De perte à profits: la réussite d’une ferme biologique

Agriculture

Notes au radiodiffuseur

Ce texte est le second d’une série de deux sur la ferme de Reddy. La première partie (Pochette 46, texte 2) discute du passage de Reddy de l’agriculture chimique à l’agriculture biologique.

Texte

Deuxième partie

La ferme de Narayan Reddy se trouve juste en dehors de la ville de Bangalore, dans le sud de l’Inde. Avec de l’imagination et beaucoup de travail, il associe la technologie moderne et les anciennes méthodes agricoles. Lui et sa famille cultivent ou fabriquent presque tout ce dont ils ont besoin sur leur ferme de 5 hectares. Ils essaient toujours de nouveaux moyens pour abaisser les coûts et travailler plus efficacement. Et chaque entreprise sur la ferme est planifiée avec soin pour servir plusieurs objectifs.

L’une des entreprises les plus importantes de Reddy est le bétail. Il possède 14 très bonnes vaches à lait. Elles sont élevées spécialement pour donner beaucoup de lait. Elles coûtent cher à l’achat. Mais il tire un bon profit de la vente du lait de qualité supérieure.

Pour maintenir cette qualité, Reddy s’occupe bien de ses vaches. Elles n’ont pas le droit d’aller brouter en liberté dans les champs où elles pourraient endommager les cultures. Au lieu de cela, elles sont gardées dans des stalles propres à l’intérieur d’une étable et nourries comme il faut. Elles sont aussi vaccinées contre les maladies.

Reddy a construit une fabrique de bio-gaz

Les vaches donnent un précieux fumier. Tous les fermiers le savent: la bouse de vache est un excellent engrais pour les cultures. Mais dans cette région de l’Inde, parce que le bois de chauffe est rare et cher, il est courant de faire sécher la bouse de vache et de s’en servir comme combustible. C’est un gaspillage de bon engrais gratuit. Reddy apprit qu’il y avait un autre moyen d’utiliser le fumier d’origine animale pour le transformer à la fois en combustible et en engrais. Avant de l’épandre dans les champs, on peut l’utiliser pour faire du bio-gaz un combustible bon marché pour la cuisine.

Alors Reddy a construit une fabrique de bio gaz près de sa maison. C’était coûteux à entreprendre. Mais c’était aussi une dépense d’une seule fois. La fabrique de bio-gaz a été rentabilisé plusieurs fois. Maintenant, l’entretien coûte très peu, et elle transforme un déchet, la bouse de vache, en deux produits essentiels: du combustible et des engrais.

Pour commencer, toute la bouse de vache provenant de la literie est mise dans une fosse souterraine de bio-gaz. En se décomposant, elle dégage du gaz. Ce gaz est dirigé à l’aide d’un tuyau vers la cuisine et fournit tout le combustible pour la cuisson des aliments de la maison. Ainsi, il n’est plus nécessaire de brûler des bouses de vache séchées ou d’abattre des arbres pour le bois de chauffe.

Le meilleur, c’est que la bouse de vache peut encore servir d’engrais. Les résidus de la fabrique de bio-gaz, que l’on appelle la gadoue, contiennent encore une grosse quantité d’éléments nutritifs pour les plantes. Reddy les ajoute à sa boîte à compost. De là, ils vont servir d’engrais pour les cultures.
Alors les vaches de Reddy fournissent à la fois le lait pour la vente et le fumier pour les plantes. Et comme Reddy a construit une fabrique de bio-gaz, les bouses de ses vaches donnent aussi du bio-gaz qui sert de combustible pour la cuisine.

Reddy établit un lien entre ses activités agricoles. Il utilise la gadoue du bio-gaz pour fertiliser l’herbe qui sert de fourrage pour les vaches à lait. Et tout le cycle recommence. Alors, voyez vous comment tout se tient ? C’est un bon exemple de la façon dont Reddy s’est servi de nouvelles idées pour économiser de l’argent et être un fermier efficace.

Reddy fait aussi du compost pour s’en servir comme engrais. Il se sert de vers de terre pour accélérer et améliorer le procédé de compostage.

Pour faire le compost, Reddy a construit des poubelles en pierre avec des blocs de granit que l’on trouve facilement dans cette région.

Les poubelles mesurent 5 mètres de long, 1 mètre de large et 1 mètre de haut. Dedans, il dépose par couches les déchets de la ferme et de la cuisine, au fur et à mesure qu’ils s’amoncellent. Puis il les recouvre d’une couche de terre et y ajoute les vers de terre. Les vers se nourrissent des déchets et accélèrent leur désagrégation.

Ce compost est l’un des principaux engrais qui sont maintenant utilisés sur la ferme. Il nourrit les plantes. Il reconstitue le sol. Et on peut l’utiliser sans danger d’une année à l’autre. Et comme il provient des déchets, il ne coûte rien ! Et il retourne à la terre tout ce qu’on y avait pris.

Ce sont quelques-uns des moyens mis en oeuvre par la famille Reddy pour faire baisser leurs coûts de production sur la ferme. Ils s’assurent également de ne dépendre de personne d’autre pour tout ce dont ils ont besoin.

Bien sûr certains des équipements que Reddy utilise sont coûteux à installer. Mais seulement au début. Il choisit uniquement de l’équipement qui lui fera économiser de l’argent et du travail, à long terme, comme la fabrique de bio- gaz.

Reddy n’a pas été à l’école longtemps. Il fait face aux mêmes problèmes que n’importe quel autre fermier de sa région. Mais il a appris tout seul de nouvelles manières de chercher des solutions à ses problèmes. Il sait où il peut obtenir de l’information. Il apprend à faire des choses tout seul. Et peut-être le meilleur de tout cela, c’est que son esprit de pionnier a encouragé d’autres fermiers à se sentir plus sûrs d’eux et à essayer de nouvelles méthodes de culture.

– FIN –

Acknowledgements

Ce texte a été écrit par Vrinda Kumble, Editorial Consultants, Mysore, Inde.

Information sources

Entrevue avec Mr. Manjunatha Reddy par Vrinda Kumble durant la visite effectuée à la ferme de Narayan Reddy, Varthar, Bangalore, Inde en janvier 1993.

« The Reddy Farm », dans ILEIA Newsletter, Volume 7, Numéros 1 et 2, Mai 1991, page 50. Information Centre for Low-External-Input and Sustainable Agriculture, Kastanjelaan, P.O. Box 64, NL-3830 AB Leusden, Netherlands.