Il faut s’assurer que les enfants utilisent de bons outils et que leur charge de travail est adéquate

Enfants et jeunesNutritionSanté

Notes au radiodiffuseur

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La Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant est devenue un traité des droits de l’homme ratifié partout dans le monde. La Convention vise à protéger les enfants de toute forme d’exploitation et de travail dangereux. La Convention a aussi pour but de protéger les enfants contre les travaux susceptibles, d’une part, de nuire à leur développement physique, mental, spirituel ou social et d’autre part, de les priver de leur droit à l’éducation. On prive, de leurs droits, les enfants qui travaillent pendant de longues heures ou qui travaillent dans des conditions dangereuses. Deux autres traités internationaux ratifiés par un grand nombre de pays, la Convention (no 138) sur l’âge minimum d’admission à l’emploi et la Convention (no 182) sur les pires formes de travail des enfants fixent des normes concernant le travail des enfants et les conditions de travail des jeunes ouvriers.

Le texte suivant a pour but de sensibiliser les agriculteurs, les familles des enfants à risques et les communautés en général, aux conditions de travail dangereuses qui existent quand les enfants travaillent dans les fermes. Après cette pièce radiophonique, vous pouvez présenter une interview avec un expert dans le domaine du travail des enfants qui peut préciser les charges de travail et les travaux adéquats pour les enfants.

Les industries du chocolat et du cacao, l’Organisation internationale du Travail (OIT) ainsi que les gouvernements nationaux et locaux ont mis sur pied des projets pilotes pour former les agriculteurs sur les pratiques agricoles sûres, les lois régissant le travail et les conditions de travail adéquates pour les enfants. Soyez à l’affût de renseignements concernant ces projets dans votre région.

Texte

Personnages

Eric :
âgé de 10 ans
Alike :
âgée de 7 ans

OUVERTURE EN FONDU DE LA MUSIQUE QUI JOUE PENDANT 5 SECONDES. FONDU SOUTENU.

ANIMATEUR
– Partout dans le monde, des enfants travaillent pour aider leurs familles sans que ce travail nuise à leur développement. Mais des millions d’autres enfants – dont des enfants âgés de cinq ans – travaillent de longues heures dans des conditions qui sont souvent insalubres et dangereuses. Ils parcourent de longues distances, à pied, pour transporter des charges lourdes. Ils manipulent des machines et des outils dangereux. Ils utilisent des pesticides toxiques. Le travail que ces enfants accomplissent nuit souvent à leur développement physique, mental et social.

C’est pourquoi des lois nationales et internationales précisent que les enfants de moins de 14 ans ne doivent accomplir que des travaux faciles. Les enfants de moins de 12 ans ne doivent pas travailler sauf pour aider leurs familles. De plus, on doit interdire aux enfants de moins de 18 ans d’accomplir un travail dangereux – à titre d’exemple, manipuler des outils aux côtés tranchants ou des produits chimiques.

Notre émission d’aujourd’hui porte sur les dangers auxquels font face les enfants qui travaillent dans des fermes. Eric, garçon âgé de 10 ans, travaille dans une cacaotière en Afrique de l’Ouest. Il est trop jeune pour accomplir certains travaux et manipuler certains outils. Alike est la soeur cadette d’Eric. Cette histoire ne porte pas seulement sur Eric et Alike. L’histoire ne traite pas uniquement de la culture du cacao. Cette histoire n’illustre qu’un exemple de travail inadéquat – et de conditions de travail inadéquates – pour les enfants.

OUVERTURE EN FONDU DE LA MUSIQUE QUI JOUE PENDANT 3 SECONDES. FONDU SOUTENU.

ERIC
– [aux auditeurs] J’ai peur! J’ai vraiment peur! Aujourd’hui il s’est passé quelque chose qui m’a pétrifié et figé sur place jusqu’au moment où le contremaître m’a dit, en criant, de retourner au travail. De ses poignets, il m’a frappé entre les omoplates. La douleur m’a ramené à la réalité.

Au fait, je m’appelle Eric et j’ai 10 ans. Je travaille dans une cacaotière. J’y fais tout ce que le contremaître me demande de faire.

OUVERTURE EN FONDU DE LA MUSIQUE QUI JOUE PENDANT 3 SECONDES. FONDU SOUTENU.

ALIKE
– Eric, qu’est-ce qui ne va pas? Tu trembles. Es-tu malade?

ERIC
– Alike, je veux parler à papa. Où es-t-il?

ALIKE
– Il est encore dans les champs. Le contremaître était fâché parce que maman est enceinte et qu’à cause de son gros ventre, elle ne travaille plus aussi vite. Tu sais qu’il veut toujours que les gens travaillent plus rapidement quand les grains de café doivent être ramassés. Il a donc renvoyé maman à la maison tôt. Il a demandé à papa de travailler plus longtemps. Maman dort alors tu devras me parler.

ERIC
– Tu n’as que 7 ans. Tu ne comprendrais rien aux problèmes des grandes personnes.

ALIKE
– Je suis une grande fille et je vais à l’école. Quand on va à l’école on comprend beaucoup de choses. En plus, tu n’as que 10 ans. Tu n’es pas une grande personne.

ERIC
– Je travaille à temps plein comme les grandes personnes, alors qu’elle est la différence?

ALIKE
– On te paie beaucoup moins qu’on les paie.

ERIC
– Oui. Je pense que ce n’est pas juste parce que je travaille de l’aube jusqu’à très tard dans la soirée comme les grandes personnes le font. Je fais les mêmes travaux.

ALIKE
– Parle-moi maintenant de ton problème. À l’école, j’apprends à résoudre des problèmes de mathématiques, alors je suis certaine que je peux t’aider à résoudre tes problèmes.

ERIC
– Une chose est certaine, l’école t’a appris à n’en faire qu’à ta tête. D’accord, je vais te dire ce qui est arrivé.

OUVERTURE EN FONDU DE LA MUSIQUE QUI JOUE PENDANT 2 SECONDES. FONDU SOUTENU.

ERIC
– Aujourd’hui, j’ai dû transporter les charges de fèves de cacao récoltées et les apporter à la ferme principale pour qu’on les traite. Ça me prend 40 minutes pour faire le trajet, avec les charges lourdes, jusqu’à la ferme principale. Le trajet, au retour, est plus court et je me presse toujours de revenir. (Pause) J’avais fait quatre trajets aller-retour depuis que j’avais commencé à travailler à cinq heures du matin et le soleil était haut dans le ciel. J’avais chaud et j’étais fatigué. Je ne m’étais arrêté qu’une fois pour boire de l’eau. J’avais mal au dos mais j’essayais de ne pas y penser. Je devais encore travailler pendant un grand nombre d’heures.

Tu te souviens de Thomas, le garçon frêle qui travaille avec nous? En compagnie des autres garçons, il ramassait des cosses de cacao des plants. Les garçons travaillaient aussi dans les champs depuis l’aube. Ils avaient chaud et ils étaient fatigués. Surtout, Thomas – il a toujours l’air malade mais il doit travailler. Ce matin, je me suis rendu compte qu’il avait l’air plus faible que d’habitude. Il n’était pas solide sur ses jambes. [Pause]

Pendant mon quatrième voyage de retour aux champs, j’ai soudainement entendu les jeunes garçons crier. J’ai laissé tomber mon sac et je suis rentré en courant aussi vite que je pouvais le faire. Je n’ai pas vu l’accident mais je suis arrivé juste après l’accident. Il semble que Thomas ait balancé sa machette et que la lame ait glissé et ait coupé le bras de François. Quand je suis arrivé, François était étendu sur le sol et le sang jaillissait pulvérisant même les cosses de cacao qui étaient dans les plants. Les hommes étaient aussi sur place. Un d’eux a enveloppé le bras de François d’un morceau de tissu pour arrêter l’écoulement du sang. Il l’a ensuite pris dans ses bras et l’a emporté.

ALIKE
– Que va-t-il lui arriver? Va-t-il mourir après avoir perdu beaucoup de sang?

ERIC
– Je ne sais pas. On ne nous a rien dit. C’est le troisième accident ce mois-ci, Alike, et le deuxième accident à cause d’une machette. Un autre garçon s’est blessé au dos en transportant une lourde charge de fèves de cacao. J’étais là quand c’est arrivé et il souffrait énormément. Ces accidents arrivent toujours au moment de la récolte. Et ce sont toujours les enfants qui souffrent, jamais les adultes.

ALIKE
– C’est parce que le dos des enfants n’est pas assez fort pour transporter les sacs lourds. Je m’inquiète parfois à ton sujet, Eric.

ERIC
– J’essaie de faire attention et de regarder où je vais. Mais parfois, quand il fait très chaud l’après-midi et qu’on a chaud et qu’on est fatigué, il est facile de perdre le pied et de se tordre la cheville ou de se blesser le dos.

ALIKE
– L’an dernier, j’ai renversé l’eau que je transportais après m’être foulée la cheville. Ça faisait vraiment mal. Mais le contremaître ne s’est pas fait de souci pour moi. Il était fâché parce que j’avais renversé l’eau et qu’il ne pouvait pas la boire.

ERIC
– Alike, j’avais oublié qu’une petite fille comme toi doit aussi travailler très fort. Cela doit être très difficile pour toi de transporter l’eau dans les champs, même si tu ne le fais que deux fois par jour. Ces cruches sont très lourdes.

ALIKE
– Tu as raison. Je suis petite et les cruches sont lourdes. Mais ce qui me plaît c’est que je peux aller à l’école quand je ne transporte pas l’eau dans les champs.

ERIC
– Je suis contente pour toi mais un peu triste pour moi. Je travaille de l’aube jusqu’à très tard le soir et je gagne très peu d’argent – tout juste assez pour aider la famille à ne pas mourir de faim. Je n’ai pas le temps d’aller à l’école. [Pause] Mais je vais te dire un secret.

ALIKE
– Puis-je en parler à papa et à maman?

ERIC
– Non. Un secret c’est un secret. Tu ne dois rien révéler. [Pause] Mon plus grand rêve c’est qu’un jour je puisse aller à l’école. Je veux apprendre à lire et à écrire. J’aimerais être médecin et guérir tous les gens qui sont malades. Je pourrais même traiter le bras de François.

ALIKE
– Quand je serai grande, je veux être enseignante. Je pourrai alors, quand cela me plaira, lire des livres toute la journée.

ERIC
– Cela ne te fait rien de faire la navette entre l’école et les champs?

ALIKE
– Non. J’ai l’impression que je suis aussi une grande personne, que je gagne de l’argent et que j’aide ma famille. La plupart des garçons et des filles de ma classe travaillent quelques heures par jour pour aider leurs parents à accomplir les tâches dans la ferme familiale. J’aimerais bien avoir des emplois comme ceux qu’ils ont. On leur interdit d’utiliser des machettes et ils ne doivent pas transporter des charges lourdes.

ERIC
– Cela ne me fait rien de travailler. Mais… Eh bien! Tu sais… je n’ai pas la chance d’apprendre des choses intéressantes comme tu le fais. Je ne peux jamais jouer au football. Un autre de mes rêves : devenir un joueur de football bien connu et faire partie de l’équipe du Cameroun. Notre équipe est la meilleure au monde.

MAMAN
– Eric, Alike, où êtes-vous?

ALIKE
– Maman est réveillée. Allons lui raconter ce qui s’est passé.

OUVERTURE EN FONDU DE LA MUSIQUE QUI JOUE PENDANT 3 SECONDES. FERMETURE EN FONDU.

ANIMATEUR
– La pièce radiophonique d’aujourd’hui qui portait sur les enfants qui travaillent dans les fermes est terminée. Cette histoire soulève des questions sur les enfants qui manipulent des outils dangereux comme les machettes. On y soulève aussi des questions portant sur les charges de travail trop lourdes pour les enfants – comme les lourdes charges de fèves de cacao et les cruches d’eau. Si vous demandez à vos enfants de vous aider dans les champs ou à la maison, n’oubliez pas qu’ils se développent physiquement. Vous ne devez leur demander d’accomplir que les travaux qu’ils peuvent faire sans danger.

Acknowledgements

Collaboration : Christine Davet, Toronto, Canada.

Révision : Joost Kooijmans, Organisation internationale du Travail – Programme international pour l’élimination du travail des enfants, Genève, Suisse.

Information sources

Study into Child Labour in the Cocoa Sector in West Africa. Effectué par the Institute of Tropical Agriculture (IITA) et les coordonnateurs de recherche nationale au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Nigéria.

BCCCA Position Paper on the Study into Child Labour in the Cocoa Sector in West Africa. The Biscuit, Cake, Chocolate & Confectionery Alliance. BCCCA, 37-41 Bedford Row, London WC1R 4JH. Tél. : 020 7404 9111, adresse électronique : office@bccca.org.uk

Organisation internationale du Travail – Programme international pour l’élimination du travail des enfants. Tél. :  +41.22.799.8181, téléc. :  +41.22.799.8771, adresse électronique : ipec@ilo.org

Conférence internationale sur le travail des enfants. Oslo, du 27 au 30 octobre 1997 :
Article portant sur la relation entre l’éducation et le travail des enfants;
Documents complémentaires portant sur l’éducation et le travail des enfants;
Article portant sur la mobilisation sociale et le travail des enfants;
Documents complémentaires portant sur la mobilisation sociale et le travail des enfants;
Stratégies pour éliminer le travail des enfants : prévention, retrait et réadaptation;
Document de synthèse;

Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), New York.