Les Femmes ont un Grand Nombre de Défis à Relever Après un Conflit

Égalité des genresQuestions sociales

Notes au radiodiffuseur

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Douleur, stress et confusion, voilà des réactions et des impressions que connaissent un grand nombre de personnes à la suite d’un conflit ou de situations d’urgence. Le texte suivant vise à encourager la discussion au sujet de ces réactions. Le texte, sous forme de pièce radiophonique, comprend une discussion entre trois femmes d’un village, le témoignage d’une représentante d’un organisme humanitaire et d’un homme qui est rentré à la maison après la guerre. Vous pouvez utiliser ces discussions comme récits individuels ou les diffuser ensemble au cours d’une émission plus longue.

Il existe d’autres façons d’aider les gens de votre communauté, tout particulièrement les femmes, à faire face à leurs émotions pendant et après un conflit :

  1. Renforcez l’idée qu’il est normal pour les gens d’éprouver ces émotions. Lorsque vous interviewez des gens de la région, posez des questions qui les invitent à parler de leurs vies et de leurs familles. Laissez cependant aux conseillers professionnels ou aux conseillères professionnelles le soin d’aborder des discussions au sujet d’événements traumatisants.
  2. Faites la promotion des activités communautaires et encouragez les gens à y participer. Il est plus difficile de faire face à des émotions complexes lorsqu’on est isolé. Appuyez les tentatives qui sont faites pour rassembler les gens.
  3. Créez des émissions spéciales concernant les femmes. Ces émissions peuvent avoir plusieurs formes – discussions en groupe, interviews ou pièces radiophoniques. Invitez les femmes à téléphoner à la station de radio si elles ont besoin d’aide de la communauté. Par exemple, une femme cherche peut-être les membres de sa famille qu’elle ne peut pas trouver ou une femme a besoin d’aide pour s’occuper de ses enfants ou pour faire les travaux.

Texte

Personnages:
Narrateur
Hasana, Amba et Makeda, agricultrices
Diallo, jeune époux qui est rentré après la guerre
Margaret, représentante d’un organisme humanitaire

MUSIQUE ET FERMETURE EN FONDU LORSQUE PARLE LE NARRATEUR

NARRATEUR :
Lorsqu’une communauté connaît une guerre, tout le monde en souffre. Mais les femmes sont touchées d’une manière qui n’est pas toujours apparente. Les hommes étant partis pour la guerre, la responsabilité d’assurer la survie repose sur les épaules des femmes. Elles deviennent les seuls fournisseurs de leurs familles. L’excédent de travail leur donne peu de temps et de ressources pour s’occuper d’elles-mêmes.

Aujourd’hui des villageois, hommes et femmes, vont s’exprimer. Ces villageois vivent dans un pays qui a été en guerre. La guerre est maintenant terminée et un grand nombre d’hommes sont rentrés, mais pas tous. Beaucoup de femmes subviennent aux besoins de leurs familles, parfois très grandes. Tout le monde tente de faire face à différents sentiments et à différentes émotions. Allons rejoindre Hasana, Amba et Makeda au moment où elles discutent des sentiments qu’elles éprouvent.

FERMETURE EN FONDU DE LA MUSIQUE

Scène 1 :
Parler des sentiments que l’on éprouve

EFFETS SONORES :
BRUIT DU MAÏS QUE L’ON ÉCRASE.

HASANA :
Je suis contente qu’il pleuve plus souvent cette année. Nos récoltes vont maintenant pousser.

AMBA :
Oui – il semble que, cette année, nous n’aurons pas à nous préoccuper de la sécheresse. Tellement de choses nous ont inquiétées dernièrement. Nous avons eu peur de la guerre. Nous avons craint qu’il ne pleuve pas et que nos récoltes ne poussent pas. Nous avons craint de ne pas être capables de nourrir nos familles.

MAKEDA :
Je pensais que la guerre ne finirait jamais. Je suis tellement contente que mon époux soit rentré à la maison. Mais la guerre a coûté la vie à deux de mes fils. (pause) Au moins je n’ai pas à craindre que mes autres enfants aillent se battre. Ils sont trop jeunes pour aller à la guerre.

HASANA :
Il est temps de penser, de nouveau, aux plaisirs de la vie.

AMBA :
J’ai de la difficulté à penser aux plaisirs de la vie, Hasana. Mon époux est parti. Je crois qu’il est mort mais je n’en suis pas certaine. C’est très difficile de ne pas savoir où il est.

MAKEDA :
Je sais que vous souffrez énormément, Amba. Mes fils sont décédés. J’essaie de ne pas pleurer. Pleurer n’arrange pas grand-chose. Je travaille pour m’aider à oublier.

HASANA :
Vous ne devriez pas cacher les sentiments que vous éprouvez, Makeda. Vous devez vous permettre d’être triste. Faire semblant que vous êtes forte ne fera pas disparaître la peine.

AMBA
Une chose qui me fait du bien c’est de vous parler, toutes les deux, de ce que je ressens. Je pourrais faire ce travail seule à la maison. Mais je suis contente que nous travaillions ensemble car nous pouvons parler.

HASANA :
Nous nous sentons moins seules et moins craintives quand nous parlons à nos amies. Cela nous rend plus courageuses.

MUSIQUE – FIN DE LA SCÈNE

Scène 2 :
Gagner du temps dans les champs

NARRATEUR :
Dans la prochaine scène, Amba et Hasana discutent de moyens de gagner du temps sur la ferme. Écoutons-les parler.

EFFETS SONORES :
BRUITS DE LA CAMPAGNE, COQS QUI CHANTENT, OISEAUX QUI GAZOUILLENT.

HASANA:
Amba, chaque fois que je vous vois, vous semblez travailler tellement fort. Vous avez perdu votre époux et votre frère, mais vous nourrissez toujours votre famille. Comment faites-vous?

AMBA:
Hasana, j’ai fini de pleurer. La vie est très difficile depuis que j’ai perdu mon époux pendant la guerre. Mais je dois continuer de nourrir mes enfants.

HASAMA :
Mais comment faites-vous? Il n’y a pas assez d’heures dans une journée.

AMBA :
Voilà un défi que j’essaie de relever – trouver plus d’heures dans une journée. Et je trouve des moyens de le faire.

HASAMA :
Vous les trouvez?

AMBA :
Oui. Depuis que j’ai perdu mon époux, c’est vrai que je dois accomplir le travail de deux personnes ou plus encore. Mais j’apprends à cultiver en moins de temps et à l’aide de moins d’argent. Dans le passé, nous avions assez d’argent pour acheter de l’engrais. Je n’ai maintenant pas d’argent. Et de toute façon, je n’ai pas le temps d’étendre l’engrais. Alors j’ai trouvé un nouveau moyen de fertiliser mes récoltes.

HASANA :
Comment cela est-il possible?

AMBA :
Je prends le fumier du bétail et je l’étends dans mes champs comme engrais. Mais je n’étends pas l’engrais partout dans mon champ. Je n’ai pas le temps et je n’ai pas assez de fumier.

HASANA :
Eh bien! Où le mettez-vous alors?

AMBA :
Je mélange le fumier à la terre uniquement autour des trous dans lesquels je vais planter le maïs. Cela concentre les nutriments et le maïs pousse mieux.

HASANA :
Alors il y a vraiment deux avantages à étendre le fumier près des trous de plantation. Amba – Oui! Je sauve du temps et mon maïs pousse mieux!

PAUSE MUSICALE

Scène 3 :
Affronter la peur

NARRATEUR :
Jusqu’à présent au cours de l’émission d’aujourd’hui, nous avons parlé des sentiments qu’éprouvent les femmes à cause de la guerre – tristesse et stress après avoir perdu les êtres qui leur sont chers. Les femmes doivent aussi assumer une plus grande part de la responsabilité de subvenir aux besoins de leurs familles. Comme nous l’avons appris, parler, à d’autres femmes, des sentiments que nous éprouvons peut être très utile. Nous allons maintenant écouter Margaret, représentante d’un organisme humanitaire, qui est aussi touchée par le conflit armé.

PAUSE MUSICALE

Représentante d’un organisme humanitaire – Je m’appelle Margaret. Je suis venue dans ce petit village en tant que représentante d’un organisme humanitaire. Les gens croient que parce que je suis venue ici pour les aider, je suis toujours courageuse. Mais c’est faux. J’ai aussi parfois peur.

Il y a quelques mois, je vivais dans un village pas très loin d’ici. Un jour, quelqu’un est venu dans le village pour nous dire d’aller vite nous cacher. Nous allions être attaqués. Nous allions être tués.

Pendant un grand nombre de semaines, je ne pouvais plus dormir. Je faisais des cauchemars et je rêvais que des malheurs allaient arriver. Quand j’entendais du bruit la nuit, je croyais que c’était un homme qui venait me tuer ou m’agresser sexuellement. J’avais tellement peur que j’en étais malade. Je ne pouvais pas manger et j’avais mal à la tête. Mon coeur battait très fort et parfois j’avais l’impression que je ne pouvais plus respirer.

Je n’ai plus aussi peur maintenant que la guerre est terminée. Mais nous sommes toujours troublés. Il est important de parler à d’autres. J’étais surprise d’apprendre qu’un grand nombre de personnes éprouvent les mêmes sentiments que ceux que je ressens. C’est un moment déroutant pour tout le monde.

Scène 4 :
Mon épouse est déprimée

NARRATEUR :
Comme nous l’avons appris au cours de l’émission d’aujourd’hui, les femmes éprouvent un grand nombre d’émotions lorsque leurs communautés sont en guerre. Tristesse, stress et confusion, voilà quelques-uns des sentiments qu’elles ressentent. Parler de ces réactions en compagnie d’autres femmes peut être très utile. Mais les hommes sont aussi touchés. Dans la scène suivante, nous écouterons Diallo. Il vient de rentrer de la guerre et son épouse n’est plus la même. Diallo demande à un aîné qui a beaucoup d’expérience de lui donner conseil…

PAUSE MUSICALE

DIALLO :
Je m’appelle Diallo. Je suis rentré à la maison après m’être absenté pour un grand nombre de mois. J’avais dû quitter mon village pour aller à la guerre.

Au début, quand je suis rentré à la maison, mon épouse était très heureuse. Pendant les premiers jours, elle souriait constamment. Mais quelques jours plus tard, elle s’est mise en colère contre moi. Je n’ai rien fait pour la mettre en colère. Et puis elle a dit qu’elle était désolée. Mais le lendemain ce fut la même chose. Et je n’avais rien fait.

Et parfois elle pleure. Elle se détourne pour que je ne la voie pas pleurer, mais je sais qu’elle pleure. Pourquoi est-elle fâchée contre moi? Pourquoi pleure-t-elle? Je croyais qu’elle serait heureuse que je sois rentré à la maison. Mais maintenant elle n’a pas l’air contente et je ne sais pas ce que j’ai fait pour la rendre malheureuse.

Aîné :
Ton épouse remercie Dieu que tu sois à la maison, Diallo. Mais elle a tenté depuis un grand nombre de mois de faire les travaux, de travailler dans les champs et de nourrir les enfants… seule. Pendant plusieurs mois, elle a vécu inquiète, surmenée, stressée et craintive.

C’est sa façon d’oublier les moments difficiles. Elle sait qu’on connaît maintenant la paix. Mais son esprit est toujours en guerre. Elle a vécu dans la crainte pendant tellement longtemps qu’il est difficile pour elle de se souvenir de ce qu’était la vie avant la guerre.

Tu peux l’aider en lui parlant lorsqu’elle pleure. Et lorsqu’elle est en colère contre toi, dis-lui pourquoi elle est en colère. Il est important de comprendre qu’il est normal qu’elle éprouve ces émotions. Elle est contente que tu sois de retour à la maison, mais elle tente toujours d’oublier les moments difficiles.

MUSIQUE

NARRATEUR :
Comme nous l’avons entendu au cours de notre émission d’aujourd’hui, il n’est pas facile de se remettre après un conflit armé. Les gens font face à la peur et à l’incertitude de différentes façons. Cela prend du temps avant que les gens n’aient pas d’inquiétudes et se sentent de nouveau en sécurité.

Vous croyez qu’il y a peut-être quelque chose qui ne va pas chez vous si vous avez de la difficulté à comprendre de nouveau le monde. Mais il n’y a rien à mal à cela. Soyez patient envers vous-même et envers les autres. N’oubliez pas que tout le monde souffre pendant un conflit. Parler aux autres de vos émotions, voilà l’une des meilleures façons de comprendre que ce que vous éprouvez est une réaction normale pendant les moments difficiles.

FERMETURE EN FONDU DE LA MUSIQUE

Acknowledgements

Remerciements Collaboration : Victoria Fenner, Hamilton, Ontario, Canada.
Révision : Maureen Lynch, directrice de recherches, Refugees International, Washington, DC, États-Unis d’Amérique.

Information sources

Resilience in conflict: A community-based approach to psycho-social support in Northern Uganda. Glenn Williams, Caroline Aloyo Obonyo et Jeannie Annan, International Service Volunteers Association et UNICEF, 2001.

Common responses to trauma. Patti Levin, 1988. Adresse Web : http://www.trauma-pages.com/t-facts.htm