Lutter contre la fausse-teigne des crucifères : un insecte nuisible qui menace les légumes appartenant à la famille des Brassicacées

Agriculture

Notes au radiodiffuseur

La lutte intégrée contre les parasites ou LIP est une approche que les organisations et les agriculteurs partout dans le monde adoptent pour lutter contre les insectes dans les récoltes tout en protégeant la santé de l’homme, l’environnement et la rentabilité économique. Les systèmes LIP utilisent tous les outils qui s’offrent à eux – culturels, biologiques, génétiques et chimiques – pour s’assurer que la population de parasites n’atteindra pas un niveau trop élevé et ne causera pas trop de dégâts aux récoltes. La LIP reconnaît que les parasites causent des dégâts aux récoltes mais la LIP tente de limiter les dégâts pour protéger les agriculteurs contre les pertes économiques. Une approche intégrée vise à gérer les conditions dans la ferme afin de maximiser les éléments qui contribuent naturellement à la lutte contre les parasites – climat et ennemis naturels (araignées, coccinelles, etc.). Contrairement à la lutte biologique, la LIP utilise, en dernier ressort, des pesticides présentant peu de risques quand les autres tactiques ont échoué. La LIP est fondée sur des connaissances approfondies de l’écosystème agricole et les parasites qui en font partie. La LIP étudie les raisons pour lesquelles les parasites posent des problèmes. À l’aide de ces connaissances, la LIP tente de découvrir ce que peuvent faire les agriculteurs – ou dans certains cas, ce qu’ils peuvent cesser de faire – pour lutter contre les parasites.

Le texte suivant traite d’une approche de lutte intégrée contre les parasites. L’approche vise à lutter contre la fausse-teigne des crucifères, un des principaux parasites qui menacent les légumes appartenant à la famille des Brassicacées. Le texte met l’accent sur des mesures simples que les agriculteurs peuvent prendre pour lutter contre les parasites. Dans les tropiques, la fausse-teigne des crucifères est l’insecte qui nuit le plus au chou et à d’autres récoltes de Brassicacées (chou vert, chou frisé [sukumawiki], chou-fleur, brocoli, chou frisé de l’Éthiopie, colza). Ces légumes et d’autres légumes fournissent d’importantes sources de micronutriments essentiels à un régime sain. Ces données sont importantes compte tenu de la propagation du VIH/sida en Afrique. Un régime riche en légumes soutient le système immunitaire et aide à lutter contre cette maladie. En Afrique, la plupart des maraîchers sont des femmes. Quand vous diffusez des émissions de radio qui donnent des conseils sur la façon de lutter contre les parasites des légumes, assurez-vous que vous choisissez un créneau qui vous permette de rejoindre les agricultrices.

Le texte contient beaucoup de renseignements. Vous pouvez le fragmenter pour créer des textes séparés ou diffuser différentes parties à différents moments. Vous pouvez aussi réaliser une série d’émissions. Chaque émission peut mettre l’accent sur une méthode différente pour lutter contre la fausse-teigne des crucifères.


Texte

1er animateur
– Bonjour ( bonsoir ). Au micro, ( nom de l’animateur ).

2e animateur
– Et (nom de l’animateur ). Bienvenue à l’émission.

1er animateur
– Aujourd’hui nous allons parler de la façon de lutter contre un parasite tenace qui attaque probablement les légumes de votre jardin potager.

2e animateur
– C’est juste. Mais pour commencer, j’ai une question à poser aux auditeurs : quel insecte cause le plus de dégâts aux récoltes de légumes appartenant à la famille des Brassicacées – les légumes tels que chou, sukumawiki, chou-fleur, chou vert, brocoli, moutarde et graine de colza? (PAUSE) La fausse-teigne des crucifères. Félicitations si vous avez deviné la réponse. La fausse-teigne des crucifères adulte se caractérise par trois petites taches blanchâtres en forme de losange qui apparaissent sur les ailes repliées d’où le nom en anglais de diamondback moth .

1er animateur
– Il y a plusieurs raisons pour lesquelles la fausse-teigne des crucifères est un insecte nuisible. Premièrement, cet insecte se reproduit rapidement – en fait, dans les tropiques, on peut compter 15 générations en un an. Une femelle pond plus de 400 oeufs au cours de sa vie. Au cours d’une année, il y a donc un grand nombre de nouvelles larves et de nouvelles teignes. Les larves qui se nourrissent causent des dégâts aux feuilles des plantes.

2e animateur
– Même si cet insecte ne vole pas avec aisance, la teigne adulte peut être poussée par le vent et ainsi parcourir de grandes distances.

1er animateur
– La teigne résiste à un grand nombre de pesticides. Il n’est donc pas facile de lutter contre cet insecte à l’aide de traitements insecticides. En fait, il y a plusieurs raisons pour lesquelles la fausse-teigne des crucifères pose un problème aussi sérieux; l’une d’entre elle : les pesticides que l’on utilise fréquemment ont détruit un grand nombre des ennemis naturels de la fausse-teigne – les insectes qui la mangent.

2e animateur
– La fausse-teigne des crucifères est un insecte nuisible qui menace les légumes de la famille des Brassicacées non seulement en Afrique mais partout dans le monde.

INTERMÈDE MUSICAL.

1er animateur
– Les auditeurs aimeraient peut-être en savoir plus sur le cycle biologique de ce parasite.

2e animateur
– Les femelles pondent de très petits oeufs blancs sur la surface supérieure des feuilles des plantes. Les oeufs font éclore des chenilles vert pâle au cours d’une période allant de 5 à 8 jours en fonction de la chaleur. Les chenilles vivent entre 2 et 4 semaines. Elles causent beaucoup de dégâts parce qu’elles mangent les feuilles des légumes de la famille des Brassicacées, leurs plantes préférées. Deux ou quatre semaines plus tard, elles deviennent chrysalides et elles attachent leurs cocons sous les feuilles des plantes. La teigne adulte de couleur brun grisâtre apparaît 5 ou 10 jours plus tard. La teigne vit entre 16 ou 17 jours mais elle ne se nourrit pas de plantes.

INTERMÈDE MUSICAL.

1er animateur
– Je suis convaincu que les auditrices et les auditeurs aimeraient maintenant savoir comment on peut réduire les dégâts causés par la fausse-teigne des crucifères dans les légumes.

2e animateur
– Nous allons parler de quatre méthodes différentes.

1er animateur
– La première méthode s’appelle culture intercalaire, en d’autres mots, cultiver deux ou plusieurs récoltes à la fois dans le même champ.

2e animateur
– Des agriculteurs ont remporté du succès en plantant deux rangs de moutarde de l’Inde entre 15 rangs de choux et ce à tous les 15 rangs. Il semble que la fausse-teigne des crucifères préfère manger la moutarde de l’Inde et non le chou. Les agriculteurs ont dû s’assurer qu’ils cultivaient la moutarde dans leurs champs en tout temps. Sinon, les chenilles seraient revenues s’installer dans les choux.

1er animateur
– D’autres agriculteurs ont planté des rangs de haricots ou d’oignons entre les rangs de choux frisés. Les chenilles n’ont pas causé autant de dégâts au chou frisé.

2e animateur
– D’autres agriculteurs ont planté des tomates entre les rangs de choux – un rang de tomates et un rang de choux, et ainsi de suite. Les teignes n’ont pas été attirées par ces deux récoltes, probablement parce qu’elles n’aimaient pas l’odeur des tomates.

1er animateur
– Ces combinaisons de plantes vous permettront ou non de réussir. Vous pouvez essayer différentes combinaisons pour trouver une méthode qui vous convienne. Lorsque vous pratiquez des méthodes de culture intercalaire, n’oubliez pas de choisir des cultures que vous pouvez vendre ou qui fournissent de la nourriture à votre famille.

INTERMÈDE MUSICAL.

2e animateur
– Parlons maintenant de la deuxième méthode de lutte contre ce parasite. La fausse-teigne des crucifères a horreur de la pluie!

1er animateur
– C’est exact. Il lui est difficile de voler lorsqu’il pleut. Elle a donc plus de difficulté à pondre des oeufs sur les feuilles. Les fortes pluies peuvent même faire tomber les chenilles des feuilles et les chenilles se noient.

2e animateur
– Les agriculteurs peuvent tirer profit de cette situation de deux façons. Premièrement, ils peuvent planter les récoltes pendant la saison des pluies. Mais il est préférable que les agriculteurs qui vivent dans des régions affectées par la pourriture brune n’adoptent pas cette méthode. La pourriture brune est une des principales maladies des légumes de la famille des Brassicacées. Deuxièmement, il est important d’arroser les plantes du haut vers le bas – par exemple, en utilisant l’irrigation par aspersion.

1er animateur
– En arrosant les plantes du haut vers le bas pendant 5 minutes chaque jour au crépuscule, des agriculteurs ont réussi à lutter contre la fausse-teigne. Il ont répété cette opération au cours des quatre premières semaines après la plantation.

INTERMÈDE MUSICAL.

2e animateur
– D’accord, voilà deux méthodes : culture intercalaire et plantation pendant la saison des pluies ou arrosage du haut vers le bas. Nous parlerons maintenant d’une troisième méthode : le pesticide biologique, pesticide que l’on peut trouver de plus en plus facilement et qui est de moins en moins cher dans certaines régions en Afrique.

1er animateur
– Un pesticide biologique est un pesticide fabriqué à partir de plantes et non à partir de produits chimiques. Aujourd’hui, nous allons parler d’un pesticide qui est fabriqué à partir des extraits des graines du neem.

2e animateur
– Le neem est un arbre originaire de l’Inde mais qui pousse maintenant dans un grand nombre de régions en Afrique. Pour lutter contre la fausse-teigne des crucifères, les chercheurs ont découvert une méthode plus efficace que l’utilisation des pesticides chimiques : vaporiser le chou d’une solution à base d’eau et d’extraits des graines de neem.

1er animateur
– Les pesticides fabriqués à partir des graines de neem sont beaucoup plus sains que les pesticides synthétiques fabriqués à partir de produits chimiques. Les pesticides biologiques n’empoisonnent pas les gens et ils ne les tuent pas. De plus, les pesticides biologiques n’empoisonnent ni les ennemis naturels de la fausse-teigne ni les insectes utiles dans les champs.

INTERMÈDE MUSICAL.

2e animateur
– Jusqu’à présent, nous avons parlé de trois méthodes pour lutter contre la fausse-teigne des crucifères : culture intercalaire, plantation pendant la saison des pluies et traitement à l’aide d’un insecticide biologique fabriqué à partir des graine de neem.

1er animateur
– On peut utiliser beaucoup d’autres méthodes mais aujourd’hui nous parlerons d’une seule autre méthode pour lutter contre la fausse-teigne des crucifères : les variétés de Brassicacées aux feuilles lustrées que vous pouvez planter dans votre champ. Les scientifiques ne savent pas précisément la raison pour laquelle les jeunes chenilles ne sont pas attirées par les plantes aux feuilles lustrées. Elles préfèrent les variétés à feuilles cireuses que nous plantons fréquemment.

2e animateur
– Nous devrions préciser que le désherbage manuel est une méthode efficace pour lutter contre la fausse-teigne des crucifères particulièrement si le taux d’infestation n’est pas très élevé. Les agriculteurs doivent cependant vérifier leurs récoltes régulièrement pour découvrir tôt de nouvelles infestations.

BRÈVE PAUSE. OUVERTURE EN FONDU DE LA MUSIQUE. FERMETURE EN FONDU. FONDU SOUTENU PENDANT LA NARRATION.

1er animateur
– La lutte contre la fausse-teigne des crucifères ne se fait pas comme par enchantement. Vous devez prendre des mesures, comme celles que nous avons mentionnées aujourd’hui.

2e animateur
– Ayez l’esprit ouvert. Parlez à d’autres agriculteurs. Ils ont peut-être trouvé d’autres méthodes pour lutter contre cet insecte nuisible.

1er animateur
– Mais peu importe l’insecte nuisible contre lequel vous luttez, voici un principe qui s’avère très efficace : en savoir plus sur le parasite permet de mieux lutter contre ce dernier.

2e animateur
– Je suis tout à fait d’accord. Nous savons que la fausse-teigne des crucifères aime la moutarde de l’Inde mais qu’elle n’est pas attirée par les tomates…

1er animateur
– … Nous plantons donc des rangs de moutarde de l’Inde ou des rangs de tomates entre les rangs de choux.

2e animateur
– Nous savons que la fausse-teigne a horreur de la pluie…

1er animateur
– … Nous plantons donc nos récoltes pendant la saison des pluies ou nous arrosons nos cultures du haut vers le bas.

2e animateur
– Nous savons que les feuilles lustrées n’attirent pas la fausse-teigne…

1er animateur
– … Nous plantons donc des variétés à feuilles lustrées.

2e animateur
– Nous savons que la fausse-teigne n’aime pas le neem…

1er animateur
– … Nous vaporisons donc nos plantes de pesticide fabriqué à partir de neem.

2e animateur
– C’est juste. Premièrement, nous étudions le parasite. Puis, en fonction de ces renseignements, nous concevons une façon de lutter contre ce parasite.

1er animateur
– Ici ( nom de l’animateur ), au revoir.

2e animateur
– Ici ( nom de l’animateur ), au revoir et bonne chance.

OUVERTURE EN FONDU DE LA MUSIQUE ET FERMETURE EN FONDU.

Acknowledgements

  • Collaboration : Vijay Cuddeford, recherchiste/rédacteur, North Vancouver, Canada.
  • Révision : Brigitte Nyambo, titulaire d’un doctorat, spécialiste – LIP, Centre de physiologie et d’écologie des insectes (ICIPE), PO Box 30772, 00100 Nairobi, Kenya. Tél. : 254 (20) 861680-4; téléc. : 254 (20) 806330/860110; adresses électroniques : dg@icipe.org

Remarque – noms scientifiques

  • Fausse-teigne des crucifères – Plutella xylostella
  • Moutarde de l’Inde – Brassica juncea
  • Chou vert – Brassica oleracea var. acephala
  • Chou – Brassica oleracea var. capitata
  • Chou-fleur – Brassica oleracea var. botrytis
  • Brocoli – Brassica oleracea var. italica
  • Chou frisé de l’Éthiopie – Brassica carinata L.

Information sources

 

  • Facknath, S. « Integrated Pest Management of Plutella xylostella , an important pest of Crucifers in Mauritius ». University of Mauritius, débats de la deuxième réunion annuelle des agronomes, Boname Hall, MSIRI, Reduit, Mauritius, du 12 au 13 août 1997.
  • Integrated Pest Management: Safe and sustainable protection of small-scale brassicas and tomatoes. A handbook for extension staff and trainers in Zimbabwe. Natural Resources Institute, University of Greenwich, Chatham Maritime, Kent, ME4 4TB, United Kingdom.
  • Said, M., et F.M. Itulya. « Intercropping and nitrogen management effects on diamondback moth damage and yield of collards in the highlands of Kenya », African Crop Science Journal, vol. 11, numéro 1, 2003: 35-42.
  • Charleston, D.S., et R. Kfir. « The possibility of using Indian mustard, Brassica juncea , as a trap crop for the diamondback moth, Plutella xylostella , in South Africa », Crop Protection, vol.19, 2000: 455-460.
  • Srinivasan, K., et P.N. Krishna Moorthy. <EM><A href= »http://www.avrdc.org/pdf/90dbm/90DBM57.pdf » rel=external target=_blank data-mce-href= »http://www.avrdc.org/pdf/90dbm/90DBM57.pdf »>Development and Adoption of Integrated Pest Management for Major Pests of Cabbage Using Indian Mustard as a Trap Crop</A>, </EM>Asian Vegetable Research and Development Center (AVRDC). AVRDC, PO Box 42, Shanhua, Tainan 741, Taiwan ROC. Tél. : +886-6-583-7801, télec. : +886-6-583-0009, adresse électronique : avrdc@avrdc.org&nbsp;
  • Talekar, N. S., S. T. Lee, et S. W. Huang. Intercropping and Modification of Irrigation Method for the Control of Diamondback Moth, Asian Vegetable Research and Development Center (AVRDC).
  • Neem knocks out diamondback moth on cabbage. Asian Vegetable Research and Development Center (AVRDC).
  • Ana M. Varela, A. Seif et B. Lohr (2003). A Guide to IPM in Brassicas Production in Eastern and Southern Africa, The International Centre of Insect Physiology and Ecology, PO Box 30772-00100 Nairobi, Kenya. Tél. : + 254 20 681680-4 begin_of_the_skype_highlighting FREE + 254 20 681680-4 end_of_the_skype_highlighting; télec. : +254 20 860110; adresse électronique : isp@icipe.org