entendu parler de lui depuis VINGT ANS. Oui! (IL SE RÂCLE LA GORGE) Je vais m’arrêter là et vous faire rencontrer le cousin de ce Moleke, Yohann, un agriculteur respecté, alors qu’il profite d’une matinée paisible avec son fils Hassan dans leur forêt… en se doutant peu que leur monde va bientôt changer…

3. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 1

4. SFX : ENSEMBLE DE SONS D’UN MILIEU FORESTIER
(PÉPIEMENTS D’OISEAUX, GAZOUILLIS ET APPELS DANS LE LOINTAIN, PEUT ÊTRE UN BRUIT D’EAU), FONDU GRADUEL ET SOUTENU DU SON SOUS LES DEUX PREMIÈRES LIGNES ET SORTIE EN FONDU

5. YOHANN : (D’UNE PETITE VOIX ÉTOUFFÉE) Eh bien, Hassan!
C’est là que réside la paix… ne le ressens tu pas?

6. HASSAN : (RIANT ET À VOIX HAUTE) Si tu le dis,
Baba [PAPA]!

7. SFX : BATTEMENTS D’AILES SOUDAINS D’OISEAUX
QUI S’ENVOLENT, PUIS COUPER.

8. YOHANN : (LE RÉPRIMANDANT, TOUJOURS D’UNE VOIX
ÉTOUFFÉE) Chut! Pas si fort, Hassan! Tu vas effrayer les animaux. Parle à voix basse quand tu viens ici.

9. HASSAN : (PLUS BAS) Bien sûr. J’ai oublié. (Pause) Hum… Tu
aimes cet endroit, n’est ce pas Baba?

10. YOHANN : Oui. (PETITS RIRES) Si j’avais le choix, moi Yohann, je
déménagerais pour venir habiter ici.

11. HASSAN : Dans la forêt? Les gens de Mabudi diraient que tu es fou
ou que tu es sur le point de perdre la tête.

12. YOHANN : Quoi de neuf? La plupart d’entre eux disent déjà que je suis
bizarre.

13. HASSAN : Oui, jusqu’à ce qu’ils aient besoin de ton aide, en
particulier de tes herbes et de tes remèdes pour guérir leurs maux.

14. YOHANN : Ce ne sont pas mes remèdes, Hassan. Comme si je faisais
autre chose qu’utiliser ce qui est déjà présent dans la forêt. Chaque herbe, chaque écorce ou chaque arbre fruitier a été mis là par la nature pour notre bénédiction, ainsi que les animaux qui vivent ici.

15. HASSAN : (D’UNE VOIX ÉTOUFFÉE MAIS ENTHOUSIASTE)
Baba! Regarde! Un chevreuil…

16. YOHANN : Il cherche de l’eau. Fais comme si tu ne le voyais pas,
sinon tu vas l’effrayer. (APRÈS UNE PAUSE, ON ENTEND MORDRE DANS UN FRUIT) Là… prends la… elle est mûre.

17. HASSAN : Une goyave! Merci… c’est mon fruit préféré. (LA
BOUCHE PLEINE, APRÈS AVOIR MORDU DANS LE FRUIT). Je suis stupéfait de constater combien la forêt est toujours luxuriante, malgré les pluies peu abondantes des dernières années… regarde comme chaque chose pousse tellement bien, même si personne ne l’entretient.

18. YOHANN : (PENSIF) Hum… hum. Tu as raison. Viens voir quelque
chose. Tu vois cette feuille? Frotte la entre tes doigts.

19. HASSAN : (SURPRIS) Ça sent comme du parfum, Baba.

20. YOHANN : Oui, Hassan. C’est une plante à parfum. Mais elle sert
également à laver. Ta mère avait l’habitude de la frotter dans ses cheveux car elle les rendait propres et odorants pendant des jours.

21. HASSAN : C’est vrai. On dirait l’odeur que portait maman. Je m’en
souviens.

22. YOHANN : Fais attention, Hassan. Regarde cette herbe. Ses feuilles
ressemblent à une étoile. Elle pousse près du cours d’eau ici…

23. HASSAN : (S’ARRÊTANT) Je sais! Elle sert à soulager les hémorroïdes, n’est ce pas?

24. YOHANN : (CONTENT) Très bien, Hassan. Tu es attentif. C’est
bien.

25. HASSAN : (PENSIF) Baba? Je pensais…

26. YOHANN : Oui… à quoi?

27. HASSAN : Pourquoi cette terre ne sert elle pas à faire pousser des
cultures? Nous n’aurions pas à nous soucier des faibles précipitations avec des terres comme celles ci. Tout pousserait sans entretien. La terre semble si fertile… pourquoi ne pas couper les arbres et les buissons et utiliser cet endroit comme terres agricoles?

28. YOHANN : Ah, Hassan. Tu n’est pas le premier au monde à vouloir
couper la forêt pour la cultiver.

29. HASSAN : Alors pourquoi ne le fait-on pas, Baba? C’est un gaspillage
de terres agricoles potentiellement bonnes et fertiles. Vous pourriez utiliser l’eau de ce cours d’eau pour l’irrigation.

30. YOHANN : Viens, je vais te montrer quelque chose, Hassan.

31. SFX : FROISSEMENT DE FEUILLES SÉCHÉES QUI
FONT DES BRUITS DE CRAQUEMENTS.

32. YOHANN : Les feuilles tombées qui recouvrent le sol de la forêt et les
arbustes denses qui poussent à ras du sol protègent en fait le sol des forêts. La couche arable est en réalité assez mince et très fragile. Sans cette couverture, le soleil dessécherait rapidement la terre et le vent ferait le reste en balayant la couche arable et en la transformant en poussière.

33. HASSAN : (HÉSITANT) Je suis certain que tu dis la vérité,
Baba. Mais cela me semble difficile à croire que le sol qui fait pousser cette forêt pourrait être balayé par le vent.

34. YOHANN : Non seulement cela, mais quand la pluie arrivera, elle
lessivera le reste du sol que le vent n’a pas balayé.

35. HASSAN : L’érosion des sols et l’érosion éolienne?

36. YOHANN : C’est exact. La forêt présente beaucoup d’autres avantages.
Elle aide à préserver nos eaux souterraines. C’est cette forêt qui a contribué à tenir en échec le désert. Coupe donc cette forêt et, dans quelques années, toute cette région sera sans vie et stérile, incapable de soutenir la vie végétale.

37. SFX : SOUDAIN DES BRUITS SACCADÉS DE COUPS DE
FEU DANS LE LOINTAIN. DES OISEAUX S’ENVOLENT EN JACASSANT ET EN FAISANT DU VACARME.

38. HASSAN : (ÉBRANLÉ) Mon Dieu! S’agit il de coups de feu?

39. YOHANN : (TRISTEMENT) J’en ai bien peur. Qu’est ce qui va se
passer maintenant?

40. HASSAN : Il m’a semblé que cela venait de cette direction… de la
frontière entre Mabudi et Jantale. Baba, nous devrions rentrer vite à la maison.

41. YOHANN : Oui. (PAUSE) Mon Dieu, je prie pour qu’il ne s’agisse pas
d’une autre escarmouche avec Jantale au sujet des pâturages.

42 : MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCENE 2

43. SFX : UN VÉHICULE AUTOMOBILE DOTÉ D’UN GROS
MOTEUR S’APPROCHE, KLAXONNE, VROMBIT ET S’ARRÊTE LÉGÈREMENT HORS MICRO.

44. ABAH : (EN MARMONNANT À LUI MÊME, AU MICRO)
Qui ose garer une voiture devant mon palais? (IL APPELLE) Gardes du palais! Êtes vous tous devenus aveugles? Faites immédiatement partir ce chauffeur de ma place réservée! (À LUI MÊME) Quel culot! Imaginez un peu l’idiotie!

45. SFX : DES ORDRES SONT CRIÉS HORS MICRO :
DÉPLACEZ CETTE VOITURE! TOUT DE SUITE! STATIONNEMENT INTERDIT. ALLEZ, PLUS VITE!

46. MOLEKE : (HORS MICRO, SA VOIX COUVRANT LES ORDRES FÂCHÉS) S’il vous plaît, j’ai apporté des cadeaux pour Abah… ils sont assez lourds… laissez nous seulement les décharger, et ensuite nous déplacerons la voiture, je vous en prie.

47. ABAH : (CHANGE DE TACTIQUE, INTERPELLE, AU
MICRO) Gardes! Laissez le visiteur se garer où il veut.

48. MOLEKE : (ARRIVANT AU MICRO) Votre Majesté royale Abah
Manu. Puissiez vous régner encore longtemps. (AU MICRO) Votre humble serviteur vous salue, Abah!

49. ABAH : (CURIEUX) Oui, oui. Lève toi, lève toi. Inutile de salir tes
beaux vêtements. Ne veux tu pas entrer et t’asseoir?

50. MOLEKE : Vous être trop aimable, mon roi. Je vous en remercie. Mais je dois tout d’abord vous adresser mes excuses pour avoir laissé mon chauffeur garer ma jeep comme ça, devant le palais. Je ne voulais pas vous manquer de respect.

51. ABAH : (RAPIDEMENT) Pas du tout. Vous n’avez pas besoin de
vous excuser. Soyez à l’aise de vous garer où bon vous semble lorsque vous venez ici, en autant qu’il n’y a pas de
voiture à cet endroit. (CHALEUREUX) Oui! Aucun problème.

52. MOLEKE : Merci, votre Majesté. Vous êtes trop aimable pour ce
pauvre diable qui est votre loyal serviteur. Le temps a passé et pourtant vous semblez toujours aussi jeune et aussi fort… puisse votre règne durer longtemps, votre Majesté!!

53. ABAH : Merci, merci! (IL APPELLE) Hello? Qui est là? Halima!
Babi! Venez vite et apportez du thé (IL BAISSE LA VOIX)… ou préféreriez vous plutôt du jus de fruit? (IL APPELLE DE NOUVEAU) Apportez du jus et…

54. MOLEKE : (L’INTERROMPANT) Je vous en prie! Je vous en prie
votre Majesté. Merci pour votre amabilité mais ne vous dérangez pas…

55. ABAH : (DÉMONTÉ) Alors? Abah a t il offensé d’une quelconque façon son plus distingué visiteur?

56. MOLEKE : (RAPIDEMENT) Pas du tout, mon Abah! Et Dieu me préserve moi, Moleke, de ne jamais être assez présomptueux pour me trouver offensé par quelque chose que Abah Manu de Mabudi jugerait bon de faire.

57. ABAH : Eh bien, dans ce cas…

58. MOLEKE : C’est simplement que je veux faire passer les priorités en
premier. Vous voyez, j’ai apporté quelques cadeaux pour mon Abah… Si votre Majesté veut bien avoir l’amabilité d’envoyer ses servants jusqu’à ma voiture pour rapporter les paquets…

59. ABAH : (SATISFAIT ET CHALEUREUX) Oh mon Dieu! Oui,
oui, bien sûr! (IL APPELLE DES NOMS COURANTS EN S’ÉLOIGNANT DU MICRO) Bolo! Anta! Où sont ces bon à rien? Musa, ne m’as tu pas entendu appeler? Va chercher Anta et allez jusqu’à la voiture pour rapporter les paquets ici… rapidement! (DE RETOUR AU MICRO) C’est toute une voiture que vous avez là, mon ami. (AU MICRO) Elle est simplement trop belle et doit coûter des millions, est ce que je me trompe? [Utilisez une somme raisonnable sur le plan local]

60. MOLEKE : Oui, mon Abah, c’est une voiture qui coûte très cher mais
elle en vaut la peine. (TOUSSOTEMENTS RAPIDES) Mais mon Abah mérite une voiture bien meilleure et plus luxueuse que celle ci. (LES DEUX SE METTENT À RIRE) Ce n’est que la petite sœur de celle que devrait avoir Abah Manu!

61. ABAH : Vraiment? Hum, au fait… je suis persuadé de bien vous
connaître mais j’ai oublié où nous nous sommes rencontrés… Oui, oui… vous devez excuser les caprices de l’âge et le reste, mais quel est votre nom?

62. MOLEKE : Est il possible que Abah Manu ne puisse pas me
reconnaître? Je m’appelle Moleke.

63. ABAH : (TOUJOURS PERPLEXE) Vraiment? Moleke? Hum!
Moleke, Moleke? Pardonne moi mais…

64. MOLEKE : Je suis Moleke, Babamu, le fils du docteur indigène… vous
ne vous souvenez pas de moi?

65. ABAH : (BOULEVERSÉ) QUOI!!? Moleke!? Bonté divine,
Moleke! Est ce vraiment toi!?

66. MUSIQUE: PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 3

67. SFX : UNE PORTE S’OUVRE ET SE FERME EN
CLAQUANT.

68. HASSAN : (ARRIVANT AU MICRO) Bonsoir, Baba [PAPA]!

69. YOHANN : (AU MICRO) Eh bien, il est temps, Hassan! Pourquoi as tu mis si longtemps? Tu devais simplement aller au centre du village pour t’informer sur les coups de feu que nous avons entendus ce matin…

70. HASSAN : (GRAVE. AU MICRO) Baba, je pensais que tu avais dit
n’avoir ni frères ni sœurs?

71. YOHANN : (PERPLEXE) Pourquoi? Quel est le rapport avec la
situation?

72. HASSAN : Eh bien, Baba, il semble que tu m’as menti à ce sujet, ainsi
qu’à Zara.

73. YOHANN : (D’UNE VOIX AGRÉABLE, ET MÊME AMUSÉE) Mentir? Moi, Yohann? Comment as tu conclu que j’ai menti?

74. HASSAN : Peu importe. Cela n’a pas d’importance.

75. YOHANN : Oh non! Tu ne peux pas faire ça, Hassan. Qu’est ce qui te
fait dire que j’ai des frères et des sœurs alors que je prétends ne pas en avoir?

76. HASSAN : Parce que j’ai rencontré quelqu’un au palais qui m’a été
présenté comme étant le frère de mon père. Tout le monde parle de lui et l’appelle le frère de Yohann. Que devais-je en penser?

77. YOHANN : Ce frère que j’aurais a t il un nom?

78. HASSAN : (UN PEU FRUSTRÉ) Hum! Je l’ai oublié! Mais il faut
que tu vois ce gars! L’homme… et sa voiture… hum! Il doit être bourré de fric! Cette voiture est vraiment quelque chose. Je n’ai jamais vu des roues comme celles-là, jamais de toute ma vie! Tout ce qui le concerne est exagéré! Je vous le dis. Le gars sent l’argent à plein nez. Il vous suffit de le voir. Tout le monde est au palais à l’heure actuelle pour le voir. On dit que Abah est sorti lui même pour l’accueillir.

79. YOHANN : Eh bien, voici la vérité, Hassan. J’étais un enfant unique, en
fait un orphelin, et je n’avais ni frères ni sœurs. Et j’ai très faim. As tu vu ta mère?

80. HASSAN : Choliba n’est pas ma mère!

81. YOHANN : (SOUPIRS) Ah! Hassan … Choliba est ma femme. Elle
est votre nouvelle mère. Si seulement vous vouliez lui donner une chance, elle pourrait être une bonne mère pour ta sœur et pour toi.

82. HASSAN : Je sais que Choliba est ta femme mais cela ne signifie pas
qu’elle est ma mère. (OFFUSQUÉ) Pour l’amour de Dieu, Baba, sérieusement même Choliba ne souhaite pas être la mère de quiconque, ne le vois tu pas?

83. YOHANN : Eh bien, Hassan. (EN CHANGEANT DE STRATÉGIE)
Suis je le seul à avoir faim? Au fait, où est ta soeur?

84. HASSAN : Je ne sais pas. Mais je suis prêt à parier qu’elle est allongée
dans sa chambre le nez dans un livre.

85. YOHANN : Alors va la chercher et cuisinons quelque chose avant de
mourir de faim.

86. HASSAN : (SORTANT) Très bien, Baba. (REVENANT EN
ONDES) Au fait, Baba, maintenant je me souviens du nom du gars…

87. YOHANN : Quel gars?

88. HASSAN : Tu sais bien…l’homme dont je t’ai parlé. Ton soi disant
frère. Il s’appelle Moleke. Oui, c’est cela. Moleke!

89. YOHANN : (BOULEVERSÉ) Quoi!? Comment as tu dit qu’il
s’appelait?

90. MUSIQUE: PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 4

91. DES VOIX : UNE RÉUNION EST EN COURS ET DES VOIX EN
COLÈRE S’ÉLÈVENT POUR PROTESTER

92. ABAH : (PAR DESSUS LES PROTESTATIONS ET LE
CHAHUT) Très bien! Si vous venez ici seulement pour faire du bruit, alors quittez mon palais. Maintenant!

93. KOI KOI : (IL SE RÂCLE LA GORGE) Ah, Abah. Puissiez vous
régner longtemps, Abah. Nous sommes terriblement désolés, votre Majesté! (DES APPELS PAR DESSUS LE BRUIT) Messieurs! Ça suffit! Du silence maintenant! Parlons chacun à notre tour, n’est ce pas?

94. ABAH : Pas question! Je ne resterai pas assis ici pour entendre
chacun parler à son tour. Nous ne finirons pas cette réunion aujourd’hui. Pas question! Une seule personne parle… présentez votre cause et nous l’entendrons. C’est de cette façon que je veux que cela se déroule.

95. DES VOIX : DES VOIX CHUCHOTENT EN SOURDINE HORS MICRO

96. ABAH : (IMPATIENT) Alors? Qui est votre porte parole?
(EN APPARTÉ) Moleke, vois tu comment ma politique de la porte ouverte fait quotidiennement l’objet d’abus de la part de ces gens?

97. MOLEKE : Je vois cela, votre Altesse royale. Vous êtes trop aimable et
trop indulgent.

98. KOI KOI : (IL SE RÂCLE LA GORGE) Mon nom est Koi koi. Je suis le porte parole, votre Majesté, nommé par la délégation de Jantale.

99. ABAH : De Jantale? De quoi s’agit il? Et pourquoi le roi n’est il pas
venu?

100. KOI KOI : Votre Altesse, ce n’est pas par manque d’égard que
notre roi n’est pas venu avec nous.

101. MOLEKE : (EN COLÈRE) Alors pour quelle raison? Votre roi devrait
être ici pour parler d’égal à égal avec moi au lieu d’envoyer la racaille se présenter devant moi. (SIFFLETS) Imaginez! Aucun protocole!

102. ABAH : Ne fais pas attention à eux, Moleke. C’est de ma faute car
j’ai adopté une politique de la porte ouverte. (IMPOLIMENT) Alors! De quoi s’agit il? Pourquoi êtes vous ici?

103. KOI KOI : Votre Altesse royale, sir. La raison pour laquelle nous
sommes venus est très grave et concerne des personnes de Jantale. Mais nous savions que nous pouvions venir vous voir pour parler de notre situation critique sans en faire un problème de clan. C’est la raison pour laquelle, cher Abah, nous n’avons pas impliqué notre roi. Ce n’était nullement par manque de respect, votre Altesse.

104. ABAH : Koi koi, n’est ce pas? Eh bien, allez y, écoutons ce que
vous avez à dire.

105. KOI KOI : Sir, tôt ce matin plusieurs jeunes de Mabudi m’ont
accosté, ainsi que quelques autres bergers de Jantale, en nous demandant d’éloigner nos moutons du pâturage situé entre nos deux collectivités. Au début, nous pensions qu’il s’agissait d’une plaisanterie. Devant notre refus de bouger, ils ont sorti des fusils et ont tué de sang froid tous les moutons.

106. ABAH : Eh puis? Que voulez vous que je fasse à ce sujet?

107. KOI KOI : (INCRÉDULE) Votre Altesse! Ne vous rendez vous pas
compte de ce que cela signifie? Que cela pourrait dégénérer en un autre affrontement entre nos deux collectivités? Si je n’avais pas plaidé auprès de nos jeunes pour les calmer…

108. MOLEKE : (INTERVENANT) Voyons, monsieur… Koi koi ou peu
importe votre nom. Vous feriez mieux de faire attention à la façon dont vous parlez à Abah.

109. DES VOIX : (PARLANT EN MÊME TEMPS) AH, AH! QUI EST- IL? C’EST INUTILE. ATTENDEZ. JE VOUS DIS QU’IL Y AURA LA GUERRE! DIEU MISÉRICORDIEUX, DE QUOI S’AGIT IL? PARTONS!

110. KOI KOI : (PAR DESSUS LES VOIX) Votre Altesse! Allons…
(LES VOIX SE TAISENT) Votre Altesse, c’est parce que nous sommes des gens de paix – c’est la raison pour laquelle nous sommes venus vous voir pour vous informer de ce qui s’est passé aujourd’hui. De nombreux bergers ont subi de lourdes pertes à cause de quelques fauteurs de troubles.

111. ABAH : Comment osez vous les appeler des fauteurs de troubles!
Si vous voulez le savoir, ils travaillent pour moi et ne faisaient qu’exécuter mes ordres.

112. KOI KOI : (CHOQUÉ) Vos ordres? Votre Altesse… que voulez vous
dire?

113. ABAH : Ces hommes ne vous ont ils pas dit de déplacer vos
moutons de là?

114. KOI KOI : (IL BAFOUILLE) Euh… oui… mais…

115. ABAH : Alors pourquoi n’avez vous pas obéi?

116. KOI KOI : (TOUJOURS SOUR LE CHOC) Mais, votre Altesse… il
s’agit de nos pâturages ancestraux.

117. ABAH : De quels ancêtres parlons nous maintenant?

118. MOLEKE : (RIRE MOQUEUR) Je me le demande.

119. KOI KOI : Je ne comprends pas… de nos ancêtres. Les nôtres et les
vôtres évidemment. Ces pâturages ont toujours appartenu à nos deux collectivités.

120. ABAH : Mon cher monsieur, ne me parlez pas des ancêtres! Il me
semble que vous avez besoin d’une leçon d’histoire. MES ancêtres possèdent toutes ces terres, permettez moi de vous le dire. Vos ancêtres ne se sont ils pas établis après les miens?

121. DES VOIX : QUOI!? C’est une insulte! Partons! C’est de la folie!

122. KOI KOI (AVEC UN RIRE SANS HUMOUR) Je suis persuadé que votre Altesse ne veut pas dire cela?

123. ABAH : Oh, oh! Alors, vous ne le saviez pas? La totalité de Jantale
nous appartient en réalité. C’est à cause de notre bon cœur que nous avons permis à vos gens de rester ici.

124. KOI KOI : (IL SOUPIRE) Hum… Ce que Abah a dit ici aujourd’hui est tellement provocateur que cela pourrait engendrer une guerre entre nos deux collectivités voisines. Je ne peux vraiment pas croire que vous avez prononcé ces paroles, votre Altesse.

125. MOLEKE : (EN COLÈRE) Qu’est ce qu’il y a de difficile à croire
dans les paroles de Sa Majesté? (IMITATIONS) Cela pourrait provoquer une guerre… vous pensez que nous avons peur de votre guerre?

126. KOI KOI : Qui diable êtes vous donc? Pourquoi provoquez vous tant
de problèmes? Vous ai je adressé la parole à un moment quelconque?

127. MOLEKE : Je m’appelle Moleke et je ne resterai pas ici les bras croisés pendant que vous insultez mon Abah! Comment osez vous?

128. KOI KOI : J’ose parce que la paix est préférable en tout temps à la guerre. Les gens comme vous mettent toujours de l’huile sur le feu pour faire la guerre pour une raison quelconque ou pour gagner je ne sais quoi…

129. MOLEKE : (OUTRÉ) Silence! Silence, vous stupide homme! Nous
n’avons pas peur de vos menaces de guerre, permettez moi de vous le dire! Moi, Moleke, je fournirai à Mabudi suffisamment d’armes modernes pour vous rayer de la surface de la terre. Quelle idiotie!

130. ABAH : (LE CALMANT) Tout va bien, Moleke. Ne faites pas
attention à eux.

131. KOI KOI : (DES RIRES) S’il vous plaît, bonnes gens de Jantale, rentrons chez nous… rien ne sert de parlementer. Quant à vous, Moleke… je connais des gens comme vous. Vous cherchez les ennuis mais dès que vous entendrez les tambours de guerre, vous serez le premier à vous sauver et à vous cacher dans la forêt.

132. MOLEKE : (SE VANTANT) Moi, Moleke? Lorsque vous serez prêts
à faire la guerre, déclarez la! Je suis prêt à combattre en tout temps pour mon Abah!

133. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU DE L’INDICATIF MUSICAL

134. ANIMATEUR : Eh bien mes amis, ainsi vient de se dérouler notre épisode
d’aujourd’hui dans la vie des villages voisins de Mabudi et de Jantale, qui étaient bien tranquilles auparavant. Des coups de feu et des troupeaux morts! Des menaces et des contre menaces de guerre! L’arrivée de Moleke a assurément provoqué un grand bouleversement pour ces collectivités. Qui est il et pourquoi est il venu? Nous savons que les choses ne seront plus jamais comme avant à Mabudi. Vous feriez mieux de rester à l’écoute de cette station pour entendre le prochain épisode de notre histoire, car vous ne voudrez sûrement pas manquer la suite.

135. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 2

Mars 2006
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Épisode 2

DISTRIBUTION
CHOLIBA
YOHANN
MOLEKE
ABAH MANU
GARAM
BABI
ANIMATEUR
_______________________________________________________________________

1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, 0,5 ET
BAISSE…
AMORCE ET TITRE DE L’ÉMISSION, etc. MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, 0,5 ET BAISSE…

2. ANIMATEUR : Bonjour les ami(e)s et bienvenue à cette émission. La dernière fois, nous étions à Mabudi et la ville autrefois endormie et sereine s’est soudain réveillée sous le coup d’une vive émotion, principalement due à l’arrivée d’un homme très riche nommé Moleke. Le roi de Mabudi, Abah Manu, semblait enclin à un affrontement avec ses voisins et ce même Moleke est intervenu dans la bagarre pour appuyer la décision de Abah. Qui est Moleke et quelle est la raison de sa venue, c’est là la question que tout le monde se pose? Les événements d’aujourd’hui vont peut être le révéler. Restez à l’écoute.

3. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 1

4. SFX : DES BRUITS DE BROYAGE ET DE PILONNAGE AU MICRO. UNE PORTE S’OUVRE BRUTALEMENT. LE BROYAGE S’ARRÊTE.

5. CHOLIBA : (SUREXCITÉE ET ESSOUFFLÉE) Mon mari! Tu ne
devineras jamais qui est arrivé à Mabudi? En grande pompe! Alors devine!

6. YOHANN : (PATIEMMENT) Choliba… pourquoi ne pas me le dire
tout simplement?

7. CHOLIBA : (D’UN AIR SUFFISANT ET ENCORE SUREXCITÉE)
Je te le dis, Yohann. Tu ne pourras jamais deviner. Ah… (SOUPIRS) Quelle affaire! Toute la ville est en fête. Il est si élégant, si riche, siiii…

8. SFX : LE BROYAGE OU LE PILONNAGE REPREND.

9. CHOLIBA : (FRUSTRÉE) Yohann, n’entends tu pas ce que je dis?
Arrête de fabriquer tes remèdes stupides et écoute moi bien… Ton frère Moleke est de retour à Mabudi.

10. YOHANN : (SUR UN TON CALME) Oh, c’est cela? J’en ai déjà
entendu parler… Hassan m’a confié la nouvelle plus tôt.

11. CHOLIBA : (DÉPITÉE) Oh! (ELLE FAIT UNE PAUSE) Oh…ton fils ne perd pas de temps. Je suis certaine qu’il fait la tournée en ce moment pour le raconter à tout le monde. C’est une grande gueule… qu’a t il dit d’autre?

12. YOHANN : (PETITS RIRES) Est ce l’hôpital qui se moque de
l’infirmerie? Est ce bien cela?

13. CHOLIBA : (SIFFLETS) En tout cas, il est de retour. (EN EXTASE)
Oh Moleke! (SOUPIRS) Tu aurais dû le voir, Yohann. Je n’ai jamais quelqu’un paraître aussi distingué. Aussi riche…

14. YOHANN : C’est très bien, Choliba. Je pense que je saisis le message.

15. CHOLIBA : (CHANTANT) Hum. Oh Yohann, tu vois? Regarde ce
que Moleke m’a donné! (TON SUREXCITÉ) Regarde, une magnifique montre et un beau sac à main… Il ira très bien avec les chaussures que j’ai achetées vendredi dernier… pourrais tu arrêter ton broyage et me regarder…?!

16. YOHANN : Beau. Très beau. Et Moleke te les a donnés… juste comme
ça? Pourquoi?

17. CHOLIBA : Parce que c’est un homme charmant et parce qu’il en a les
moyens.

18. YOHANN : (DUBITATIF) Vraiment?

19. CHOLIBA : Oui. Attends que mon amie Babi voit ce sac! Hum! Elle
sera tellement jalouse… Femme de Abah ou pas, mes cadeaux sont tellement plus beaux que les siens. (PAUSE) Qu’y a t il Yohann? Tu ne sembles pas heureux du retour de Moleke.

20. YOHANN : Tu veux la vérité? Cela m’indiffère.

21. CHOLIBA : Tu n’es rien d’autre qu’un rabat joie, Yohann! Tu devrais
être content d’avoir un parent si fortuné. Il ne manquera pas de nous aider.

22. YOHANN : Ne fais jamais confiance à un homme qui quitte la maison
dans la pauvreté et dans la honte et qui revient aussi riche… on ne sait jamais ce qu’il a pu faire pour le devenir.

23. CHOLIBA : Je n’ai pas de temps à perdre pour tes sages plaisanteries… si tu es si sensé que cela, comment se fait il que tu n’as pas gagné autant d’argent que ton frère Moleke?

24. YOHANN : Je ne savais pas que j’étais en concurrence avec Moleke.
Au fait, où et comment ton riche beau frère et toi vous êtes vous rencontrés?

25. CHOLIBA : Oh! Je suis allée au palais pour voir Babi et Moleke est
arrivé dans cette magnifique voiture! Il semblait si élégant dans ses beaux vêtements et ses chaussures coordonnées en peau de serpent. Et puis, si seulement tu avais pu voir les bagues à ses doigts… sa chaîne en or (SOUPIRS)… Sa femme est tellement chanceuse! (RÊVEUSE) Oh, comme j’aimerais!

26. YOHANN : Choliba… je te suggère de revenir sur terre. Tu parles de
Moleke? Celui que je connais?

27. CHOLIBA : Je ne comprends pas ce que tu veux dire. C’est un homme
bon. Il est si charmant; il a remis un présent à chaque personne qui est venue le saluer. Mais je pense que les miens étaient (ELLE FAIT UNE PAUSE POUR RÉFLÉCHIR ET INSISTE), je crois, plus spéciaux que ceux qu’il a donnés aux autres. En fait, il m’a même demandé de tes nouvelles. Il m’a dit : «Comment va votre cher mari à l’heure actuelle?»

28. YOHANN : Dois je me sentir honoré?

29. CHOLIBA : Tu veux seulement gâcher ma bonne humeur, Yohann.
Tu n’y arriveras pas car je suis trop heureuse.

30. YOHANN : Mes excuses, Choliba, ce n’est pas mon intention. Mais
comment Moleke peut il savoir que tu es ma femme?

31. CHOLIBA : Je le lui ai dit, bien évidemment! (D’UN AIR INDIGNÉ) Je suis allée le voir et je me suis présentée comme étant sa belle sœur.

32. YOHANN : J’aurais dû m’en douter… alors, où va demeurer Moleke?

33. CHOLIBA : Où crois tu? Au palais de Abah Manu bien sûr. Où d’autre?
Quelqu’un comme Moleke… Ah! Un homme si riche… le palais est le seul endroit pour accueillir quelqu’un comme lui. Je ne peux imaginer aucun autre endroit à Mabudi qui serait convenable, et toi? (HEUREUSE DE NOUVEAU) Moleke a dit qu’il viendrait nous rendre visite.

34. YOHANN : Il va venir ici?

35. CHOLIBA : Oui… c’est ce qu’il a dit. (EN S’ÉLOIGNANT DU
MICRO) Laisse moi aller montrer mon sac à main et ma montre à Babi. Seigneur, elle va être tellement jalouse!

36. SFX : UNE PORTE S’OUVRE ET SE FERME EN
CLAQUANT.

37. YOHANN : (PENSIVEMENT) Hum! Je me demande bien ce que
Moleke a en tête!

38. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 2

39. SFX : ROULEMENTS DE TAMBOUR ET MUSIQUE
LÉGÈRE HORS MICRO. QUELQU’UN FRAPPE BRIÈVEMENT ET DOUCEMENT HORS MICRO.

40. ABAH : Est ce toi, Moleke? Entre vite… sans formalités.

41. MOLEKE : Bonjour votre Altesse. Moi, Moleke, votre très humble
serviteur, indigne que je suis de me trouver en votre présence, je vous salue… J’espère que je ne vous dérange pas?

42. ABAH : Pas du tout, Moleke. En fait, tu est justement l’homme que
je souhaitais voir. J’espère que ton logement est confortable et que mes épouses prennent bien soin de toi?

43. MOLEKE : Merci, votre Altesse, pour votre hospitalité. Ma chambre
est très confortable et toute votre famille et vous même avez été bien trop aimables. En échange, permettez moi de vous remettre un petit quelque chose. Veuillez accepter cette montre en or en témoignage de ma gratitude.

44. ABAH : (IMPRESSIONNÉ) Mon Dieu, Moleke, tu me gâtes. Tu
m’a remis un cadeau chaque jour depuis ton arrivée. Maintenant celui ci…Ah!

45. MOLEKE : Je ferais n’importe quoi pour vous, votre Altesse…
(SÉRIEUX) Votre Altesse voulait discuter de quelque chose avec moi?

46. ABAH : (PERDU PENDANT UN INSTANT) Euh? Hum. Oh oui!
C’est vrai. (RIRE EMBARASSÉ) Hum, Moleke. C’est presque un miracle de te voir comme tu es maintenant. Je veux dire, il y a 20 ans, qui aurait pensé… Je veux dire, comment? Tu sembles avoir gagné tant d’argent!

47. MOLEKE : (RIRES) Abah veut savoir comment je suis devenu riche…
est ce bien cela?

48. ABAH : (BAFOUILLE) Non, non, non. Je ne songerais pas à te
poser une question aussi insolente…

49. MOLEKE : (L’INTERROMPANT) C’est parfait, mon Abah. Vous pouvez me la poser et elle n’est pas du tout insolente.

50. ABAH : (D’UN AIR DE CONSPIRATION) La chose est… que la
vie est dure ici. C’est la même que lorsque tu nous a quittés. C’est le même travail dur à la ferme et les mauvaises pluies ne nous ont pas aidés. Je veux dire… c’est comme lorsque tu es parti.

51. MOLEKE : (PETITS RIRES) Si je dis à Abah comment j’ai gagné
mon argent, il rira probablement et ne me croira pas.

52. ABAH : (RAPIDEMENT) Qu’est ce qu’il ne faut pas croire?
Est ce que je ne te regarde pas ainsi que tous les indices de ta prospérité? Pourquoi devrais je douter de toi?

53. MOLEKE : Si vous devez le savoir, eh bien j’ai gagné mon argent en
achetant et en vendant.

54. ABAH : Oui, oui, oui. En achetant et en vendant. Quoi? Tu es un
négociant?

55. MOLEKE : Quelque chose du genre. Savez-vous que les tomates et les
légumes à salade sont très demandés dans la capitale et dans toutes les villes du Sud?

56. ABAH : Tu parles des légumes à salade comme la laitue, le chou et
les carottes?

57. MOLEKE : Exactement! L’approvisionnement est insuffisant. Une fois
par semaine, j’en envoie des camions vers les marchés du Sud. C’est comme ça que j’ai gagné mon argent, mon Abah.

58. ABAH : Des camions? Mais où peux tu trouver de telles quantités
de produits? Il est certain qu’avec les mauvaises pluies, personne ne peut faire pousser de telles quantités de tomates et de choux. Tout le monde sait que ces récoltes exigent beaucoup d’eau.

59. MOLEKE : C’est vrai. Mais Abah ne veut il pas savoir comment les
agriculteurs d’autres endroits et moi même devenons riches?

60. ABAH : Continue, Moleke… pas de problème… tu as toute mon
attention. (IL APPELLE) Qui est là? Anta? Apporte des rafraîchissements pour mon invité et pour moi.

61. SFX : DES PAS S’ÉLOIGNENT RAPIDEMENT; UNE
PORTE S’OUVRE ET SE REFERME HORS MICRO.

62. ABAH : Oui Moleke, tu disais?

63. MOLEKE : Il y a des gens qui ont fait fortune en faisant pousser des
tomates, des choux, des carottes et des laitues. En particulier des tomates pour les marchés citadins.

64. ABAH : Oui, oui. Mais comment des agriculteurs comme
moi peuvent-ils faire pousser de telles cultures alors que nous n’avons que des pâturages et de la sécheresse? Il est même difficile de faire pousser des céréales en l’absence de beaucoup d’eau. Tu as vu nos terres.

65. MOLEKE : Oui. Croyez-moi. C’est pourquoi je suis revenu.

66. ABAH : Je ne saisis pas.

67. MOLEKE : Je veux vous aider. Vous aussi vous pouvez devenir très riche en changeant vos pratiques agricoles. Convertissez toutes vos terres agricoles en y faisant pousser des tomates, des choux et des carottes à grande échelle. Si vous pouvez convaincre tous les agriculteurs de Mabudi d’en faire de même, je vous promets beaucoup de richesse en très peu de temps. Je transporterai moi même tous vos produits vers les marchés côtiers et je vous rapporterai votre argent.

68. ABAH : (EN EXTASE) Vraiment? Je veux le faire. Mais qu’en
est il de l’eau?

69. SFX : UNE PORTE S’OUVRE ET LE BRUIT D’UN
PLATEAU AVEC DES TASSES DE THÉ ET DES SOUCOUPES ARRIVE AU MICRO ET IL EST ENSUITE DÉPOSÉ SUR UNE TABLE.

70. ABAH : (IMPATIENT) Merci. Laissez tout cela et disparaissez. Je
ne veux voir personne rôder dans mes appartements, est ce clair?

71. SFX : DES BRUITS DE PAS S’ÉLOIGNENT ET UNE
PORTE SE FERME.

72. MOLEKE : Comme je disais, au sujet de l’eau… je suis disposé à payer
pour creuser plusieurs forages afin que l’on puisse pomper l’eau pour irriguer les fermes toute l’année. Je fournirai également les engrais et de jeunes plants de haute qualité. Grâce à ces facteurs de production, il n’y a plus de saisons. Vous pourrez faire vos récoltes de légumes toute l’année.

73. ABAH : (PENSIF) Tu feras cela? Moleke, tu nous aideras vraiment
à devenir riches comme toi?

74. MOLEKE : Oui, votre Majesté. Ce n’est pas sorcier!

75. ABAH : Je suis abasourdi. Hum… je suis très intéressé par ce projet.
Une fois que nous commencerons à gagner de l’argent comme tu le dis, nous devrons te rembourser pour tes dépenses sur les forages et les engrais. Nul doute là dessus.

76. MOLEKE : C’est correct. Aucun problème… aucun problème du tout.

77. ABAH : Cela me fait penser… Que dis ton cousin Yohann de ton
retour?

78. MOLEKE : Croiriez-vous que je ne l’ai pas encore vu? J’ai été très occupé à régler de menus détails de mon entreprise… la situation a été mouvementée.

79. ABAH : Bien évidemment. Il aurait dû venir te voir… Je suis sûr
qu’il a entendu dire que tu es de retour.

80. MOLEKE : Ne faites pas attention à lui. En fait, Abah, j’ai l’intention de récupérer la terre de mon père car je veux aussi cultiver des légumes.

81. ABAH : (ESSAIE DE CHANGER DE SUJET) Du thé, Moleke?

82. SFX : IL VERSE DU THÉ DANS LES TASSES, AU MICRO.

83. MOLEKE : (POURSUIT PENDANT QUE LE THÉ EST VERSÉ)
J’ai besoin de votre appui à ce sujet, Abah. En droit, cette terre m’appartient car je suis le fils légitime de Babamu. Yohann a simplement été adopté et que Babamu lui ait donné la terre ou non, je la veux. J’espère que vous vous occuperez de ce petit problème pour moi.

84. ABAH : (COINCÉ, S’ÉCLAIRCIT LA GORGE) Oui, oui bien
sûr. C’est ton droit et nous sommes à cent pour cent derrière toi. Aucun problème.

85. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 3

86. SFX : UNE CLOCHE TINTE POUR ATTIRER LES
ACHETEURS COMME FOND SONORE PERMANENT DE CETTE SCÈNE.

87. GARAM : (BARATIN PUBLICITAIRE ENTHOUSIASTE) J’ai
les meilleurs tissus et les meilleurs bijoux. Venez acheter! Des marchandises de qualité sont arrivées! Venez. Dépêchez vous. Deux journées de soldes seulement. Dépêchez vous! Ah, bonjour madame Choliba… vous paraissez si radieuse aujourd’hui! J’ai justement quelque chose de parfait pour vous!

88. SFX : FOUILLANT PARMI DIVERS PRODUITS

89. CHOLIBA : (ENFLAMMÉE) Garam, le supermarché ambulant!
Personne ne m’avait dit que vous étiez arrivé. Vite, laissez moi voir ce que vous avez…

90. GARAM : Voilà… regardez comment ce foulard égaie votre visage
et votre teint.

91. CHOLIBA : (CONTENTE DU COMPLIMENT) Oh Garam, vous
dites les plus belles choses… combien cela coûte t il?

92. GARAM : Pour vous madame, je ferai un prix spécial car vous êtes
l’une de mes meilleures clientes. Choisissez tout ce que vous voulez acheter et je vous ferai un prix d’aubaine global.

93. CHOLIBA : Aie, merci… Et pourrais je jeter un coup d’œil sur ces
robes là bas? Elles ont l’air magnifique… très exclusives et chères.

94. GARAM : Oui, madame elles le sont… mais malheureusement ce sont
des commandes spéciales de Babi et Halima, les épouses de Abah. Je ne pourrais vraiment pas vous les vendre.

95. CHOLIBA : (COMMENÇANT À SE LAMENTER) Mais ce sont celles que je veux… je ne voudrais pas que Babi et Halima paraissent plus belles que moi. Ce n’est pas juste. Pourquoi n’avez vous pas apporté les mêmes pour moi?

96. GARAM : Mais madame, vous êtes l’épouse du plus célèbre docteur
indigène de la région… ces articles ne sont pas dignes de vous. Vous, madame, vous êtes dans une catégorie à part et vous devriez avoir des produits exclusifs.

97. CHOLIBA : Votre remarque est judicieuse.

98. GARAM : Choliba? Si vous aviez l’amabilité de me donner de
l’argent, je me ferasi un plaisir de vous rapporter des tissus et des bijoux spéciaux et très exclusifs, seulement pour vous.

99. CHOLIBA : Très bien Garam… Je vous promets de vous donner votre
argent. Mais seulement lorsque vous reviendrez avec les tissus.

100. GARAM : Comme vous voulez… mais il n’y a aucune garantie.
Comment va votre cher mari, Yohann? Et bien sûr Zara et Hassan et les jumeaux?

101. CHOLIBA : Demandez le leur vous même lorsque vous les verrez…
Parlons d’autre chose. Oh, j’ai besoin d’un parfum, un bon.

102. GARAM : En voici un. Sentez le… c’est le dernier cri… assez cher.
Au fait, Choliba… avez vous quelque chose à vendre ou à échanger?

103. CHOLIBA : Pas cette fois ci, non. (PAUSE 2 SECONDES)
ATTENDEZ! Il y a une marmite et quelques assiettes démodées que la défunte femme de mon mari gardait dans un placard. Combien pensez vous pouvoir m’en donner?

104. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET COUPER

SCÈNE 4

105. SFX : UNE PORTE S’OUVRE ET SE FERME; BRUIT DE
QUELQU’UN QUI S’ASSEOIT SUR UN LIT À RESSORTS AFFAISSÉ; TOUTES LES QUELQUES LIGNES, LE LIT GRINCE.

106. ABAH : (SOUPIR DE SATISFACTION) Ah, quelle journée! Je
vous dis que Moleke est plein de bonnes idées… surtout d’idées pour s’enrichir! Babi… ma Reine, viens me frotter le dos… (GÉMISSEMENTS) Je suis si courbaturé!

107. BABI : (EN COLÈRE À PROPOS DE QUELQUE CHOSE) Je
t’en supplie… laisse moi tranquille, Abah.

108. ABAH : (SURPRIS) Babi, qu’est ce qui ne va pas? (AUCUNE
RÉPONSE) Quelqu’un t’a t il contrariée?

109. BABI : Que veux tu dans ma chambre? Va dans la chambre de ta
favorite Titi.

110. ABAH : De quoi parles tu? Qui est la favorite, en dehors de toi?

111. BABI : Vraiment? Alors comment se fait il que le cadeau de
Moleke à Titi était plus beau que le mien?

112. ABAH : Je te demande pardon?

113. BABI : (CRIS) Tu as entendu ce que j’ai dit!

114. ABAH : (PETITS RIRES) Mais ma chère, cela n’a rien à voir avec
moi… Moleke a choisi les destinataires de chacun de ses cadeaux.

115. BABI : Eh bien alors, tu aurais dû lui dire de ne pas lui donner tant
de choses!!

116. ABAH : Je suis désolé Babi… que voudrais tu que je fasse à ce
sujet? Allons… regarde moi au moins…

117. BABI : Je t’ai dit de me laisser tranquille…

118. ABAH : Mais Babi…

119. BABI : Ne me touche pas, Abah Manu, je ne veux ruien savoir de tes absurdités!

120. ABAH : Aie… tu m’as fait mal, Babi! Pourquoi?

121. BABI : J’en ai marre de supporter un vieil homme qui ne peut
jamais tenir aucune de ses promesses.

122. ABAH : Les choses vont bientôt changer, Babi… Grâce à cette affaire de ferme légumière avec Moleke, tu regardes un Abah Manu bourré de fric. Et qui dépensera tout cet argent?

123. BABI : (PEU IMPRESSIONNÉE) Comment pourrais je le
savoir? Peut être votre favorite?

124. ABAH : Arrête de dire des bêtises. Tu sais bien que tu es ma favorite.

125. BABI : Je ne sais rien du tout. Même cette richesse, combien
d’années faudra t il pour l’obtenir et combien de temps durera t elle?

126. ABAH : Bientôt, ma chère, bientôt. Durer? Tu as vu Moleke. Te
semble t il que sa richesse va prendre fin bientôt?

127. BABI : Tout ce que j’obtiens toujours de toi ce sont des promesses.
J’en ai marre de ça. Sors!

128. ABAH : Babi, pourquoi fais tu cela…? Ne pouvons nous pas
simplement nous asseoir et parler?

129. BABI : NON!!!! Vas t en!

130. ABAH : Très bien… Babi, dis moi simplement ce que tu veux et je
te l’obtiendrai. Tout ce que tu veux ma chère… tout ce que tu veux.

131. BABI : Très bien, je veux la nouvelle radio que Moleke t’a
donnée… celle que tu aimes tant écouter.

132. ABAH : Voyons, Babi, sois raisonnable… c’était un cadeau… je ne
peux pas te la donner… Moleke pourrait se sentir offensé… tu peux avoir tout ce que tu veux d’autre – sans problème.

133. BABI : Alors, nous avons un gros problème!! C’est ce que je
veux… je refuse d’attendre une prospérité qui reste à prouver, quelle soit réelle ou non, qui pourrait même ne pas durer.

134. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU DE L’INDICATIF MUSICAL

135. ANIMATEUR : Maintenant mes ami(e)s, nous avons au moins quelques
réponses aux questions que nous nous posions après avoir entendu parler de l’arrivée de Moleke après 20 années passées loin de Mabudi. Mais quelles sont ses véritables intentions? Abah Manu est emballé par le gros projet de culture de légumes à l’année longue. Pour y parvenir, Moleke propose de creuser plusieurs forages pour l’irrigation. Est ce sage? Est ce durable? Creuser tant de puits et planter uniquement des cultures nécessitant beaucoup d’eau aura forcément une incidence importante sur les terres. Entre temps, Abah Manu est totalement enthousiasmé par cette idée. Qui va lui recommander la prudence? Ce projet verra t il le jour? Vous devrez rester à l’écoute pour ne pas rater les prochains épisodes.

136. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)
Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 3

Mars 2006

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Épisode 3

DISTRIBUTION
YOHANN
SHURAHI
BALA MANU
MOLEKE
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1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, SOUTENU 0,05, SORTIE EN FONDU
AMORCE, MONTÉE ET SORTIE EN FONDU…

2. ANIMATEUR : Chers amis, cela fait maintenant deux semaines que Moleke
est retourné à Mabudi en héros conquérant. L’excitation est à son comble! Mais cela fait déjà deux semaines et il n’a toujours pas rendu visite à son cousin Yohann ! Est ce normal, chers auditeurs? Ou même convenable? Qu’est ce qui le retient de contacter Yohann? Eh bien, nos gens ont un proverbe qui dit que vous pouvez courir mais pas vous cacher…

Entre temps, Shurahi, l’agente agricole à Mabudi, s’occupe de ses affaires qui consistent à aider les agriculteurs. Mais la nouvelle entreprise que Moleke veut démarrer l’inquiète énormément. Pourquoi?

Nous savons qu’une personne d’honneur redonne toujours plus qu’elle ne prend. C’est l’entente que nous avons tous avec Mère Nature, et avec nos enfants. Nous devons faire usage de nos connaissances, de notre pouvoir et de notre sueur pour laisser cette terre en meilleur état que nous l’avons trouvée. Mais on dirait que certaines personnes ont tendance à balancer cette vérité par la fenêtre… nous allons bien voir…

Entre temps, tout va bien dans le monde de Yohann.

3. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU DE L’INDICATIF MUSICAL, 0,03 ET SORTIE EN FONDU…

SCENE 1

4. SFX : BRUISSEMENT DE FEUILLES, ARRIVANT AU
MICRO.

5. YOHANN : (IL APPELLE HORS MICRO) Qui est là? Hassan, est ce toi?

6. SHURAHI : (TRÈS SURPRISE, AU MICRO) Ah! Je ne vous avais pas
entendu… Baba [PAPA] Yohann. C’est moi, Shurahi.

7. YOHANN : (AU MICRO) Ah, Shurahi, notre enseignante agricole…
c’est bien que tu sois venue car j’ai du miel frais pour toi. J’arrive tout juste des ruches.

8. SHURAHI : Je sais. Je vous ai vu en passant près de la forêt il y a quelque
temps. (ELLE SE MET À RIRE)

9. YOHANN : (PERPLEXE) Quoi? Shurahi, pourquoi ne t’es tu pas
arrêtée?

10. SHURAHI : (RIANT TOUJOURS) Baba Yohann, vous sembliez si
étrange… tel un monstre effrayant, couvert d’abeilles de la tête aux pieds. (SÉRIEUSE) Comment se fait il qu’elles sont partout sur vous et pourtant ne vous piquent pas, même un peu? C’est une chose que j’aimerais savoir.

11. YOHANN : Elles ne piquent tout simplement pas. Si tu étais venue,
Shura, elles ne t’auraient pas piquée non plus.

12. SHURAHI : Comment pouvez-vous en être certain? Vous leur auriez dit de ne pas me piquer – est ce bien cela?

13. YOHANN : (RIRES) Shura… Je suis certain que tu as entendu les
commérages à mon dujet disant que je parle aux animaux et aux insectes et qu’ils me répondent, hein? Tsk tsk tsk!

14. SHURAHI : (HÉSITANTE) Eh bien…

15. YOHANN : Ne crois pas tout ce que tu entends, ma fille. J’ai eu ma part
de piqûres, crois moi. De nos jours, j’ai appris à respecter les abeilles et à leur montrer que je ne suis pas une menace pour elles.

16. SHURAHI : (SCEPTIQUE) Si vous le dites, Baba Yohann. Pourtant, vous
devriez dire à tout le monde de ne pas essayer de le fauire à la maison car cela pourrait être franchement dangereux (LES DEUX RIENT).

17. YOHANN : De fait, je parle aux animaux! Demande à mes chèvres et à
mes poulets si c’est vrai! De toute façon, j’imagine que tu m’attendais pour une raison?

18. SHURAHI : Oui, Baba Yohann je suis venue… (LE TAQUINANT)
mis à part le fait que j’espérais avoir du miel… je suis venue pour voir comment vont vos récoltes de sorgho et de millet. Baba Yohann, je suis assez inquiète. La saison des pluies avait à peine commencé qu’elle était déjà terminée. À ce rythme là, quelle récolte peuvent espérer les agriculteurs?

19. YOHANN : Tu as raison, nous allons de nouveau faire face à une sécheresse cette année. Les signes ont été très clairs que la sécheresse sera sévère. Mais si un agriculteur fait bien attention, il peut dresser des plans qui assureront de la nourriture pour sa famille, sécheresse ou pas.

20. SHURAHI : En fait, votre ferme est l’une des rares qui marchent bien.

21. YOHANN : Grâce aux graines à maturation rapide que tu m’as données.

22. SHURAHI : Mais vous n’êtes pas le seul agriculteur auquel j’ai fourni ces
semences. J’aime la façon dont vous avez couvert de paille et de feuilles vos planches cultivées. Cela aide votre sol à conserver l’eau de pluie et à ne pas sécher comme dans les autres fermes. J’aime ça! Baba Yohann, j’espère que cela ne vous dérangera pas si je demande à d’autres agriculteurs de venir voir votre ferme.

23. YOHANN : (GÊNÉ) Tu penses? J’ai simplement utilisé les résidus de
la récolte de niébé et la paille de l’année dernière pour protéger les semis parce que je ne voulais pas que le soleil dessèche le peu de pluie qui tombait.

24. SHURAHI : Savez-vous que nous donnons un nom à ce que vous avez fait… recouvrir votre planche semée de paille, de feuilles et d’écorces d’arbre mélangées avec de la terre? Nous appelons cela du paillis.

25. YOHANN : (LA TAQUINANT) N’est ce pas quelque chose? Je sais
quelque chose qu’il y a dans vos livres… moi, Yohann?

26. SHURAHI : (LE GRONDANT) Baba Yohann, vous savez beaucoup plus
de choses que ce que nous avons dans nos livres, permettez-moi de vous le dire, mon cher. En fait, je suis en train d’écrire un livre qui est rempli de tout ce que j’ai appris de vous et d’autres agriculteurs… des choses que je n’ai pas apprises à l’école.

27. YOHANN : (IMPRESSIONNÉ) Tu écris un livre? Hum.

28. SHURAHI : Oui, je dois le faire. (PAUSE UNE SECONDE) Je veux dire,
regardez votre potager! Vous avez rempli d’eau des pots en argile et vous les avez enterrés près de vos plantules de légumes. De cette façon, ils fournissent l’eau directement aux racines. C’est fantastique! C’est moins coûteux et plus facile que l’irrigation au goutte à goutte que j’ai essayé d’introduire chez les agriculteurs.

29. YOHANN : Eh bien, j’ai regardé ta démonstration des ensembles
d’irrigation au goutte à goutte et je les ai beaucoup aimés. Tu sais, tu es la meilleure agente de vulgarisation que nous avons jamais eue. Tu t’intéresses à la fois à ce qui est ancien et à ce qui est nouveau. Je suis très impressionné par ton attitude, Shurahi.

30. SHURAHI : (GÊNÉE, ELLE IGNORE CE COMPLIMENT. APRÈS
UNE PAUSE) Oui, les ensembles d’irrigation sont très bons. Mais votre méthode des pots en argile fonctionne également. La beauté de tout cela, c’est que vous utilisez des matériaux qui sont disponibles localement.

31. SFX : BRUISSEMENTS HORS MICRO, PUIS QUI S’APPROCHENT …

32. BALA : (ARRIVANT AU MICRO) Qu’est ce qui vous rend tous
les deux aussi heureux si tôt le matin? Shura, à quel propos importunes tu Baba Yohann?

33. SHURAHI : (CONTENTE DE LE VOIR) Bala Manu! Ou devrais je
dire Prince Bala Manu! Je n’importune personne. Est ce que je vous importune, Baba Yohann?

34. YOHANN : Nullement! Bala, mon cher jeune homme, comment va ton
père, le [ROI] Abah, cet an ci?

35. BALA : Je n’en ai aucune idée. Il est en consultation avec votre
cousin Moleke jour et nuit; nous le voyons à peine.

36. YOHANN : Il doit s’agir de consultations importantes.

37. BALA : Heuh… alors, Shura, dis moi… qu’essaies tu d’enseigner à
Baba Yohann aujourd’hui?

38. SHURA : (SIFFLETS) Moi? C’est tout le contraire. (EXCITÉE,
SE DIRIGEANT LÉGÈREMENT HORS MICRO) Viens, viens voir quelque chose. N’est ce pas formidable?

39. BALA : (PERPLEXE) Qu’est ce que je vois?

40. SHURA : (IMPATIENTE) Regarde le système d’irrigation que Baba
Yohann a érigé pour son potager.

41. BALA : Parles tu des pots en argile pleins d’eau enterrés dans la
terre?

42. SHURA : Oui. Sais tu que l’eau s’écoule lentement à travers les
parois du pot dans la terre, en fournissant de l’eau directement aux racines des légumes, exactement où là elles en ont besoin? Et comme c’est souterrain, il n’y a pas d’évaporation!

43. BALA : Hum… un pot d’eau mettra beaucoup de temps à filtrer et à
se vider.

44. YOHANN : (RAPIDEMENT) Ah, mais vous devez couvrir le pot.
Sinon, le soleil fera évaporer l’eau avant que les plantes en obtiennent beaucoup.

45. SHURA : (RIRES) Et j’imagine que les moustiques aimeraient s’y
reproduire si vous ne couvrez pas le pot.

46. BALA : (D’UN AIR TAQUIN) Eh bien, Shurahi, nous y sommes…
admets le. En dépit de tes études universitaires, nous, les agriculteurs ordinaires, savons des choses que tu ne sais pas.

47. SHURA : (RIRES) Qui est ce nous? Allons, Bala… je sais que tu
feras un bon agriculteur un jour. Mais, pour l’instant, viens et je vais te donner un conseil sur…

48. BALA : (L’INTERROMPANT) … Tu rêves, Shura!

49. YOHANN : (PETITS RIRES) Les jeunes, je vais vous laisser
argumenter là dessus. Je m’en vais. Quant à toi, Bala, tu ferais bien de l’écouter. Shura est l’une des meilleures agricultrices que j’ai jamais connue.

50. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCENE 2

51. SFX : BRUIT DE GRATTEMENT DANS LE MICRO, ON
FRAPPE À LA PORTE HORS MICRO.

52. YOHANN : (AU MICRO) Qui est là? Veuillez entrer.

53. SFX : LA PORTE S’OUVRE…

54. MOLEKE : (ARRIVANT AU MICRO) Yohann? C’est moi, Moleke!

55. YOHANN : Quelle surprise Moleke! Cela fait combien de temps? Vingt
ans!

56. MOLEKE : Exactement. Oh la la, Yohann, tu as bonne mine!

57. YOHANN : Merci. Et tu as bonne mine aussi. Tu ressembles à un
homme très riche. S’il te plaît, ne veux tu pas t’asseoir?

58. MOLEKE : En réalité, je suis arrivé il y a deux semaines.

59. YOHANN : J’en ai entendu parler. Au fait, merci pour toutes les belles
choses que tu as données à ma femme, Choliba.

60. MOLEKE : Oui, oui. On m’a dit que tou épouse est morte et que tu t’es
remarié. Je t’ai apporté un petit quelque chose. Tiens.

61. YOHANN : Mon Dieu. Moleke… quels sont tous ces? Cette grosse
radio, une montre et un costume français… ah ah ah! Qu’est ce que c’est que tout cela? Moleke, c’est beaucoup trop! Tu sais que je ne pourrai pas utiliser la moitié de ce que tu m’as apporté.

62. MOLEKE : (RIRES) Yohann. Toujours aussi prévisible! En tout cas,
tu accepteras les cadeaux parce que tu es mon frère! Le costume français est peut être un peu trop grand. Je ne me rendais pas compte que tu avais conservé la même taille.

63. YOHANN : C’est pas comme toi. Tu as doublé de volume. Merci pour les
cadeaux. On pourra rétrécir le costume, ne t’en fais pas.

64. MOLEKE : Rien ne semble avoir changé, Yohann… je constate que tu
fais toujours tes mélanges d’herbes et de remèdes…

65. YOHANN : D’après ce que j’ai entendu, je peux dire la même chose
pour toi, Moleke. La question qui se pose est la suivante : pourquoi es tu revenu? As tu eu des ennuis là bas?

66. MOLEKE : (INDIGNÉ) Bien sûr que non! Pourquoi penses tu cela?

67. YOHANN : Parce que je te connais, Moleke. Tu peux berner tous les
autres. Pourquoi es tu vraiment revenu?

68. MOLEKE : Tu penses me connaître… c’était le Moleke d’il y a 20 ans.
Je voulais simplement revenir à la maison.

69. YOHANN : Pourquoi maintenant?

70. MOLEKE : J’ai gagné de l’argent – je veux dire beaucoup d’argent. Je
voulais faire quelque chose de bien pour Mabudi. Tu sais… répandre un peu la richesse autour de moi.

71. YOHANN : Est ce bien vrai? Tu vas tout simplement partager ton argent
avec tout le monde? Très bien. Alors, dis moi, pourquoi es tu resté loin toutes ces années?

72. MOLEKE : (RIRE SIMULÉ) Tu vois, Yohann, mon frère… le jour
où Babamu m’a déshérité, je me suis promis que je lui montrerais que j’étais capable de réussir. Je suis revenu pour lui montrer combien j’étais riche et on m’a appris qu’il était mort! Quel dommage…

73. YOHANN : (EN COLÈRE) Moleke! Pourquoi parles tu comme si tu ne savais pas que Babamu était mort?

74. MOLEKE : Comment aurais je pu le savoir?

75. YOHANN : Oh, ça suffit! Ce n’est pas parce que j’ai décidé de ne rien
dire à personne que je ne sais pas ce que tu as fait.

76. MOLEKE : De quoi parles tu, Yohann?

77. YOHANN : J’étais là et j’ai tout vu. Tu as tué Babamu, alors arrête de
faire semblant.

78. MOLEKE : (CHOQUÉ) Moi, Moleke? Je n’étais même pas là –
comment aurais je pu le tuer?

79. YOHANN : (AVEC TRISTESSE) Je t’ai vu, Moleke. Je t’ai vu sortir
de la chambre de Babamu cette nuit là, et avant que nous ayons pu réagir, il y a eu un incendie terrible qui a rasé tout l’immeuble dans lequel Babamu était enfermé.

80. MOLEKE : Yohann, tu penses vraiment que je suis si malveillant que cela, au point de mettre le feu à ma maison et de tuer mon propre père?

81. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET COUPER

SCÈNE 3

82. SFX : À L’EXTÉRIEUR, PRÈS DU PALAIS DE ABAH, EN BRUIT DE FOND DURANT TOUTE CETTE SCÈNE.

83. SHURAHI : (ARRIVANT AU MICRO) Hey Bala! Abah est il là?

84. BALA : (CONTENT, AU MICRO) Shurahi! Que se passe t il?

85. SHURAHI : (AU MICRO) Regarde Bala, peux tu présenter des excuses pour moi?

86. BALA : Des excuses pour quoi?

87. SHURAHI : J’avais un rendez vous avec Abah mais vois comme je suis sale? Je ne peux pas y aller comme ça. Je reviendrai peut être ce soir, après avoir fait ma toilette.

88. BALA : Tu as vraiment l’air d’avoir pris un bain de boue… comment as tu fait pour être si… je veux dire…

89. SHURAHI : (L’INTERROMPANT) Sale? Dis le, Bala! Je sais que je
sens mauvais. Si tu avais creusé des tranchées de fertilité toute la journée et manipulé du fumier et du compost, tu ne sentirais pas bon non plus, je te le promets.

90. BALA : Des tranchées de fertilité? Qu’est ce que c’est?

91. SHURAHI : Ce sont des tranchées profondes que l’on creuse et que l’on
remplit de couches de terre et de produits végétaux comme des mauvaises herbes, de l’herbe, du fumier et des déchets ménagers.

92. BALA : Est ce que cela ne ressemble pas à un tas de compost?

93. SHURAHI : Un peu. Oui. Mais sous la terre. L’important avec une tranchée de fertilité c’est que, si tu la creuses au début ou au cours de la saison des pluies, les matières organiques qui s’y trouvent absorberont et retiendront l’eau pour les cultures que tu planteras au dessus des tranchées pendant la saison sèche.

94. BALA : Wow, Shura, tu es en train de me dire que tu as vraiment
creusé des tranchées… sur quelle ferme?

95. SHURAHI : La ferme de Pongo, et oui j’ai vraiment creusé avec les
garçons de Pongo, et même avec sa femme. Tout le monde a mis la main à la pâte. Même les petites filles ont porté les petits seaux d’eau avec lesquels nous avons arrosé la couche de déchets pour faciliter leur pourrissement.

96. BALA : Il va falloir que tu me montres comment on fait. Mais je ne
te laisserais pas te salir autant si tu venais m’aider dans ma ferme.

97. SHURAHI : Je ne sais pas de quoi tu parles. Est il possible de travailler
dans une ferme sans se salir?

98. BALA : Mais tu n’as pas à faire réellement de travail… tu es une
diplômée universitaire pour l’amour du ciel!

99. SHURAHI : (INDIGNÉE) C’est tellement… euh! Je veux dire, j’ai
étudié l’agriculture parce que je voulais être une agricultrice pour aider les autres agriculteurs. Alors qu’attends tu que je fasse?

100. BALA : Ne te fâche pas ainsi! De toute façon, ce que tu fais ici à
Mabudi est admirable. Mais je sais que tu en auras bientôt marre et que tu iras à la ville pour occuper un bon emploi dans un bureau.

101. SHURAHI : (LES DEUX RIENT) Parfait, pas de problème. Le jour où
tu partiras pour la ville, moi aussi je le ferai. Qu’en penses tu?

102. BALA : (RIANT TOUJOURS) Très bien, très bien. Au fait, Shura,
as tu entendu les dernières nouvelles concernant l’idée d’utiliser toutes les terres à Mabudi pour cultiver des tomates?

103. SHURAHI : (L’AIR GRAVE) Oui, tout le monde en parle. Je suis
même venue pour parler des dangers de cette idée à Abah.

104. BALA : Des dangers? Comment cela?

105. SHURAHI : Bala, écoute bien. La majorité des terres entourant Mabudi
sont trop sèches; elles ne conviennent pas à des cultures gourmandes en eau comme les tomates, surtout à une si grande échelle.

106. BALA : Je suis d’accord, mais je crois comprendre que Moleke
s’organisera pour creuser des forages en vue d’obtenir l’eau nécessaire pour irriguer les jardins.

107. SHURAHI : Oui, c’est ce que ton père Abah m’a dit. En fait, c’est la
pire chose qui pourrait arriver à Mabudi.

108. BALA : Pourquoi dis tu cela, Shura?

109. SHURAHI : J’ai entendu dire que l’on allait creuser une dizaine de
forages ou davantage. Ce qui m’effraie, c’est que l’utilisation d’une telle quantité d’eau épuisera les réserves souterraines et alors nous aurons vraiment des ennuis. Tout deviendra de la poussière. Il y en a pour dix ans au maximum.

110. BALA : Je suis persuadé que tu sais de quoi tu parles, mais cela
peut il aller aussi mal?

111. SHURAHI : Si seulement ce n’était pas vrai, mais j’ai vu cela arriver
ailleurs, crois moi. Planter la même culture chaque année ne fera pas de bien non plus. Le sol sera appauvri de ses nutriments. Peut être qu’il y aura une bonne récolte au début, mais cela ne durera pas. La terre deviendra poussiéreuse et sèche.

112. BALA : (PENSIF) Hum… Quand tu as dit cela à mon père, qu’a t il
répondu?

113. SHURAHI : (SOUPIRS) J’ai bien peur qu’il ne m’ait pas crue. Moleke a
endoctriné tous les gens en leur faisant miroiter qu’ils allaient devenir millionnaires. Personne ne veut entendre une opinion contraire.

114. BALA : C’est dommage. Je vais essayer de lui parler… de lui
raconter tout ce que tu m’as dit. Cependant, j’ai bien peur qu’il ne m’écoute pas non plus.

115. SHURAHI : Bala, tu vas devoir faire beaucoup d’efforts. Je te dis que
tout ce projet est une mauvaise idée.

116. BALA : Très bien. Maintenant peux tu me dire comment on fait des
tranchées de fertilité.

117. SHURAHI : (RIRES) Bala! Tu penses encore aux tranchées de fertilité?

118. BALA : Bien sûr. J’aime l’idée. En outre, j’aimerais en faire quelques unes pour attraper l’eau avant que les pluies cessent. Alors dis moi, veux-tu?

119. SHURAHI : (AMUSÉE) Sais tu comment les gens appellent quelqu’un
comme toi dans ma ville natale?

120. BALA : (AMUSÉ) Quoi?

121. SHURAHI : Une igname grillée brûlante! Parce que tu dois la manger
avant qu’elle refroidisse.

122. BALA : Très bien – alors maintenant tu sais. Parle moi rapidement
de ces tranchées de fertilité…

123. SHURAHI : Très bien, très bien. Ce n’est pas trop difficile. Tu dois
creuser une tranchée… d’un mètre de profondeur… si tu te tiens debout dans la tranchée, elle doit t’arriver à la taille, Bala. Creuse la d’un mètre de large… utilise une corde pour mesurer de tes pieds jusqu’à ta taille, cela fait environ un mètre. En longueur, elle doit avoir au moins six mètres ou plus, si tu veux avoir davantage d’espace à cultiver.

124. BALA : Très bien, un mètre de profondeur, un mètre de largeur et
six mètres de longueur. Et ensuite?

125. SHURAHI : Ensuite, tu remplis la tranchée. Tu fais une première couche en mettant des détritus et des choses qui peuvent se décomposer… tu sais… des mauvaises herbes, de l’herbe, des tiges de maïs, des os, des déchets ménagers, du fumier… depuis le fonds de la tranchée jusqu’à 30 centimètres de hauteur.

126. BALA : Attends, que je saisisse bien tout cela… je mets 30 centimètres de détritus dans la tranchée… cela fait combien exactement?

127. SHURAHI : Voyons, monsieur l’igname grillée brûlante! (LES DEUX
SE METTENT À RIRE) Très bien, Prince Bala. Il n’y a pas de mesure exacte dans ces choses-là… tu peux évaluer 30 centimètres comme étant la distance entre ton coude et ton poignet. Cela fait ta première couche de détritus qui peuvent pourrir…

128. BALA : (L’INTERROMPANT) Dois je mettre ma main dans les
détritus pour mesurer jusqu’à mon coude? Beurk!

129. SHURAHI : Bala, sois sérieux! Le beurk deviendra en fait rapidement
de la bonne nourriture végétale. De toute façon, si tu préfères,
tu peux mesurer cela avec une corde. Ensuite, il faudrait répandre un peu d’eau sur les détritus, environ deux seaux si tu en as. Cela contribuera à faire pourrir les détritus.

130. BALA : Merci Shura. J’ai bien compris.

131. SHURAHI : Attends! Je n’ai pas terminé. Tout ce que tu as, pour
l’instant, c’est un trou profond avec un peu de détritus. Si tu laisses tout comme cela, la pluie en fera une piscine et les gens vont tomber dans le trou et se noyer.

132. BALA : (IMPATIENT) Très bien, la suite!

133. SHURAHI : Maintenant, tu ajoutes 10 centimètres de terre… c’est à dire de ton poignet jusqu’à la base de ton majeur, d’accord? Après, il faut ajouter 30 autres centimètres de déchets organiques, puis 10 centimètres de terre, en couches comme cela. Ensuite, tu remplis la tranchée de déchets un peu en dessous du niveau du sol pour permettre aux eaux de ruissellement de s’écouler dans la tranchée, et puis une fine couche de terre. Enfin, tu recouvres la tranchée d’une couche de feuilles et d’herbes pour empêcher le sol de sécher.

134. BALA : Parfait. Et que dois je faire avec cette tranchée lorsque j’ai
terminé? Hé, Shura?

135. SHURAHI : Es tu en train d’essayer de m’agacer? Pourquoi ai je gaspillé tout ce temps à te parler des tranchées de fertilité si tu ne sais même pas à quoi elles vont te servir?

136. BALA : (RIRES) Je te taquinais simplement … Bien sûr que j’en ai besoin. Je sais que je pourrai y planter des choses vraiment bonnes – des patates douces, des légumes, du melon d’eau, toute la gamme…

137. SHURAHI : Tu peux même faire pousser des arbres fruitiers, savais tu
cela? De toute façon, j’ai assez parlé pour aujourd’hui. (S’ÉLOIGNANT DU MICRO) Au revoir, Bala, je rentre à la maison…

138. MUSIQUE : MONTÉE GRADUELLE ET SOUTENUE DE L’INDICATIF MUSICAL, PUIS BAISSE …

139. ANIMATEUR : Eh bien, mes amis. Les cousins se sont enfin retrouvés face
à face et la rencontre n’a pas été très agréable, avec des accusations et des démentis. Qui dit la vérité au sujet de la mort de Babamu, leur père? Seul le temps nous le dira.

Aujourd’hui, nous avons appris beaucoup de choses à la fois sur les anciennes et les nouvelles méthodes culturales. Yohann et Shurahi! Quel duo! Vous ne trouverez jamais une paire de gens plus différents et à la fois aussi semblables. Bala Manu, le Prince de Mabudi, reste à proximité de ces deux là, cet an-ci. Quel homme intelligent! Ne devrions nous pas également faire très attention? Juste aujourd’hui, j’ai appris comment pailler mes planches de culture et mes billons pour minimiser la perte d’humidité, hum… comment irriguer mes plantes en utilisant des pots en argile enterrés et en creusant des tranchées de fertilité… je suis impatient d’essayer ces pratiques dans ma ferme. Et je parie que vous êtes impatients de savoir ce qui va se passer dans ma petite ville natale, Mabudi. Il vous suffit de rester à l’écoute.

140. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 4

Mars 2006

____________________________________________________________________________

Épisode 4

DISTRIBUTION
MOLEKE
ABAH MANU
BABI
CHOLIBA
SULEIMAN
TITI

1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, SOUTIEN ET BAISSE…
AMORCE ET TITRE DE L’ÉMISSION, etc. MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET BAISSE…

2. ANIMATEUR : Bienvenue mes amis dans notre petit village tranquille de
Mabudi qui est à deux doigts d’une crise importante. Que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, il suffira d’attendre pour le savoir… Entre temps, l’attention d’Abah Manu est complètement centrée sur le projet qui rapportera les millions promis par Moleke. Rien de surprenant qu’ils s’entendent comme larrons en foire ces jours ci?

À mesure que le projet de Moleke visant à cultiver uniquement des tomates et des légumes à salade sur des terres surtout inadéquates atteint sa vitesse de croisière, Abah Manu semble avoir attrapé la fièvre de la cupidité pour laquelle il n’existe aucun remède. Jusqu’où iront ces deux là pour satisfaire leur Dieu de l’argent? Cela pourrait vous surprendre… en tout cas ouvrons les oreilles.

3. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET
SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 1

4. SFX : BRUITS DE PAS ALORS QUE MOLEKE ENTRE
PARMI DES GENS EN PLEINE DISCUSSION.

5. MOLEKE : (ARRIVANT AU MICRO, À VOIX HAUTE) Bonjour,
notre cher Père de Mabudi.

6. ABAH : (AU MICRO) Ah – ah – ah, voici le fils bien aimé de la
terre, le Grand chef lui même, Moleke.

7. MOLEKE : (AU MICRO) Merci beaucoup, mon Roi.

8. ABAH : En fait, je t’attendais, illustre fils de la terre.

9. MOLEKE : Je suis très honoré, votre Altesse.

10. ABAH : (COMME À LA BLAGUE) Eh bien, comme vous pouvez
le voir, lorsqu’un petit poisson veut se nourrir de l’appât qui se trouve sur l’hameçon d’un pêcheur, il s’éclipse à l’arrivée d’un gros poisson (RÉACTIONS AVEC QUELQUES VOIX INAUDIBLES)

11. MOLEKE : (PETITS RIRES) Vous avez raison, mon Roi.

12. ABAH : (MAINTENANT SÉRIEUX) Simplement dit, je veux
que tout le monde sorte de ce palais car j’ai une question très importante à discuter avec le poisson d’or de Mabudi. Alors, fichez moi le camp!

13. SFX : BRUITS DE PAS MULTIPLES, LÉGER VACARME ALORS QU’ILS PARTENT EN VITESSE ET OFFUSQUÉS.

14. MOLEKE : (APRÈS UN BREF SILENCE) Une fois encore, je suis
très honoré.

15. ABAH : Tu mérites bien davantage que ce que tu obtiens, Moleke.

16. MOLEKE : Merci, mon Roi.

17. ABAH : (EXCITÉ) Alors, as tu arpenté le champ de sorgho que tu
veux pouvoir utiliser pour la culture des tomates?

18. MOLEKE : (PAS IMPRESSIONNÉ) Je l’ai fait.

19. ABAH : Es tu satisfait de ce que tu as vu?

20. MOLEKE : Eh bien, à titre d’homme d’affaires expérimenté, je peux
vous dire que ce champ, malgré sa superficie, est nettement plus petit que ce dont nous avons besoin.

21. ABAH : (DÉPITÉ) Vraiment?

22. MOLEKE : Oh oui! Les apports que j’envisage pour la terre, comme les
forages, le projet d’irrigation, un entrepôt d’engrais, un magasin de semences, etc. … auront besoin d’un très grand terrain. Et surtout en tenant compte de la réaction des gens face au projet jusqu’à présent.

23. ABAH : Je suis satisfait de la réaction des gens. Elle est très
encourageante. Alors que faisons nous maintenant, mon Grand chef?

24. MOLEKE : C’est simple.

25. ABAH : (SATISFAIT) Très bien. J’ai confiance que tu auras toujours plusieurs solutions à tout problème. J’écoute ce que tu as à ajouter.

26. MOLEKE : Vous devez y ajouter le pâturage.

27. ABAH : (SURPRIS) Le pâturage?

28. MOLEKE : Oui. N’hésitez pas à le céder pour ce projet que j’ai amené
à Mabudi et qui va rapporter gros.

29. ABAH : (BÉGAIEMENTS) Ma…ma….mais, je pensais que le
pâturage ne conviendrait peut être pas à des cultures aussi avides d’eau. Les terres sont en hauteur, très sèches, assez rocailleuses et éloignées de la rivière et des cours d’eau.

30. MOLEKE : Une terre est une terre. Ce que vous dites relève
probablement de rumeurs que font courir les bergers paresseux de Mabudi afin de pouvoir conserver les terres pour leur usage personnel.

31. ABAH : (PAS TRÈS CONTENT MAIS IL SE RALLIE) Vous savez
que vous avez un argument, mon Grand chef. (PETITE PAUSE) Oui! Après tout, à d’autres endroits les bergers sont nomades. Laissons nos bergers se déplacer aussi à la recherche de pâturages ailleurs.

32. MOLEKE : Précisément. Ils ne restent pas collés à un seul endroit
comme ils le font ici. Il faut également dire à nos bergers de se déplacer et d’aller faire paître d’autres terres.

33. ABAH : Le problème est que, au fil des ans, ce bout de pâturage a
été réservé pour les bergers de notre village et de Jantale.

34. MOLEKE : Il faut que cela change. Après tout, le projet de tomates de
plusieurs millions de naira [UTILISER LA DEVISE LOCALE] est aussi pour ce village.

35. ABAH : Tu as raison encore une fois, Moleke. Mais est ce que les
gens ne vont pas protester violemment si on leur retire cette terre?

36. MOLEKE : N’êtes vous plus le grand Roi de Mabudi?

37. ABAH : (RAVI) Évidemment que je le suis.

38. MOLEKE : Tout ce que vous avez à faire c’est de donner un ordre que
dorénavant personne ne pourra faire paître cette terre, et que quiconque le fera en répondra amèrement devant son Altesse. C’est tout.

39. ABAH : (RIANT) Moleke. À t’entendre, c’est si facile. De toute
façon, nous verrons bien.

40. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET COUPER À…

SCÈNE 2

41. SFX : À L’EXTÉRIEUR : BRUITS DE POULETS ET DE
CHÈVRES COMME BRUIT DE FOND HORS MICRO. DES PAS RAPIDES VIENNENT VERS LE MICRO.

42. CHOLIBA : (ARRIVANT AU MICRO) Hello, Reine de Mabudi.

43. BABI : (AU MICRO) Choliba , tu peux répéter cela.

44. CHOLIBA : Notre chère Reine, beauté de la terre, celle que l’on doit
apprécier et honorer (LES DEUX SE METTENT À RIRE)…

45. BABI : Je suis si contente que tu sois venue.

46. CHOLIBA : Comment aurais je pu faire autrement? Comment oserais je
dire non à mon amie Babi, la Reine elle même?

47. BABI : Merci, Choliba.

48. CHOLIBA : Babi, asseyons nous sous cet arbre et je vais tresser tes cheveux..

49. BABI : Sous cet arbre? Euh… non.

50. CHOLIBA : Très bien – où alors?
.
51. BABI : Allons là bas, derrière la fenêtre de la chambre de Titi.

52. CHOLIBA : Ta co reine?

53. BABI : (CLAQUEMENTS) Quelle co reine? Il n’y en a qu’une,
ma chère Choliba.

54. CHOLIBA : (RAPIDEMENT) Évidemment! À quoi pensais je?

55. BABI : Oui. Asseyons nous ici. Je veux qu’elle voit de quelle
façon tu vas me faire de nouveau la plus belle coiffure du village.

56. CHOLIBA : Ma Reine, tu as recommencé. Eh bien, si tu le dis. (SILENCE) Laissz moi t’aider à transporter nos tabourets.

57. SFX : DES TABOURETS SONT PLACÉS SUR LE SOL NU.

58. BABI : Honnêtement, je suis heureuse que tu sois venue, Choliba.

59. CHOLIBA : Bon. Très bien. Tiens ta tête de cette façon afin que je puisse
tresser un chef d’œuvre pour attirer Abah et le rendre fou. (ELLES RIENT).

60. BABI : Pas seulement cela. Je veux que cette coiffure fasse vraiment augmenter la jalousie de ses autres épouses.

61. CHOLIBA : Tu as raison, ma Reine, et tu peux me faire confiance car je vais faire de mon mieux…

62. BABI : Tu sais que j’ai maintenant le contrôle sur Abah. Je ne veux pas me vanter mais il fera tout ce que je veux. Si je n’aime pas quelque chose ou quelqu’un, c’est comme ça… c’est terminé.

63. CHOLIBA : (EN JUBILANT) Ça… c’est le p o u v o i r! Tout le
monde à Mabudi sait cela. C’est un commérage populaire dans le village, mais je ne te blâme pas. C’est ce que tu mérites avec ton mélange de beauté et de jeunesse avec la royauté.

64. BABI : Oh Choliba! Quelles belles paroles, ma fille!

65. CHOLIBA : En fait, on raconte que lorsque Abah est au tribunal, il fonde ses jugements sur les expressions de ton visage – sur la façon dont tu réagis aux problèmes et aux personnages impliqués.

66. BABI : Eh bien, je n’en sais rien, Choliba…

67. CHOLIBA : Mais c’est vrai! Habituellement, il suspend les audiences
lorsque son Altesse Babi a besoin de son attention.

68. BABI : (ELLES RIENT) Choliba, tu est méchante!

69. CHOLIBA : Mais, Babi, ne le prends pas dans le mauvais sens… même
si tout démontre qu’il t’aime, je ne pourrais personnellement pas partager mon mari Yohann avec une autre femme.

70. BABI : Cela dépend. Même si je suis la dernière épouse en date, j’ai le
pouvoir d’empêcher Abah de passer la nuit dans la chambre de ses autres épouses si je le veux.

71. CHOLIBA : Vraiment?

72. BABI : Je ne plaisante pas. Crois moi. Laisse moi te dire, il ne peut
pas rendre visite, même à Titi, sans mon autorisation.

73. CHOLIBA : Et comment Titi prend elle cela?

74. BABI : Peu importe? Elle n’a pas le choix. Si elle ne fait pas
attention, elle sera jetée hors du palais comme elle le mérite. Après tout, elle est arrivée ici sans véritables rites du mariage.

75. CHOLIBA : Wow, Babi, c’est une situation explosive! Pas de rites du
mariage?
.
76. BABI : En ce qui me concerne, Titi est une simple concubine
pensionnaire (ELLES RIENT).

77. CHOLIBA : (PARLANT DOUCEMENT) Parlons gentiment et
silencieusement.

78. BABI : Je reste près de sa fenêtre pour me faire tresser les cheveux
et peu m’importe si elle peut m’entendre. Parlons. Je m’occuperai d’elle.

79. CHOLIBA : (À BABI) Tourne ta tête par ici (SILENCE) Oui, oui…
(SURPRISE) Ha!

80. BABI : Qu’y a t il, Choliba?

81. CHOLIBA : Quelle magnifique bague en or à ton doigt, Babi!

82. BABI : Ah! Je l’ai prise à Abah. Et cette radio très coûteuse que
Moleke lui a donnée m’appartient dorénavant.
.
83. CHOLIBA : Tu veux dire qu’après tous les cadeaux spéciaux dont
Moleke t’a couverte, à titre d’épouse favorite de Abah, tu lui as en plus pris cela?

84. BABI : Tu n’a encore rien entendu!

85. CHOLIBA : S’il te plaît, ma Reine, dis moi ce qui se passe?

86. BABI : Le Abah va décerner des titres de chef pour célébrer son
anniversaire.

87. CHOLIBA : Oh oui? Et j’ai entendu dire que Moleke va finalement et
officiellement recevoir l’honneur de Grand chef, même s’il a déjà commencé à répondre à ce titre.

88. BABI : Eh bien, Choliba, ce même jour, ton amie Babi, la Reine
favorite de Mabudiland, ma très noble et sincère moi même, sera honorée du titre le plus méritoire de «très honorable Reine en chef du coeur du Roi».

89. CHOLIBA : Wow! Babi, je jure devant Dieu, tu es si chanceuse
(ELLES SE CONGRATULENT EN SE TAPANT UNE MAIN)! Quiconque n’aime pas cela peut aller se faire pendre ailleurs!

90. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 3

91. SFX : DES BRUITS DE PAS PRESSÉS.

92. SULEIMAN : J’ai entendu dire que vous aviez envoyé me chercher, votre
Altesse.

93. ABAH : C’est vrai. Eh bien, sans formalités inutiles, va dire à tes
collègues bergers de Mabudi et de Jantale que, dorénavant, personne ne sera à nouveau autorisé à faire paître son bétail sur le pâturage communal situé entre les deux collectivités.

94. SULEIMAN : (CHOQUÉ) Quoi?!

95. ABAH : Le pâturage ne peut se faire qu’à l’extrémité nord est près de la frontière entre les deux villages, est ce compris?

96. SULEIMAN : Mais pourquoi?

97. ABAH : Parce que j’en ai décidé ainsi et que c’est final.

98. SULEIMAN : (RAILLERIES) Cela ne peut pas être final, Abah.

99. ABAH : J’ai dit que c’était final et c’est ainsi. Personne, je répète
personne, n’a le pouvoir de dire non quand moi, le Abah de Mabudi, je dis oui.

100. SULEIMAN : Je ne peux transmettre ce message à mes collègues bergers.
Pas même si j’étais le Abah moi même.

101. ABAH : Pourquoi, si je peux me permettre de poser cette question?

102. SULEIMAN : C’est le pâturage où nous avons tous fait paître nos troupeaux depuis des siècles. Une terre que nous avons héritée de nos ancêtres. Comment quelqu’un peut il soudain décréter que la terre ne nous appartient plus? Impossible!

103. ABAH : En autant que cette décision est à l’avantage de la majorité
des habitants de Mabudi, pas même toi ni tous tes bergers réunis ne peuvent la modifier.

104. SULEIMAN : (RIANT) Je connais la raison sous jacente à ce vague et
prétendu amour sans fondement pour «la majorité des habitants de Mabudi». Vous voulez prendre la terre pour votre projet de culture de tomates. À votre avis, qui va être ridiculisé?

105. ABAH : (SE METTANT EN COLÈRE) Comment oses tu me
parler avec une telle insolence, Suleiman?

106. SULEIMAN : Vous avez toujours été cupide et égoïste, jamais lassé de
désirer le bien d’autrui.

107. ABAH : De quoi parles tu?

108. SULEIMAN : Permettez moi de vous rappeler, mon Roi… que vous
échouerez avec ce projet tout comme vous avez échoué dans votre tentative en vue de voler ma future épouse.

109. ABAH : (APPELANT) Gardes, gardes!

110. SULEIMAN : Tout comme vous avez été contrarié et humilié en public à propos de ma future épouse, c’est à nouveau la honte et la disgrâce qui vous attendent à ce sujet.

111. ABAH : (APPELANT) Gardes, gardes! Venez et débarrassez cette ordure nauséabonde de ma vue.

112. SULEIMAN : Aucun garde n’osera me toucher. Tout comme je suis venu
ici de mon propre chef sans y être obligé, ainsi je repartirai. Mais, mon Roi, je vous promets que vous serez humilié en public et déshonoré.

113. SFX : BRUITS DE PAS PRÉCIPITÉS ALORS QUE
SULEIMAN QUITTE EN COLÈRE.

114. ABAH : (AU MICRO) Suleiman. Tu oses me parler sur ce ton? Je
te le dis, tu le regretteras.

115. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 4

116. SFX : ON FRAPPE DOUCEMENT À LA PORTE.
SILENCE. ON FRAPPE À NOUVEAU.

117. ABAH : Titi. Titi? (PAS DE RÉPONSE) Titi, je sais que tu es là.
(SILENCE) Ouvre moi la porte.

118. TITI : (HORS MICRO) Que viens tu faire dans ma chambre à
cette heure de la nuit?

119. ABAH : Quel genre de question est ce là, Titi? Tu veux dire que, étant ton mari, je ne peux pas venir dans la chambre de mon épouse quand je veux? (SILENCE) Eh bien, ouvre simplement la porte pour commencer.

120. TITI : Alors, que veux tu? Que veux tu après avoir dit à tout le
monde que je suis une simple concubine pensionnaire et pas même une épouse?

121. ABAH : Comment aurais je pu dire une telle absurdité à qui que ce
soit? Pas même sous l’influence de l’alcool.

122. TITI : Tu le nies. Tu le nies parce que c’est la nuit et que tu es là
essayant désespérément de dissiper tes émotions.

123. ABAH : Je ne te comprends pas du tout, Titi.

124. TITI : (SARCASTIQUE) Avant de venir ici, as tu obtenu la permission expresse et l’autorisation de cette espèce d’épouse à grande bouche appelée Babi?

125. ABAH : Oh, je vois. Je vois. Moi, moi le Abah de Mabudi, j’ai besoin
de l’autorisation de Babi pour venir te voir? J’espère bien que non.

126. TITI : Laisse moi simplement seule. Même si je suis une simple
concubine pensionnaire, j’ai encore la serrure et la clé de ma vie privée.

127. ABAH : Quel genre de drame est en train de se dérouler ici?

128. TITI : Un drame? C’est la réalité. Tu n’es rien d’autre qu’un
tricheur et le serviteur de Babi.

129. ABAH : Moi? Moi? Moi? Le serviteur de Babi? Tu dépasses les bornes, Titi.

130. TITI : Dis moi, alors dis moi comment il se fait que la radio que
t’a donnée Moleke en cadeau se trouve maintenant entre les mains de Babi?

131. ABAH : Mais Titi! Cette radio est dans ma chambre au moment où je te
parle.

132. TITI : Allons donc, qui pourrait bien te croire? Et qu’en est il de la bague en or, toi, espèce de menteur?

133. ABAH : La bague en or?

134. TITI : Eh bien, je connais tous tes plans. Je connais tes projets
d’honorer Babi avec un titre de chef.

135. ABAH : Titi, Titi. Au début c’était la radio, et puis la bague en or, et
maintenant le titre de chef…

136. TITI : (L’INTERROMPANT) Et ai je tort en quoi que ce soit?
Penses tu que je suis une idiote? Oses tu me contredire maintenant? Peux tu?

137. ABAH : On peut régler gentiment ces questions sans se battre ni se
quereller. Ouvre la porte.

138. TITI : Permets moi de te mettre en garde, je ne resterai pas ici comme une ancienne épouse non élue, subordonnée à Babi, et je n’avalerai pas toutes tes idioties.

139. ABAH : Ouvre simplement la porte, Titi.

140. TITI : À titre d’épouse plus ancienne que Babi, je dois obtenir cet
honneur avant elle, sinon je te promets toute une scène ce jour là.

141. ABAH : Laisse moi entrer. Nous pouvons régler tout cela. Allons,
Titi.

142. TITI : Non, Abah. La concubine pensionnaire n’est pas disponible
ce soir.

143. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, MAINTIEN ET SORTIE EN FONDU…

144. ANIMATEUR : Lorsqu’un roi décide d’être cupide, égoïste et insensible, cela se manifeste non seulement dans sa relation avec ses sujets, mais également sous son propre toit. La ligne de front est tracée et Titi a dénoncé Abah Manu pour son traitement inégal de ses épouses. Je me demande ce qui va se passer par la suite. Vous devrez absolument être à l’écoute du prochain épisode.

145. MUSIQUE : FONDU GRADUEL DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 5

Mars 2006

___________________________________________________________________

Épisode 5

DISTRIBUTION
YOHANN
KOI KOI
SULEIMAN
BALA MANU
ABAH MANU
MOLEKE
CHOLIBA
ZARA
__________________________________________________________________

1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, SOUTIEN ET BAISSE…
AMORCE, MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET BAISSE…

2. ANIMATEUR : Chers amis, bienvenue à ce nouvel épisode de notre histoire
du village de Mabudi, qui connaît d’importants changements depuis le retour de son fils prodigue Moleke il y a un an. Oui! Toute une année s’est écoulée et le projet de culture unique à grande échelle de tomates et de légumes à salade sur les prairies, incluant l’ancien pâturage communal, est à son apogée. Aujourd’hui, plus personne ne fait pousser de céréales ou d’autres cultures. Les temps sont durs pour les bergers à Mabudi car on a accaparé les pâturages, et la bande de terre qui subsiste devient surpâturée et dégarnie. Il faut trouver une solution d’urgence, mes amis… Vont ils la trouver?

Conformément à sa promesse, le «Chef» Moleke a bien fait creuser au moins une douzaine de forages et installer des machines pour pomper l’eau sur tous les champs. Moleke est également le chef acheteur et transporteur des produits frais vers la côte. Certains de nos voisins retiennent leur respiration et attendent avec impatience la prospérité promise. Va t elle se matérialiser?

Mais que pense vraiment le Prince Bala Manu de l’étroite amitié qui lie Moleke et son père? Et quel type de leader est ABAH MANU? Nos ancêtres avaient l’habitude de dire que le leadership est pour ceux qui ont un cœur de serviteur mais qui se préoccupent du sort de leurs gens. Abah Manu est il à la hauteur? (PAUSE) Je parle trop. Dépêchons nous d’écouter Yohann et ses amis nous parler de leur vie, des changements, des nouvelles valeurs…

3. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU DE L’INDICATIF MUSICAL…

SCÈNE 1

4. SFX : EN EXTÉRIEUR À LA FERME DE YOHANN.
BRUITS DE POULETS, DE CHIENS ET DE CHÈVRES ET PAR MOMENT DE MOUTONS COMME BRUITS DE FOND.

5. YOHANN : Koi koi, mon très bon ami. Applique simplement les herbes
selon mes instructions.

6. KOI KOI : Merci Yohann pour toute ton aide. J’aurais dû venir te
voir plus tôt.

7. YOHANN : Avant que tu aies terminé avec ces herbes, chacun des membres de ta famille devrait commencer à se sentir beaucoup mieux.

8. KOI KOI : Merci, mon ami, de mettre ta bonne connaissance des herbes aussi facilement à la disposition de ma famille et de moi même.

9. YOHANN : Nous remercions Dieu et Mère Nature. Quant à moi, je n’ai
fait rien d’autre que d’utiliser une partie des dons que Dieu m’a aimablement donnés.

10. SFX : BRUITS DE PAS. GLOUSSEMENTS DE POULES,
GROGNEMENTS D’UN CHIEN SIGNIFIANT QUE QUELQU’UN APPROCHE.

11. KOI KOI : Est ce le berger Suleiman qui arrive? Mon Dieu, il a l’air
amaigri!

12. YOHANN : Oui, c’est lui. Le pauvre homme revient tout juste d’un voyage de pâturage avec toute sa famille. Ils étaient partis depuis plus de deux mois.

13. SFX : BRUITS DE PAS ET VACARME DE SEAUX ET DE
CUVETTES APPROCHANT DU MICRO.

14. KOI KOI : Ah ah ah, Suleiman… Tu as l’air épuisé, mon ami!

15. SULEIMAN : Ah, Koi koi, mon ami de Jantale. Comment vas tu?

16. KOI KOI : Pas trop mal, à l’exception de la malaria qui menace ma
famille.

17. SULEIMAN : Si c’est le cas, avec Yohann dans les parages ton problème est quasiment résolu (ILS SE METTENT À RIRE)!

18. YOHANN : C’est précisément la raison de sa venue… tu peux voir qu’il
a déjà les herbes.

19. SULEIMAN : Dieu continuera de nous aider.

20. YOHANN : Suleiman, comment s’est passé ton voyage de pâturage?

21. SULEIMAN : Hum, Yohann … cette vie de nomade que l’on a été obligé
de commencer à la vieillesse? Ce n’est pas facile.

22. KOI KOI : Je crois comprendre que vous avez été partis pendant huit
bonnes semaines.

23. SULEIMAN : Oui, Koi koi. Presque huit semaines de stress et de difficultés évitables pour ma famille.

24. YOHANN : Je sais, Suleiman.

25. SULEIMAN : Vous savez tous les deux combien j’ai un gros troupeau?

26. KOI KOI : Oh, oui.

27. SULEIMAN : Depuis que le Abah nous a interdit de pâturer sur notre pâturage ancestral, nous avons dû commencer à errer avec les bovins et les ovins à la recherche de nourriture. Cela a été très pénible.

28. YOHANN : Je ne crois pas personnellement que le pâturage communautaire devrait être accaparé parce que le Abah et Moleke veulent planter des tomates. C’est injuste.

29. KOI KOI : À Jantale, nous avons entendu dire que ces potagers
appartiennent conjointement aux gens de Mabudi. Est ce vrai?

30. SULEIMAN : Ce ne sont là que mensonges et rumeurs! Qui sont ces
jardiniers en dehors de Abah Manu et de Moleke son ami? Nous voulions résister mais ils nous ont dupés et ont utilisé des voyous pour nous harceler et nous déplacer, alors nous avons laissé l’affaire entre les mains de Dieu.

31. YOHANN : C’est terrible! Le Abah ne sait pas avec qui il fait affaire.
Connaissant très bien mon cousin Moleke, il va bientôt découvrir qu’il ne possède rien.

32. KOI KOI : Qu’est ce que tu veux dire?

33. YOHANN : Regarde bien. Moleke se montrera suffisamment tôt plus malin que lui et prendra seul possession de tout.

34. SULEIMAN : Maintenant que les collaborateurs cupides nous ont chassés
de notre pâturage, le territoire restant a été dégarni en un rien de temps par le surpâturage. Tout ce qui nous reste, c’est un cratère de poussière.

35. KOI KOI : Eh bien, dans mon village de Jantale, nos bergers ont réussi
à survivre à l’interdiction, ce qui est assez intéressant. Nous continuons à faire paître nos animaux tout près sans dégarnir complètement la terre…

36. SULEIMAN : (IMPATIENT) Comment faites vous? Les moutons, et les
chèvres en particulier, broûtent jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Il est difficile de les arrêter une fois qu’ils ont commencé à manger. Il serait donc bon de savoir comment vous les faites broûter tout en laissant de l’herbe.

37. KOI KOI : Les bergers de Jantale utilisent dorénavant une méthode de
pâturage qui est bonne pour restaurer la fertilité des terres surpâturées.

38. SULEIMAN : Dieu merci, je t’ai rencontré ici. Raconte moi, Koi koi!

39. KOI KOI : Nous faisons la rotation des pâturages et nous faisons quelque chose que l’on appelle du groupage.

40. SULEIMAN : (ESSAYANT DE PRONONCER CE MOT)
G r ou page.

41. YOHANN : Raconte nous comment vous avez fait cela, Koi koi.

42. KOI KOI : Toute la collectivité s’est réunie pour planifier quoi faire
lorsque la plus grande partie du pâturage nous a été enlevée. Nous savions qu’en continuant à faire paître les troupeaux individuellement, les animaux détruiraient les terres.

43. SULEIMAN : Tu as tout à fait raison… c’est ce qui s’est passé avec les
terres situées près d’ici… il ne reste que des parcelles de terre et de la poussière. L’herbe n’y pousse plus.

44. YOHANN : Continue s’il te plaît, Koi koi.

45. KOI KOI : La première chose que nous avons faite a été des plans
conjoints sur la façon pour tout le monde d’utiliser nos terres et notre eau. Nous avons divisé notre pâturage en de nombreuses unités individuelles et nous avons paître tous nos animaux sur une seule unité à la fois.

46. SULEIMAN : Quel bien cela fait il? Ils finiront bien par manger tout.

47. KOI KOI : Pas de notre façon. Nous avons parlé avec nos bergers
expérimentés et notre agent de vulgarisation agricole pour nous conseiller sur la quantité d’herbe dont le bétail a besoin. Maintenant, nous faisons la rotation des troupeaux et nous laissons le pâturage déjà broûté repousser.

48. YOHANN : C’est très raisonnable. Cela ressemble à la façon dont nous
avions l’habitude de cultiver nos fermes lorsque j’étais gamin. Nous laissions les terres en jachère pendant une période, nous cultivions ailleurs, et ensuite nous revenions à l’ancien champ lorsque le sol s’était amélioré.

49. SULEIMAN : J’essaie de bien comprendre, mon ami. Le bétail de tout le
monde broûte ensemble sur une seule parcelle à la fois?
(PETITS RIRES INCRÉDULES)

50. KOI KOI : Oui. Oh, je sais que certaines personnes n’aimeront pas
l’idée. Mais il faut se regrouper comme collectivité et se mettre d’accord sur une solution. Et celle là marche! L’autre solution consiste à ressembler à Mabudi, qui éprouve un grave problème comme on peut le constater.

51. YOHANN : Ce n’est pas une idée si déraisonnable, Suleiman. Penses y
bien. Si tout le monde est d’accord, vous faites paître vos animaux sur une seule parcelle pendant un certain temps…

52. KOI KOI : … et ensuite vous passez à la prochaine parcelle de pâturage lorsque l’herbe y est luxuriante, et avant que le bétail broûte la première parcelle jusqu’à la racine.

53. SULEIMAN : J’aime vraiment cette idée. Mais nos terres sont déjà pauvres. Si seulement nous avions su cela avant.

54. KOI KOI : Suleiman, regarde… avec de la détermination et un plan, il
est possible de mettre fin à la destruction et d’amorcer la récupération.

55. SULEIMAN : Je veux assurément l’essayer. Mais je dois parler à tous les
bergers.

56. KOI KOI : Maintenant que tu es de retour, tu peux venir voir notre
pâturage. Le groupage aide le sol à devenir fertile. Avec le groupage, on garde les animaux ensemble. De cette façon, ils retournent les tiges de maïs et les autres chaumes dans le sol, avec leur urine et leurs excréments. Tout cela fournit un bon engrais pour l’herbe qui essaie de repousser.

57. YOHANN : Eh bien, Suleiman mon voisin, penses tu que cela fonctionnera ici?

58. SULEIMAN : Je suis disposé à l’essayer. Tout ce qui peut nous aider à
restaurer la terre et à rester chez nous constitue de bonnes nouvelles.

59. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 2

60. SFX : BRUITS D’ACTIVITÉS À LA FERME. DES POMPES
DÉVERSENT DE L’EAU. PLUSIEURS BRUITS DE PAS.

61. ABAH : Je vois que le travail marche tel que prévu.

62. BALA : Baba, pour l’instant tout va bien.

63. ABAH : Bala mon fils, tu peux constater qu’enfin nos rêves de faire
un gros projet, je veux dire de gagner beaucoup d’argent, sont tout près de se réaliser.

64. BALA : Oui, Baba. J’ai embauché des tas de nouveaux ouvriers
agricoles dans toute la région pour cueillir aujourd’hui les tomates non mûres.

65. ABAH : Bien. Pas surprenant que je vois beaucoup de nouveaux
visages.

66. BALA : Nous espérons être en mesure de respecter aujourd’hui sans problème le contingent hebdomadaire de trois douzaines de paniers.

67. ABAH : (EXULTANT) Formidable! Laisse moi appeler mon ami
Moleke et l’informer immédiatement. (SILENCE PENDANT QU’IL ESSAIE DE L’APPELER) Allô… oui… oui… c’est le Abah. Exact. Oui. Très bien. Juste pour t’informer que les tomates seront prêtes pour le camion demain. Oui. C’est vrai. (RIRES) Non non non… je tiens à te remercier pour toute ton aide et pour tes conseils. Oh, oui. Très bien. Vrai. Oui. Salut mon Grand chef. (À BALA) C’est un merveilleux fils de la terre.

68. BALA : Combien lui devons nous jusqu’à présent?

69. ABAH : (SURPRIS) Devoir? Nous n’avons jamais parlé de dette.

70. BALA : Eh bien, Moleke a un livre dans lequel il griffonne toujours
des choses.

71. ABAH : Je l’ai moi même vu faire cela. Mais quel est le rapport avec des dettes?

72. BALA : C’est son carnet de dettes. Chaque sac de plantules ou d’engrais donné à quelqu’un y est inscrit comme dette à son nom.

73. ABAH : Impossible! Moleke ne peut pas virer de bord et me facturer
pour des articles qu’il m’a donnés gratuitement!

74. BALA : Nous devons déjà à Moleke plusieurs milliers de naira
[UTILISER LA DEVISE LOCALE].

75. ABAH : Comment cela?

76. BALA : Les trois forages sur nos fermes devront êtres payés.

77. ABAH : Tu n’es pas sérieux, Bala.

78. BALA : Je suis sérieux. Les montants que j’ai vu inscrits devant les noms des gens sont effrayants.

79. ABAH : Tu dois dire des blagues.

80. BALA : Nous pourrions finir à la fin de la journée par être les ouvriers de Moleke… à l’exception de Yohann qui est resté prudemment sceptique à l’égard de ce projet.

81. ABAH : C’est un mensonge, mon fils. Mon Grand chef Moleke ne
peut pas faire une telle chose. Je ne sais pas où tu as entendus de tels vilains mensonges.

82. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 3

83. YOHANN : Moleke, tu es le bienvenu.

84. MOLEKE : Merci.

85. YOHANN : Je suis cependant un peu mal à l’aise de constater que tu as
refusé le dîner qui était servi.

86. MOLEKE : Non non non. Tu n’as pas à être mal à l’aise avec cela. Tu
sais que le Abah prend bien soin de moi; il n’aime pas me voir revenir à la maison me mettre à table avec l’appétit diminué par des repas pris à l’extérieur.

87. YOHANN : Très bien, si les repas qui te sont servis ici équivalent à des
repas pris à l’extérieur, qu’il en soit ainsi. Tu es quand même le bienvenu.

88. MOLEKE : Merci, Yohann. Euh, as tu entendu parler de tout l’argent
que gagnent les sages agriculteurs de Mabudi? Et après à peine un an de culture des tomates, des carottes et des choux?

89. YOHANN : Bien sûr que j’en suis conscient.

90. MOLEKE : Ne regrettes tu pas de ne pas t’être associé aux autres pour
gagner cet argent?

91. YOHANN : Je n’ai pas à regretter une décision qui était la bonne pour
moi, j’en suis persuadé.

92. MOLEKE : Mais tu es demeuré pauvre à cause de cette décision.

93. YOHANN : Quels que soient les sentiments des gens, y compris les tiens, je suis toujours satisfait de ma vie, que les gens interprètent à tort comme de la pauvreté. C’est moi qui peut juger au mieux ce que je ressens et de quelle façon.

94. MOLEKE : Très bien…

95. SFX : LA CHAISE GRINCE LORSQU’IL SE LÈVE.

96. YOHANN : Tu veux déjà partir?

97. MOLEKE : Oui, mais pas sans te dire que je veux récupérer de toi ma terre.

98. YOHANN : Ta terre?

99. MOLEKE : Oui. Je veux dire mon héritage légitime comme unique fils
survivant de mon père Babamu.

100. YOHANN : Eh bien, je te rappelle que Babamu lui même m’a donné
personnellement la terre sur laquelle j’ai construit cette maison et ma ferme.

101. MOLEKE : Je vois.

102. YOHANN : Puis je te rappeler également que c’était en présence de toute la collectivité pendant une récolte que ton père, mon très cher oncle, m’a donné la terre.

103. MOLEKE : (SE FÂCHANT) Eh bien, Yohann, tout ce que tu as fait pour
monter mes parents contre moi et me déposséder de mon héritage va se terminer aujourd’hui.

104. YOHANN : (PETITS RIRES) Tu ne peux rien faire qui pourra changer la couleur noire du nez d’un chien.

105. MOLEKE : Ce qui signifie quoi?

106. YOHANN : Tout le monde à Mabudi sait que ton père t’a dépossédé et t’a déshérité de tous ses biens. Le fait de revenir à Mabudi avec ta richesse contestable et d’éblouir des gens crédules ne peut pas annuler cet acte.

107. MOLEKE : Quelle foutaise! Je jure, Yohann, que je reprendrai ma terre à titre de fils légitime de Babamu.

108. YOHANN : Pourquoi? Pour satisfaire ta cupidité? Ou pour détruire cette terre comme tu es en train de détruire d’autres secteurs de Mabudi et de transformer toute la région en un désert?

109. MOLEKE : Tu dois être fou pour être le seul ingrat à Mabudi qui voit du mal dans ce magnifique projet. Ne vois tu pas que cela rend les gens riches?

110. YOHANN : Riches? Mais pour combien de temps, Moleke, avant la fin de leur vie et de leur avenir?

111. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 4

112. SFX : FRACAS D’ASSIETTES CASSÉES. OUVERTURE ET
FERMETURE DE PORTES D’ARMOIRES, VALISES MÉTALLIQUES QUE L’ON TRAÎNE.

113. CHOLIBA : Oh mon Dieu, qu’est ce qui se passe, Zara?

114. SFX : AUTRES FRACAS D’ASSIETTES BRISÉES.

115. CHOLIBA : J’espère que je ne parle pas à une personne sourde et muette. Que cherches tu et pourquoi fais tu un tel vacarme?

116. ZARA : Je cherche les assiettes en porcelaine et les plats creux de service de ma défunte mère… et on dirait que tout manque.

117. CHOLIBA : (RIANT) Ainsi, c’est à cause de ces vieilles assiettes qui ne valent rien que tu as l’air renfrogné et que tu fais du bruit dans toute la maison?

118. ZARA : De vieilles assiettes qui ne valent rien, as tu dit? Choliba,
pourquoi ne te mêles tu pas de tes affaires?

119. CHOLIBA : Prépare toi à porter les jumeaux pendant le reste de la journée si jamais tu les réveilles avec tout ce bruit.

120 ZARA : Les assiettes sont peut être vieilles mais elles ont une valeur inestimable; elles constituaient le trousseau de mariage de ma défunte mère.

121. CHOLIBA : Très bien, je t’avertis de ne pas réveiller mes enfants… c’est tout.

122. SFX : RECHERCHE ENCORE PLUS DÉSESPÉRÉE. PLUS
DE FRACAS. PLUS DE BRUIT.

123. ZARA : Je ne les trouve pas. Je ne trouve pas les assiettes de ma mère. (À CHOLIBA) Choliba, es tu sûre de ne pas avoir les assiettes et les plats de ma mère? Quelqu’un ferait bien d’avouer avant qu’une malédiction ne s’abatte sur sa tête.

124. CHOLIBA : Si tu veux savoir, Zara, je les ai échangés il y a plusieurs mois contre le magnifique collier et le voile que je porte.

125. ZARA : (TRÈS FÂCHÉE) Quoi?! Choliba, tu as fait cela? Tu veux
dire que tu as vendu mon héritage pour ce collier de mauvais goût? Quelqu’un doit rejoindre ma mère dans sa tombe aujourd’hui, et cette personne c’est toi!

126. SFX. PAS PRÉCIPITÉS. FRACAS D’ASSIETTES ET BRUITS D’ARMOIRES ALORS QUE ZARA SE LANCE À LA POURSUITE DE CHOLIBA.

127. CHOLIBA : Comment oses tu! Comment oses tu!

128. SFX : ENCORE DES PAS PRÉCIPITÉS. ENCORE UN
FRACAS D’ASSIETTES.

129. ZARA : (BRUITS DE BAGARRE) Je vais enlever la vie de ton
corps aujourd’hui.

130. SFX : BRUITS DE LUTTE PENDANT QU’ELLES SE BATTENT.

131. CHOLIBA : (SUFFOQUANT) Zara, Zara, lâche mon cou, lâche mon
cou. Ve eux, ve eux tu me tuer?

132. SFX : ENCORE PLUS DE BRUITS QU’AUPARAVANT.

133. ZARA : Je jure que j’en ai assez. Depuis que tu es venue dans cette
maison, tu as fait de ton mieux pour rappeler à Hassan et à moi la mort de notre mère. Quelle sorte de femme méchante es tu?

134. CHOLIBA : Ainsi ai je tué ta mère? Ai je tué ta mère?
(BRUITS DE SUFFOCATION ET DE CRIS) Voisins!

135. ZARA : Voisins ou pas voisins, tu sera enterrée aujourd’hui avec cette stupide breloque si tu ne récupères pas les assiettes de ma mère. Toi, tête vide, crâne creux, qui déambule en prétendant être un être humain.

136. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

137. ANIMATEUR : La cupidité est assurément arrivée et s’est installée à Mabudi. Chaque maison semble infectée… même celle de Yohann. Les personnes qui sont touchées veulent prendre et prendre encore sans rien redonner en échange.

Quelque chose me dit que ABAH MANU va bientôt avoir un choc lorsque Moleke va enfin dévoiler son jeu. Il considère encore Moleke comme un ami cher. Il ne s’est jamais demandé une seule fois pourquoi Moleke joue au philanthrope. Bala a essayé de l’avertir, mais comme la mouche qui suit la dépouille dans la tombe et se fait enterrer, Abah a rejeté tout avertissement et la tombe semble imminente. D’autres nouvelles vont suivre, alors restez à l’écoute…

138. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, MAINTIEN ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 6

Mars 2006

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Épisode 6

DISTRIBUTION
YOHANN
ABAH
SHURAHI
BALA
ZARA
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1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, SOUTENU 0,05 ET SORTIE EN FONDU
AMORCE, MONTÉE, SOUTENU 0,05 ET SORTIE EN FONDU…

2. ANIMATEUR : Un esprit cupide ressemble à Mère Nature. Elle ne se fatigue jamais d’avaler des cadavres. Elle n’éprouve jamais non plus de satisfaction. N’est ce pas un peu comme notre estomac? Si vous mangez un bon repas aujourd’hui, cela signifie t il que vous ne serez plus jamais affamé de nouveau? Et il en est ainsi avec Moleke et le Abah, ainsi qu’avec plusieurs de leurs amis agriculteurs à Mabudi. S’accaparer des terres ici et là… même les pâturages arides qui étaient réservés pour faire paître les animaux par la collectivité. Des engrais, des trous de forage et des génératrices pour faire fonctionner les pompes à eau… tous ces changements exercent des pressions sur les terres pour produire des tonnes de tomates et de légumes à l’heure actuelle. Pendant combien de temps le Abah et ses cohortes vénéreront-ils le dieu de la cupidité? Et pendant combien de temps Yohann peut il rester déterminé à être le type d’agriculteur dont Mabudi a besoin, même quand il se retrouve tout seul?

3. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 1

4. SFX : AMBIANCE DU PALAIS DE ABAH, DES VOIX
ET DES TAMBOURS HORS MICRO.

5. YOHANN : (IL S’ÉCLAIRCIT LA GORGE) Voici la raison pour
laquelle je suis venu, mon Abah.

6. ABAH : Je vous écoute, Yohann.

7. YOHANN : Moleke m’a menacé et harcelé à propos de ma terre.

8. ABAH : Je vous écoute. Continuez, je vous écoute.

9. YOHANN : Babamu, mon défunt oncle, l’homme qui a été le seul père que j’ai jamais eu après le décès de mon propre père, m’a donné cette terre.

10. ABAH : Ouiiii.

11. YOHANN : J’ai commencé à cultiver sur cette terre bien avant le décès de mon oncle Babamu. Vous le savez vous même, tout comme chaque habitant de Mabudi.

12. ABAH : Très bien Yohann, je vous ai écouté.

13. YOHANN : J’ai amené la question devant vous parce que je ne veux pas de problèmes avec mon cousin Moleke.

14. ABAH : Bien.

15. YOHANN : Il devrait me laisser tranquille pour planter ce que je veux sur la terre dont j’ai hérité et sur laquelle je vis depuis des décennies. Parlez lui.

16. ABAH : Au contraire, je pense que c’est à vous que je devrais parler.

17. YOHANN : Pourquoi?

18. ABAH : Puisque vous n’avez pas fait grand chose sur cette terre, je vous conseille de la céder et de laisser le Grand chef Moleke en faire bon usage.

19. YOHANN : (SECOUÉ) Quoi?! Afin qu’il puisse dégrader ma terre et en faire un désert? Babamu se retournerait dans sa tombe!

20. ABAH : (RIANT) Yohann, le seul carré de terre morcelé et bruni à
Mabudi est celui sur lequel vous insistez à vous débattre pour planter votre maïs, votre sorgho et votre millet à la place des légumes que font dorénavant pousser tous les agriculteurs progressistes.

21. YOHANN : (BOULEVERSÉ) Je ne peux pas croire cela.

22. ABAH : Vous feriez mieux de le croire. Ou bien êtes vous aveugle
devant le vert des légumes à perte de vue, en remerciant au passage votre frère Moleke, qui a fourni des forages et des pompes pour irriguer nos fermes?

23. YOHANN : (TOUJOURS SURPRIS) Quoi?

24. ABAH : Donnez cette terre extrêmement sous développée au Grand
chef Moleke. Il la cultivera pour en faire un meilleur usage et pour le bien de Mabudiland.

25. YOHANN : Je vois…

26. ABAH : En dehors de cela, Moleke est l’héritier direct de Babamu,
étant son seul enfant.

27. YOHANN : Non, Roi. Moleke a été dépossédé publiquement par
Babamu avant sa mort.

28. ABAH : Vous avez raison mais vous êtes en retard sur votre temps.

29. YOHANN : Que voulez vous dire?

30. ABAH : En tant que Abah de Mabudiland, j’ai modifié la règle. Aucun parent n’a plus le droit de déshériter ses descendants.

31. YOHANN : Mais même si cette loi est exécutoire, elle entre en vigueur
plusieurs années après le décès de Babamu.

32. ABAH : Yohann, la loi est rétroactive.

33. YOHANN : Ce qui signifie quoi?

34. ABAH : C’est tout simple. Cela signifie que tous les actes qui se sont passés à Mabudiland depuis ses débuts jusqu’à maintenant, et tant que je vivrai pour faire appliquer cette loi… demeurent nuls et non avenus et n’ont aucun effet.

35. YOHANN : Je vois. Je sais qui est derrière tout cela.

36. ABAH : Cette loi permet au Grand chef de vous chasser de cette
terre, au besoin par la force.

37. YOHANN : Grand chef?! Quel est tout ce tapage autour du Grand
chef?

38. ABAH : C’est le nouveau titre de Moleke à Mabudi. En fait, il est
également mon conseiller en chef et mon Premier ministre. Alors, vous voyez, Yohann … Moleke est beaucoup plus haut dans la hiérarchie que vous ne le pensiez.

39. YOHANN : Alors, je ne peux espérer aucune justice. Vous voulez ma
terre? Allez, prenez la. Mais je ne vous laisserai pas en faire un désert.

40. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 2

41. SFX : BRUITS HABITUELS DE LA FERME; DANS LE
LOINTAIN, BRUITS DE POMPES AU TRAVAIL DÉVERSANT DE L’EAU.

42. SHURAHI : (HORS MICRO) Bala? Bala?

43. BALA : (AU MICRO, ENTHOUSIASTE) Zara? Hé Zara, je suis
dans la case, entre. Attention à ta tête….

44. SFX : PAS DOUX ET PRUDENTS ALORS QU’ELLE
ENTRE DANS LA CASE.

45. SHURAHI : (RIRE GÊNÉ LORSQU’ELLE ENTRE) Je ne suis pas
si grande! Désolée, Bala, tu sembles avoir pris ma voix pour celle de…

46. BALA : (L’INTERROMPANT) Shura! C’est toi! Bien, bien. (RIANT) Ta voix ressemblait à celle de Zara (LES DEUX SE METTENT À RIRE).

47. SHURAHI : (AU MICRO) Depuis quand? C’est formidable ce que l’amour peut faire. Malgré tout le travail à exécuter sur cette ferme, toutes tes pensées sont tournées vers Zara. N’est ce pas magnifique?

48. BALA : (GÊNÉ) Bien, bien, bien…

49. SHURAHI : J’espère que tu n’es pas trop déçu parce ce cas d’erreur
d’identité?

50. BALA : Non, non non non. C’est parfait.

51. SHURAHI : Tout le monde à Mabudi sait combien tu es follement amoureux de Zara.

52. BALA : Non non non. Ne les écoute pas.

53. SHURAHI : Eh bien, Bala, je suis très impressionnée par le travail que tu fais ici.

54. BALA : Merci, Shurahi. Venant d’une agricultrice et d’une agente
agricole chevronnée comme toi, je me sens fortement encouragé.

55. SHURAHI : Mon Dieu. Des tomates sur vigne et des laitues, des carottes et des poivrons, des choux, oooh! À perte de vue… cela me révèle combien tu es un agriculteur travailleur, Bala!

56. BALA : Merci, Shura.

57. SHURAHI : Mais hum… Bala?

58. BALA : Oui.

59. SHURAHI : Je me demande pourquoi, après tout ce magnifique travail,
tu ne plantes pas également des céréales.

60. BALA : Des céréales? (IL ÉCLATE DE RIRE) Des céréales?

61. SHURAHI : Oui, des céréales. Pourquoi ris tu?

62. BALA : Eh bien, mon père, le Abah lui même, avec l’aide de
Moleke, a abandonné l’idée de cultiver des céréales pour l’instant.

63. SHURAHI : Mais pourquoi?

64. BALA : Actuellement, il mise tout sur les légumes. En fait, cette
ferme permet de récolter chaque semaine au moins trois douzaines de paniers de tomates et plusieurs paniers de légumes à salade.

65. SHURAHI : Tu dois être très riche maintenant, assez riche pour épouser
ta coqueluche Zara (ILS SE METTENT À RIRE).

66. BALA : Non non non. Ce n’est pas encore mon argent, et en dehors
de cela, je n’ai pas de projet de me marier bientôt.

67. SHURAHI : Regarde Bala, je suis vraiment inquiète au sujet des agriculteurs de Mabudi.

68. BALA : (SURPRIS) Pourquoi?

69. SHURAHI : Si les agriculteurs continuent à brûler tous les buissons et les champs juste pour cultiver des légumes, toute la région sera stérile d’ici quelques années.

70. BALA : Je ne te comprends pas, Shura. Tout pousse si bien. Tu
peux le constater par toi même.

71. SHURAHI : Bala, ce que vous faites dans ces champs est en partie très
dommageable pour le sol.

72. BALA : Continue donc à raconter.

73. SHURAHI : D’ici quelques années à peine, ce sol sera si dégradé qu’il
ne pourra plus supporter de cultures.

74. BALA : Je t’écoute, Shura. Mais qu’en est il exactement?

75. SHURAHI : Nous appelons ce genre de dégradation la «désertification».
Par exemple, un labourage excessif endommage la couche arable fragile. Cela détruit la structure du sol, ce qui facilite la tâche du vent pour l’emporter. C’est l’érosion du sol.

76. BALA : Vraiment?

77. SHURAHI : Pense à l’eau qui est pompée sur toutes les terres. Si elle ne se draine pas convenablement, elle reste à la surface du sol et inonde et tue les racines des plantes.

78. BALA : Je peux voir en quoi cela créerait un problème…

79. SHURAHI : En fait, Bala, si l’eau ne s’écoule pas, elle peut laisser des dépôts de sel sur le sol, qui peuvent tuer les plantes. Et si l’eau ruisselle trop rapidement, elle emporte la couche arable.

80. BALA : C’est grave.

81. SHURAHI : Tout ce brûlage des buissons endommage également le sol.
Lorsque le sol n’est pas couvert, il est exposé au vent et au soleil. Il se dessèche et on obtient des cratères de poussière. C’est l’érosion par le vent.

82. BALA : Je n’ai jamais pensé aux choses de cette façon, Shura.

83. SHURAHI : Creuser tant de forages et pomper tant d’eau pour irriguer les fermes pourrait bientôt épuiser les réserves d’eau souterraine. Ensuite, nous aurons vraiment des ennuis avec la terre. En outre, planter la même culture d’année en année épuisera les nutriments du sol. Et utiliser trop d’engrais peut rendre le sol toxique.

84. BALA : C’est très grave. Je suis également inquiet, Shurahi, mais mon père et les autres s’attendent, tu le sais bien, à faire de l’argent vite fait. Ils ne veulent pas entendre d’arguments contraires. Alors que pouvons nous faire?

85. SHURAHI : Plusieurs choses. Diversifier les cultures que vous plantez.
Si vous faites attention au sol et à l’eau, vous pouvez cultiver vos tomates en même temps que d’autres cultures. Une autre chose consiste à retourner de la matière organique dans le sol en faisant pousser des cultures de couverture comme des pois noirs, du sunn (chanvre de Bengale), du trèfle et des cultures à engrais vert entre vos principales cultures. Après la récolte, enfouissez les cultures de couverture dans le sol.

86. BALA : C’est une idée brillante. Mais que dire à ces agriculteurs
qui veulent faire fortune rapidement. Écouteront ils?

87. SHURAHI : Ils devraient, parce qu’il est possible de gagner de l’argent
tout en gérant convenablement nos terres. De cette façon, elles pourront demeurer fertiles pour les enfants de nos enfants.

88. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU À…

SCÈNE 3

89. SFX : LE BANC SUR LEQUEL ÉTAIT ASSISE ZARA TOMBE AVEC UN FRACAS ALORS QU’ELLE EST SURPRISE PAR ABAH MANU.

90. ZARA : Bienvenue, Abah.

91. ABAH : Merci, Zara. Va appeler ton père, Yohann. Pourquoi es tu assise seule ici?

92. ZARA : Mon père est dans la forêt. Comme vous pouvez le voir, je suis en train de lire. Mais laissez moi aller vous chercher un peu d’eau, ou peut être du thé?

93. ABAH : Non, non, ne te dérange pas.

94. ZARA : Bien…

95. ABAH : Tu vois, Zara, je t’ai regardée grandir au fil des ans et je ne
peux croire combien tu es devenue ravissante.

96. ZARA : Merci.

97. ABAH : (BAISSANT LA VOIX) Ainsi, Zara, qui est ton amoureux et ton admirateur chanceux?

98. ZARA : Ces choses là ne m’intéressent pas.

99. ABAH : Tu n’es pas sérieuse.

100. ZARA : Je suis très sérieuse.

101. ABAH : Comment une ravissante jeune fille comme toi peut elle ne pas
avoir de prétendant? Tu veux dire que tous les hommes de Mabudi sont aveugles?

102. ZARA : Qu’ils soient aveugles ou qu’ils aient quatre yeux ne m’intéresse pas.

103. ABAH : Bien, bien, bien Zara, dans ce cas j’offre humblement ma
personne.

104. ZARA : (ELLE ÉCLATE DE RIRE) Pour quoi faire?

105. ABAH : Je veux t’épouser et faire de toi la meilleure reine que
Mabudi aura jamais eue.

106. ZARA : (SE METTANT UN PEU EN COLÈRE) Dieu m’en préserve!

107. ABAH : (RIANT) Je t’aime. Tu sais, c’est bien de jouer à la fille qui n’est pas facile. C’est beaucoup plus excitant pour moi que si tu avais accepté sur le coup.

108. ZARA : (EN COLÈRE) Vous devriez partir.

109. ABAH : Ah, ah, Zara. Comme ça?

110. ZARA : Je veux aller faire une course avant le retour de mon père.

111. SFX : DES PAS ET DU VACARME ALORS QU’IL SE DÉPLACE POUR L’ATTRAPER.

112. ZARA : Que faites vous? Pourquoi me saisissez vous comme ça?

113. SFX : UNE GIFLE CINGLANTE, UNE BATAILLE.

114. ZARA : Ne me touchez pas!

115. SFX : UNE LUTTE. ELLE LE POUSSE ET IL TOMBE SUR
LE SOL EN SE TORDANT DE DOULEUR. DES PAS PRESSÉS.

116. ABAH : Ah – ah – ah. Zara, tu veux me tuer?
(CRIANT DE DOULEUR) Tu m’as bousculé! Ah – ah regardez cette fille, tu es forte. Reviens ici, mon Dieu. Avez vous vu comme elle est forte? J’aime ça. J’aime ça.

117. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 4

118. SFX : BRUITS DE LA FERME. À LA FERME DE
YOHANN.

119. YOHANN : Merci d’être venue à ma ferme, Shurahi.

120. SHURAHI : J’avais promis de venir, Baba Yohann. Comme d’habitude, je suis très impressionnée par votre ferme.

121. YOHANN : Hum?… Les pluies m’inquiètent… elles sont si rares et si
tardives. De nos jours, c’est un combat pour faire pousser des céréales alors que tout le monde a suivi le mouvement de la culture des légumes.

122. SHURAHI : Je comprends vraiment vos craintes et votre inquiétude.

123. YOHANN : Comme si cela n’était pas assez, des esprits cupides ont l’œil sur ma terre.

124. SHURAHI : Il semble qu’ils veulent tous transformer leurs fermes en potagers pour faire de l’argent rapidement.

125. YOHANN : Mais j’ai pris la décision de ne jamais faire quelque chose
simplement parce que tous les autres le font.

126. SHURAHI : J’apprécie votre style de culture par dessus tous les autres. De la façon dont vous cultivez cette terre, elle sera non seulement conservée, mais elle continuera à produire.

127. YOHANN : Merci, ma fille.

128. SHURAHI : Si seulement les autres tiraient une leçon de la façon dont
vous plantez des cultures de couverture comme les haricots entre vos rangées de sorgho et de maïs.

129. YOHANN : Merci, Shura.

130. SHURAHI : Je constate que vous enfouissez également les résidus de
culture dans le sol. C’est bien. Ensuite, ils peuvent pourrir et enrichir le sol, en plus de retenir l’eau dans le sol durant la saison des pluies. Je constate que vous faites pousser du tephrosia. C’est une plante merveilleuse. Vous pouvez la retourner dans le sol, mais elle a également de nombreuses autres utilisations.

131. YOHANN : Oui, nous utilisons ses feuilles comme insecticide. On peut
également utiliser ses branches comme bois de chauffage.

132. SHURAHI : J’ai entendu dire qu’il éloigne également les rats.

133. YOHANN : Oui, c’est ce que nos pères nous ont enseigné. (PAUSE) Je ne pourrai jamais te remercier assez de me rendre visite et de m’encourager, Shura.

134 SHURAHI : Oh, Baba Yohann, vous n’avez pas à me remercier. J’aime votre erme. J’aime venir ici.

135. YOHANN : Et tu es toujours la bienvenue, Shura.

136. SHURAHI : Au fait, Baba Yohann, je vous ai parlé des tranchées de fertilité que nous construisons à la ferme de Pongo, n’est ce pas?

137. YOHANN : Je suis allé les voir. Du beau travail, Shura!

138. SHURAHI : Si vous voulez, je peux demander à M. Jeb, mon collègue
de Jantale, de nous donner un coup de main pour en creuser quelques unes pour vous. Il finira bien par tomber encore de la pluie, même peu, avant le début de la saison sèche. Avec les tranchées, votre ferme pourrait conserver davantage d’humidité.

139. YOHANN : Merci, Shura. Ici, les tranchées de fertilité seront excellentes.

140. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

141. ANIMATEUR : Mes amis… des champs et des champs de tomates et de choux, c’est tout ce que vous verrez dorénavant si vous visitez les fermes de Mabudi. À l’exception, évidemment, de Yohann et d’une poignée d’agriculteurs sceptiques. Ils se méfient de Moleke et d’une pratique culturale tributaire d’un seul type de culture, saison après saison. Mes amis, quelle est votre position à ce sujet?

Et avez vous remarqué que Abah se dispute avec Zara dans la maison même de son père? Qu’en est il de cela? Pourquoi était il même là en premier lieu? Nous allons le savoir pendant la suite de notre feuilleton. Soyez à l’écoute du prochain épisode.

142. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 7

Mars 2006
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Épisode 7

DISTRIBUTION
HASSAN
ZARA
MOLEKE
ABAH MANU
BALA MANU
ANIMATEUR

1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, SOUTENU
0,05 ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

2. SFX : DES RADIOS FONCTIONNENT À TUE TÊTE, DES
MOTOS S’ÉLOIGNENT EN ACCÉLÉRANT, DES VOITURES KLAXONNENT, UN BRUIT GÉNÉRAL SOUTENU PENDANT 0,03 ET SORTIE EN FONDU…

3. ANIMATEUR : Ah mes amis, que de bruit, que de bruit! J’ai dû m’éloigner
pour être capable de vous parler, mais il est impossible de s’en sortir. Du bruit… partout! Des radios, des appareils de musique, des génératrices électriques, des motos et des vélos. Bonté divine! Les gens n’ont jamais assez de ces gadgets! Oui, mes amis… c’est le Mabudi d’aujourd’hui. Trois années se sont écoulées et il est difficile de décrire comment c’était – un petit village non dégradé et endormi… cela fait trois ans que Moleke est revenu et a vendu son idée de transformer chaque parcelle de terre en jardins potagers. Une nouvelle prospérité est arrivée chez ceux qui ont joint le mouvement de Moleke et de Abah Manu!

Mais ce n’est pas tout, mes amis. Vous vous rappellerez que Moleke projetait d’expulser Yohann de sa terre avec l’appui de Abah? Tout ce qu’il reste aujourd’hui à Yohann, laissez moi vous le dire, c’est une parcelle de terre lointaine, caillouteuse et rocailleuse à flanc de coteau, dont personne ne veut. Que peut il bien faire avec cette terre? Est ce que les jours de la cupidité et de la méchanceté ne finiront jamais? Attendons pour voir.

4. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 1

5. SFX : DEHORS, DEVANT LA MAISON DE YOHANN.
BRUITS LOINTAINS DU CANTON COMME BRUITS DE FOND, DES MOTOS ET DES VOITURES PASSENT DE TEMPS À AUTRE. BRUITS DE POULETS ET DE CHÈVRES EN ARRIÈRE PLAN.

6. ZARA : (ELLE MARMONNE PUIS LANCE SOUDAIN UN CRI DE
DOULEUR) Aie! Oh, mon Dieu! (ELLE JETTE LE CONTENU DE LA BOÎTE À COUTURE PAR TERRE AVEC UN GRAND FRACAS.)

7. SFX : BRUIT D’UNE BOÎTE EN MÉTAL QUI TOMBE ET
BRUIT DU COUVERCLE ET DE BOBINES DE FIL EN BOIS QUI REBONDISSENT SUR UN SOL DUR.

8. ZARA : Stupide aiguille. Stupide, stupide aiguille!

9. SFX : BRUIT D’UNE PORTE QUI S’OUVRE ET QUI SE
REFERME EN CLAQUANT ALORS QU’HASSAN SORT EN COURANT DE LA MAISON, ALARMÉ.

10. HASSAN : Zara, vas tu bien? (PAUSE UN INSTANT) Ne t’inquiète pas, laisse moi ramasser tout cela.

11. ZARA : (EN COLÈRE ET EN SOUFFRANCE) Ooh, cette stupide aiguille m’a blessée. Hassan, j’en ai marre de ce genre de vie. Pourquoi faut il que Baba se laisse toujours avoir?

12. SFX : BRUITS D’OUTILS DE COUTURE QUE L’ON REMET DANS UNE BOÎTE EN MÉTAL.

13. HASSAN : (RASSURANT) Calme toi, Zara. Qu’est-ce que l’aiguille a à voir avec Baba?

14. ZARA : (AVEC PASSION) Elle a tout à voir avec Baba. Pourquoi
suis je obligée de coudre et de rapiécer cette stupide robe toute déchirée? (ELLE JETTE LA ROBE) Tiens – tu peux l’avoir car je m’en moque.

15. SFX : BRUIT DE TABOURET QUI TOMBE ALORS QU’HASSAN SAUTE DE CÔTÉ.

16. HASSAN : (IL POUSSE UN CRI) Zara! Pourquoi me jettes tu ta couture
à la figure? Est ce que tu veux me rendre aveugle? Ah! Regarde! L’aiguille pend encore de la robe.

17. ZARA : Désolée, Hassan. S’il te plaît… je suis très désolée.
(SOUPIRS) Je n’arrive pas à comprendre comment Baba peut rester là et regarder son cousin Moleke reprendre toute ses terres, pendant que sa famille meurt de faim.

18. HASSAN : (D’UN TON APAISANT) Baba ne pouvait rien faire à ce sujet. Poursuivons notre travail et continuons notre vie.

19. ZARA : Comment pouvons nous continuer notre vie? Qu’en reste t il de toute façon… des guenilles et des pots vides?

20. HASSAN : Des pots vides! Hé, Zara ce n’est pas tout à fait…

21. ZARA : (ELLE INTERVIENT) Très bien, combien de fois par jour
mangeons nous?

22. HASSAN : Eh bien… peut être… même si… peut être pas comme avant, mais…

23. ZARA : (D’UNE VOIX TRIOMPHANTE) Mais quoi? Écoute, Baba ne changera jamais. Les gens lui marcheront toujours sur les pieds. Nous sommes pris dans cette situation, jusqu’à temps que nous mourions de faim ou que Moleke rachète notre corps, notre esprit et notre âme.

24. HASSAN : Je n’en suis pas encore là.

25. ZARA : Nous y sommes presque, Hassan. Cette terre que Moleke a
laissée à Baba n’est rien que des cailloux arides sur une pente raide. Il aura besoin d’un magicien pour parvenir à y faire pousser quelque chose.

26. HASSAN : J’ai entendu dire que c’est possible d’améliorer la terre.

27. ZARA : (RIRES) Améliorer cette terre en friche rocailleuse?! Hassan, tu parles comme si tu n’avais pas vu la terre auparavant.

28. HASSAN : Eh bien, Shurahi a parlé de quelque chose au sujet de fossés
que l’on peut creuser pour aider la terre?

29. ZARA : (RIRES) Hassan, tu crois tout ce que tu entends.

30. HASSAN : De toute façon, je ne suis pas inquiet. Je suis certain que Baba sait ce qu’il fait. C’est tout simplement un homme pacifique.

31. ZARA : (D’UN TON CYNIQUE) Oui, en fait, et la paix lui a t il
apporté davantage de vaches? La terre était légitimement la nôtre; Moleke a suffisamment d’argent comme ça. Est ce que Baba veut que nous restions pauvres pour toujours?

32. HASSAN : Zara, tu sais que c’est la nature de Baba – doux et pacifique.

33. ZARA : (IRRITÉE) Oui, mais où cela le conduit il, et sa famille?
(D’UN TON CATÉGORIQUE) Au pied du tas d’ordures!

34. HASSAN : (D’UN TON DÉSAPROBATEUR) Je n’en sais rien. Baba
travaille plus fort que bien des gens plus jeunes. Il va sûrement réussir un de ces jours.

35. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 2

36. SFX : UNE VOITURE ARRIVE ET S’ARRÊTE HORS MICRO. UNE PORTE DE LA VOITURE S’OUVRE ET SE FERME. PAUSE 3 TEMPS ET…

37. MOLEKE : Félicitations. Votre Altesse Royale! Le Roi sera bientôt plus riche que riche. Vous semblez plus majestueux que jamais. Je souhaite seulement être un jour digne de me trouver sur le même sol que quelqu’un d’aussi grand que vous, Ô Tout Puissant Abah Manu de Mabudi!

38. ABAH MANU : (IL RIT D’UN TON GÊNÉ) Moleke, tu es trop aimable!

39. MOLEKE : (FLATTEUR) Non seulement êtes vous puissant, mais vous êtes plus sage que le hibou dans la forêt. Merci d’avoir approuvé la plantation de tomates, de poivrons et de légumes à salade partout.

40. ABAH MANU : Ah, Moleke, je n’aurais pas été en mesure de le faire sans ta
grande sagesse!

41. MOLEKE : Votre Altesse, vous êtes le sage…

42. ABAH MANU : (L’INTERROMPANT) Non… non… Je te remercie une
fois de plus d’avoir respecté ta parole et de nous avoir fourni les puits et les pompes.

43. MOLEKE : Votre Altesse, tous les gens chantent vos louanges parce qu’ils gagnent plus d’argent.

44. ABAH MANU : De fait, cette forme d’agriculture a rapporté beaucoup.

45. MOLEKE : Oh oui, les légumes donnent bien. Pouvez vous imaginer ce qu’il adviendrait si nous étendions notre projet à la forêt?

46. ABAH MANU : (PERPLEXE) La forêt… qu’est ce que tu veux dire?

47. MOLEKE : Pensez aux cours d’eau et à la végétation… pensez à la vitesse avec laquelle les choses poussent dans la forêt…

48. ABAH MANU : (IL L’INTERROMPT, ENTHOUSIASTE) Attends une
minute, tu veux dire…

49. MOLEKE : Exactement!

50. ABAH MANU : Attends! Tu veux parler de planter des légumes dans la forêt?

51. MOLEKE : (JUBILANT) Absolument!

52. ABAH MANU : Bon Dieu! Cela me semble formidable! Il y a beaucoup de
terres là bas… Les plantes poussent si bien dans la forêt…

53. MOLEKE : (IL L’INTERROMPT)… qu’elles n’auront peut être même
pas besoin d’engrais! Ah, formidable Abah, je savais que votre grande intelligence verrait la fortune qui est gaspillée dans la forêt.

54. ABAH MANU : (RÉFLÉCHISSANT) Oui, c’est vrai… c’est presque magique. Même quand il ne pleut pas, les plantes y poussent partout.

55. MOLEKE : Oui, votre Altesse. Je vois que vous êtes non seulement
formidable et sage, mais également perspicace.

56. SFX : MOLEKE S’ÉCLAIRCIT LÉGÈREMENT LA
GORGE, PAR PEUR DE FAIRE ÉCLATER LA BULLE.

57. MOLEKE : Mais il y a cependant un petit problème… hum, tout petit.

58. ABAH MANU : Vraiment? Quel est le problème?

59. MOLEKE : Eh bien, pas vraiment un problème… mais vous savez que
partout où il y a du progrès, il y a toujours des ennemis du progrès.

60. ABAH MANU : Malheureusement c’est vrai, Moleke.

61. MOLEKE : Eh bien… mon cher cousin Yohann, l’ennemi- numéro un du progrès, aura peut être quelque chose à dire au sujet de ce projet.

62. ABAH MANU : Hum! Celui là? Eh bien, il est en désaccord avec tout. S’il n’était pas en désaccord avec nos idées progressistes, ne penserais-tu pas qu’il y a quelque chose qui va mal? Ne t’inquiète pas. Il n’y aura aucun problème.

63. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 3

Zara et Hassan se trouvent à l’extérieur de leur maison en train de décortiquer du maïs.

64 SFX : BRUITS DE MAÏS TOMBANT DANS DES CORBEILLES OU DES BOLS EN PLASTIQUE.

65. ZARA : Ooh! Ce travail m’éreinte, Hassan! Penses tu que nous en avons assez pour le souper?

66. HASSAN : Ne me le demande pas – c’est toi qui va les piler.

67. ZARA : Tu rêves! Je suis très fatiguée.

68. SFX : (HORS MICRO) BRUIT IMPATIENT D’UNE SONNETTE DE BICYCLETTE. CRI D’ALARME, «HÉ, TOI, VEUX TU ME TUER? NE PEUX TU PAS REGARDER OÙ TU VAS». LES RÉCRIMINATIONS SE POURSUIVENT, PUIS DIMINUENT.

69. ZARA : Mais enfin… a t il le droit de renverser tout le monde parce
qu’il a acheté un nouveau vélo?

70. HASSAN : (PETIT RIRE) Zara, en quoi le vélo de l’homme te
concerne t il?

71. ZARA : (IRRITÉE) Bientôt, il y aura plus de vélos que d’habitants dans ce village.

72. HASSAN : (DÉSABUSÉ) Très bientôt, il y aura plus de TOUT dans ce
village.

73. SFX (HORS MICRO ) BRUIT D’UNE RADIO QU’UNE PERSONNE TRANSPORTE. ELLE S’APPROCHE, PASSE ET DISPARAÎT.

74. ZARA : Ah ha! Un autre qui étale sa richesse récente. Hassan, sais tu que j’ai honte de me promener dans la rue?

75. HASSAN : (IL RIT, EN LA TAQUINANT) Pourquoi? As tu volé la chèvre de quelqu’un?

76. ZARA : Je ne plaisante pas, Hassan. Ne vois tu pas que chaque famille est devenue riche sauf la nôtre? Nous sommes les seuls à n’avoir rien de neuf à montrer.

77. HASSAN : Oui, je le sais. Si seulement ton «oncle favori» Moleke n’était jamais revenu dans ce village.

78. ZARA : Quel oncle? Il n’est pas mon oncle! Pas le mien.

79. HASSAN : (D’UN AIR DE CONSPIRATEUR) Et voici ton admirateur préféré.

80. ZARA : Qui? Qui? (ELLE VOIT BALA MANU ET SIFFLE)
Hassan, je vais te jeter ce maïs à la figure.

81. SFX : BRUIT ET FRACAS ALORS QU’HASSAN (EN
RIANT) ESSAIE D’ÉVITER L’ATTAQUE DE ZARA.

82. BALA MANU : (ARRIVANT AU MICRO) Hé! Hassan, on dirait que tu
es victime d’une attaque.

83. HASSAN : (TOUJOURS EN RIANT) Oh Bala, comment vas tu?

84. BALA MANU : Bonne journée, Zara. Tu travailles très fort.

85. ZARA : (D’UN TON SARCASTIQUE) Qu’y a t il de bon dans ma journée? Pourquoi es tu ici – toi et ton père n’avez vous pas d’autres fermes à voler?

86. HASSAN : (INDIGNÉ) Hé! Zara!

87. BALA MANU : Zara, je suis vraiment désolé. Je n’arrête pas de te dire que je n’ai rien à voir avec tout cela. J’ai toujours aimé et admiré ton père.

88. ZARA : (D’UN TON SARCASTIQUE) Ainsi, tu montres ton amour en volant la personne que tu prétends aimer?

89. BALA MANU : Honnêtement, Zara, je ne sais pas quoi dire.

90. ZARA : Tu aurais pu faire quelque chose pour arrêter cela. Après tout, Abah Manu est ton père.

91. BALA MANU : Malheureusement, mon père ne m’écoute jamais. (PAUSE)
Hum… alors que va faire ton père maintenant?

92. ZARA : N’es-tu pas au courant que tout ce qu’on lui a laissé c’est une
bande de terre sans valeur, caillouteuse et infertile à des kilomètres du village?

93. BALA MANU : Je t’adresse à nouveau mes excuses au nom de mon père.
Je… euh… Hassan, à plus tard. (IL PART).

94. HASSAN : N’écoute pas ma sœur, Bala. À plus tard. (À ZARA) Zara,
pourquoi as tu été si insolente avec Bala? Ne sais tu pas qu’il n’est pas impliqué dans tout cela?

95. ZARA : Comment le sais tu? Tout le monde dans sa famille ne
s’intéresse qu’à l’argent… des porcs cupides.

96. HASSAN : Zara, es tu aveugle?! Ne vois tu pas que Bala t’apprécie?

97. ZARA : Eh bien, je ferais mieux de me sauver avant qu’il me montre le genre d’amour que ses proches ont témoigné à mon père.

98. HASSAN : Parfois, tu es vraiment tout un numéro. Tout le monde peut dire
qu’il t’apprécie beaucoup.

99. ZARA : Hassan, je n’aime pas ce genre de plaisanterie – arrête! Si
tu n’a rien de censé à dire, alors tais toi!

100. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 4

Au palais de Abah Manu

101. MOLEKE : Votre Altesse! Vous êtes tellement chanceux de posséder la plus grande partie des terres forestières à Mabudi.

102. ABAH MANU : Oui, c’est heureux, nous n’avons pas convaincre un tas de gens ignorants de la rentabilité de planter dans la forêt.

103. MOLEKE : Cela signifie que personne ne peut vous barrer la route. Et cela signifie plus d’argent pour nous tous.

104. ABAH MANU : En parlant d’argent, Moleke, je n’ai pas reçu de paiement
au cours des quatre dernières semaines pour les paniers de tomates que tes camionneurs ont chargés.

105. MOLEKE : Ne vous inquiétez pas de cela, votre Altesse. J’ai simplement commencé à retenir une partie de l’argent.

106. ABAH MANU : Je ne comprends pas.

107. MOLEKE : Eh bien, voyant que vous me deviez tant d’argent, je ne voulais pas que vos dettes deviennent trop importantes, votre Altesse.

108. ABAH MANU : (PERPLEXE) Mes dettes? Quelles dettes?

109. MOLEKE : Oh! Pas grand chose… juste quelques millions…

110. ABAH MANU : (ABASOURDI) Des millions?

111. MOLEKE : Cela inclut tous les gallons d’eau que j’ai fournis pour
irriguer les légumes. Et bien sûr les engrais.

112. ABAH MANU : Mais c’est tout simplement impossible!

113. MOLEKE : J’ai mes registres, votre Alt…

114. ABAH MANU : (INCRÉDULE) Tu veux dire que, pendant tout ce temps, tu
as additionné tous les coûts?

115. MOLEKE : Évidemment, votre Altesse… J’ai vraiment sacrifié beaucoup pour cette entreprise. Je ne pouvais pas tout faire gratuitement.

116. ABAH MANU : L’eau et les engrais… mais comment cela a t il fait des
millions?

117. MOLEKE : Votre Altesse, vous savez que vous voulez toujours la meilleure qualité.

118. ABAH MANU : (AFFOLÉ) Mais pourquoi ne m’as tu pas dit que je te devais tant d’argent?

119. MOLEKE : Votre Altesse, c’est peu de choses…

120. ABAH MANU : Comment peux tu dire que tant d’argent est peu de choses?

121. MOLEKE : Eh bien, je ne vous ai pas demandé de rembourser…

122. ABAH MANU : Mais tu m’as privé de l’argent dont j’ai besoin.

123. MOLEKE : Je vous ai tellement aidé que mes propres entreprises ont
commencé à en souffrir.

124. ABAH MANU : Mais comment cela peut il être? Tu viens tout juste d’acheter une flotte de nouvelles voitures et tu est en train de faire construire un manoir.

125 MOLEKE : Votre Altesse, j’ai d’autres entreprises…

126. ABAH MANU : (INQUIET) Comment pourrais je te rembourser tant
d’argent?!

127. MOLEKE : Ne vous inquiétez pas sur la façon de me rembourser. Lorsque nous abattrons la forêt, la vente du bois d’œuvre et du bois de chauffage rapportera beaucoup d’argent.

128. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL SOUTENU ET FONDU À…

129. ANIMATEUR : Bien, bien, bien! Moleke est il en train de mordre la main qui le nourrit ou tout simplement de fournir de l’eau t…rrès bonne mais t…rrès coûteuse? Hum! Les habitants de Mabudi permettront ils de défricher la forêt pour la cultiver? Pourquoi les gens accepteraient ils de tels gains à court terme? Les gens oublient que le pacte que nous avons avec notre terre consiste à en profiter mais à la laisser en meilleure condition que nous l’avons trouvée. Prendre une part et en rendre deux, pour ainsi dire. Mais ces temps semblent dépassés. Je frissonne face à la situation épouvantable imminente, s’il faut en croire Yohann et les autres. Les forces de la cupidité gagnent du terrain et je me demande bien qui pourrait les arrêter maintenant?

130. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, MAINTIEN ET
SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 8

Mars 2006

____________________________________________________________________________

Épisode 8

DISTRIBUTION
YOHANN
ABAH MANU
GARAM
ZARA
BABI
MOLEKE
DES VOIX
____________________________________________________________________________

1. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU 0,05 DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

2. ANIMATEUR : On dirait que les habitants de Mabudi ont signé leur propre
arrêt de mort. Quelqu’un peut il arrêter cette vague du destin? Eh bien, fort heureusement, Zara a quelques cadeaux-surprises – ou devrions nous plutôt dire que Garam est une surprise en lui même! Grâce à Dieu, tout le monde n’est pas cupide. Entre temps (AVEC UN AIR CONSPIRATEUR), notre cher cupide Abah Manu semble avoir les yeux plus gros que le ventre, même au rayon de l’amour. Chose étrange, il ne sait même pas quand il en a plein les bras. Bah!

3. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 1

4. YOHANN : Votre Altesse, veuillez vous asseoir. Vous auriez dû envoyer quelqu’un me chercher au lieu de venir ici.

5. ABAH MANU : (IL S’ÉCLAIRCIT LA GORGE, GÊNÉ) Eh bien… hum…

6. YOHANN : Veuillez vous asseoir. Puis je vous servir votre thé aux herbes pendant que nous…?

7. ABAH MANU : (AVEC FRÉNÉSIE) Non, non, non! (À VOIX BASSE) Sommes nous seuls?

8. YOHANN : Oh oui, personne n’entre ici à moins que je…

9. ABAH MANU : (IL SE LAISSE ALLER) J’ai besoin de votre aide!

10. YOHANN : Quel est exactement le problème?

11. ABAH MANU : Eh bien… (GÊNÉ)… hum … c’est Babi… elle…

12. YOHANN : Oh, elle est enceinte!

13. ABAH MANU : Oh non! Pas du tout.

14. YOHANN : Alors, qu’est ce qui ne va pas avec elle?

15. ABAH MANU : (IL RIT, GÊNÉ) Vous connaissez les femmes et leurs problèmes…

16. YOHANN : A t elle des saignements au mauvais moment?

17. ABAH MANU : (IL SE LAISSE ALLER) Elle a menacé de me quitter si je n’améliorais pas ma… hum, vous savez… hum…

18. SFX : SILENCE EMBARRASSANT

19. YOHANN : Votre Altesse, voulez vous dire votre performance sexuelle?

20. ABAH MANU : Chut… pas si fort!

21. YOHANN : Je suis persuadé que nous pouvons trouver la cause du problème rapidement.

22. ABAH MANU : Oui, je suis certain qu’un petit fortifiant fera… (DUBITATIF)… mais pensez vous que mes ennemis m’ont jeté un sort?

23. YOHANN : Non. Que pourrait en tirer quelqu’un?

24. ABAH MANU : Eh bien, vous savez, j’ai de belles épouses et certaines d’entre elles avaient des prétendants avant que je demande leur main…

25. YOHANN : (IL RESPIRE PROFONDÉMENT) Votre Altesse, ce problème est courant et il a souvent un remède.

26. ABAH MANU : (PROFOND SOUPIR DE SOULAGEMENT) Dieu merci! Vous voulez dire que vous avez une herbe pour moi à usage immédiat?

27. YOHANN : Eh bien, cela dépend… est ce que vous êtes impuissant ou…

28. ABAH MANU : (EN HÂTE) Dieu m’en préserve! (IL HÉSITE) C’est simplement que Babi en veut plus que je ne peux lui en donner… ah, Dieu m’en préserve, je ne suis pas impuissant. Après tout (RIRE PENAUD), je suis le digne fils de mon père… il a eu 32 enfants! Je me débrouille pas si mal moi même.

29. YOHANN : Avez vous de la fièvre?

30. ABAH MANU : Non.

31. YOHANN : Des maux de tête?

32. ABAH MANU : Non.

33. YOHANN : Des douleurs quelque part?

34. ABAH MANU : Pas du tout.

35. YOHANN : Eh bien, votre Altesse… dans ce cas l’amour de sa partenaire est le meilleur remède pour avoir la force de se satisfaire mutuellement.

36. ABAH MANU : Mais le problème est que je n’ai pas la force pour répondre à ses exigences. Je suis certain qu’il y a des herbes que les gens prennent pour résoudre de tels problèmes.

37. YOHANN : Malheureusement, je ne pense pas que les herbes peuvent vraiment résoudre le problème tout le temps. Je pense que le repos, une bonne nourriture, l’absence de soucis et la femme que vous aimez vraiment…

38. ABAH MANU : (IL INTERVIENT) Yohann, allez simplement me chercher les herbes.

39. YOHANN : Très bien, votre Majesté. Je vais chercher les herbes qui pourraient être appropriées. Revenez ce soir et j’aurai quelque chose de prêt pour vous.

40. ABAH MANU : Merci, Yohann (RIRE EMBARRASSÉ)… euh… peut être que vous pourriez m’envoyer votre fille… (EN HÂTE) ou peut être pas…

41. YOHANN : Comme vous voulez, votre Altesse.

42. ABAH MANU : Le temps passe. J’étais ici il y a quelque temps et j’ai été
agréablement surpris de constater que votre fille a bien
grandi pour devenir une très belle femme.

43. YOHANN : (D’UN TON UN PEU FROID) Oh oui… les enfants grandissent très vite de nos jours.

44. ABAH MANU : Alors quels projets avez vous faits pour lui trouver un mari convenable?

45. YOHANN : J’ai confiance que Zara tombera amoureuse et épousera l’homme de son choix quand elle sera prête.

46. ABAH MANU : (D’UN AIR DÉSAPPROBATEUR) N’êtes vous pas trop
libéral et moderne? Supposez qu’elle choisisse quelqu’un que vous n’approuvez pas?

47. YOHANN : Eh bien, ce sera son choix! N’oubliez pas que vous pouvez mener un cheval à l’abreuvoir mais que vous ne pouvez pas l’obliger à boire.

48. ABAH MANU : (PENAUD) De toute façon, pourquoi n’envisagez vous pas de me donner sa main? Elle fera une magnifique épouse de roi et je la rendrai très heureuse.

49. YOHANN : (D’UN TON SARCASTIQUE) Vraiment?

50. ABAH MANU : (SE VANTANT) Ne savez vous pas ce que je peux faire?

51. YOHANN : (D’UN RIRE SARCASTIQUE, REJETANT L’IDÉE) Ah… Votre Altesse, vous venez vous même de confesser que vous en avez déjà plein les bras avec vos épouses Halima, Titi et surtout Babi… Êtes vous certain que ma Zara ne serait pas pour vous le chant du cygne?

52. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 2

Garam et Zara devant la maison de Zara

53. GARAM : Bonjour, ma belle princesse. Je suis venu pour voir ta mère au sujet des articles qu’elle m’a demandés.

54. ZARA : (D’UN TON HOSTILE) Je ne suis pas ta princesse et elle n’est pas ma mère!

55. GARAM : (LA TAQUINANT) Très bien, notre belle princesse.

56. ZARA : Épargne-moi ton air charmeur. La femme de mon père a déjà fait du beau travail en vendant tous les biens de ma mère.

57. GARAM : Ce n’est pas…

58. ZARA : Je me demande comment tu peux dormir la nuit en sachant que certains des biens que tu achète sont volés.

59. GARAM : Zara, ce n’est pas ainsi.

60. ZARA : Comment est ce, Garam, toi qui connaît bien ma mère?

61. GARAM : En réalité, je n’ai pas…

62. ZARA : (ELLE SIFFLE ET INTERVIENT) Je me demande quels biens de ma mère elle échange aujourd’hui. Cette femme a volé presque tout ce que ma mère avait laissé pour Hassan et pour moi.

63. GARAM : (D’UN TON APAISANT) Zara, je t’adresse mes excuses les plus sincères.

64. ZARA : Évidemment, c’est la meilleure solution… des excuses.

65. GARAM : J’ai effectivement accepté quelques articles en sachant qu’ils appartenaient à ta défunte mère.

66. ZARA : Et ainsi, c’est évidemment la raison pour laquelle je suis maintenant la fière propriétaire de tes excuses!

67. GARAM : C’est pourquoi je te les ai rapportés…

68. ZARA : (ELLE CONTINUE) Je ne sais pas pourquoi les gens pensent
toujours qu’une fois qu’ils ont fait des excuses… (ELLE S’ARRÊTE)… Qu’as-tu dit?

69. GARAM : J’ai rapporté les choses de ta mère.

70. ZARA : (CONTENTE) Es-tu sérieux? As-tu vraiment rapporté les choses de ma mère?

71. GARAM : Je ne pouvais pas me résoudre à les négocier.

72. ZARA : (AVEC PRÉCAUTION) Oh… Je vois… alors combien
devrais je te payer pour les avoir?

73. GARAM : Rien.

74. ZARA : Comment est ce possible? Tu les as payées. La femme de mon père ne te remboursera jamais.

75. GARAM : Évidemment. Je ne m’attends pas à cela. L’argent n’est pas tout.

76. ZARA : Je peux payer par acomptes en attendant…

77. GARAM : S’il te plaît, Zara, laissons cela, d’accord. (IL CHANGE
DE SUJET) Au fait, comment va ton père?

78. ZARA : Garam, tu es après tout un homme bien… merci.

79. GARAM : (LA TAQUINANT) Alors, je peux t’appeler princesse maintenant? Je déteste te voir l’air renfrogné.

80. ZARA : (L’IGNORANT) Mon père est au palais. Il y a une
réunion concernant la coupe de la forêt pour pouvoir cultiver davantage de légumes.

81. GARAM : Ainsi, cette folie a également gagné Mabudi.

82. ZARA : Quelle folie?

83. GARAM : Eh bien, tu sais que je ne dirai jamais rien contre les négociants (PETITS RIRES)… Je veux dire qu’ils sont importants! Mais il y a quelques cupides qui font la tournée pour convaincre les agriculteurs de cultiver uniquement des légumes, même sur les terres les plus inappropriées, simplement pour avoir des camions de produits frais à vendre.

84. ZARA : Et qu’y a t il de mal à cela?

85. GARAM : La terre et la collectivité en souffriront plus tard.

86. ZARA : C’est difficile à croire.

87. GARAM : Permets moi simplement de te dire que les arbres et les plantes sont inestimables.

88. ZARA : Je sais cela.

89. GARAM : Pas seulement comme bois d’œuvre et de chauffage, mais pour protéger la terre.

90. ZARA : La protéger contre quoi ou contre qui?

91. GARAM : Contre l’érosion… le vent, les inondations, et même le soleil brûlant… Pour sauvegarder la nappe aquifère.

92. ZARA : Alors tu dis que nous avons besoin des forêts qui nous entourent?

93. GARAM : Exactement! Sinon, le désert gagnera de plus en plus de terrain jusqu’à ce que la collectivité soit obligée de partir à la recherche de terres meilleures. J’ai vu cette situation se produire à de nombreux endroits.

94. ZARA : C’est malheureux parce qu’il semble que tout le monde à Mabudi veut défricher la forêt afin de pouvoir cultiver davantage.

95. GARAM : Vraiment? J’espère qu’ils voteront contre cette idée. J’ai vu des endroits où l’on s’est débarrassé de tous les arbres… la terre est devenue un désert en quelques années.

96. ZARA : Garam, toi aussi? Mon père, Shurahi et le personnel du ministère de l’Agriculture semblent tous dire la même chose. Cela te dérangerait il de le dire à Abah, s’il te plaît? Cela pourrait être utile.

97. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 3

98. SFX : RENCONTRE D’ANCIENS AU PALAIS. DES VOIX.

99. ABAH MANU : Alors, pour résumer, nous les anciens de Mabudi avons décidé de défricher la forêt et de partager la terre entre toutes les familles. Nous vous assurons qu’il n’y aura pas de problèmes. En outre… les arbres seront numérotés et vendus au plus haut soumissionnaire. Le Grand chef Moleke nous conseillera pour trouver les meilleurs marchands de bois. Quelqu’un a t il quelque chose d’autre à dire sur ce sujet?

100. BABI : (S’ÉCLAIRCISSANT LA VOIX) Moi, Babi… je parle
au nom des femmes de Mabudi. Nous estimons que la forêt est simplement présente là, d’année en année, à ne rien faire pour personne. La suggestion de Moleke de l’utiliser enrichira tout le monde. Nous sommes donc d’accord qu’il s’agit d’une bonne décision. (APPLAUDISSEMENTS ET LOUANGES)

101. YOHANN : Votre Altesse, j’ai aussi quelque chose à dire.

102. SFX : DES GENS LE HUENT.

103. ABAH MANU : S’il vous plaît, donnons la chance à tout le monde de parler.

104. YOHANN : On ne devrait pas voir les problèmes venir de loin et les laisser se rapprocher davantage. Je n’appuie pas le défrichage de la forêt pour y planter des légumes. La forêt est fertile uniquement à cause des arbres et des plantes qui s’y trouvent.

105. BABI : Eh?… Nous voulons donc y mettre des plantes plus utiles
comme les tomates…

106. YOHANN : Ce n’est pas la question. Le défrichage des arbres exposera le sol au soleil brûlant, au vent et à la pluie. Vous serez capables de cultiver cette terre uniquement pendant quelques saisons avant que vos rendements commencent à diminuer, que le sol se dégrade et que la terre devienne stérile.

107. UNE VOIX : Je ne suis pas d’accord, alors faisons un essai et voyons combien de saisons…

108. YOHANN : (AVEC PASSION) C’est une autre question… il est impossible de remettre la forêt en place une fois qu’elle est défrichée. La forêt protège contre l’empiètement du désert. Nous pourrions perdre nos maisons et nos fermes. Nous perdrons tous les animaux, les oiseaux et les arbres fruitiers.

109. ABAH MANU : Ainsi Yohann, vous êtes davantage préoccupé par la protection des animaux que par la prospérité et le progrès de vos gens?

110. YOHANN : Votre Altesse, c’est un progrès et une prospérité qui ne dureront pas longtemps. Cela ne fera qu’apporter des ennuis, des difficultés, la famine…

111. BABI : (L’INTERROMPANT, EN CRIANT) Yohann veut seulement que l’on garde la forêt parce qu’il y recueille des herbes médicinales. De toute façon, qui se préoccupe de ses vieilles concoctions malodorantes?

112. ABAH MANU : (S’ÉCLAIRCISSANT LA VOIX) Babi, cela suffit.

113. BABI : (L’IGNORANT) De nos jours, les gens ont assez d’argent
pour acheter leurs remèdes dans les pharmacies modernes.

114. ABAH MANU : (HAUSSANT LA VOIX) Babi, j’ai dit que cela suffisait!

115. YOHANN : Votre Altesse, j’insiste de nouveau que l’on ne devrait pas
prendre une telle décision. La forêt est bonne pour nous; elle protège la vie, empêche l’érosion et sert de coupe vent pour les fermes et les maisons. Envisageons donc cette initiative avec beaucoup de prudence.

116. DES VOIX : S’il vous plaît – nous avons besoin de prospérité… Tais toi!…Herbaliste de brousse!… Que sais tu?… des animaux et des oiseaux bien sûr, etc.

117. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 4

Abah avec Moleke dans son palais

118. ABAH MANU : Tu nous as manqué à la réunion.

119. MOLEKE : Votre Majesté, je suis désolé de n’avoir pas pu assister à la réunion. Je suis certain que tout s’est bien passé?

120. ABAH MANU : Oui, évidemment, Moleke… Aucun problème… ce fut une décision presque unanime.

121. MOLEKE : Lorsque vous dites presque, je suis certain que c’est mon
cher cousin Yohann qui s’est opposé à la résolution.

122. ABAH MANU : (RIANT) Oui, tu as raison… mais ne t’inquiète pas… Pas de problème… tout est sous contrôle. Il y a eu un visiteur surprise… Garam, le marchand, est venu et a pris la défense de Yohann. Il dit qu’il a vu le désert empiéter lorsque des forêts sont défrichées comme ce que nous proposons… il était très sûr de ses faits. (LE DOUTE SE GLISSE) Eh bien… nous avons également nos faits, n’est ce pas?

123. MOLEKE : Tout à fait. Votre Altesse, vous êtes tellement bon et démocratique que vous permettez à n’importe quelle racaille de participer aux décisions du Royaume. C’est de la vraie démocratie!

124. ABAH MANU : En fait, Moleke… les gens prennent souvent ma gentillesse pour acquise. De toute façon, c’est ce qui s’est passé… j’ai une petite question dont il faudrait que tu t’occupes d’urgence.

125. MOLEKE : Votre Majesté, vos souhaits sont mes ordres.

126. ABAH MANU : Tu connais la fille de Yohann?

127. MOLEKE : Vous voulez dire mon cousin Yohann? Il s’agit de Zara.

128. ABAH MANU : Ah, je souhaite prendre Zara, la fille de Yohann, comme
épouse. Mais Yohann n’est pas intéressé.

129. MOLEKE : (D’UN TON RASSURANT) Votre Majesté, est ce tout?
Je suis autant le père de Zara que Yohann. C’est une question insignifiante. Ne vous inquiétez pas – elle vous épousera… (D’UNE VOIX GRAVE ET MENAÇANTE) Je vais m’en assurer.

130. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU 0,05 DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

131. ANIMATEUR : Oh la la… quels plans sinistres a en tête Moleke pour Zara? Je ne peux imaginer Zara et Abah Manu comme mari et femme. De plus, ne devrait il pas finir de prendre les herbes de Yohann avant de penser à avoir une nouvelle épouse? Cependant, le problème le plus grave est que les anciens de Mabudi ont voté pour défricher la forêt. En dehors de Yohann – qu’ils ont presque mis en pièce – qui peut maintenant sauver la forêt? Qui peut sauver l’avenir de Mabudi?

132. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, MAINTIEN ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

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par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 9

Mars 2006

____________________________________________________________________________

Épisode 9

DISTRIBUTION
CHOLIBA
YOHANN
M. ZEB
SHURA
ZARA
MOLEKE
___________________________________________________________________________

1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, MAINTIEN 0,05 ET SORTIE EN FONDU

2. ANIMATEUR : Mes amis, la dernière fois nous avons vu Mabudi atteindre le point de non retour en décidant de convertir la forêt en champs de légumes! La FORÊT? À quoi pensent ils? Yohann est la seule voix dissidente. Mais la simple cupidité stupide a une voix encore plus forte. Qui peut arrêter Moleke et ses congénères? Moleke est si orgueilleux dans sa cupidité qu’il pense pouvoir obtenir tout ce qu’il veut. Et pour l’amour de Dieu, que va faire Yohann avec un lopin de terre aussi éloigné de l’eau? Aride, rocailleux, accidenté et pas un arbuste en vue! À l’heure actuelle, Yohann est l’homme le plus découragé et le plus abattu à Mabudi… et qui peut le blâmer? Il n’y a pas encore eu de répit depuis l’assaut de la cupidité. Mais comme dit le proverbe, le voleur passe à toute heure mais le propriétaire aura SON HEURE un jour! Ce jour arrivera suffisamment tôt, croyez moi. Restez à l’écoute, chers auditeurs.

3. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, MAINTIEN ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 1

4. CHOLIBA : (HAUSSANT LA VOIX) Yohann, tu m’as déshonorée!! Tout le village se moque de moi.

5. YOHANN : De quoi parles tu?

6. CHOLIBA : Pourquoi ne peux tu donc pas être comme tout le monde?
Ne veux tu pas être riche?!

7. YOHANN : Je n’ai rien contre le fait de devenir riche, Choliba. Mais pas à un prix aussi élevé.

8. CHOLIBA : (ELLE L’INTERROMPT ET CONTINUE À HAUSSER LE TON) Quel prix? Tout le monde pense en premier à sa famille. Tout ce discours farfelu au sujet de la forêt qui va devenir un désert… J’en ai marre d’être pauvre alors que tout le monde autour de moi est riche.

9. YOHANN : Choliba, baisse le ton, je veux être riche mais pas aux dépens de mon avenir… de l’avenir de tout le monde.

10. CHOLIBA : Si tu continues comme cela, la pauvreté te tuera et même les enfants de tes enfants, et il ne restera personne pour l’avenir que tu aimes tant.

11. YOHANN : Choliba, s’il te plaît, baisse le ton. Les voisins sortent pour…

12. CHOLIBA : Pour m’entendre, eh bien… laisse les sortir! Est ce un secret que nous sommes la famille la plus pauvre de ce village? Je ne dis rien que le monde ne sache pas déjà.

13. YOHANN : Quand même, parlons de ces choses tranquillement.

14. CHOLIBA : Yohann, qu’y a t il à discuter, sauf que mon mari ne peut plus subvenir aux besoins de sa famille?

15. YOHANN : Choliba, ce n’est pas bien pour les gens de t’entendre parler comme ça, ou même pour nous de continuer à nous disputer comme cela. J’ai…

16. CHOLIBA : (L’INTERROMPANT) En fait, mon cher mari, ce n’est pas bien pour ta femme de se promener dans des vêtements aussi en lambeaux et effilochés, ni pour elle d’avoir des pots vides dans sa cuisine.

17. YOHANN : Tu sais ce qui a amené ces temps durs. Ne t’inquiète pas. Je
résoudrai bientôt ce problème.

18. CHOLIBA : Je suis inquiète, en fait je suis très inquiète.

19. YOHANN : Je t’ai fourni de la nourriture, des vêtements et un abri au
meilleur de ma capacité. N’est ce pas là tout ce dont tu as
besoin? Un tien vaut mieux que deux tu l’auras.

20. CHOLIBA : (ELLE S’EMPORTE) J’en ai assez de tes proverbes… J’en ai assez de la pauvreté, de tout cela… Je veux le divorce! Je ne veux pas mourir pauvre!

21. YOHANN : Choliba, ne plaisante pas à propos de sujets aussi graves.
22. CHOLIBA : (RÉVOLTÉE) Plaisanter! Tu veux savoir ce qu’est une
plaisanterie? Toi, Yohann !

23. YOHANN : Parle moins fort…

24. CHOLIBA : (ELLE SE DÉCHAÎNE) Ne me dis pas de baisser le ton! Je
veux le divorce maintenant… tout de suite! En fait…

25. SFX : CHOLIBA JETANT LES CHOSES À DROITE ET À GAUCHE ET FAISANT SES VALISES. UNE PORTE CLAQUE, DES TIROIRS ET DES CHOSES TOMBENT.

26. YOHANN : Que fais tu?

27. CHOLIBA : Es tu aveugle? Que dirait on que je suis en train de faire? Je fais mes valises et je pars. Je retourne dans ma famille.

28. YOHANN : Choliba, j’ai été très patient avec toi… ne laisse pas ce problème dégénérer.

29. CHOLIBA : (AVEC ENTÊTEMENT) Je veux retourner chez moi.

30. YOHANN : (APRÈS UNE PAUSE, CALMEMENT) Qu’en est il de tes enfants?

31. CHOLIBA : Ce sont les tiens maintenant… si tu veux, tu peux les laisser mourir de faim et de pauvreté.

32. YOHANN : Ça suffit! Calme toi Choliba et pense à ce que tu es sur le point de faire. Ah, ah… où vas tu? Reviens… discutons de cela… (LA PORTE CLAQUE)

33. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 2

34. SFX : BRUITS DE BUREAU. SON D’UNE IMPRIMANTE.

35. M. ZEB : Shurahi… c’est toujours un plaisir de te voir dans mon bureau. Qu’est ce qui t’amène à Jantale?

36. SHURA : (D’UN TON URGENT) M. Zeb, j’ai un gros problème à Mabudi. Je suis venue tirer profit de votre riche expérience.

37. M. ZEB : Tu me flattes, Shurahi.

38. SHURA : Laissez moi vous parler de la réunion qui s’est déroulée à Mabudi… hum… pouvez vous croire que ces gens envisagent de défricher toute la forêt qui se trouve sur leurs terres?!

39. M. ZEB : Quoi?!… Eh bien, je suis certain que les gens éclairés déconseilleront de le faire.

40. SHURA : Malheureusement, le vote a été écrasant en faveur du défrichage de la forêt.

41. M. ZEB : Mais le sol de la forêt ne supportera pas longtemps des cultures.

42. SHURA : Exactement… Que pouvons nous faire? Vous êtes chanceux de ne pas avoir les mêmes problèmes ici à Jantale.

43. M. ZEB : Tu serais surprise… il y a eu beaucoup de surpâturage dans cette collectivité…

44. SHURA : Comment avez vous résolu le problème?

45. M. ZEB : Les collectivités se sont réunies et ont convenu de prendre certaines mesures. Le pâturage a été temporairement interdit sur les terres communales… on a recommandé le pâturage par rotation afin de donner à l’herbe le temps de repousser.

46. SHURA : Au moins, on dirait que les gens sont conscients du problème et sont disposés à faire quelque chose pour le résoudre.

47. M. ZEB : Effectivement. Tu sais… il y a quelques négociants sans scrupules derrière cette combine. Ils font la tournée pour convaincre les agriculteurs de cultiver des légumes pour les leur vendre.

48. SHURA : Je suis au courant de cela. Malheureusement, les agriculteurs ne se rendent pas compte qu’ils ne devraient pas cultiver uniquement des légumes.

49. M. ZEB : J’ai constaté l’influence de ces négociants et j’ai commencé à informer les agriculteurs de ne pas utiliser les terres pour faire des profits à court terme.

50. SHURA : C’est exactement ce qu’ils font à Mabudi.

51. M. ZEB : C’est grave.

52. SHURA : Vous ne pouvez pas croire combien de tonnes et de tonnes d’eau souterraine il faut pour faire pousser ces légumes.

53. M. ZEB : Je peux imaginer.

54. SHURA : Maintenant, ils ont même planifié la vente des arbres avant de les avoir abattus.

55. M. ZEB : S’ils défrichent cette forêt comme prévu, la désertification envahira ces terres en peu de temps.

56. SHURA : C’est la raison pour laquelle je suis venue vous voir… pensez vous qu’il serait possible de rassembler les collectivités pour débattre et planifier une action conjointe en vue de protéger leurs terres?

57. M. ZEB : C’est possible… mais voyons voir… Comment cela peut il marcher?

58. SHURA : Je ne sais pas si les collectivités voisines peuvent parvenir à une action conjointe sans conflit.

59. M. ZEB : Eh bien, nous pouvons toujours essayer… Je vais contacter le roi de Jantale et certains des anciens et leur demander d’inviter leurs voisins à une réunion.

60. SHURA : Nous devrions peut être envisager de les laisser diriger la réunion eux mêmes… afin qu’il y ait de l’unité… ensuite le plan fonctionnera.

61. M. ZEB : Tout cela a du bon sens.

62. SHURA : Bien… je vais communiquer avec l’administration locale et le ministère de l’Agriculture de l’État pour agir comme observateur à la réunion.

63. M. ZEB : Oui! J’aime ta façon de penser… J’espère que l’administration centrale sait qu’elle a une agente aussi brillante à Mabudi.

64. SHURA : Merci, ma tête est en train d’enfler!

65. M. ZEB : (RIRES) Nous devons également aller à Papalanto et leur parler de ce que nous projetons et aussn leur demander de l’aide pour rassembler les collectivités.

66. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 3

67. SFX : ON COGNE DOUCEMENT À LA PORTE ET LA PORTE S’OUVRE.

68. ZARA : Bonjour monsieur.

69. MOLEKE : Bonjour Zara. Je suis certain que tu te demandes pourquoi je t’ai envoyé chercher, moi le Grand chef Moleke.

70. ZARA : J’espère que tout va bien.

71. MOLEKE : Tout va très bien, ma chère. Comment va ton père?

72. ZARA : Chef, vous savez très bien comment va mon père.

73. MOLEKE : Et toi… comment vas tu?

74. ZARA : Je ne pense pas que vous m’ayiez fait demander simplement pour me demander comment j’allais.

75. MOLEKE : Pourquoi pas? Après tout, tu fais partie de ma famille.

76. ZARA : Chef, pouvez vous s’il vous plaît laisser de côté la question familiale?

77. MOLEKE : De toute façon, je veux que tu saches que je pense à ton avenir.

78. ZARA : C’est difficile à croire, mais je sais que Dieu m’aidera à retourner un jour à l’école pour obtenir un diplôme.

79. MOLEKE : Un diplôme? Pour quoi faire as tu besoin donc besoin d’un diplôme?

80. ZARA : Afin de pouvoir obtenir un bon emploi et de sortir de cette pauvreté dans laquelle je me trouve actuellement.

81. MOLEKE : (RIANT)… Ma chère, tu n’as pas besoin d’aller à l’école pour sortir de la pauvreté. En fait, j’ai un prétendant pour toi. Si tu l’épouses, tous tes ennuis seront terminés… tu n’auras plus jamais à te soucier d’argent.

82. ZARA : Et qui est ce riche prétendant?

83. MOLEKE : Le grand Abah Manu de Mabudi… le Roi lui même. Ce serait un grand honneur pour toi d’accepter de l’épouser.

84. ZARA : (RIANT AVEC MÉPRIS) Quel genre d’honneur y a t il
à épouser un homme qui a déjà trois épouses?

85. MOLEKE : Je t’assure que le Abah est disposé à divorcer des trois si tu consens à accepter sa main…

86. ZARA : (D’UN TON MOQUEUR) Grand chef Moleke, voudriez vous avoir l’amabilité de dire au Roi que je le méprise pour toutes les choses qu’il a faites à moi et à ma famille et je ne suis pas intéressée à l’épouser et je ne le serai jamais.

87. MOLEKE : (PERDANT SON CALME) Comment oses tu me parler ainsi? Je suis un parent plus âgé… ton oncle et ton père… et par tradition j’ai le droit de te donner des ordres. Je t’ordonne donc d’accepter la main du Roi en mariage et c’est final!

88. ZARA : Je n’épouserai pas ce vieil imbécile… Roi ou pas… Je préférerais mourir… et si vous m’y obligez… je me suiciderai!!

89. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 4

90. SFX : BRUIT DE FOND DU VENT JUSQU’AUX 2E ET
3E DIALOGUE, ENSUITE SORTIE EN FONDU.
RETOUR DE NOUVEAU APRÈS LE 3E DIALOGUE JUSQU’À LA FIN DE LA SCÈNE.

91. SHURA : Bonjour, Yohann … pourquoi paraissez vous si abattu?

92. YOHANN : Oh, bonjour Shura… Regarde simplement cette terre aride et stérile. Comment arriverai je un jour à faire pousser quelque chose sur cette pente rocailleuse?

93. SHURA : Hum… eh bien… J’ai jeté un coup d’œil et je suis persuadée que l’on peut faire quelque chose pour rendre la terre productive.

94. YOHANN : J’en doute. Même ce petit brin d’herbe se débat pour pousser.

95. SHURA : On peut l’améliorer, mais il faut bien la gérer.

96. YOHANN : Tu veux dire que je peux faire quelque chose avec ce petit
lopin de terre sans valeur?

97. SHURA : Aucune terre n’est complètement sans valeur avant d’avoir épuisé toutes les méthodes d’amélioration.

98. YOHANN : Quelles sont ces méthodes?

99. SHURA : Commençons par une méthode qui est facile et gratuite.

100. YOHANN : Hum … quel est donc ce remède magique qui peut changer
cette terre aride?

101. SHURA : Vous pourriez commencer par creuser des fossés en croissant ou en demi lune pour arrêter l’érosion et conserver l’eau et les nutriments dans le sol.

102. YOHANN : Que sont des fossés en demi lune?

103. SHURA : C’est une façon simple d’arrêter l’érosion du sol sur des terrains en pente douce. Ils contribuent à empêcher l’eau de ruisseler sur la terre.

104. YOHANN : Cela a l’air vraiment bien! Où dois je commencer?

105. SHURA : Venez ici où le sol est dégagé. Permettez moi d’utiliser ce bâton.

106. SFX : BRUIT D’UN BÂTON QUE L’ON CASSE.

107. SHURA : Oh, cette terre est dure.

108. SFX : BRUIT DE BÂTON QUE L’ON CASSE.

109. YOHANN : Tiens.. Utilise celui ci.

110. SHURA : (ELLE PARLE LENTEMENT DURANT TOUTE CETTE
SECTION, EN DONNANT LE TEMPS À YOHANN DE SUIVRE SES INSTRUCTIONS) Merci. Tout d’abord, dessinez une demi lune sur le sol en tirant une ligne droite de deux enjambées de long, horizontalement en travers de la pente. Maintenant, les deux extrémités de la ligne devraient se trouver à la même hauteur sur la pente. Ensuite, tenez vous debout au milieu de cette ligne.

111. YOHANN : Comme ça?

112. SHURA : Oui. De là, descendez droit dans la pente d’un pas et faites une marque sur le sol. Revenez à une extrémité de la ligne horizontale. Dessinez une ligne courbe depuis l’extrémité de la ligne en descendant vers la marque, et ensuite en remontant jusqu’à l’autre extrémité de la ligne.

113. YOHANN : Maintenant, je peux voir pourquoi on lui a donné le nom de «fossé en demi lune». Ce dessin ressemble à celui d’un croissant de lune.

114. SHURA : Exactement. Ensuite, creusez un peu le sol à l’intérieur de
la demi lune jusqu’à ce que le trou ait environ deux poings de profondeur, soit à peu près 10 centimètres.

115. YOHANN : Alors tu creuses d’une extrémité de la demi lune à l’autre?

116. SHURA : Oui. Ensuite, vous entassez la terre que vous creusez du trou le long de la bordure en aval de la demi lune pour ériger une barrière qui arrêtera et retiendra l’eau. Pour rendre cette barrière solide, sa base devrait être aussi large que la longueur de votre avant bras, soit environ 50 centimètres. Le sommet devrait atteindre au moins la moitié de cette largeur. Si vous voulez, vous pouvez renforcer encore davantage la barrière, ou «digue», en ajoutant une couche de pierres sur la pente.

117. YOHANN : Attends… tu veux dire que la largeur à la base de la barrière de terre devrait être aussi large que mon avant bras. L’avant bras de chaque personne n’a évidemment pas la même longueur?

118. SHURA : Pas exactement, mais la différence n’a pas beaucoup d’importance dans ce cas. Cette barrière de terre devrait être au moins aussi élevée que la longueur de votre pied, soit environ 30 centimètres. Une fois que vous avez creusé le fossé en demi lune, vous pouvez commencer à y planter des cultures vivrières. Ou bien vous pouvez y planter des arbres pour le bois de chauffage.

119. YOHANN : Est ce tout?

120. SHURA : Oui. C’est simple, n’est ce pas? La terre riche en nutriments descend le long de la pente et se trouve prise dans le fossé, ce qui le rend fertile et riche. L’eau des dernières pluies sera également emprisonnée dans le fossé, ce qui rendra le sol humide et mou.

121. YOHANN : Cela améliorera assurément la terre.

122. SHURA : Vous pourriez cependant avoir besoin de beaucoup d’aide… je vous suggère d’obtenir l’aide de votre femme et de vos enfants. Il vous faudra environ quatre heures pour creuser chaque fossé.

123. YOHANN : Ah! Shura… ma femme m’a quitté… mais je dois continuer.
J’obtiendrai l’aide de mes enfants et peut être de ce jeune homme Bala Manu et de Koi koi de Jantale. Je n’abandonnerai pas. Je travaillerai dur… (HAUSSANT LA VOIX, PLEIN D’OPTIMISME) On peut le faire!

124. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU DE L’INDICATIF MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À….

125. ANIMATEUR : Ah! Des fossés en demi lune – le dessin ressemble pour moi à celui d’une bouche qui sourit. Peut être que Yohann retrouvera bientôt le sourire. Malgré tous les événements contraires, Yohann a retrouvé sa détermination. Rien ne pourra l’arrêter maintenant. J’espère qu’il pourra trouver la main d’oeuvre dont il a besoin. Choliba, son épouse des beaux jours, est partie à la recherche de pâturages plus verts. Shurahi et Zeb ont apporté un rayon d’espoir… mais ceux qui ont goûté à cette nouvelle prospérité sauront ils les écouter? Je prie pour que la cupidité de Moleke ne cause pas d’autres dégâts. On dirait que Zara aura également une bataille perpétuelle à livrer contre Moleke. Le temps nous le dira…

126. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, MAINTIEN ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 10

Mars 2006
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Épisode 10

DISTRIBUTION
ABAH MANU
SHURAHI
GARAM
MOLEKE
BABI
YOHANN
ZEB
KOI KOI
AZARA
DES VOIX
_________________________________________________________________________

1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET BAISSE.
AMORCE, MONTÉE ET SORTIE EN FONDU…

2. ANIMATEUR : Mes amis, bienvenue à notre drame permanent de la vie à Mabudi. La dernière fois, les choses arrivaient lentement à un point critique. Une confrontation de tous côtés. Et vous l’aviez deviné – Moleke est au centre de tout cela. Comme son idée de pouvoir obliger Zara à épouser Abah Manu! Certaines personnes ont une opinion si imbue de leur pouvoir…

Fait intéressant, de nombreuses autres collectivités veulent trouver de meilleures façons de gérer leurs terres face à l’augmentation de la sécheresse et de la dégradation des sols. On parle même d’un sommet ou d’une réunion de toutes les collectivités de la région pour élaborer un plan d’action conjoint contre la désertification. Il y a donc de l’espoir. Nous osons seulement espérer que Mabudi se joindra à ses voisins dans cette noble entreprise… Voyons voir ce qui va arriver.

3. MUSIQUE : FONDU GRADUEL ET SOUTENU DE L’INDICATIF MUSICAL ET COUPER À…

SCÈNE 1

4. SFX : DANS LE PALAIS DE ABAH. BRUITS DU PALAIS.

5. ABAH : Shurahi, je t’ai envoyé chercher afin que nous puissions parler d’une lettre que j’ai reçue du ministère d’État de l’Agriculture. On y invite Mabudi à un sommet pour parler d’efforts conjoints déployés par toutes les collectivités de la région pour combattre la désertification.

6. SHURAHI : C’est un sujet grave, Abah. Partout dans le monde, les gens
s’inquiètent de la vitesse à laquelle des terres autrefois fertiles se dégradent.

7. ABAH : J’ai nommé des gens crédibles comme le Grand chef Moleke, ma chère épouse et principale dame Babi, mon fils le Prince Bala et Jauro, un ancien respecté. Je dirigerai moi même cette solide équipe.

8. SHURAHI : J’aurais espéré voir une femme et une autre personne jeune pour représenter convenablement tous les groupes de la collectivité. Je pense également que Yohann devrait en faire partie.

9. ABAH : (VRAIMENT FURIEUX) Yoha… qui?

10. SHURAHI : Baba Yohann…

11. ABAH : (L’INTERROMPANT). Tais toi! (SILENCE) Je parle
d’esprits progressifs qui savent ce qui est bon pour la collectivité. Et tu me mentionnes une personne insignifiante, effrontée et improductive comme Yohann.

12. SHURAHI : Je suis désolée, votre Altesse. Je pensais seulement…

13. ABAH : Il ne suffit pas de «penser seulement». Yohann? Jamais! Ce vieux fou ingrat qui ne voit jamais rien de bon dans tout ce que je fais? Jamais! Il ne devrait même pas être autorisé à représenter sa famille.

14. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

SCÈNE 2

Maison de Yohann

15. SFX : DES BRUITS DE PAS PRÉCIPITÉS QUI ARRIVENT. DES SACS LOURDS QUE L’ON JETTE PAR TERRE.

16. ZARA : (AU MICRO) Garam, le supermarché mobile… tu es de retour?

17. GARAM : (HORS MICRO) Zara! (LA TAQUINANT) J’espère que cela signifie que tu es contente de me voir. (RIRES) De toute façon, comment va la vie ces jours ci?

18. ZARA : Je vais bien, Garam.

19. GARAM : Je sais que tu vas bien. Même un aveugle peut voir que tu es
bien.

20. ZARA : Ne commence pas à faire tes plaisanteries aujourd’hui.

21. GARAM : Voyons Zara, es tu fâchée contre moi?

22. ZARA : Vois tu Garam, je n’ai pas le temps aujourd’hui. Et d’ailleurs, ta superbe et fiable cliente Choliba n’est pas là.

23. GARAM : Où est elle encore partie? Elle m’a dit de venir la voir en premier avant que mes autres clients ne voient mes articles dernier cri.
24. ZARA : Eh bien, Choliba est partie.

25. GARAM : Que veux tu dire par elle est partie? (SILENCE) Mais pourquoi?

26. ZARA : Elle a dit que tout le monde à Mabudi gagnait beaucoup
d’argent et achetait des articles très chers de toi, sauf mon père Yohann. (SILENCE) Eh bien, supermarché mobile, je te blâme pour cela. La façon dont tu fais miroiter tes produits fins un peu partout peut pousser des femmes comme Choliba à divorcer de leur mari.

27. GARAM : Non non non… je pense que cela a à voir avec Choliba en tant que personne. Lorsque je passe de maison en maison avec mes produits, je connais les personnes qui veulent passer devant tout le monde. (LES DEUX RIENT)

28. ZARA : Supermarché mobile.

29. GARAM : C’est moi, Zara. De toute façon, je t’ai apporté quelques cadeaux. Dès le moment où j’ai vu cette écharpe, personne d’autre que toi ne m’est venue à l’esprit. Ce parfum est aussi exclusif et aussi fascinant que Zara. Il est également pour toi.

30. ZARA : Garam, je ne comprends pas cela.

31. GARAM : Tu n’as pas besoin de comprendre, Zara. Tout ce que tu as
à faire, c’est d’accepter les cadeaux. C’est tout.

32. ZARA : Mais pourquoi tous ces cadeaux, Garam?

33. GARAM : (SILENCE). Eh bien Zara, je t’ai toujours appréciée beaucoup et j’espère que tu m’accepteras un jour comme ami.

34. ZARA : (RIRES) Un ami? Un homme et une femme, être des amis?

35. GARAM : Je n’ai rien contre une relation plus intense si tu n’approuves pas une amitié normale entre nous.

36. ZARA : (TIMIDEMENT). Qu’est ce que cela signifie?

37. GARAM : Tu vois, Zara, au cours de mes voyages partout à travers le pays, je n’ai jamais rencontré une personne pour laquelle je ressens une émotion aussi profonde et véritable que pour toi.

38. ZARA : (RIANT). Garam, va donc chanter cela à qui voudra bien te croire!

39. GARAM : (D’UN TON FERME). Je suis très sérieux, Zara.

40. ZARA : Comment puis je être certaine que tu ne trouveras pas une autre femme ailleurs et que tu ne l’apprécieras pas davantage? Je suis certaine que tu dis la même chose à toutes les filles.

41. GARAM : Non non non non, Zara, regarde moi bien. Je ne vais pas te
mentir. Je t’aime. Depuis très longtemps, je t’aime. Ne le savais tu pas?

42. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNES 3 ET 4

Le grand sommet. Dans une salle.

43. SFX : PLUSIEURS BRUITS DE PAS. ON DÉRANGE DES
CHAISES ET DES TABLES AU FUR ET À MESURE QUE LES GENS ENTRENT DANS LA SALLE. PLAISANTERIES ET EXCITATION À LA FOIS AU MICRO ET HORS MICRO. BRUITS DE PAS.

44. ZEB : (PARLANT À VOIX HAUTE) Mesdames et messieurs,
installons nous et démarrons enfin ce sommet très important.

45. DES VOIX : (HORS MICRO) Fantastique! Vous êtes les bienvenus. Oh oui, je savais que vous seriez ici pour le sommet. Bienvenue.

46. ZEB : Pendant que nous attendons l’arrivée des délégués des autres
villages, je tiens à vous souhaiter la bienvenue à toutes et à tous. (RÉACTION HORS MICRO). Avant de continuer, j’aimerais me présenter à toutes les personnes qui ne me connaissent peut être pas. Je suis M. Zeb, l’agent agricole et vulgarisateur à Jantale. (RÉACTION DE NOUVEAU) Cette rencontre a été amorcée par le Forum des agriculteurs de Jantale et par moi même, avec l’appui du ministère de l’Agriculture et de toutes les collectivités représentées ici.

47. DES VOIX : (HORS MICRO). Nous vous remercions pour cette idée
si fantastique. Nous avons déjà parlé de ces questions et nous sommes en train de prendre des mesures. La rencontre nous permettra d’échanger des renseignements et d’accélérer nos solutions.

48. ZEB : Nous accueillons les délégués de Gongoni.

49. DES VOIX : (HORS MICRO). Merci. Merci.

50. ZEB : Les délégués de Tontala sont les bienvenus.

51. DES VOIX : (HORS MICRO). Merci. Merci beaucoup.

52. ZEB : Nous souhaitons également la bienvenue à nos délégués de Jantale.

53. DES VOIX : (BRUIT FORT) Ouais!

54. ZEB : (RIANT). On s’attendait à un tel bruit parce que je fais
partie de la délégation de Jantale. (RÉACTION) Je vois également des délégués de Dantani. Vous êtes les bienvenus.

55. DES VOIX : Merci beaucoup. Vous êtes également les bienvenus.

56. ZEB : Des délégués de Nambata, bienvenue.

57. DES VOIX : Merci. Merci.

58. ZEB : À tout moment maintenant, les délégués de Mabudi vont arriver.

59. SFX : BRUITS DE PAS PENDANT QUE DES GENS ENTRENT.

60. ZEB : Magnifique. C’est formidable! Voici les délégués de Mabudi dirigés par ABAH MANU en personne (BRUIT FORT DE LA PART DES DÉLÉGUÉS QUI LEUR SOUHAITENT LA BIENVENUE). Délégués de Mabudi, nous vous souhaitons la bienvenue.

61. DES VOIX : Merci. Merci. (PLAISANTERIES.)

62. ZEB : Le sommet a attiré beaucoup de monde; nous avons des
délégués de la plupart des collectivités voisines. À mesure que d’autres arriveront, nous leur souhaiterons la bienvenue.

63. SFX : BRUITS DE PAS ET EXCITATION.

64. ZEB : Magnifique! Délégués de Zamto, bienvenue.

65. DES VOIX : (HORS MICRO). Merci. Merci. Merci à tous.

66. ZEB : Comme je l’ai dit précédemment, nous sommes tous ici
aujourd’hui pour faire un remue méninges, pour échanger des idées et pour élaborer une stratégie sur la façon de combattre notre ennemi commun appelé la désertification. Nous devrions rester concentrés sur le sujet, déterminés et aussi libres que possible de donner nos points de vue. Oui, oui, je constate que Koi–koi veut parler tout de suite. Après lui, nous écouterons les autres. Oui, Koi koi.

67. KOI –KOI : Collègues délégués, il est temps de passer à l’action.
(RÉACTION). Lorsque j’étais enfant, le désert était si éloigné de nous; on en parlait comme si c’était un conte populaire. Nous pouvions apprécier nos épaisses forêts et notre magnifique végétation. Aujourd’hui, c’est tout le contraire.

68. DES VOIX : (HORS MICRO). Vous avez raison. C’est vrai. Continuez.

69. KOI KOI : Qu’avons nous aujourd’hui? De la poussière, du vent et du
désert, malgré tous les efforts que nous déployons à Jantale pour endiguer cette menace. C’est la raison pour laquelle les délégués de Jantale félicitent tous les autres délégués pour leur présence ici. Nous devons unir nos forces et combattre la désertification. Nous devons réussir. Merci beaucoup.

70. DES VOIX : (HORS MICRO. DES VOIX DE DÉLÉGUÉS DE
JANTALE). Bien dit. Vous avez exprimé notre pensée collective.

71. ZEB : Bon discours. Oui Azara, chef des délégués de Gongoni.

72. AZARA : Je suis d’accord que nous devons déployer des efforts conjoints. Mais que pouvons nous faire face à la nature? La sécheresse rend nos terres infertiles et permet au sable du désert d’envahir nos terres. Nous, de Gongoni, avons essayé mais nous sommes loin de réussir. Nous voulons savoir comment nous pouvons enfin combattre la nature et réussir après cette rencontre.

73. DES VOIX : (HORS MICRO. SURTOUT DES DÉLÉGUÉS DE GONGONI). Exact. Oui. Précisément. Bon discours.

74. ZEB : Excellent discours prononcé par Azara, chef des délégués de Gongoni . (RÉACTION) Shurahi, ma collègue agente agricole, souhaite soulever un point. C’est à vous, Shurahi.

75. SHURAHI : Il est vrai que la sécheresse permanente peut rendre les
terres arides et improductives (RÉACTION DES DÉLÉGUÉS). Mais c’est une mauvaise gestion des terres qui invite le désert (SILENCE). Comment cela est ce possible, vous demandez vous?

76. DES VOIX : (HORS MICRO) Oui. Dites nous. Comment?

77. SHURAHI : La déforestation est une raison (BRUIT). Je vais vous
expliquer. Lorsque l’on défriche les arbres sur la terre, après quelques saisons, la pluie et le vent commencent à éroder le sol parce qu’il n’y a plus de protection. (SILENCE) Le surpâturage des terres est un autre facteur. (RÉACTION) Lorsque les animaux mangent l’herbe jusqu’à la racine, les pâturages sont endommagés.

78. DES VOIX : (HORS MICRO). Cela signifie t il que nous ne devrions
plus faire paître nos terres? Comment survivra notre bétail? Devrions nous alors le nourrir avec du sable? (RIRE GÉNÉRAL)

79. DES VOIX : (HORS MICRO) C’est simple. Gardez votre bétail sur une
parcelle de terre et faites le passer à une autre avant que le sol devienne dénudé. Ou bien gardez le dans un enclos ou encore apportez lui du fourrage.

80. SHURAHI : Magnifique. C’était là une solution intelligente de ce délégué. Un autre délégué m’a tout juste demandé comment la surculture des terres peut également provoquer la désertification.

81. ZEB : Surcultiver la terre, cela détruit la structure du sol et peut
entraîner l’érosion des sols.

82. UNE VOIX : (HORS MICRO) Lorsque vous n’avez pas suffisamment
de terres, que faites vous?

83. ZEB : Pour conserver la fertilité de vos terres, vous devez retourner de la matière organique dans le sol. Essayez de faire pousser des plantes abris comme des pois noirs, du sunn (chanvre de Bengale) et du trèfle comme engrais verts entre vos principales cultures. Ensuite, après la récolte, enfouissez les plantes abris dans le sol. Yohann, aimeriez vous ajouter quelque chose sur la façon dont les terres se dégradent et deviennent infertiles?

84. SFX : APPLAUDISSEMENTS GÉNÉRAUX.

85. YOHANN : Oui. Une autre cause de la dégradation des terres est leur
utilisation à des fins pour lesquelles elles ne sont pas appropriées. L’utilisation excessive d’eau souterraine, la baisse des nappes phréatiques, l’utilisation des terres pour obtenir des bénéfices à court terme, comme la culture de fruits et légumes sur des terres convenant au pâturage – ce sont là toutes des causes de la désertification. Il y en a beaucoup d’autres et, lorsque nous nous diviserons en petits groupes, nous pourrons en discuter. (APPLAUDISSEMENTS).

86. ZEB : Eh bien! Nous allons maintenant nous diviser en petits groupes. Veuillez vous mélanger avec les délégués d’autres villages de façon à avoir un vaste partage des expériences de toutes les collectivités. Shurahi et Yohann vous aideront dans cette tâche.

87. MOLEKE : (À VOIX BASSE AU MICRO) Shurahi?

88. SHURAHI : (ÉGALEMENT À VOIX BASSE, AU MICRO) Grand
Chef Moleke, puis je vous aider, monsieur?

89. MOLEKE : (AU MICRO) Je vois Yohann ici. Il ne fait pas partie de la délégation de Mabudi. Alors que fait il ici?

90. SHURAHI : Yohann n’assiste pas à la rencontre en tant que représentant de Mabudi, mais en tant qu’expert conseil auprès du ministère de l’Agriculture, des Forêts et de l’Environnement.

91. MOLEKE : (FÂCHÉ) La délégation de Mabudi n’acceptera jamais cela. Voyons – Yohann vous devez partir maintenant!

92. SHURAHI : (LE SUPPLIANT) Monsieur, je ne peux pas demander
cela à une personne que les organisateurs ont engagée pour leur donner des conseils sur les méthodes visant à protéger la forêt.

93. MOLEKE : C’est inacceptable pour nous.

94. SFX : BRUITS DE PAS PRÉCIPITÉS QUI SORTENT.

95. ZEB : (BRUIT) Avant de commencer le processus en petits groupes, prenons quelques minutes pour écouter de nouveau Yohann nous expliquer brièvement son expérience personnelle de la désertification. (LE BRUIT SE CALME).

96. YOHANN : Merci, monsieur le coordonnateur et les délégués. Les bruits et les couleurs de la forêt sont essentiels pour la vie. Les forêts offrent un abri à toutes sortes d’animaux et d’oiseaux et elles donnent du bois pour le chauffage, le mobilier et la construction. La forêt contribue à fournir de l’air pur et sert de barrière contre le vent du désert. (APPLAUDISSEMENTS). D’après mon expérience personnelle, lorsque les forêts sont défrichées, la terre se dégrade en quelques années. (RÉACTION – CERTAINS SONS POSITIFS, CERTAINS GROGNEMENTS NÉGATIFS). La croissance abondante de la végétation de la forêt incite les gens à croire que le sol doit être suffisamment riche pour supporter la culture, tant que les agriculteurs y travailleront. Mais, en fait, la couche de terre arable est mince et très fragile dans la forêt. Sans la protection des arbres, des feuilles tombées et des arbustes, elle se desséchera très rapidement. Et tout ce qui restera c’est une terre poussiéreuse et craquelée qui n’est bonne à rien.

97. ABAH : (HORS MICRO MAIS À VOIX HAUTE) Point d’ordre.
Point d’ordre.

98. ZEB : Oui, Chef Abah.

99. ABAH : À titre de Roi et de chef de la délégation de Mabudi, je
n’approuve pas la présence de Yohann. Je partirai de cette rencontre avec mes délégués si Yohann reste.

100. ZEB : Monsieur, Yohann est en fait ici à titre d’expert conseil
auprès du ministère d’État de l’Agriculture et…

101. ABAH : Expert conseil ou pas, ou bien il part ou bien toute la
délégation de Mabudi part. Quelle sorte d’absurdité a t il dit à propos des agriculteurs progressifs de Mabudi? (BRUIT PROVENANT SURTOUT DU GROUPE DE MABUDI).

102. ZEB : (APRÈS UN INSTANT). Pouvons nous avoir un peu de
calme pendant que nous essayons de résoudre cette question à l’amiable?

103. YOHANN : J’offre de partir si cela peut remettre la rencontre sur les rails. J’ai presque dit tout ce que j’avais à dire. Laissez les autres rester et suggérer des solutions aux problèmes.

104. SFX : BRUITS DE PAS ALORS QUE YOHANN PART.

105. ZEB : Pouvons nous nous calmer maintenant S’il vous plaît? Oui, Azara.

106. AZARA : Pensons à des solutions que nous accepterons tous de soutenir.

107. ZEB : Très bien. Oui, Koi koi.

108. KOI KOI : Je pense qu’à partir de maintenant aucune collectivité ne devrait défricher ou brûler des forêts ou des arbres.

109. DES VOIX : Oui – Oui – Oui.

110. ZEB : Oui, Moleke veut parler. Écoutons le.

111. MOLEKE : Ce sommet ne peut pas prendre de décisions pour les
collectivités individuelles. Nous, de Mabudi, ne sommes
pas d’accord avec ce que cet idiot de Yohann a dit au sujet des forêts. Nous ne serons pas, je le répète, nous ne serons pas signataires d’une telle convention.

112. ABAH : (HORS MICRO À SES DÉLÉGUÉS) En fait, c’est un
gaspillage de notre précieux temps et un tas d’absurdités. Quittons cette salle. Je suis fatigué d’entendre toutes ces foutaises.

113. SFX : VACARME. ON TRAÎNE DES CHAISES. BRUITS DE PAS PRÉCIPITÉS ALORS QUE LES DÉLÉGUÉS DE MABUDI SORTENT.

114. SHURAHI : (HORS MICRO) Oh mon Dieu, qu’adviendra t il maintenant de cette noble initiative?

115. KOI KOI : (HORS MICRO) Le reste d’entre nous sommes intéressés
à trouver des solutions. Poursuivons la réunion.

116. ZEB : Je ne sais pas pourquoi le Abah et ses délégués de Mabudi
ne sont pas d’accord avec les mesures positives que nous prenons.

117. AZARA : (HORS MICRO) Nous devrions poursuivre et énumérer
toutes les stratégies disponibles. Nous pouvons collaborer avec tous les délégués qui émettent des réserves jusqu’à temps d’en arriver à un consensus.

118. ZEB : (HORS MICRO) C’est mieux que de ne rien faire. (AU MICRO) Que tous les groupes écrivent leurs plans d’action pour examen par l’assemblée générale.

119. SHURAHI : Je remercie vos majestés, les anciens et les distingués hommes et femmes pour leur patience. Essayons maintenant d’achever notre travail.

120. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET BAISSE…

121. ANIMATEUR : Malgré le comportement de Moleke et de l’équipe de Mabudi, la majorité des délégués semblent déterminés à atteindre l’objectif pour lequel la rencontre était planifiée. Il y a toujours de l’espoir lorsque les gens s’unissent pour prendre des mesures pour le bien de tous, et lorsqu’ils fondent leurs décisions sur le principe séculaire selon lequel si vous prenez quelque chose pour aujourd’hui, vous devriez rendre quelque chose pour demain. Ce n’est pas parce que certaines personnes agissent comme si cette sagesse était dépassée que c’est le cas. Assez parler. Attendons pour voir comment Mabudi va récolter la tempête après avoir semé la discorde, la confrontation et l’entêtement.

122. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, MAINTIEN ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 11

Mars 2006

_______________________________________________________________________

Épisode 11

DISTRIBUTION
MOLEKE
ABAH MANU
BALA MANU
YOHANN
SHURAHI
GARAM
ZARA
________________________________________________________________________

1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, SOUTENU 0,5, SORTIE EN FONDU
AMORCE, MONTÉE ET SORTIE EN FONDU…

2. ANIMATEUR : Mes amis? Êtes vous ici? Vous demandez vous, comme
moi, ce qu’il est advenu de Mabudi? Trois années se sont écoulées depuis la tenue de la rencontre au sommet en vue de mobiliser tout le monde en faveur d’un plan destiné à s’occuper de leurs terres, de leurs forêts et de leur eau, pour eux mêmes et pour les générations futures. Noble cause me direz-vous? Mais surprise, surprise! Mabudi n’a toujours pas signé la convention née de cette réunion. Rappelez vous que ses délégués sont partis en signe de protestation en ce jour décisif.

C’est triste mais la forêt luxuriante de Mabudi n’existe plus. La terre est morte… sans exagération… même s’ils ont continué à creuser plus profondément, les forages et les puits sont à sec et ne donnent plus une goutte d’eau. Tout ce que vous pouvez voir ce sont des champs et des champs de poussière, de sable et de terre cuite craquelée. Et tout cela seulement HUIT ans après l’arrivée de Moleke à Mabudi avec toutes ses belles promesses. Il n’y a pas d’arbres, pas de plantes et pas de chants d’oiseaux là où l’on faisait pousser des légumes – seulement le silence et le vent. Ce n’est que dans l’oasis de Yohann, à flanc de coteau, que vous verrez pousser quelque chose… Ah, que c’est triste!

Qu’en est il de l’amitié entre le Abah et Moleke? A t elle résisté à l’épreuve du temps? Le héros victorieux est maintenant surnommé le mineur fripouille – et pas seulement dans son dos! Vraiment, la lune de miel est terminée et il y a des grincements de dents.

3. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 1

4. SFX : MAISON DU CHEF ABAH. DES BRUITS DE PAS
S’APPROCHANT.

5. MOLEKE : (CHALEUREUSEMENT) Le grand Abah lui même!
Puissiez vous régner longtemps!

6. ABAH : Ah, le Grand chef! Entre, entre. J’ai eu ton message et
j’attendais ta venue pour m’expliquer sa signification.

7. MOLEKE : (RIANT) Chef, oh Chef, quelle partie du message ne
comprenez vous pas? Je suis ici pour toucher l’argent que vous me devez. J’ai passé toute la journée à percevoir mes dettes.

8. ABAH : Tu vois, c’est justement mon point! Je ne me souviens pas
de te devoir quelque chose.

9. MOLEKE : Selon mes registres ici même, vous me devez de l’argent.
(FROISSEMENTS DE FEUILLES DE PAPIER À L’OUVERTURE DU REGISTRE) Vous voyez, partout où je vais, ce carnet me suit. Ce n’est pas que j’ai besoin d’un carnet pour me souvenir – car je n’oublie jamais une dette qui m’est due… mais je le transporte par égard pour mes débiteurs.

10. ABAH : Tu dois plaisanter. Moi, Abah, te devoir quelque chose?

11. MOLEKE : (SE DIRIGEANT VERS ABAH) Ici, vous pouvez
regarder. Voici votre nom… juste ici.

12. ABAH : Bala, donne moi mes lunettes. (PAUSE 3 TEMPS. LE
ABAH LAISSE ÉCHAPPER UN SIFFLEMENT SOURD DE SURPRISE) Oui… je peux voir mon nom. Quoi! Que fait ce chiffre ridicule près de mon nom? Cinq cent mille nairas? [À EXPRIMER EN MONNAIE LOCALE] Quand t’ai je emprunté une telle somme?

13. MOLEKE : Ne soyez pas si bouleversé. C’est de l’argent pour services
rendus. Les forages que j’ai creusés dans tout le village…

14. ABAH : (L’INTERROMPANT) Attends une minute! De quoi
parles tu? Tu as déduit de l’argent de nos ventes pour ces mêmes forages depuis maintenant plus de huit ans.

15. MOLEKE : C’est vrai… et chaque déduction est soigneusement
documentée…

16. ABAH : Alors quand cela finira t il, Moleke? Tu as obtenu des
sommes énormes de la vente du bois… il ne reste aujourd’hui plus un seul arbre dans la forêt. Comment puis je te devoir encore de l’argent?

17. MOLEKE : Chef…Chef! Le bois n’a pas rapporté autant que cela, pas
assez pour compenser les coûts que j’ai absorbés.

18. BALA MANU : (SIFFLETS) Incroyable! Tout d’abord, vous avez abattu
toute la forêt, ensuite vous avez vendu tout le bois, et pourtant vous dites que ce n’est pas assez? Papa, te souviens tu lorsque je t’ai dit que cet homme n’était bon à rien?

19. MOLEKE : Bala, tais toi! (L’IMITANT) «Bon à rien?» À quoi es tu
bon? Tu devrais travailler comme employé de maison quelque part en ville pour rembourser la dette de ton père. Foutaise!

20. ABAH : Moleke, laisse mon fils tranquille. Ce qu’il fait n’est pas de
tes affaires.

21. MOLEKE : Pourquoi perdez vous même votre temps à discuter?
Regardez, Abah, si vous ne pouvez pas payer ce que vous me devez, cédez moi tout simplement par écrit vos terres.

22. ABAH : Quoi? Tu es encore pire que je pensais! Qu’est ce qui te
porte à croire que je vais simplement te céder mes terres? Et quand je pense que Yohann… et même le jeune Bala ont essayé de m’avertir!

23. MOLEKE : Ne mentionnez même pas le nom de Yohann devant moi! Je n’ai rien à faire avec lui. En outre, il n’a profité d’aucune des richesses incalculables que je vous ai apportées, ainsi qu’à tout le village de Mabudi.

24. ABAH : Des richesses incalculables dis tu?!! Où sont les richesses
maintenant? Puisque tu racontes l’histoire… je t’ai accueilli ici comme un héros victorieux lorsque tu es revenu après 20 années d’absence. Je t’ai traité comme un digne fils de la terre, je t’ai donné un titre de Chef, j’ai même pris de force des terres d’autres personnes pour te les donner. Est ce ainsi que tu me récompenses?

25. MOLEKE : Abah, vous commencez à m’ennuyer avec vos
pleurnicheries! Vendez vos biens ou trouvez vous un emploi en ville comme garde de sécurité – je me fiche de ce que vous ferez. Remboursez moi simplement mon argent.

26. BALA MANU : (EN COLÈRE) Comment oses tu? Garde de sécurité?
Dieu m’en préserve! Regarde Moleke, te rends tu compte que tu te trouves en présence d’un Roi, de Son Altesse royale, le Abah!

27. MOLEKE : (RIANT AVEC MÉPRIS) En présence d’un Roi?! Une
Altesse royale sans le sou! Abah le débiteur! Même ce palais ne vous appartient plus. Roi de quoi ou de qui?

28. ABAH : Quelle insulte! Ainsi, je suis maintenant devenu un objet de
risée? Pas de problème! Mais souviens toi, je n’ai qu’à tousser et mes «gardes» te chasseront de Mabudi, toi misérable ingrat et égoïste! Tu es incapable de ressentir ce que vivent les gens qui t’entourent…

29. MOLEKE : Abah… Abah, regardez dans le miroir. Qui se ressemble,
s’assemble, pourrait on dire de vous et moi! Vous êtes Roi. Mais vous considérez vos sujets comme des marchepieds pour avancer! Maintenant que vous êtes tombé, vous voulez que je vous traite avec l’esprit charitable que vous n’êtes pas disposé à montrer aux autres?

30. ABAH : Moleke, je vais ignorer tes insultes! Je blâme ma mauvaise fortune et mon mauvais jugement personnel pour avoir dîné avec un démon comme toi.

31. BALA MANU : Papa, ne gaspille pas ton énergie sur cette vipère. Il vient
tout juste de montrer ses vraies couleurs comme Yohann a essayé de nous mettre en garde…

32. MOLEKE : Si vous avez fini de pleurer comme des bébés, remboursez moi mon argent. Si vous voulez que je vous aide à trouver du travail comme employé de maison ou garde de sécurité, prévenez moi. Je dirai quelques bons mots à votre sujet.

33. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 2

34. SFX : GAZOUILLIS D’OISEAUX, BRUITS D’INSECTES,
ETC. AMBIANCE GÉNÉRALE D’UNE FERME.

35. YOHANN : Regarde simplement ma ferme… qui aurait imaginé que du
maïs et du manioc pourraient pousser sur cette terre desséchée?

36. SHURAHI : Vous avez pris la bonne décision en restant à Mabudi pour
sauver cette terre, alors que d’autres ont décidé de partir. Votre dur labeur commence à rapporter.

37. YOHANN : Certaines personnes ne sont tout simplement attachées à rien! J’estime que même si des erreurs ont été commises et si la situation semble désespérément mauvaise, les gens ne devraient pas jeter la serviette et déménager ailleurs.

38. SHURAHI : Vous avez raison. Je ne peux qu’être d’accord avec vous.

39. YOHANN : Je suis assez satisfait de cette transformation en si peu de temps. Regarde comme tout pousse. J’aime tout simplement rester là à admirer les récoltes.

40. SHURAHI : Au fil du temps, et avec des efforts du même genre, toutes ces terres arides gaspillées pourraient, en fait, être remises en état.

41. YOHANN : Cela vaut assurément la peine d’essayer. Ce qui m’attriste c’est d’avoir perdu tant de forêts et de constater qu’il nous reste seulement cette croûte poussiéreuse de terre minée par l’érosion.

42. SHURAHI : Nous pouvons démarrer modestement, une petite parcelle à la fois, et creuser quelques trous de culture. Quant à votre optimisme, c’est une des choses que devraient cultiver plus de gens!

43. YOHANN : Tu es très bienveillante, Shurahi. (PAUSE) Ces trous de culture dont tu parlais – dis moi comment les faire.

44. SHURAHI : En réalité, c’est facile. Creusez un trou rond d’environ 15 à 20 centimètres de profondeur.

45. YOHANN : Voyons voir. 20 centimètres de profondeur – cela signifie à
mi chemin entre mon talon et mon genou, si je me tenais debout dans le trou?

46. SHURAHI : En outre, le trou devrait avoir environ 25 centimètres de diamètre. C’est probablement la longueur du pied d’un adulte. Creusez autant de trous que vous le souhaitez dans tout le champ, ensuite remplissez les de matières organiques, de tout ce qui peut se décomposer.

47. YOHANN : Il vaut peut être mieux creuser et remplir les fosses durant la saison sèche. Ensuite, le contenu se décomposera avant le début de la saison des pluies.

48. SHURAHI : C’est la pratique habituelle. Un autre élément important à se souvenir consiste à arranger soigneusement la terre enlevée du trou en demi cercle le long du bord inférieur du trou, afin que l’eau de ruissellement qui dévale la pente s’écoule dans le trou.

49. YOHANN : Cela paraît facile. L’élément difficile consiste probablement à creuser.

50. SHURAHI : C’est exact. Mais une fois que vous planterez, vous serez surpris par l’amélioration nette des rendements. Au fil des ans, vous pouvez creuser d’autres trous près des trous d’origine. Le temps de le dire et des champs entiers peuvent être remis en état.

51. YOHANN : Je vais définitivement essayer cette méthode sur certains des champs abandonnés.

52. SHURAHI : Vous ne le regretterez jamais, je vous l’assure. Vous pouvez produire suffisamment de nourriture pour votre ménage, et peut être même pour en vendre.

53. YOHANN : Lorsque j’étais enfant, je me rappelle d’avoir vu des agriculteurs faire pousser des céréales dans des trous. J’essaie de me rappeler comment on appelait ça… Hum! Tassa, je pense.

54. SHURAHI : Exactement! Vous avez raison. Dans certaines régions, les gens appellent cela des tassa; dans d’autres, ils les appellent des zai. (NOTE AUX RADIODIFFUSEURS : UTILISEZ L’EXPRESSION LOCALE).

55. YOHANN : Oh, je suis tellement excité à l’idée d’essayer. Merci de m’aider à apprendre quelque chose de nouveau chaque fois que je te vois.

56. SHURAHI : Vous devenez modeste maintenant! J’ai appris tellement de choses de vous, d’excellentes pratiques agricoles qui feront un excellent contenu pour l’ouvrage que je suis en train de rédiger : «Contes de la ferme venant de partout».

57. YOHANN : Tu n’es pas sérieuse.

58. SHURAHI : Je peux penser à de nombreuses choses que j’ai apprises de vous : l’utilisation des figuiers de Barbarie pour lutter contre l’érosion et l’utilisation des feuilles comme aliment pour le bétail… la façon dont vous faites pousser des oignons et du manioc en nourrissant tout d’abord les plantules et les jeunes plants dans des boîtes et des paniers.

59. YOHANN : Tu vas mettre tout cela dans ton livre?

60. SHURAHI : Évidemment! Et enterrer un pot en argile muni de trous minuscules dans le sol près des semis de légumes pour fournir de l’eau directement à leurs racines. Cela est si efficace – lorsque vous remplissez ce pot d’eau et l’enterrez, il n’y a pas d’évaporation car l’eau s’infiltre dans le sol, depuis le pot vers la région entourant les racines de la plante.

61. YOHANN : Tu t’en souviens bien.

62. SHURAHI : Oh oui! J’étais en réalité venue à votre ferme pour vous présenter quelque chose de semblable, pour constater finalement que vous le faisiez déjà.

63. YOHANN : Je dois cette connaissance à mon père.

64. SHURAHI : Et maintenant vous la transmettez à votre fils et à d’autres. Il s’agit de bonnes pratiques dont les autres agriculteurs peuvent profiter, surtout dans les zones arides. Tout cela est dans mon livre.

65. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 3

66. SFX : ON FRAPPE À LA PORTE.

67. ZARA : Hassan, arrête de faire l’idiot, entre donc.

68. GARAM : (LA PORTE S’ENTROUVE) Désolé, je ne suis pas Hassan, mais puis je entrer?

69. ZARA : (SE DIRIGEANT VERS LA PORTE) Qui est ce… ah, Garam, c’est vous! Veuillez entrer. Je pensais que c’était mon frère. Il aime frapper et me laisser lui ouvrir la porte. Vous êtes le bienvenu. Asseyez vous.

70. GARAM : Merci. Comment vas tu, Zara?

71. ZARA : Je vais bien.

72. GARAM : (LA TAQUINANT) Oui, tu es une belle jeune femme. Je peux le constater.

73. ZARA : Pas du tout. Je veux dire… ce n’est pas ce que je voulais dire. Asseyez vous.

74. GARAM : Merci. C’est toujours bon d’être de retour ici. Même si cette fois ci, cela semble différent. Le village est si tranquille, presque comme un village fantôme. J’ai failli faire demi tour.

75. ZARA : Oh, vous n’êtes pas venu ici dernièrement… les choses sont allées de mal en pis depuis la dernière fois que vous êtes venu. Tout le monde a quitté Mabudi à la recherche de terres plus fertiles.

76. GARAM : (BOULEVERSÉ) Vraiment? Tu sais, je suis passé devant
plusieurs maisons qui semblaient complètement désertes.

77. ZARA : Je ne les blâme pas. Toute la place semble avoir été abandonnée par Mère Nature. Qui pourrait bien souhaiter habiter ici?

78. GARAM : Mais que s’est il passé?

79. ZARA : En un mot, tout est allé mal : la terre a cessé de produire, les puits se sont asséchés, presque tout le monde devait de l’argent à Moleke… ceux qui ne pouvaient pas payer ont perdu leurs terres données en garantie à Moleke. (PAUSE) Désolée, puis je vous offrir quelque chose à boire?

80. GARAM : Merci. Un verre d’eau fera l’affaire. Ce Moleke est un cauchemar! Je suis désolé. Comment va ton oncle?

81. ZARA : Pas besoin de vous excuser. Il ressemblait à un fou de la façon dont il est allé collecter ses dettes. Il a rendu tout le monde fou. Après lui avoir cédé leurs terres, la plupart des gens n’avaient plus aucun moyen de gagner leur vie. Alors, ils ont fait leurs valises et sont partis.

82. GARAM : Quel contraste! La dernière fois que j’étais ici, tout était en pleine expansion. Les gens achetaient un tas d’articles de luxe, d’appareils électroniques, de bijoux – et la liste est longue!

83. ZARA : Maintenant, la chance a tourné complètement.

84. GARAM : Qu’en est il de ta famille? Est ce que ton père envisage de
déménager?

85. ZARA : (RIANT) Vous ne connaissez pas mon père. Il est immuable! Cela ne lui fait rien d’être le dernier homme à rester. Même si tout le monde part, il ne bougera pas!

86. GARAM : Cela démontre une réelle force de caractère.

87. ZARA : Ou peut être une nature suicidaire. Regardez autour de vous. Tout est mort. Mais mon père va probablement mourir en essayant de remettre en état la terre quasi improductive plutôt que de se sauver.

88. GARAM : J’admire beaucoup ton père. Il est très sage. Il travaille dur. Il croit en l’effort, peu importe la difficulté apparente. Et dire que Moleke et lui ont été élevés par le même Babamu, et pourtant quelle différence dans leur cheminement!

89. ZARA : Je ne savais pas que vous estimiez autant mon père.

90. GARAM : Oh, c’est vrai. Et j’aimerais rester et donner un coup de main. Je connais des façons de rendre des terres arides à nouveau productives. J’ai voyagé un peu partout et j’ai vu ce que d’autres gens ont accompli ailleurs avec des terres infertiles.

91. ZARA : (ÉTINCELLE D’INTÉRÊT) Vraiment? Et combien de temps avez vous l’intention de rester?

92. GARAM : (RIANT) Aussi longtemps que votre famille aura besoin de moi. J’espère seulement pouvoir trouver un endroit pour loger?

93. ZARA : Vous plaisantez? Ce n’est pas la place qui va manquer. Tout le village est à votre disposition.

94. GARAM : Tu sais, tu me rappelles en réalité ton père.

95. ZARA : Je fais quoi? De quelle façon?

96. GARAM : (À VOIS BASSE) Tu as sa belle apparence. Tu as hérité de sa taille, tu es très mince avec un beau visage. Zara, tu es vraiment une adorable jeune femme, tu sais? Mais je suis persuadé que tu as entendu cela auparavant. Je parie que tu as brisé plus d’un cœur chez les jeunes hommes de Mabudi. (PAUSE) Oh, je t’ai intimidée!

97. ZARA : (RIANT) Non. Et qu’en est il de vous? Je vois bien de quelle façon toutes les femmes de Mabudi vous font de l’œil. Même l’épouse de mon père…

98. GARAM : Vous voulez dire votre belle mère? Au fait, tu me rappelles… où est elle?

99. ZARA : Envolée, emportée par le vent. Et merci, mais ce n’est pas ma belle mère. Elle était l’épouse de mon père. C’est tout!

100. GARAM : Cela en fait ta belle mère.

101. ZARA : Peu importe. Quant à trouver un logement, vous avez tout un choix de résidences, depuis le palais jusqu’à la case de notre voisin. Personne n’est là pour s’en inquiéter.

102. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 4

103. SFX : AMBIANCE DE FERME. IL FAUDRAIT DES BRUITS DE TROUS QUE L’ON CREUSE DURANT TOUTE LA SCÈNE.

104. BALA MANU : (APPELANT) Hassan! Hassan, où es tu?

105. YOHANN : On dirait la voix de Bala.

106. HASSAN : Oui, papa, c’est lui. (RÉPONDANT) Par ici, Bala. Nous sommes ici, près du baobab.

107. BALA MANU : (ARRIVANT) Je ne savais pas que ton père était également ici. Bonjour, Baba Yohann.

108. YOHANN : Bienvenue Bala. Tu as bravé ce soleil pour venir jusqu’à notre ferme?

109. BALA MANU : Mais vous êtes ceux qui travaillent dans cette chaleur torride.

110. YOHANN : Nous allons bientôt nous arrêter. Dès que nous aurons achevé cette partie, nous nous reposerons et nous reviendrons dans la soirée lorsqu’il fera plus frais.

111. BALA MANU : Chaque fois que je viens ici, je vois quelque chose de nouveau. Que faites vous cette fois ci?

112. HASSAN : Nous faisons des alignements de pierres. Elles agissent comme des barrières pour empêcher l’eau et le sol de ruisseler en dévalant la pente. Nous venons tout juste de commencer le deuxième. Nous en construirons d’autres sur toute la longueur du champ.

113. BALA MANU : Comment fonctionnent ils?

114. YOHANN : Tu vois la façon dont les pierres sont arrangées? Lorsqu’il pleut, ces pierres agissent comme une barrière et empêchent l’eau de ruisseler le long de la pente. De cette façon, l’eau s’infiltre dans le sol, et il y en aura davantage pour les récoltes.

115. BALA MANU : Tout cela est plein de bon sens, même s’il a dû vous falloir
beaucoup de temps pour ramasser toutes ces pierres.

116. YOHANN : Oui, c’est le cas. Nous avons utilisé à la fois des petites et des grosses pierres, afin de ne pas laisser de trous en les arrangeant. Tu sais pourquoi?

117. BALA MANU : Je pense le savoir. Si vous laissez des trous, l’eau s’échappera?

118. HASSAN : En outre, les pierres peuvent être lessivées, ce qui peut provoquer des rigoles.

119. BALA MANU : Simple mais ingénieux. Et cela semble si solide!

120. YOHANN : Il faut que cela soit solide. Celui ci a environ 20 centimètres de large et 20 centimètres de haut. Vous pouvez en construire jusqu’à 30 centimètres de haut.

121. BALA MANU : Eh bien, maintenant que je suis là, puis je donner un coup de main?

122. YOHANN : Merci. Tu es un bon garçon. Ici, tu peux fabriquer un
alignement de pierres par toi même. Au fait, comment va ton père?

123. BALA MANU : En réalité, il va bien, étant récemment revenu à la raison.

124. YOHANN : Que veux tu dire?

125. BALA MANU : Il a enfin admis que vous aviez raison au sujet de Moleke, à propos du danger d’utiliser aveuglément l’eau souterraine et de beaucoup d’autres choses.

126. YOHANN : Si seulement j’avais pu faire davantage pour empêcher Mabudi de forer jusqu’à ce niveau.

127. BALA MANU : Vous avez lancé un avertissement; les gens n’y ont tout
simplement pas prêté attention. Moleke a même séduit et pris à sa charge Babi, la dernière épouse de mon père. (YOHANN ET HASSAN SONT SOUS LE CHOC). C’est vrai. Elle est maintenant installée dans sa maison en ville.

128. YOHANN : Il est éhonté! Quel mal Moleke ne peut il pas faire?

129. BALA MANU : Il semblerait que nous allons déménager à Papalanto. Je vais être régisseur, et mon père… eh bien, il s’est trouvé un emploi auprès d’un parent qui fait le commerce des devises. En réalité, il dirige un bureau de change au marché noir.

130. YOHANN : Incroyable! Je suis tellement désolé que ton père, le chef de notre village, en soit réduit à ce point!

131. BALA MANU : (CHANGEANT BRUTALEMENT DE SUJET) En réalité, je me suis arrêté à votre maison avant de venir ici. J’espérais pouvoir également dire au revoir à Zara, mais elle n’était pas là.

132. YOHANN : Oh, Zara est en train d’aider Garam à s’installer dans la maison de Jauro.

133. BALA MANU : Le supermarché ambulant? Pourquoi demeure t il dans la maison de Jauro?

134. YOHANN : Il a offert de rester et d’aider ceux d’entre nous qui veulent
demeurer ici et reconquérir la terre. Il semble connaître beaucoup de bonnes pratiques.

135. BALA MANU : C’est très généreux de sa part. Si seulement je pouvais également rester…

136. HASSAN : Ce serait formidable si tu pouvais rester! S’il te plaît, pourquoi ne peux tu pas rester?

137. YOHANN : Voyons Hassan, il ne faut pas être égoïste. Tu nous manqueras, Bala, mais je pense que ce sera bon pour toi. Tu essaies d’entrer à l’Université de Papalanto, n’est ce pas?

138. BALA MANU : C’est vrai, monsieur. J’ai déjà essayé deux fois. Mais je n’ai pas encore réussi.

139. YOHANN : Ne t’inquiète pas; tu réussiras à la troisième tentative. Continue de frapper à la poste de cette université jusqu’à temps d’obtenir une réponse, d’accord?!

140. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET BAISSE …

141. ANIMATEUR : Ah, mes amis! Mabudi, oh Mabudi! Je pleure pour toi ma terre natale! Et de penser que quelqu’un a vu venir ce jour et nous a avertis. Mais l’avons nous écouté? Grâce aux paroles mielleuses de Moleke, nous étions déterminés comme la mouche à suivre le cadavre jusqu’à temps d’être enterrés ensemble. Mais Yohann… mon Dieu, j’aime la détermination de cet homme! Lui et quelques autres rescapés ont refusé de jeter la serviette et de fuir. Ils sont disposés à rester et à se battre pour récupérer leurs terres. Est ce que cela fonctionnera? Attendons pour voir quelles autres émotions demeurent cachées pour celles et ceux d’entre nous qui écoutent cette émission. Au plaisir de vous retrouver la prochaine fois.

142. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 12

Mars 2006
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Épisode 12

DISTRIBUTION
YOHANN
HASSAN
MOLEKE
BALA MANU
SHURAHI
INSPECTEUR DE POLICE
________________________________________________________________________

1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, SOUTENU 0,5, SORTIE EN FONDU
AMORCE, MONTÉE ET SORTIE EN FONDU…

2. ANIMATEUR : Mes amis, bienvenue à nos histoires concernant mon village natal de Mabudi. La dernière fois que je vous ai parlé, j’étais en pleurs et au désespoir à propos du destin qui avait frappé mon village autrefois tranquille. Les choses allaient si mal qu’on ne pouvait même pas voir un brin d’herbe, seulement du sable et de la poussière et aussi de la terre cuite. La forêt, notre magnifique forêt épaisse qui faisait la renommée de Mabudi, avait presque complètement disparu. Les puits et les cours d’eau étaient à sec et les gens commençaient à fuir à la recherche de terres plus fertiles. Même notre Abah s’est aperçu trop tard que faire confiance à Moleke équivalait à étreindre un serpent à sonnettes en pensant qu’il s’agit d’un animal domestique. Mais le serpent à sonnettes est il d’accord?

Comme vous vous en souviendrez, tout le monde n’a pas jeté la serviette. Il y a ceux que j’aime appeler les rescapés. Un petit groupe de gens de principe, et j’oserais dire entêtés, qui sont restés et se sont battus pour repousser le désert. Il s’agissait de gens comme Yohann, son fils Hassan, Shurahi, l’agente agricole, et même Garam. Oui, le supermarché ambulant! Il s’est arrêté ici il y a deux ans et a décidé de rester pour aider Yohann et compagnie.

Cela fait deux ans depuis ce jour où tout semblait perdu. Alors comment vont les choses à Mabudi aujourd’hui? Je ne peux pas attendre plus longtemps pour vous en informer! Ces gens courageux ont réussi lentement à récupérer le sol et ont commencé à faire virer la terre au vert avec des arbustes et de l’herbe et au jaune avec des tiges de maïs et de sorgho. Ils ont également planté du manioc, des ignames, des patates douces et même des légumes, des okras, des poivrons, des tomates… et ont récolté… Oui!

Comment cela a t il seulement pu être possible? Comment ont ils fait? Eh bien, ils ont utilisé diverses méthodes pour amadouer la terre dure et craquelée et la rendre à nouveau productive, des méthodes dont vous avez probablement entendu parler par Shurahi et Yohann dans le passé. Ils ont également obtenu beaucoup d’aide de leurs voisins et de l’administration locale, et aussi des experts agricoles, parce que l’une de leurs premières décisions a été de signer la convention visant à prendre des mesures conjointes contre la désertification! Les collectivités voisines se sont servi de l’exemple de Mabudi pour apprendre ce qu’il ne fallait pas faire à la terre. Il est encore tôt le matin et la famille de Yohann est déjà éveillée… joignons nous à eux pour savoir d’où vient tout cet enthousiasme, n’est ce pas…

3. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 1

4. SFX : MAISON DE YOHANN, TÔT LE MATIN. IL SE PRÉPARE À ALLER À LA FERME ET NOUS ENTENDONS DES BRUITS D’OUTILS AGRICOLES QUE L’ON RASSEMBLE. LE VENT FAIT UN BRUIT DE FOND POUR CETTE SCÈNE.

5. YOHANN : (TRANQUILLEMENT, AU MICRO) Hassan, emmène aussi la cuvette plus grande. Nous en aurons besoin pour transporter les pierres que nous avons ramassées hier.

6. HASSAN : (SE DIRIGEANT HORS MICRO) Je ne la trouve pas. Elle ne se trouve pas avec les autres outils que nous avons ramenés de la ferme hier. Zara…elle pourrait…

7. YOHANN : (APPELANT, AU MICRO) Eh bien, appelle la et demande le lui! Qu’est ce qui l’empêche de répondre de toute façon? Je l’ai appelée à plusieurs reprises, mais sans réponse.

8. HASSAN : (HORS MICRO) Il y a là quelque chose qui ne va pas…

9. YOHANN : (AU MICRO) Qu’est ce que tu veux dire?

10. HASSAN : (REVENANT AU MICRO) Eh bien, la porte avant n’était pas fermée à clé lorsque je me suis levé ce matin. (AU MICRO) Ensuite, lorsque je suis allé dire à Zara que nous allions partir pour la ferme dans un instant, elle n’était pas dans sa chambre.

11. YOHANN : Que veux tu dire par «elle n’était pas dans sa chambre»? Elle est allée se coucher avant nous, n’est ce pas?

12. HASSAN : Oui… Et j’ai personnellement fermé la porte à clé avant d’aller me coucher. Mais elle était déverrouillée ce matin, et Zara… il semble qu’elle n’a pas non plus dormi dans son lit.

13. YOHANN : Eh bien, ne reste pas planté ainsi… cherche la! Ce n’est pas son habitude de se réveiller si tôt. Hummm…

14. HASSAN : Allons voir à la maison de Jauro où demeure Garam… pour voir si elle est là.

15. YOHANN : Quoi? Que ferait elle… sais tu quelque chose que je ne sais pas? (HASSAN RÉPOND NÉGATIVEMENT) De toute façon, dépêche toi et vérifie. Et que ferait elle dehors par ce temps de chien?

16. YOHANN : (PENSANT À HAUTE VOIX) Ces enfants! J’espère ne rien avoir négligé. Zara avec Garam… oserait elle? Non, elle n’oserait pas. Zara est une fille raisonnable. (IL APERÇOIT UNE PERSONNE DANS LE LOINTAIN ET APPELLE). As tu été là bas? As tu vu… (IL S’ARRÊTE NET. IL CONTINUE D’UNE VOIX INCERTAINE). Qui êtes vous? Que voulez vous?

17. BALA MANU : (ARRIVANT AU MICRO) Je suis Bala Manu, Baba Yohann. C’est moi. Bonjour, monsieur.

18. YOHANN : Bala, est ce vraiment toi? Que fais tu ainsi couvert de poussière? Essaies tu de provoquer une crise cardiaque chez un vieil homme?

19. BALA MANU : Je suis terriblement désolé, monsieur. Je dois offrir tout un
spectacle. J’ai essuyé une tempête de sable dans les faubourgs du village.

20. YOHANN : Je vois. Tu as choisi un jour spécial pour venir. Nous avons ce genre de tempête de sable de temps à autre. Oh, tu devrais te regarder dans un miroir, complètement recouvert d’une fine poudre grise. Entre et réchauffe toi.

21. BALA MANU : Laissez moi tout d’abord me débarrasser de ces vêtements.
Il y a du sable dans les plis, du sable dans mes cheveux, dans mon nez, dans mes yeux, dans mes oreilles… Quand la situation s’est elle détériorée à ce point?

22. YOHANN : Elle s’est détériorée progressivement. Maintenant, la vie ici est surtout synonyme de mouches et de poussière. Nous n’avons pas vu de pluie depuis longtemps, pas même une pluie légère pour stabiliser la poussière.

23. BALA MANU : Alors, comment vous en tirez vous?

24. YOHANN : Oh, on se débrouille! Nous avons été chanceux de stocker
un peu d’eau de pluie avant cette période de sécheresse, que nous utilisons strictement pour boire. Mais c’est sec. Même les arbres sont secs. Au fait, comment va ton père?

25. BALA MANU : Il va bien. Il s’est installé, mais il déteste la vie à Papalanto. Il se plaint tout le temps.

26. YOHANN : Je suis heureux que tu sois venu nous rendre visite. Merci de ne pas nous oublier.

27. BALA MANU : Je ne suis pas venu seulement pour vous rendre visite. Je suis de retour pour de bon. On dirait que je ne suis pas fait du tout pour la vie citadine. Je menais une carrière très peu fructueuse comme régisseur. On m’a fichu à la porte.

28. YOHANN : Je suis désolé d’entendre cela.

29. BALA MANU : Je ne le suis pas. De toute façon, tout ce que j’ai toujours voulu faire, c’est la culture. J’ai une autre raison de revenir… Je ne sais pas, monsieur, si c’est trop tôt ou trop soudain pour le dire, mais je suis venu pour demander Zara en mariage.

30. YOHANN : Zara ma fille?

31. BALA MANU : Oui, monsieur. Même pendant que j’étais loin d’ici, je n’ai jamais cessé de l’aimer ou de penser à elle. (HASSAN ENTRE. LES DEUX SE MONTRENT HEUREUX DE SE REVOIR).

32. HASSAN : (ARRIVANT, SURPRIS) Hé toi, Bala, ou devrais je dire
«citadin»! (ILS SE CONGRATULENT À VOIX HAUTE, AU MICRO).

33. BALA : (AU MICRO) Hé toi, toi même! Quoi de neuf, Hassan?

34. HASSAN : (AU MICRO) Couci couça. Mais que fais tu ici, mec?
(ILS RIENT) On dirait que tu sors d’un nuage de poussière ou de quelque chose du genre…

35. BALA : (RIANT)

36. YOHANN : Il a traversé une tempête de sable. (PAUSE). Hassan, l’as tu trouvée?

37. HASSAN : Non. Garam n’est pas là non plus… on dirait qu’il a déménagé – tous ses effets personnels ont disparu. Tout ce que j’ai trouvé c’est ce mot.

38. YOHANN : Un mot? Que dit il?

39. HASSAN : (LISANT). Je suis désolé, mais Zara et moi nous nous aimons beaucoup et nous voulons nous marier. Je promets de prendre très bien soin d’elle. Soyez sans peur et sans inquiétude, j’agirai honorablement avec elle.

40. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 2

41. SFX : MAISON DE YOHANN. UNE PORTE S’OUVRE. BRUIT DU VENT QUI SE LÈVE ET COUPURE LORSQUE LA PORTE SE FERME.

42. YOHANN : Bien…bien…bien!

43. MOLEKE : Vraiment, Yohann, je reviens après deux ans et ce sont là toutes les salutations, tout l’accueil que je reçois? Alors j’en conclus que tu n’es pas content de me voir?

44. YOHANN : Pardonne moi de ne pas sauter de joie! D’ailleurs, je n’en croyais pas mes yeux. Franchement, je ne suis pas certain si je dois être content ou non, Moleke, mais tu es le bienvenu.

45. MOLEKE : Eh bien, comme tu peux le voir, c’est vraiment moi. Tu peux en croire tes yeux.

46. YOHANN : Dieu merci. Tu disparais et tu réapparais! (D’UN TON SARCASTIQUE) Et la dernière fois que tu es apparu, tu n’as rien apporté d’autre que des ennuis. Je me demande bien ce que tu apportes cette fois ci.

47. MOLEKE : Le seul fauteur de troubles que je vois est celui qui se tient debout devant moi. Tu es le fauteur de troubles, toi le bâtard arrogant! Qui vous a donné, à toi et aux autres, le droit de cultiver sur ma terre?

48. YOHANN : De quelle terre pourrais tu bien parler? Et qui te porte à penser que j’ai besoin de ta permission pour cultiver les terres communales?

49. MOLEKE : Oh, c’est ainsi que tu les nommes? Je sais que tu es le champion pour prendre ce qui ne t’appartient pas, mais pas cette fois ci.

50. YOHANN : Nous y voilà! De toute façon, quand m’as tu jamais vu prendre quelque chose qui ne m’appartenait pas?

51. MOLEKE : Tu penses que j’ai oublié la façon dont tu t’es introduit en douce dans ma famille pour me voler l’affection de mon père? Ne laisse pas d’anciennes blessures se rouvrir.

52. YOHANN : Oh, laissons les se rouvrir car très bientôt tu m’accuseras d’être également responsable de ton mauvais comportement quand tu étais jeune.

53. MOLEKE : Voici venu le jour du règlement de comptes. Pour ton information, je suis revenu pour rester. Et je veux récupérer ma terre.

54. YOHANN : N’as tu pas fait assez de dégâts? C’est grâce à toi que tout le village de Mabudi s’est vidé et que la terre est devenue dure, sèche et improductive. Tu es responsable de tout cela!

55. MOLEKE : C’est la chose la plus stupide que j’ai jamais entendue! Est ce que j’ai le contrôle sur les éléments?

56. YOHANN : Pourquoi ne retournes tu pas là où tu t’es caché pendant toutes ces années? Au moins, laisse nous faire le travail difficile, chose avec laquelle tu n’es de toute évidence pas familier… ensuite tu pourras revenir et tout détruire de nouveau.

57. MOLEKE : Si ce travail est si difficile, alors tu devrais te réjouir que je
revienne pour te soulager de ton fardeau!

58. YOHANN : As tu visité les fermes et constaté les miracles? Vas te rendre compte par toi même. Nous avons réussi à faire pousser quelques arbres et nous allons en planter davantage. Nous utilisons diverses méthodes pour rendre le sol à nouveau fertile.

59. MOLEKE : (D’UN TON SARCASTIQUE) Très impressionnant!

60. YOHANN : Maintenant, que nous suggères tu de faire?

61. MOLEKE : L’évidence même. Coupez simplement ces arbres et déracinez vos récoltes. Peu importe ce que vous faites, c’est votre affaire. Je veux juste récupérer ma terre.

62. YOHANN : C’est un de tes fantasmes, rien d’autre. Au matin, tu en riras. Et tu ne cesses de l’appeler ta terre – d’où as tu pris cette idée?

63. MOLEKE : Quatre vingt pour cent de toutes les terres de Mabudi
m’appartiennent. On me doit des millions sur ces terres. [UTILISEZ LA MONNAIE LOCALE ET DES CHIFFRES RÉALISTES] À défaut d’être payé, je veux les utiliser pour moi comme bon me semble!

64. YOHANN : Toutes les terres redeviendront désertes et stériles.
(IL RAMASSE UN COUTEAU) Regarde, Moleke…

65. MOLEKE : As tu l’intention de m’attaquer avec ce couteau?

66. YOHANN : T’attaquer… pour quoi faire? Nos gens disent que si tu argumentes avec un fou, il n’y a aucune différence entre toi et lui. J’ai du travail à faire, alors pardonne moi de ne pas pouvoir rester plus longtemps ici pour entendre tes hallucinations!!

67. MOLEKE : Comprenez vous ce que je dis? Je veux ma terre…

68. YOHANN : Pour obtenir une terre quelconque, tu devras me passer sur le corps.

69. MOLEKE : Avez vous envie de mourir?

70. YOHANN : (PARTANT DÉJÀ) Je ne plaisante pas.

71. MOLEKE : Eh bien, nous allons voir cela! Attendez, je vais revenir très bientôt et alors nous verrons.

72. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 3

73. SFX : RIRES DE BALA MANU ET DE SHURAHI. BRUITS DE TRAVAUX DE LA FERME DU GENRE SARCLER OU CREUSER.

74. BALA MANU : Non, sérieusement Shurahi, laisse moi essayer. Je t’ai regardé planter les autres. C’est simple. Je peux le faire.

75. SHURAHI : Ok, vas y. Essaie. Mais je te regarde…

76. BALA MANU : Bien. Passe moi le récipient en plastique. Attends, celui ci ne semble pas avoir suffisamment de trous.

77. SHURAHI : Ne t’inquiète pas, il y a suffisamment de trous. Ils permettent à l’eau de s’écouler, c’est pourquoi ils sont dans le fond. S’il y en avait davantage, l’eau se répandrait lorsque tu arroses tes plantules de légumes.

78. BALA MANU : Je comprends. Donc, je dois remplir le contenant de terre comme ceci. Après, je l’arrose pour humidifier le sol. Ensuite, je suis prêt à planter une graine?

79. SHURAHI : C’est tout aussi simple que cela. Et comme tu as utilisé ce
contenant, tu n’utilisera pas autant d’eau pour conserver l’humidité du sol. Parce que tu n’arroseras pas beaucoup de terre supplémentaire.

80. BALA MANU : Pardonne moi, mais si le sol a besoin d’être humide, pourquoi la terre contenue dans ces autres récipients plus gros a t elle l’air aussi sèche?

81. SHURAHI : Ces plantules sont assez grosses pour les repiquer dans le jardin. Lorsqu’elles ont cette taille, tu places le contenant dehors où il obtiendra un peu de soleil et de vent. Tous les jours, tu peux augmenter le temps passé dehors. Lorsque la plantule est prête à rester dehors toute la journée, alors tu la repiques directement dans le sol.

82. BALA MANU : Y a t il une technique particulière pour repiquer dans le sol?

83. SHURAHI : Viens ici. (ILS SE DÉPLACENT) Maintenant, ce sillon est déjà préparé. Tu peux voir qu’il y a un centimètre de compost dans ce sillon. Je vais planter les graines dans le compost, les recouvrir d’un peu de terre, et ensuite presser gentiment la terre. Seuls les sillons ont besoin d’être arrosés. (PAUSE) Écoutes tu vraiment?

84. BALA MANU : Bien sûr que j’écoute. Veux tu que je répète tout ce que tu viens de dire?

85. SHURAHI : C’est simplement que tu donnes l’impression d’être à des
kilomètres d’ici, alors je pensais que tu n’écoutais pas. De toute façon, après quelques semaines, lorsque la plantule est plus grosse, trace un canal circulaire autour de la plante, en t’assurant que la tige est plus élevée que la base du canal, et arrose seulement le canal.

86. BALA MANU : Permets moi de te poser une question qui me dérange. Si les plantes ont besoin de la lumière du soleil pour pousser, pourquoi les plantes tu à l’ombre?

87. SHURAHI : Eh bien, cet endroit est en réalité parfait parce qu’il obtient
environ huit heures de soleil par jour. Chaque plante a besoin d’au moins six heures d’ensoleillement par jour, mais trop de soleil pourrait les dessécher. C’est pourquoi j’ai créé cette ombre en après midi… (ELLE S’ARRÊTE) tu vois, tu es reparti dans tes pensées. Tu n’écoutes pas.

88. BALA MANU : Je suis désolé. Tu as raison. Je suis un peu contrarié.

89. SHURAHI : Je t’ai contrarié?

90. BALA MANU : (RIRE NERVEUX) Non… pas toi. Je suis simplement contrarié par la fugue amoureuse de Zara avec ce… ce… ce supermarché ambulant.

91. SHURAHI : Pourquoi cela te contrarie t il?

92. BALA MANU : Comment a t elle pu me trahir de cette façon?

93. SHURAHI : Te trahir? Si je comprends bien, la jeune fille est partie pour être avec celui qu’elle aime. En quoi s’agit il d’une trahison?

94. BALA MANU : Je l’aime, vois tu? Aussi loin que je me souviens, je l’ai toujours aimée.

95. SHURAHI : Tu l’as aimée. Eh bien, le savait elle? Si tu l’as aimée durant toute ta vie, lui as tu jamais dit?

96. BALA MANU : J’ai passé tellement de temps avec sa famille… je pensais que cela devait être évident. Qu’ai je fait de mal?

97. SHURAHI : Ou bien elle n’a pas reçu tes vibrations, ou bien elle les a ignorées.

98. BALA MANU : Comme tu peux être réconfortante!

99. SHURAHI : Que veux tu que je te dise? Tu devrais peut être aller chercher ta… (ELLE CRACHE LE MOT) bien aimée… et la ramener par le bout de l’oreille pour l’épouser?

100. BALA MANU : C’est injuste… tu n’es pas gentille. Pour quelle raison?

101. SHURAHI : Il n’y a pas de raison. Si seulement je pouvais te sortir de ton sommeil. Elle est partie avec celui qu’elle aime, sans même te réserver une pensée, et tu es là à te languir…

102. BALA MANU : Pourquoi plies tu bagage? Ne veux tu pas finir de planter ces légumes?

103. SHURAHI : Comment pouvons nous finir ce travail alors que tu es dans la lune à la moindre occasion? Pardonne moi si je n’ai pas envie de rester à attendre et à t’écouter déplorer la perte de ta bien aimée.

104. BALA MANU : Quand reviendras tu pour que nous puissions finir les rangs?

105. SHURAHI : (EN COLÈRE) Je ne sais pas si je reviendrai. En fait, j’envisage de retourner à Papalanto dès que la nouvelle agente de vulgarisation arrivera demain. Dis au revoir pour moi à Papa Yohann.

106. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 4

107. SFX : AMBIANCE GÉNÉRALE ILLUSTRANT LA MAISON DE YOHANN.

108. INSPECTEUR : Yohann, je vois que vous profitez de la belle température
aujourd’hui.

109. YOHANN : Oui, effectivement inspecteur. Bienvenue dans ma maison.
J’espère que vous ne verrez pas d’inconvénient à vous joindre à moi sous ce manguier?

110. INSPECTEUR : Pas du tout. Et vous Moleke?

111. MOLEKE : C’est parfait pour moi.

112. YOHANN : Bala, Dépêche toi et apporte d’autres chaises. Inspecteur, veuillez vous asseoir.

113. INSPECTEUR : Merci. Je suis désolé de me manifester subitement comme cela…

114. YOHANN : Aucun problème. Vous pouvez venir chez moi n’importe quand. (LES CHAISES ARRIVENT ET ILS S’ASSEOIENT) J’espère qu’il n’y a pas d’ennui?

115. INSPECTEUR : Je ne sais pas. Vous voyez, lorsque nous recevons un rapport, nous devons enquêter, et c’est la raison de ma visite ici aujourd’hui.

116. YOHANN : Je vous écoute.

117. INSPECTEUR : Vous voyez, Moleke ici présent a raconté que vous avez empiété sur ses terres. Est ce vrai?

118. YOHANN : C’est faux, en fait, c’est un mensonge absolu.

119. INSPECTEUR : Il dit que lorsqu’il vous a demandé de récupérer ses terres, vous l’avez menacé.

120. YOHANN : Je ne sais pas pourquoi il pourrait dire des choses pareilles. Rien de tout cela n’est arrivé.

121. INSPECTEUR : Alors, vous dites que l’accusation d’empiètement sur ses terres ainsi que celle de menace de causer du tort physique sont fausses?

122. YOHANN : C’est exact. Rien de tout cela n’est arrivé.

123. INSPECTEUR : Eh bien, Moleke, qu’avez vous à dire? Qu’est ce que vous nous avez raconté au poste de police?

124. MOLEKE : Je maintiens tout ce que j’ai dit. C’est arrivé exactement comme je vous l’ai dit. Cet homme nommé Yohann a non seulement usurpé toutes mes terres mais, lorsque je l’ai confronté, il a menacé de s’occuper de moi.

125. YOHANN : Inspecteur, je pense que Moleke ne fait que gaspiller notre temps. Je n’ai pas touché à la terre de Moleke. Je ne sais même pas où elle se trouve.

126. BALA MANU : Si je peux dire un mot… (IL OBTIENT LE FEU VERT) Inspecteur, toutes les terres que nous avons cultivées sont les nôtres. En outre, nous avons essayé de rétablir les pâturages communaux et ce qui était autrefois la forêt. C’est peut être ce à quoi Moleke fait référence?

127. MOLEKE : Tu es très agaçant! Que sais tu de cette question?

128. YOHANN : Je pense que c’est une bonne évaluation de dire qu’il en sait
davantage que toi. Nous avons travaillé ensemble, en peinant côte à côte. Par hasard, c’est également le prince héritier de Mabudi, ne l’oublie pas!

129. MOLEKE : Inspecteur, j’ai la preuve que je suis propriétaire des terres en question. J’ai en ma possession tous les documents qui me donnent la propriété de ces terres.

130. INSPECTEUR : Qui vous a donné ces documents?

131. MOLEKE : Les propriétaires antérieurs.

132. INSPECTEUR : Comment en sont ils venus à vous donner les titres de propriété de leurs terres?

133. MOLEKE : Ils me devaient d’énormes sommes d’argent et, comme ils ne pouvaient pas payer, ils m’ont cédé leurs terres.

134. INSPECTEUR : Est ce là toute la preuve que vous possédez?

135. MOLEKE : De quelles autres preuves avez vous besoin? N’est ce pas
suffisant?

136. INSPECTEUR : Je dois être honnête avec vous, Moleke; je ne vois pas là matière à poursuite. Vous avez demandé à la justice de prendre partie pour vous pour détruire les efforts laborieux déployés pour régénérer les terres. Nous ne pouvons pas faire cela.

137. MOLEKE : Êtes vous en train de me dire que vous ne ferez rien?

138. INSPECTEUR : Vous pouvez envisager de vous rendre en Cour suprême, mais cela n’est pas de notre ressort.

139. MOLEKE : Ce n’est pas terminé. Je reviendrai pour récupérer mon bien, vous verrez!

140. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

141. ANIMATEUR : Mes amis, comment aimez vous cela maintenant? Moleke. Ah, Moleke! Chaque fois qu’il réapparaît, il faut s’attendre à des ennuis pour les terres à Mabudi. Comment peut il proposer que nous coupions les arbres et les plantes cultivés si laborieusement par les agriculteurs?! Quels sont les esprits bien pensants qui pourraient appuyer une telle revendication? Toutefois, je ne suis pas certain que nous ayions entendu les derniers revirements… Moleke étant Moleke!

Il y a des ennuis dans l’air au rayon des amours pour nos jeunes gens. Tout d’abord, Zara a fait une fugue amoureuse avec Garam, le supermarché ambulant. Garam, après avoir rôdé aux alentours pendant deux ans pour aider sa famille a finalement réussi à gagner le cœur de Zara sans que Yohann s’en doute. Et tout cela le jour même où Bala Manu revient pour déclarer son amour pour elle? Surprenant! Maintenant Shurahi, notre chère agente agricole menace de quitter Mabudi. Pourquoi? Vous devrez être à l’écoute pour le savoir lors de notre prochain épisode.

142. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Réseau de radios rurales des pays en développement

Pochette 77, Épisode 13

Mars 2006

_________________________________________________________________________

Épisode 13

DISTRIBUTION
ZARA
YOHANN
HASSAN
BALA MANU
MOLEKE
SHURAHI
DES VOIX (DES JEUNES)
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1. MUSIQUE : MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, MAINTIEN ET SORTIE EN FONDU
AMORCE, MONTÉE ET SORTIE EN FONDU…

2. ANIMATEUR : Mes amis, que voulait donc dire Moleke, la dernière fois, lorsqu’il a menacé en disant ce n’est pas terminé. Je reviendrai pour récupérer mon bien, vous verrez!? Lors de notre épisode d’aujourd’hui, nous constaterons jusqu’où il est disposé à aller pour revendiquer toutes les terres à Mabudi. Ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé le mineur fripouille! Mais les gens le laisseront ils s’en tirer cette fois ci?

Toutefois, c’est un jour heureux pour moi à maints égards. Tenez! La plupart d’entre nous ont réussi à faire pousser des cultures dans des tranchées de fertilité et ont vraiment récolté de bonnes quantités de patates douces, de manioc, de gourganes, de citrouilles et d’épinards. Ma propre récolte de sorgho et de soja a été surprenante. En fait, nous sommes bénis.

Mais c’est un Yohann triste et déçu qui a découvert que sa fille, l’adorable mais énigmatique Zara, avait donné son cœur, non pas à Bala, prince de Mabudi qui l’aimait depuis son enfance, mais à l’inattendu Garam, le supermarché ambulant. Ils ont même fait une fugue amoureuse. Que peut faire d’autre un père, sinon de partir à la recherche de sa fille pour lui montrer son erreur de conduite? Parviendra t il à la faire revenir? Rendons nous à Papalanto pour entendre ce qui se passe lors de leur rencontre…

3. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL ET FONDU ENCHAÎNÉ À…

SCÈNE 1

4. SFX : ON FRAPPE À LA PORTE HORS MICRO.

5. ZARA : (AU MICRO) Oui… (À ELLE MÊME) qui cela peut il bien être? (À VOIX HAUTE) Attendez, j’arrive…

6. SFX : LA PORTE S’OUVRE.

7. ZARA : (ELLE SUFFOQUE, PUIS ELLE REPREND SES ESPRITS, HORS MICRO) Oh, je pensais… je ne réalisais pas… je veux dire, Papa! Quelle surprise!

8. YOHANN : (HORS MICRO) Oui, Zara. C’est moi, Yohann. Si je suis ton papa, je n’en suis plus certain.

9. ZARA : Je suis tellement surprise de te voir. Que fais tu ici à Papalanto? Entre, s’il te plaît. (PAUSE 2 TEMPS)

10. SFX : LA PORTE SE REFERME.

11. YOHANN : (ARRIVANT AU MICRO) Où est il? Où est Garam?

12. ZARA : (AU MICRO) Il n’est pas ici pour l’instant. Il sera de retour dans la soirée.

13. YOHANN : (AU MICRO) Dommage! Quand il reviendra, il retrouvera la maison vide. Alors, il saura comment on se sent. Prends tes affaires. Nous rentrons.

14. ZARA : Nous rentrons où?

15. YOHANN : Nous rentrons à la maison à Mabudi.

16. ZARA : Papa, assieds toi. Je vais te chercher quelque chose à boire.

17. YOHANN : Je n’ai pas fait tout le voyage jusqu’à Papalanto pour m’asseoir et boire. Prends tes affaires; nous rentrons à la maison. Je faisais confiance à cet homme Garam; je ne m’attendais pas à ce qu’il enlève ma fille.

18. ZARA : Papa, tu fais vraiment erreur. Il ne m’a pas enlevée. Je suis venue ici de mon plein gré.

19. YOHANN : Cela ne peut pas être vrai! Quelles herbes… ou quelle magie a t il utilisées pour te séduire?

20. ZARA : Papa, tu n’écoutes pas. Il n’a rien fait du tout. Je suis venue de mon plein gré.

21. YOHANN : Zara, je ne suis pas d’humeur à entamer de longues discussions.

22. ZARA : Je suis désolée, papa. Je n’ai pas l’intention d’argumenter
avec toi. Je ne peux pas retourner a Mabudi. Garam m’aime et je l’aime aussi.

23. YOHANN : (RÉPÉTANT) Tu l’aimes. Permets moi de te poser une question. Depuis combien de temps le connais tu? Est ce que tu le connais seulement?

24. ZARA : Papa, je ne pense pas que c’est une question de temps…

25. YOHANN : Je ne vais pas argumenter avec toi au sujet de l’amour ou du temps. Tout ce que je te dis, c’est de revenir à la maison et de vivre ton amour de la bonne façon.

26. ZARA : Quelle est la bonne façon?

27. YOHANN : Certainement pas en se faufilant furtivement et assurément pas en s’esquivant au beau milieu de la nuit comme un voleur. À quoi pensais tu, Zara? Tu as toujours été une jeune fille raisonnable.

28. ZARA : Je suis désolée, papa.

29. YOHANN : C’est pourquoi je pense que ce Garam doit avoir une mauvaise influence sur toi. Ton frère Hassan a toujours été ton ami. As tu pris une minute pour envisager comment il se sentirait avant que tu t’esquives?

30. ZARA : Je suis désolée, papa…

31. YOHANN : Tu n’as même pas dit au revoir! Est ce que nous t’avons
importunée?

32. ZARA : Non, papa.

33. YOHANN : Alors quoi? Voyons, Zara. C’est peut être juste une étape, un jalon sur ta route pour devenir une femme. Lorsque tu seras devenue cette femme, tu rencontreras l’homme destiné à être ton mari et vous vous marierez et vous vous installerez.

34. ZARA : J’apprécie que tu te préoccupes de moi, papa, mais je suis vraiment convaincue que Garam était l’homme que j’étais destinée à épouser.

35. YOHANN : Comment le sais tu?

36. ZARA : Je rencontre très peu de gens dont je pourrais tomber amoureuse à Mabudi. Par ailleurs, je ne veux pas rester prise à Mabudi pour le reste de ma vie. Je ne pourrai jamais être une véritable agricultrice heureuse comme Hassan, Bala ou Shura. Je veux du changement, du dynamisme et de l’amour. Je crois que j’ai trouvé tout cela chez Garam.

37. YOHANN : Je te répète ma question : comment le sais tu?

38. ZARA : Garam connaît tellement de choses. Il a voyagé dans tout le pays et même dans les pays voisins pour acheter et vendre… Il n’a pas de mauvaise influence sur moi comme tu le penses.

39. YOHANN : Zara, je n’approuve pas ce que tu as fait, t’enfuir comme cela au milieu de la nuit. Tu fuis des ennemis… Je ne pense pas que nous soyions tes ennemis.

40. ZARA : Je suis désolée, papa. Il m’aime et je l’aime.

41. YOHANN : Très bien. Maintenant, ce que je veux c’est que tu reviennes à la maison avec moi. Si tu veux toujours épouser ce Garam, tu le feras ouvertement. Ensuite, tu pourras faire ce que tu veux.

42. ZARA : Papa, nous sommes déjà mariés!

43. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU.

SCÈNE 2

44. SFX : ATMOSPHÈRE D’UNE FERME. HASSAN ET BALA SONT À LA FERME.

45. BALA : (APPELANT) Hassan… Hassan! Arrête de gaspiller tant de temps à préparer le feu.

46. HASSAN : (HORS MICRO) Il va brûler bientôt. Ces patates douces ont l’air tellement délicieuses… je tiens à y goûter avant de rentrer à la maison.

47. BALA : Je veux en manger aussi mais, à ce rythme, nous ne finirons jamais de récolter toutes les tranchées. (PAUSE) Tu sais, au fur et à mesure de la récolte, nous devrions également préparer les tranchées pour la prochaine plantation.

48. HASSAN : (REJOIGNANT BALA) La récolte est tellement bonne, n’est ce pas?

49. BALA : Étant donné les conditions climatiques, je dirais que c’est une récolte plutôt bonne. Bien plus que j’osais espérer. Regarde, j’ai terminé avec cette tranchée. Pourquoi ne la remplis tu pas?

50. HASSAN : Très bien. Je peux le faire en utilisant ces mauvaises herbes et ces feuilles et toute cette herbe…

51. BALA : Ajoutes en encore, Hassan! Par exemple, ces résidus de récolte, du fumier, des plumes, les épluchures de patates douces et d’ignames – tout ce qui pourrira au fil du temps.

52. HASSAN : La première fois que nous avons préparé ces tranchées, je n’avais pas compris … pourquoi nous devions accumuler tous ces déchets… toutes sortes de matières différentes – des matières jeunes et humides et des matières mortes et sèches…

53. BALA : L’eau qui tombe durant la saison des pluies s’infiltre dans le sol dans la tranchée. La matière organique contenue dans la tranchée retient l’eau que les cultures utiliseront après le début de la saison sèche.

54. HASSAN : (D’UN TON TAQUIN) Pas mal! Tu parles comme un expert. On dirait que tu en connais un rayon en agriculture.

55. BALA : Ouais, je semble avoir un flair naturel pour cela, n’est ce pas? En réalité, j’en ai appris beaucoup de ton père et… de Shurahi. De toute façon, pour quelqu’un de ton âge, Hassan, je dirais que tu es également un assez bon agriculteur.

56. HASSAN : Merci. Eh bien, vérifions les pommes de terre…

57. BALA : Vas y. Le parfum sucré me donne faim.

58. HASSAN : (PARLANT, LÉGÈREMENT HORS MICRO) Il faut arroser avec un peu d’eau la couche de matières organiques. Mon père expliquait que l’eau aidera les déchets et les autres matières organiques à pourrir.

59. BALA : N’est ce pas ironique? Normalement, on penserait que tout ce qui pourrit est mauvais… mais, dans ce cas, à mesure que la matière organique présente dans la tranchée pourrit, elle ajoute de la bonne nourriture végétale au sol.

60. HASSAN : (REVENANT) Pas étonnant que les pommes de terre soient si grosses et semblent si délicieuses.

61. BALA : En outre, on peut faire pousser toutes sortes de cultures dans ces tranchées de fertilité – pas seulement des patates douces mais aussi des tomates, des poivrons, des okras – et mêmes des arbres fruitiers!

62. HASSAN : Shurahi a mentionné que l’on pourrait faire pousser une culture différente chaque saison. Cette jeune femme est un véritable puits de connaissances… une encyclopédie ambulante sur l’agriculture. (SILENCE) As tu entendu ce que j’ai dit?

63. BALA : Je t’ai entendu cinq sur cinq!

64. HASSAN : Que vas tu faire à son sujet?

65. BALA : Au sujet de qui?

66. HASSAN : De Shurahi évidemment!

67. BALA : (CHANGEANT DE SUJET) Je suis persuadé que tes pommes de terre sont en train de brûler.

68. HASSAN : Belle façon de changer de sujet! Très bien, allons y et rendons justice à la nourriture.

69. BALA : Je suis tout à fait d’accord.

70. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 3

71. SFX : ATMOSPHÈRE DE FERME. BRUIT ET TAPAGE DE PLUS EN PLUS FORT À L’APPROCHE DU MICRO. (C’EST MOLEKE QUI S’APPROCHE AVEC QUELQUES JEUNES).

72. YOHANN : N’est ce pas Moleke qui s’approche? (PAUSE) C’est bien lui. Et où va t il avec tous ces gens armés de machettes, de couteaux, de gourdins et de tout le reste?

73. HASSAN : Papa, je n’en ai pas la moindre idée. Mais tout cela n’est pas de bon augure. Que devrions nous faire? Je pense que je ferais mieux d’aller chercher de l’aide.

74. YOHANN : Bonne idée, mon fils. Dépêche toi… et appelle d’autres gens en partant. Va vite. (HASSAN PART)

75. MOLEKE : (CRIANT HORS MICRO) Les gars, mettez vous au travail. Coupez tout! Déracinez tout!

76. SFX : DES BRUITS DE CULTURES QUE L’ON COUPE
PEUVENT ÊTRES ENTENDUS HORS MICRO ET SE RAPPROCHENT.

77. YOHANN : (CRIANT AU MICRO) Hé, que se passe t il? Que faites vous? Pourquoi détruisez vous nos cultures? Moleke, rappelle tes gens à l’ordre. Dis leur d’arrêter…

78. MOLEKE : (RAILLEUR. ARRIVANT AU MICRO) Ou sinon? Et que pouvez vous faire à ce sujet?

79. YOHANN : Moleke, es tu complètement fou? Je t’avertis d’arrêter.

80. MOLEKE : (AU MICRO, APPELANT) Ne faites pas attention à lui.
Poursuivez votre travail.

81. YOHANN : C’est incroyable! Je n’ai jamais rien entendu ni vu de ce genre durant toute ma vie.

82. MOLEKE : Alors, considérez qu’il s’agit là d’un privilège rare!

83. YOHANN : Tu es totalement impitoyable, Moleke. Qu’espères tu gagner en détruisant le fruit de notre dur labeur?

84. MOLEKE : Ne vous ai je pas prévenu? Ne vous ai je pas demandé de
déraciner vos cultures et de les emmener dans votre propre ferme? Je veux récupérer mes terres.

85. YOHANN : On ne peut même pas raisonner avec toi. (DES VOIX À
MESURE QUE D’AUTRES GENS COMMENCENT À ARRIVER).

86. PLUSIEURS VOIX : Quoi?! C’est le Grand chef lui même! Le destructeur ultime! Voyez les dégâts qu’il a déjà faits! Quel genre d’homme est ce? Devez vous détruire tout ce qui entre en contact avec vous? Nous allons nous occuper de vous dès maintenant, homme stupide! Votre ami Abah Manu n’est plus dans le village, alors qui vous sauvera de notre colère aujourd’hui? Vous avez dupé tout le village. Vous avez gagné de l’argent sur le dos de gens innocents sans ressources. Vous les avez renvoyés de chez eux et vous avez pris leurs moyens de subsistance. Vous récoltez là où vous n’avez rien semé du tout! Aujourd’hui, c’est le temps de rembourser. (FRACAS ALORS QU’ILS SE JETTENT SUR MOLEKE ET SON GROUPE).

87. MUSIQUE : PONT MUSICAL ET SORTIE EN FONDU

SCÈNE 4

88. SFX : MAISON DE SHURAHI. ON FRAPPE À LA PORTE, HORS MICRO.

89. SHURAHI : (S’ÉLOIGNANT DU MICRO) Oui, j’arrive.

90. SFX : UNE PORTE S’OUVRE, HORS MICRO.

91. SHURAHI : (TRÈS SURPRISE, HORS MICRO) Ciel! Bala, que
fais tu ici?

92. BALA : (HORS MICRO) Surprise! Surprise!

93. SHURAHI : Entre donc.

94. SFX : LA PORTE S’OUVRE EN GRAND. DES RAFALES DE VENT BALAIENT LA PIÈCE, FAISANT ENVOLER DES FEUILLES DE PAPIER MOBILES. ILS SE BOUSCULENT POUR LES ATTRAPER. LA PORTE SE REFERME EN CLAQUANT.

95. BALA : (ARRIVANT AU MICRO) Oh, Shurahi, je suis désolé…

96. SHURAHI : (AU MICRO) Non, ne t’inquiète pas. Ce n’est pas de ta faute. (LES DEUX FONT UNE PAUSE 2 TEMPS)

97. BALA : (AU MICRO) Que sont ces papiers?

98. SHURAHI : Le manuscrit de mon livre… le livre que j’écris sur les méthodes culturales.

99. BALA : Avance t il?

100. SHURAHI : Très bien. J’ai presque fini la première ébauche. Je l’enverrai à mon éditeur lorsque j’aurai terminé afin d’obtenir ses commentaires.

101. BALA : Ouah, tu vas être célèbre! Une écrivaine! Ouah! Quel est le titre?

102. SHURAHI : (ELLE RIT UN PEU) Il s’intitule Contes de la ferme venant de partout. Mais la connaissance que je partage est plus importante que la célébrité. Si cet ouvrage peut aider des gens à devenir de meilleurs agriculteurs et à faire un meilleur usage de leurs terres, alors j’aurai atteint mon objectif.

103. BALA : Je suis tellement fier de toi.

104. SHURAHI : Non, je n’en suis pas encore là. Je serai fière lorsque le livre sera publié.

105. BALA : Eh bien, peu importe… je suis quand même fier de toi. Et je suis
tellement désolé de ce désordre. Puis je t’aider à réorganiser ces pages?

106. SHURAHI : Ne t’inquiète pas de cela. Je le ferai plus tard.

107. BALA : Mais je me sens mal. Laisse moi t’aider.

108. SHURAHI : Très bien. Si cela peut te permettre de te sentir mieux, vas y. Puis je t’apporter quelque chose à boire?

109. BALA : Peut être un peu plus tard.

110. SHURAHI : Donc, qu’est ce qui t’amène à Papalanto? Je suis persuadée que tu n’es pas venu pour parler de mon livre.

111. BALA : Je suis venu pour te voir.

112. SHURAHI : (RIANT) Tu es venu pour me voir? Moi? Ne me fais pas rire.

113. BALA : Est ce drôle? Ou impossible que je vienne pour te voir? Très bien, dis moi alors… pourquoi suis je venu?

114. SHURAHI : Comment pourrais je le savoir?

115. BALA : Mais je t’ai dit la raison de ma venue et tu ne sembles pas me croire.

116. SHURAHI : Très bien, je te crois… je te crois.

117. BALA : Franchement, je n’aime pas la façon dont nous nous sommes quittés la dernière fois, alors je suis venu pour… pour… eh bien, pour voir si tu pourrais me donner l’occasion de corriger la situation.

118. SHURAHI : Comment penses tu le faire?

119. BALA : Un petit peu chaque jour, peut être pour le restant de nos vies…

120. SHURAHI : En réalité, je devrais également m’excuser.

121. BALA : Pourquoi? Tu n’as rien fait de mal.

122. SHURAHI : Bien sûr que si. Tu vidais ton pauvre cœur meurtri à propos de ta très chère bien aimée, et je t’ai juste jeté une douche froide. Du genre… tu as eu ta chance. Si tu n’en as pas tiré profit, tant pis!

123. BALA : Eh bien, tu as été un peu cruelle. Mais de toute façon, tout cela est du passé et c’est oublié depuis longtemps. Comment vas tu? Tu nous as manqué…

124. SHURAHI : Qui est ce «nous»? (PETITS RIRES) Ne me regarde pas ainsi. Je veux seulement savoir.

125. BALA : Si tu veux absolument savoir, je pense que tu as manqué à tous les habitants et à tout le village de Mabudi… Mais c’est à moi que tu as manqué le plus!

126. SHURAHI : En es tu certain?

127. BALA : Oui, j’en suis certain. Si certain que j’espérais que tu pourrais envisager de revenir… avec moi?

128. SHURAHI : Pour quelle raison?

129. BALA : Comme je te l’ai dit, tout le village de Mabudi serait enchanté de ton retour. Mon père Abah Manu est malade du sida… Je devrai peut être prendre sa succession à titre de Abah. Et je me demandais et j’espérais que tu envisagerais d’être à mes côtés… de m’appuyer à titre d’épouse… bien sûr si tu m’acceptes pour mari. Parce que… tu vois… je t’aime, Shurahi. Je t’aime beaucoup. Qu’en dis tu?

130. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL ET SORTIE EN FONDU…

131. ANIMATEUR : Bien, bien, bien, mes amis. Si vous vous êtes demandé si la
cupidité gagne toujours sur la vérité et le bien, vous avez dû être soulagés en constatant que Moleke a finalement eu ce qu’il méritait : la colère et le jugement des gens. Je l’ai toujours dit : le voleur passe à toute heure mais le propriétaire aura SON HEURE un jour! Non pas que l’on préconise la violence comme moyen de résoudre un conflit, vous le comprenez bien, mais Moleke l’a vraiment cherché. Imaginez d’amener des voyous pour détruire les récoltes et couper les arbres que Yohann et les autres avaient replantés si laborieusement. C’était suffisant pour provoquer la colère des gens. Même Abah Manu n’est pas dispensé d’une fin triste. Ai je bien entendu qu’il souffre du sida? Vous vous rappellerez qu’il n’était pas toujours très responsable sur le plan sexuel, n’est ce pas? Mais il s’agit là d’une autre histoire pour une autre saison…

Oh, j’aime les romances et il semble y en avoir une dans l’air. Shurahi, notre adorable agente agricole au cœur tendre, avait finalement quitté Mabudi parce qu’elle pensait que son amour pour Bala Manu n’était pas partagé. Mais il a fini par voir clair et il est allé la rechercher. Je suis très heureux de constater que ces deux personnes dynamiques pourraient former un couple. Les cartes prédisent des jours fantastiques pour Mabudi, alors ne considérez pas que vous en avez fini avec nous!

132. MUSIQUE : INDICATIF MUSICAL ET SORTIE AVEC LES REMERCIEMENTS.

FIN

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant
par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Annexe I – Ressources en matière de désertification

Si vous voulez en apprendre davantage sur la désertification, ou si vous voulez aider un membre de votre auditoire à trouver d’autres renseignements, les meilleures ressources sont souvent locales – les agriculteurs chevronnés, les bergers et d’autres personnes présentes dans la collectivité. Ces gens peuvent souvent offrir les solutions locales les plus pratiques à une situation. Mais il y a aussi des cas où vous voudrez communiquer avec des personnes plus éloignées ou orienter des membres de votre auditoire vers des ressources externes, y compris les instituts de recherche nationaux, les universités, les agences de développement international et les organismes des Nations Unies.

La liste qui suit n’offre que quelques exemples de tels organismes. L’Internet est un bon outil pour trouver les coordonnées d’organismes de votre région ou de votre pays.

Ressources concernant la désertification :
• Agriculteurs experts locaux
• Instituts nationaux de recherche, p. ex.
 Kenya Agricultural Research Institute
B.P. 57811 Nairobi, Kenya
Tél. : (254 2) 583301–20; Téléc. : (254 2) 583344.
 Ethiopian Institute of Agricultural Research,
B.P. 2003, Addis Ababa, Éthiopie
Tél. : +251 011 6462633 41; Téléc. : 251 011 6461294
 Institut National de Recherches Agronomiques du Niger (INRAN)
Standard Direction Générale, B.P. 429, Niamey, Niger. Tél. : 72 41 96.
• Universités locales, régionales ou nationales ayant des départements ou des programmes d’études agricoles, p. ex.
 Université d’Abomey Calavi, Bénin
 Botswana College of Agriculture
 University of Ibadan, Nigeria, Département d’agriculture et de foresterie
 Universidade Eduardo Mondlane, Faculté d’agronomie et de foresterie, Mozambique
 Addis Ababa University, Debra Zeit, Éthiopie
• Organisations internationales non gouvernementales, p. ex.
 Oxfam http://www.oxfam.org/
 Action Aid International – Siège social
PostNet Suite #248, Private bag X31
Saxonwold 2132, Johannesbourg, Afrique du Sud
Tél. : +27 11 880 0008; Téléc. : +27 11 880 8082
Courriel : mail.jhb@actionaid.org
Site Web : http://www.actionaid.org/
• Instituts de recherche internationaux oeuvrant dans des domaines agricoles :
 Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Bureau sous-régional pour l’Afrique australe et orientale
B.P. 3730, Harare, Zimbabwe
Tél. : (+263 4) 253 656/791 407
Adresse télégraphique : FOODAGRI HARARE
Télex : 26040 FAO ZW; Téléc. : (+263 4) 703 497
Courriel : FAO SAFR REGISTRY@FAO.ORG
 Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO)
Siège social temporaire
01 B.P. 2031, Cotonou, Bénin
Tél. (229) 21 35 01 88
Téléc. (229) 21 35 05 56
Courriel : warda@cgiar.org
Site Web : https://www.africarice-fr.org/
Centres régionaux à Saint-Louis, Sénégal; Ibadan, Nigeria.
 Institut international de recherche sur l’élevage
Siège social
B.P. 30709 Nairobi 00100, Kenya
Tél. + 254 20 422 3000; Téléc. + 254 20 422 3001
Télex 22040 ILRI/Nairobi/Kenya
Courriel : ILRI Kenya@cgiar.org
Site Web : http://www.ilri.cgiar.org/
Centres régionaux à Addis Ababa, Éthiopie; Bobo Dioulasso, Burkina Faso; Niamey, Niger; Ibadan, Nigeria
 Institut international d’agriculture tropicale
Siège social
PMB 5320, Ibadan, Oyo State, Nigeria
Tél. : (+234 2) 241 2626; Téléc. : (+234 2) 241 2221
Courriel : IITA@cgiar.org
Site Web : http://www.iita.org/
Stations régionales à Cotonou, Bénin; Yaoundé, Cameroun; Kinshasa, RDC; Accra, Ghana; Nairobi, Kenya; Lilongwe, Malawi; Maputo, Mozambique; Kano, Nigeria; Abuja, Nigeria; Lagos, Nigeria; Dar es Salaam, Tanzanie; Kampala, Ouganda
 Centre mondial d’agroforesterie (CIRAF)
Siège social
Avenue des Nations Unies, Gigiri, B.P. 30677 00100 GPO, Nairobi, Kenya
Tél. : +254 20 722 4000; Téléc. : +254 20 722 4001
Courriel : ICRAF@cgiar.org
Site Web : http://www.worldagroforestrycentre.org
Centres régionaux à Bamako, Mali; Harare, Zimbabwe
 Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT)
Siège social en Inde
Centres régionaux à Nairobi; Kenya, Niamey, Niger; Maputo, Mozambique; Bamako, Mali; Lilongwe, Malawi; Bulawayo, Zimbabwe

Annexe II – Diagrammes et photos de techniques de conservation des terres
utilisées dans la pochette 77

Photos précédentes reproduites de : Reij, C., Scoones, I., et Toulmin, C. (Éd.) (1996). Sustaining the Soil: Indigenous Soil and Water Conservation in Africa. Londres: Earthscan Publications Limited, 73 et 76.

Photos précédentes reproduites de : Hassane, A., Martin, P., et Reij, C. (2000). Water Harvesting Land Rehabilitation and Household Food Security in Niger: IFAD’s soil and water conservation project in Illéla District. Fonds international de développement agricole (FIDA) et Programme on Indigenous Soil and Water Conservation in Africa, Phase II (ISWC) (1/2), 17.

Annexe IV – Avant-projet pour la pochette 77

La longue saison sèche : Conte de la cupidité et de l’ingéniosité est un feuilleton radiophonique en 13 épisodes destiné aux agriculteurs et aux membres de la collectivité pour apprécier et en même temps apprendre les causes de la désertification et ses solutions. Plus généralement, il donne des leçons sur le respect des terres à long terme par opposition à la cupidité à court terme.

DÉCOR
La majeure partie de l’action se déroule dans un gros village rural fictif appelé Mabudi. D’autres endroits et des villes et villages voisins sont également mentionnés. Par exemple, Jantale est un de ces villages voisins. Papalanto est la capitale du Nord-Ouest, la plus proche de ces villages.

Le feuilleton s’étend sur une vaste période d’une dizaine d’années. Les références aux 20 années antérieures sont monnaie courante.

LES PERSONNAGES ET LEUR PROFIL
Voici les principaux personnages qui animeront ce feuilleton.

Yohann
Âge : 42 ans
Profession : agriculteur, herbaliste (guérisseur indigène), conservationniste.
Liens familiaux : mari de Choliba et père de Zara et de Hassan, cousin de Moleke.
Caractère : honnête, calme, gentil, bienveillant, sage, respecté, très informé.

¬MOLEKE
Âge : 45 ans
Profession : artiste, commerçant et homme d’affaires escroc.
Liens familiaux : cousin de Yohann, fils de Babamu (décédé).
Caractère : malhonnête, égoïste, pas visionnaire et impatient. Cupide, prétentieux, charmeur et fourbe.

Abah Manu
Âge : 55 ans
Profession : chef du village en titre (Abah ou père de Mabudi).
Liens familiaux : père de Bala Manu, mari de Babi, Titi et Halima.
Caractère : cupide, coureur de jupons, aime l’argent, peu apte à planifier.

BALA MANU
Âge : 29 ans
Profession : contremaître des fermes et des biens de son père.
Liens familiaux : fils de Abah Manu.
Caractère : très intéressé par l’agriculture, calme, introspectif, respectueux, humble, travailleur, apprend facilement, aime les gens et regrette l’indifférence de son père à l’égard de leur bien-être.

CHOLIBA
Âge : 25 ans
Liens familiaux : deuxième épouse de Yohann.
Caractère : aime la mode, les babioles et le magasinage. Gâtée, matérialiste, paresseuse et désorganisée. Aucun intérêt pour la vie familiale – toujours en train de faire des commérages détestables, de se vanter et de se comparer.

BABI
Âge : 22 ans
Liens familiaux : troisième épouse de Abah Manu.
Caractère : ambitieuse et veut être l’épouse préférée de Abah Manu.

ZARA
Âge : 20 ans
Liens familiaux : fille de Yohann et de sa défunte épouse.
Caractère : rêveuse, romantique, entêtée, aime argumenter, paresseuse, adore lire et dormir, veut poursuivre ses études, déteste tout ce qui touche à l’agriculture.

HASSAN
Âge : 19 ans
Liens familiaux : fils de Yohann et de sa défunte épouse.
Caractère : aime sa famille et adore sa soeur Zara. Aime tout ce qui touche à l’agriculture, aux animaux et à la vie rurale. Veut être vétérinaire. Sociable, amical et ouvert.

SULEIMAN
Âge : 50 ans
Profession : voisin de Yohann. Berger (éleveur de bovins, de moutons et de chèvres).
Caractère : avare, autoritaire, très travailleur, dévoué envers ses animaux.

GARAM
Âge : 35 ans
Profession : vendeur itinérant d’une multitude de produits et de bric-à-brac. Les acheteurs le surnomment le « supermarché ambulant ».
Caractère : suite à ses voyages, il est très instruit, ouvert et au courant de la vie et des pratiques à maints endroits.

SHURAHI (SHURA)
Âge : 24 ans
Profession : agente agricole en poste à Mabudi.
Caractère : très intéressée par les traditions et les pratiques locales concernant l’agriculture. Respectée par les anciens et les jeunes, très travailleuse et bien informée.

INTRIGUES

Intrigue principale : L’histoire de Yohann

Yohann est un agriculteur simple mais satisfait, et aussi un herbaliste à temps partiel qui vit dans le village rural de Mabudi où les précipitations sont habituellement faibles et où le temps est chaud et sec durant la majeure partie de l’année. Les choses étaient différentes lorsqu’il était enfant. Yohann se souvient de l’époque où le désert ne figurait que dans les contes populaires d’aventures et dans les longs périples des saints pèlerinages à La Mecque, et lorsque Mabudi et la région avoisinante étaient luxuriantes, vertes et fertiles. Il a pratiquement été élevé dans la forêt et a grandi en l’aimant tendrement, en apprenant à connaître chaque herbe et chaque écorce d’arbre, en buvant de l’eau fraîche des cours d’eau et en apprenant à reconnaître le trille de chaque oiseau et les pistes de chaque animal.

Le noeud de ce feuilleton est la relation souvent turbulente entre Yohann et son cousin Moleke. Leur animosité a débuté durant leur enfance lorsque Yohann, orphelin, est allé vivre avec la famille de Moleke et a été élevé par ses parents Babamu et Mamji. À cette époque, Babamu était un herbaliste renommé (et on disait qu’il comprenait le langage de la brousse) et il était vénéré pour sa connaissance de la nature et des remèdes naturels contre des maladies. Tout gamin, Yohann a grandi grâce aux soins, à l’amour et à l’éducation fournis par Babamu. Ce ne fut pas le cas pour Moleke qui méprisait son père et est parti à la première occasion. Yohann a hérité des manières respectueuses de son oncle à l’égard de la nature et des herbes, ainsi que de la terre familiale lors du décès du vieil homme dans un mystérieux incendie. Alors que tous les habitants de Mabudi pensent que l’incendie était une catastrophe naturelle, Yohann est convaincu d’avoir vu quelqu’un ressemblant à Moleke sortir de la chambre de Babamu et s’esquiver furtivement dans l’ombre, la nuit de l’incendie. Même s’il ne l’a jamais mentionné à qui que ce soit, il est convaincu jusqu’à maintenant que Moleke est responsable de la mort du seul homme qu’il a jamais connu comme père. Yohann a pris soin de la mère de Moleke jusqu’à sa mort et lui a fait une sépulture digne d’un véritable fils puisque personne n’avait eu de nouvelles de Moleke.

Moleke réapparaît 20 ans plus tard, très riche et sans explications concernant ses agissements ou la source de sa richesse. Il gaspille son argent et distribue tellement de cadeaux que personne, sauf Yohann, ne souhaite questionner la source de sa richesse. Chacun semble également oublier Babamu et le fait que Moleke n’est pas revenu une seule fois depuis la tragédie, même pour les funérailles de sa propre mère. Lorsque Moleke propose d’introduire de nouvelles méthodes culturales pour la production massive de légumes, Yohann est le seul à voir que les projets pourraient détruire la terre. Moleke déclare aux villageois qu’il y a beaucoup d’argent à gagner en cultivant des tomates, des carottes et d’autres légumes à salade, contrairement aux céréales que l’on cultive traditionnellement dans cette région. Il conseille aux habitants de Mabudi de se joindre aux agriculteurs progressistes d’autres villes et villages et de commencer à faire pousser ces produits frais en grandes quantités qui feront d’eux des millionnaires instantanés. Alors que tous les habitants de Mabudi sont surexcités et radieux à l’idée de devenir riches, Yohann les met en garde contre les répercussions à long terme des méthodes culturales qui supporteront de tels projets à grande échelle. Sa position l’oppose à bien des gens de Mabudi, dont Abah Manu, Moleke et sa propre épouse Choliba.

Dix ans plus tard, Mabudi est un désert et la plupart des habitants déménagent pour trouver des conditions plus favorables. Yohann est l’un des rares habitants qui décident de rester. Ces rescapés font tout leur possible pour récupérer les terres, en utilisant des méthodes apprises auprès de districts voisins, de Shurahi et de connaissances traditionnelles.

Sur un plan personnel, le retour de Moleke déclenche une bataille foncière qui oblige la collectivité à prendre parti. Yohann perd aussi d’abord son épouse et ensuite sa fille Zara lorsqu’elle fait une fugue avec Garam, le marchand itinérant. Il gagne un fils, Bala Manu, qui sort d’une tempête de sable et décide de rester et de contribuer à repousser le désert.

Sous intrigue 1 : L’histoire de Moleke

C’est l’histoire d’un homme de l’endroit, Moleke qui, jeune, disparaît pendant 20 ans et réapparaît sous les traits d’un homme plus âgé extrêmement riche et généreux, dont le projet vise apparemment à enrichir ses concitoyens. Il leur raconte que la source de sa richesse réside dans le commerce des tomates et autres légumes et dans le transport de ces produits frais vers les villes côtières. Il les encourage à modifier leurs méthodes culturales et leur système d’utilisation des terres, en leur avançant de nouvelles graines et des intrants agricoles qu’ils devront rembourser à même les ventes futures. Les gens du village acceptent ce projet avec joie et utilisent toutes les terres agricoles de Mabudi pour cultiver de grandes quantités de légumes. Il les incite à sacrifier leur forêt. En 10 ans, la terre devient stérile et poussiéreuse, les gens travaillent dur et sont fortement endettés et on constate un vaste exode du village vers la ville pour y trouver des emplois subalternes.

Depuis son enfance, Moleke a toujours causé des problèmes. Il a donné tant de stress à son père que, lorsqu’il a eu 25 ans, ce dernier l’a finalement déshérité et a déclaré que Yohann, bien qu’adopté, était son unique fils. Moleke a quitté la ville peu après en colère, le jour même où un mystérieux incendie a coûté la vie à son père Babamu. Sa mère est morte de honte et de chagrin à cause de la rumeur voulant que Moleke avait provoqué la mort de son père.

Pendant l’absence de Moleke, toute une série de circonstances l’ont incité à se lancer dans le commerce et le transport des légumes et il est devenu très riche.

Moleke blâme Yohann pour sa relation tumultueuse avec ses parents, qu’il accuse de lui préférer l’orphelin. Toute sa vie il a été jaloux de Yohann et il est furieux devant son attitude imperturbable face à sa nouvelle richesse, dont il espérait se servir pour l’impressionner et pour l’opprimer. Son plan vise à tout contrôler à Mabudi et à faire reconnaître son pouvoir, et par dessus tout à faire payer Yohann pour la bonne opinion et l’amour de ses parents à son égard, dont il estime avoir été dépossédé par Yohann.

Même après que le village soit mort et que Yohann soit resté pour recoller les morceaux, Moleke trouve des moyens de l’ennuyer jusqu’à ce que les résidents rescapés comprennent la situation et s’occupent de lui une bonne fois pour toutes.

Sous intrique 2 : L’histoire de Abah Manu

Abah Manu est le roi de Mabudi. Il est roi depuis l’âge de 15 ans et il est considéré comme le pire roi de l’histoire du village. Il use de son pouvoir à son avantage et il a introduit et institutionnalisé les pots de vin et la corruption. Il est bien connu pour son ego, sa fierté et sa cupidité. Il a plusieurs femmes et divorce en donnant les excuses les plus saugrenues, souvent en disant tout simplement qu’elles sont devenues trop vieilles. Il se vante qu’il ne peut jamais avoir de vieilles femmes dans son palais quand des filles naissent chaque jour dans son royaume. La plupart des problèmes qu’il a avec ses sujets découlent de disputes concernant des femmes, soit parce qu’il fait du plat à d’autres femmes mariées, soit parce qu’il baratine leurs filles mineures.

Il a également dévalorisé les coutumes d’octroi des terres au mérite en accordant des titres au hasard et à des gens de réputation douteuse, et en faisant du processus une affaire d’argent.

Il a de gros problèmes d’estime de soi concernant sa masculinité et ses prouesses sexuelles. L’une de ses plus récentes épouses, Babi, est une source de soucis perpétuels pour lui à cet égard. Tout en détestant publiquement Yohann, il ravale assez souvent sa fierté pour le consulter en vue d’obtenir des soi-disant traitements pour améliorer sa virilité.

La rumeur dit qu’il a volé son épouse Halima alors qu’elle était enceinte de l’enfant d’un autre homme (Suleiman), raison pour laquelle les gens ont tendance à rechercher et à voir une ressemblance entre cet homme et son fils Bala.

Lorsque Moleke revient en distribuant cadeaux et argent, Abah Manu est le premier à l’accueillir avec titres et honneurs. Il participe aux projets agricoles et devient si endetté qu’il doit quitter Mabudi dans la honte, à la recherche d’un travail en ville comme n’importe qui d’autre. Même son fils Bala l’abandonne pour retourner aider Yohann à Mabudi. Malade, Abah est admis à l’hôpital avec des symptômes voisins du sida.

THÈMES

On peut résumer le thème central de ce feuilleton par le proverbe : «On ne peut être et avoir été». Le centre d’intérêt émotionnel du feuilleton reflète des valeurs morales universelles comme la vérité, le courage et le triomphe du bien sur le mal. Un autre thème est le courage des gens pour faire la différence.

Les auditeurs peuvent tirer une leçon de nombreux messages, sans compter le mode d’emploi de certaines compétences précises – depuis la négociation avec leurs voisins à propos de la façon de lutter conjointement contre la désertification jusqu’aux méthodes visant à rendre de l’humidité aux terres dégradées. Voici les principaux messages :
1. Qu’est ce que la désertification?
2. Qu’est ce qui provoque la désertification? (principalement les actions humaines)
3. Les solutions à la désertification

DIAGRAMME DES INTRIGUES ET LISTE DES ÉVÉNEMENTS

Événements de l’intrigue principale
• Yohann enseigne à son fils Hassan l’importance de la forêt. (Épisode 1, Scène 1)
• Yohann apprend que son cousin Moleke est de retour au village après 20 ans d’absence. (1:3)
• Disputes intercommunales à propos des patûrages et de l’utilisation des terres. (1:4)
• Choliba, la nouvelle épouse de Yohann, montre son vrai visage (matérialiste et égoïste). (2:1)
• Rumeurs d’une prospérité imminente pour tous ceux qui adhéreront aux projets d’enrichissement rapide de Moleke. (2:2)
• Face à face avec le cousin Moleke. Vingt années de querelles, de ressentiment et d’animosité refont surface. (3:2)
• Yohann et Suleiman reçoivent de l’aide et des conseils de Koi koi et bénéficient de l’experience de Jantale en matière de conservation de leurs terres. (5:1)
• Yohann et Moleke se disputent au sujet de la famille, des terres et de la forêt. (5:3)
• La forêt est en danger – la cupidité augmente et consomme chaque bonne chose à sa façon. (8:3)
• Choliba quitte Yohann. (9:1)
• Les villages planifient et organisent un sommet pour discuter et décider comment lutter ensemble contre la désertification. Les délégués de Mabudi quittent la réunion et poursuivent leurs practiques auto-destructrices. (10:2/3)
• Les terres meurent. Yohann a raison après tout. L’exode vers la ville débute. (11:1)
• Le village est vide. Yohann et quelques rescapés restent pour régénérer les terres à l’aide de diverses méthodes (expliquées dans les textes). (11:2)
• Garam, le supermarché ambulant, arrive et trouve le village désert. Il s’arrête quelque temps pour donner un coup de main et a beaucoup d’idées pour lutter contre la désertification. (11:3)
• Zara tombe amoureuse de Garam et amorce une liaison secrète. (11:3)
• Bala Manu revient de la ville et émerge littéralement d’une tempête de sable pour rester avec Yohann. Il veut contribuer à repousser le désert et il est amoureux de Zara. (12:1)
• Yohann et Moleke se disputent à propos des fermes qui connaissent une fois de plus la prospérité. (12:2)
• Shurahi aime Bala Manu mais son amour n’est pas partagé et elle en souffre. Elle lui confie son projet de partir. (12:3)
• Les ennuis de Moleke s’intensifient. Il fait appel à la police pour essayer d’évincer Yohann, mais cela ne fonctionne pas. (12:4)
• Zara fait une fugue avec Garam. Yohann part à leur recherche mais revient bredouille. Il espérait la voir épouser Bala Manu. (13:1)
• Sabotage – Les voyous de Moleke arrivent pour couper et déraciner les récoltes. Ils sont pris. (13:3)
• Bala Manu se rend compte qu’il aime Shurahi. Il part la retrouver pour la ramener avec lui. (13:4)

Événements de la sous-intrigue 1
• Moleke revient triomphant – il courtise Abah Manu et ignore son cousin Yohann pendant deux semaines. (1:2) Proposition à Abah Manu au sujet de nouveaux projets de culture et de la richesse escomptée. Excitation dans le village. (2:2)
• Face à face avec Yohann – il veut « l’impressionner et l’opprimer » mais cela ne marche pas. (3:2)
• Il réfute les propos de Yohann l’accusant d’avoir allumé l’incendie qui a tué Babamu. (3:2)
• Moleke fournit les intrants agricoles aux villageois et tient rigoureusement compte des dettes. Les villageois sont bientôt lourdement endettés. (5:2)
• Dispute avec Yohann à propos de ses terres et de son héritage. (5:3)
• Moleke commence à demander le remboursement de ses prêts et à confisquer les terres des débiteurs incapables de payer. (7:4)
• Moleke cause d’autres soucis et réclame les terres et les arbres nouvellement productifs. (12:4)
• Moleke s’adresse sans succès à la police pour évincer Yohann. (12:4)
• Moleke recrute des voyous pour détruire les récoltes et couper les arbres. (13:3)

Événements de la sous-intrigue 2
• Abah Manu souhaite la bienvenue à Moleke après 20 années d’absence. Il est enthousiaste. (1:2)
• Il apprend comment gagner beaucoup d’argent en cultivant des légumes toute l’année. (2:2)
• Il se dispute avec Suleiman au sujet des pâturages et de vieilles querelles. (4:3)
• Il prend le parti de Moleke contre Yohann dans leur dispute au sujet des terres. (6:1)
• Nouvelle prospérité dans le village pour la plupart des habitants. Leur dette vis-à-vis de Moleke augmente, mais sont-ils au courant? (7:1)
• Il appuie l’utilisation des forêts et des terres pour la nouvelle culture. (7:2)
• La nuit, il va supplier Yohann de lui donner des herbes pour améliorer ses prouesses sexuelles. (8:1)
• Il rejette les conseils de Yohann concernant la conservation des sols et des eaux souterraines. (8:3)
• Il retire la délégation de Mabudi du sommet organisé en vue le lutter contre la désertification. (10:2/3)
• Abah Manu est fortement endetté et perd tout en faveur de Moleke, y compris Babi. (11:4)
• Il quitte Mabudi rempli de honte pour aller se réfugier en ville. (11:4)
• Conséquences : il tombe malade et attrape le sida. (13:4)

Acknowledgements

Cette pochette constitue une nouveauté pour le Réseau et nous sommes très enthousiastes à l’idée de franchir cette étape vers l’inconnu!

Nous nous rendons bien compte que certains partenaires pourront se sentir quelque peu dépassés à la vue de cet épais document et se demander comment ils pourront bien produire un feuilleton radiophonique en 13 épisodes avec de multiples personnages, sous intrigues et effets sonores.

Ne vous inquiétez pas! Nous avons créé ce livret en partie pour vous aider à trouver des façons d’adapter la pochette à vos capacités, d’accéder à des ressources et d’en faire généralement le meilleur usage.

Tout d’abord, quelle est l’origine de cette pochette? Étant donné que 2006 est l’Année des déserts et de la désertification, le Réseau a demandé à l’African Radio Drama Association (ARDA), organisme dynamique situé au Nigeria et l’un des partenaires du RRRPD, de prendre 10 textes existants du Réseau portant sur le thème de la désertification et d’amalgamer leur contenu dans une dramatique radiophonique sous forme de feuilleton. La pochette 77 est donc le fruit des efforts que nous avons déployés en vue de profiter de la popularité d’un bon feuilleton radiophonique pour transmettre quelques messages importants portant sur la désertification.

Ce livret comprend les textes pour un feuilleton radiophonique en 13 épisodes, produit et rédigé par l’ARDA en collaboration avec le Réseau. En plus d’être un magnifique feuilleton qui nous tient en haleine, avec des héros et des gredins, des intrigues multiples, des personnages fascinants et beaucoup d’action et d’humour, il transmet des messages importants sur les dangers de la désertification et les mesures positives que peuvent prendre les agriculteurs pour la prévenir.

Je tiens à remercier très sincèrement plusieurs personnes pour leur travail acharné qui a permis de réaliser ce feuilleton radiophonique. Data Phido, de l’ARDA, qui a travaillé sans relâche pour ficeler le scénario du feuilleton radiophonique. Les autres rédacteurs de l’ARDA, dont nous espérons que vous apprécierez les épisodes : phemy aribisala, Sam Kafewo, Euphemia Kange Chiekyula et Vera Fulu Adesanya. Le RRRPD se doit également de remercier les réviseurs de textes qui ont vérifié leur exactitude à propos des méthodes de conservation des sols : Friederike Knabe, experte conseil spécialisée dans les terres arides dans le contexte du développement durable, et Camilla Toulmin, directrice de l’Institut international pour l’environnement et le développement. Merci aussi à Friederike pour avoir fourni les magnifiques photos de la page couverture. Je tiens également à remercier mes collègues du RRRPD pour leur aide – Anne Girard pour la conception et le formatage de la pochette, Diane Huffman et Blythe McKay pour la révision – ainsi que Jean Luc Malherbe pour la traduction de la version française.

Vijay Cuddeford, Rédacteur en chef de la pochette 77

Information sources

• Brooke, Pamela. (1995) Communicating Through Story Characters. Boston: University Press of America.
• Center for Communications Programs, Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health: Entertainment Education Resources. http://www.jhuccp.org/topics/enter_ed.shtml
• Crook, Tim. (1999) Radio Drama: Theory and Practice. Londres: Routledge.
• Crook, Tim. Principles of Radio Drama. http://www.irdp.co.uk/textes.htm
• De Fossard, Esta. (1996) How to Write a Radio Serial Drama for Social Development. http://www.jhuccp.org/pubs/fg/3/toc.shtml
• De Fossard, Esta. (1998) How to Design and Produce Radio Serial Drama for Social Development – A Station Manager’s Guide. http://db.jhuccp.org/dbtw wpd/images/imagebas/pdf/trusa335.pdf
• McLeish, Robert. (1999) Radio Production. Quatrième édition. Oxford: Focal Press.
• Proceedings, 4th International Entertainment Education Conference, septembre 2004, Afrique du Sud. http://www.ee4.org/

Africa Radio Drama Association (ARDA)
L’ARDA est un centre de production et de formation pour des émissions interactives et participatives. Le groupe produit et distribue des émissions de radio divertissantes et éducatives aux stations radiophoniques dans l’ensemble du Nigeria. Les sujets des émissions couvrent la démocratie et la bonne gouvernance, la santé maternelle, la responsabilité sexuelle, les droits des femmes et la survie des enfants. L’ARDA collabore avec plusieurs clubs d’auditeurs de radios communautaires et a également formé et appuyé plusieurs groupes de femmes et associations agricoles en vue de produire et de diffuser leurs propres émissions dans le cadre du projet primé de développement par la radio (DPR) appelé «Réunion de village» («Village Meeting»).
Personne ressource :
Dre (Mme) Data Phido, directrice de programme
(Dphido@ardabroadcasting.org)
Ou
Ekaete Dolor, adjointe administrative de projet
(Edolor@ardabroadcasting.org)
The African Radio Drama Association (ARDA)
Plot 211, Muri Okunola Street, Victoria Island, Lagos, Nigeria.
Tél. : (234) 1 4705390; Téléc. : (234) 1 2621930
Courriel : info@ardabroadcasting.org
Site Web : http://ardaradio.com/ardahomepage.shtml