Démarrer une banque de semences communautaire: 2ième Partie – organiser les travailleurs, faire la collecte des semences

Activités après récolte

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Contenu : Dans la première partie, nous avons expliqué comment une banque de semences communautaire protège les variétés de produits locaux et rares. Ce texte explique comment mettre sur pied la banque de semences.

C’est quoi une banque de semences communautaire ?
Certains agriculteurs mettent leurs économies dans une banque. Quand ils ont besoin d’argent, ils peuvent sortir leurs économies. C’est ainsi que fonctionnent la plupart des banques. Une banque de semences contient des semences, mais pas d’argent. Ces semences sont recueillies à partir de plantes locales et rares qui sont utiles aux agriculteurs. Les graines sont entreposées dans une banque de semences communautaire jusqu’à ce qu’on en ait besoin. La banque peut avoir plusieurs formes. Dans votre village, cela peut avoir la forme d’une collection de semences entreposées dans des pots dans un hangar ou dans un bâtiment public comme le centre de santé. Cela peut être une collection de pots d’argile enfouis dans le sol d’un grenier familial. Cela peut aussi être des sacs de graines sur l’étagère de la cuisine.

Une banque de semences appartient à la communauté, et non à un agriculteur en particulier. Si un produit ne marche pas à cause de la sécheresse, d’une inondation, des insectes ou de maladies, la provision upplémentaire de graines provenant de la banque de semences s’avérera essentielle. Les agriculteurs peuvent aussi utiliser la banque s’ils ont besoin de graines d’un produit ou d’une plante spécifiques. Cependant,chaque fois que cela est possible, les agriculteurs devraient avoir leurs propres semences. Le démarrage d’une banque de semences communautaire comporte 7 étapes:

  1. Organiser un groupe de travailleurs
  2. Recueillir les semences, y compris les tubercules et les boutures.
  3. Nettoyer et faites sécher les semences
  4. Garder des informations sur les semences
  5. Entreposer les semences
  6. Planter les semences
  7. Réapprovisionner les stocks de semences.

Maintenant nous allons expliquer les trois premières étapes. Plus tard, nous parlerons de l’utilité de garder des informations sur les semences, de l’entreposage des semences, et du réapprovisionnement du stock de semences. Dites vous bien qu’il ne s’agit que d’une brève introduction au rôle des banques de semences. Vous pourrez trouver de plus amples informations sur les banques de semences communautaires auprès des organismes agricoles ou de développement.

1. Organiser un groupe de travailleurs.
Pour commencer, une banque de semences communautaire a besoin d’un groupe d’organisateurs et de travailleurs motivés. Choisissez des individus qui ont la volonté de planifier le projet et de travailler dessus. Il peut s’agir d’agriculteurs ou d’autres membres de la communauté, comme les gardiens de troupeaux, les ramasseurs de bois, les guérisseurs, les artisans, et les pêcheurs . Les organisations locales peuvent aussi donner un coup de main, mais cette décision doit être prise par l’ensemble de la communauté.

La première tâche et la plus importante pour le groupe est de s’assurer que tout le monde comprend bien de quoi il s’agit, et accepte de faire en sorte que la banque fonctionne. Certains membres du groupe peuvent être affectés à des tâches précises. Comme la plupart des agriculteurs pourront vous le dire, la collecte des semences, le traitement, et l’entreposage doivent être faits toute l’année. Par conséquent, une banque de emences communautaire exige du travail et de la motivation.

Si les gens sont d’accord pour travailler fort, la prochaine étape consiste à décider quelles semences collecter. Ecrivez les noms. Incluez tous les produits importants au niveau de votre région. N’oubliez pas d’inclure les différentes varieties ou les variétés rares de produits de base, aussi bien que les arbres et les autres plantes utilisées à des fins médicinales, pour l’alimentation, et pour le bois de chauffe. Ce sont les semences que vous voudrez recueillir.

2. Recueillir les semences y compris les tubercules et les boutures.
Les travailleurs de la banque de semences doivent organiser soigneusement la collecte des semences. Le groupe doit approcher les agriculteurs pour avoir une partie de leurs semences en plus. N’oubliez pas que les agriculteurs doivent d’abord collecter assez de semences pour leurs propres besoins. Ne jamais prendre les semences d’un agriculteur sans son accord. Récupérez les semences que les agriculteurs ont mis de côté, du moins pendant la première année. Après une année d’expérience, vous aurez un bilan de ce que peuvent collecter les travailleurs de la banque de semences.

Certaines plantes poussent à partir de tubercules ou de boutures. Il faudra également les recueillir. Les agriculteurs sauront quell est le meilleur moment de l’année pour collecter les semences, les tubercules et les boutures. Pendant que vous faites la collecte, n’oubliez pas:

  1. De recueillir des graines provenant de plantes utiles et de plantes sauvages qui, selon les gens de votre communauté, sont importantes, et provenant de ces plantes qui, à votre connaissance, sont cultivées localement. Les agriculteurs vous diront la quantité de semences qu’ils ont pu mettre de côté pour chaque plante ou produit.
  2. Si la terre n’est plus productive à cause de l’érosion du sol, de la sécheresse, ou de la déforestation, vous devriez avoir des semences provenant de plantes sauvages, et même des mauvaises herbes. Souvent, ces plantes sont de la même famille que d’autres plantes que les agriculteurs trouvent utiles. Par exemple, les pommes de terre modernes, les tomates, et les courgettes ont des cousins qui poussent à l’état sauvage. Si la terre est encore productive, vous n’aurez peut-être pas besoin de recueillir des semences de plantes sauvages, mais vous devez toujours protéger les plantes sauvages de l’excès de pâturage et de l’érosion du sol.
  3. Recueillez une grande variété de graines à partir de chaque type de produit en marchant à travers champs et en prenant au hasard des graines sur les plantes, ou provenant de plusieurs fruits différents. Si les plantes ont des caractéristiques différentes, par exemple si elles donnent de bons fruits, tolèrent la sécheresse, résistent aux insectes, il faudra recueillir davantage de graines. Essayez toujours d’en avoir le plus possible.
  4. Prenez des semences provenant des plantes les plus belles et les plus laides. Recueillez des graines à la fois sur des plantes fortes et faibles. Mais aussi, prenez des graines provenant de plantes qui n’ont pas l’air normales. Ces plantes peuvent offrir quelque chose d’important, qui ne saute pas aux yeux, comme la faculté de tolérer un sol pauvre, la sécheresse, les insectes, la forte chaleur du soleil ou l’ombre. Si la plante est malade, vous devez aussi recueillir des graines, mais seulement si le fruit est encore sain. De nombreuses plantes peuvent tolérer les maladies ou les insectes, et malgré tout produire de bons rendements. Recueillez et entreposez des graines provenant de plantes malades dans un récipient à part pour que la maladie ne se transmette pas. Gardez-les en réserve pour le cas où vos plantes saines ne pousseraient pas. Ne plantez pas des graines provenant de plantes malades, à moins qu’aucune graine saine ne pousse, parce que les insectes peuvent transférer les maladies des plantes malades aux plantes saines. Il ne faut jamais les cultiver ensemble.
  5. Prenez des graines sur les plantes même si elles ont envahi ou ont été introduites dans la région récemment. Certaines plantes changent, s’adaptent, et parfois s’améliorent dans leurs nouvelles conditions de croissance en l’espace de quelques saisons.

3. Nettoyer et sécher les graines.
Une fois les graines collectées, préparez-les soigneusement pour l’entreposage. N’entreposez que les graines. Tamisez ou vannez les morceaux de paille ou la saleté accompagnant les graines en vous servant d’un panier, ou détachez les graines des épis ou des cosses à la main. Certains agriculteurs peuvent laisser les graines sur les épis ou les cosses pour les protéger de l’humidité ou des insectes. Respectez les coutumes locales.

La plupart des graines doivent être séchées avant d’être entreposées. Etendez les graines pour les faire sécher dans un endroit chaud, mais pas directement au soleil. Vérifiez si une graine est sèche en la pliant entre les doigts. Si la graine se casse, elle est assez sèche. Si la graine est souple mais pas cassante, la graine est encore trop humide. Faites bien attention de garder les graines sèches, surtout pendant la saison des pluies. L’humidité de l’air rendra les graines moisies. Les graines provenant de certains fruits tropicaux comme la noix de coco, la mangue et l’orange ne doivent pas être séchées, mais -au contraire garder leur humidité naturelle. Plantez ces graines aussitôt que possible après la collecte. Vous pouvez garder ce type de graines dans un sac en plastique, que vous ouvrirez une fois par jour pour que l’air se mêle aux graines.

Il ne faut pas non plus faire sécher les graines d’aubergines, de tomates, de courges et de melons. Mettez les pulpes et les graines dans un seau ou un pot rempli d’eau. Ne mettez pas trop de graines dans le seau, sinon les mauvaises graines ne pourront pas flotter au sommet du récipient. Laissez reposer les graines. Remuez-les de temps à autre pendant 3 ou 5 jours. Les mauvaises graines vont remonter à la surface de l’eau, et vous n’aurez qu’à les jeter. Les bonnes graines vont rester au fond du seau. Faites sécher ces bonnes graines pendant 2 ou 3 jours avant de les entreposer.

Dans le prochain texte, nous parlerons de la manière de garder des informations sur les graines, comment les entreposer, et à quel moment il faut réapprovisionner la banque. Si vous souhaitez obtenir de plus amples informations sur le démarrage d’une banque de semences communautaire, contactez votre vulgarisateur agricole ou les organisations communautaires.

Acknowledgements

Helen Hambly Odame, Recherchiste en Agroforestrie, qui travaille au Canada et au Kenya a écrit ce texte. Son adresse est IDRC, Liaison House, State House Road, Nairobi, Kenya. Harvey Harman a aidé pour la préparation initiale. Le texte a été revu et corrigé par Elizabeth Abergel, Généticienne, spécialiste en Biologie végétale, Université York, Toronto, Canada.

Cette série de quatre textes est basée sur la pochette d’information de la banque de semences communautaire de la Rural Advancement Foundation international (RAFI), P.O. Box 655, Pittsboro, North Carolina 27312, U.S.A. Une partie de la pochette appellée « Mise sur pied de la banque » est inclue avec le texte.

La production de ce texte a été possible grâce au généreux soutien financier de la Fondation George Cedric Metcalf de Toronto, Canada.

Information sources

Growing Diversity: Genetic Resources and Local Food Security, rédigé par David Cooper, Renée Vellvé et Henk Hobbelink, 1992. 166 pages. Publié par Intermediate Technology Publications, 103/105 Southampton Row, London WC1B 4HH, United Kingdom.

Les textes du Réseau suivants contiennent aussi des informations sur les semences:

Cultiver beaucoup de produits différents et des cultures variées. Pochette 18, texte 5.

Mettez de côté vos propres semences – 1ère partie: Sélectionnez vos semences. Pochette 29, texte 1.

Mettez de côté vos propres semences – 2ème partie: L’entreposage des graines. Pochette 29, texte 2.

Cultures traditionnelles, hybrides et améliorées. Pochette 28, texte 2.

Organisations travaillant avec les banques de semences communautaires:

CLADES
c/o CET Casilla 16557
Correo 9
Santiago, Chile

Information Division (Division de l’Information)
International Plant Genetic Resource Institute
Via Delle Sette Chiese 12 00145
Rome, Italy

Les Graines de la survie (Seeds of Survival)
USC Canada
56 Sparks St.
Ottawa, Ontario K1P 5B1
Canada

Vanaja Ramprashad Navdanya
839, 23rd. Main Road J.P. Nagar, 2nd. phase
Bangalore 560 078, India

Zuni Folk Varieties Project
c/o Centre for People, Food & Environment
344 South Third Avenue
Tucson, Arizona 85701
U.S.A.