Notre matoke survivra : les agriculteurs ougandais luttent contre la bactériose du bananier

Cultures agricoles

Notes au radiodiffuseur

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Le présent texte radiophonique résume les expériences vécues par des producteurs et des productrices de matoke du district de Bushenyi, à l’ouest de l’Ouganda, dans le cadre du combat qu’ils ont mené contre la bactériose du bananier. Bushenyi est une des principales régions productrices de matoke du pays, frappées de plein fouet par cette calamité qui touche le secteur de la banane.

Le texte revient sur le choc qu’ont subi les agriculteurs et les agriculteurs lorsqu’ils ont découvert la maladie pour la première fois, et leurs frustrations causées par leur incapacité à l’endiguer. Le texte décrit la situation de dévastation généralisée, dans la mesure où des plantations entières de bananes ont été détruites par la maladie, ainsi que les essais frénétiques développés par certains agriculteurs dans l’espoir de maintenir sur pied quelques troncs de bananiers jusqu’à ce qu’ils finissent par trouver de véritables solutions réalistes.

Vous pourriez utiliser ce texte radiophonique comme document de recherche ou vous en inspirer pour la rédaction d’un texte radiophonique sur les meilleurs moyens de lutte contre la bactériose du bananier dans les régions productrices de bananes, et la façon dont les agriculteurs peuvent améliorer les récoltes de bananes en adoptant des pratiques agronomiques.

Sinon, pourquoi ne mettriez-vous pas en scène ce texte dans votre station, en vous servant de voix de comédiens et comédiennes de doublage pour représenter les intervenants ? Si tel est le cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit des voix de comédiens et non celles des personnes avec lesquelles les interviews originales ont été réalisées.

Entretenez-vous avec des agriculteurs, des agricultrices et d’autres experts qui cultivent la banane ou qui possèdent de solides connaissances sur cette culture. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :

Quelle est la principale différence entre les agriculteurs qui ont réussi à maîtriser la bactériose du bananier et ceux qui ont échoué?

Quels conseils donneriez-vous à un agriculteur ou une agricultrice, dont la récolte de bananes a été mauvaise? Quels sont les problèmes auxquels il ou elle doit prêter attention?

Pour les agriculteurs ou les agricultrices qui sont à leur premier essai de production de bananes, quelles informations doivent-ils avoir pour éviter la présence de la bactériose dans leurs plantations? Que peuvent-ils faire pour obtenir de meilleures récoltes?

Durée estimée du texte radiophonique : 20 minutes, avec la musique d’intro et de sortie.

 

Texte

ANIMATEUR:
Bonjour, chers auditeurs et auditrices, et bienvenue à l’émission. Je m’appelle ____. Aujourd’hui, nous parlerons de la production du matoke (Note de la rédaction: le matoke est le nom attribué à la banane plantain). Et, bien évidemment, de nos jours, on ne peut parler de production bananière sans faire cas de la bactériose du bananier. Cette maladie est apparue pour la première fois dans les plantations de bananes en Ouganda, il y a environ quinze ans, et elle a commencé tout doucement à détruire les sources de revenus des populations, ainsi que leur principale source de subsistance – une plante à la fois!

Le matoke est un des aliments de base préférés des Ougandais, et a été pendant longtemps une des plus importantes denrées alimentaires qui leur procurait un revenu. Ainsi, lorsque la maladie a commencé à détruire les bananiers, plusieurs agriculteurs et agricultrices ont perdu leur source de revenus en l’espace de quelques mois.

Les agriculteurs et les agricultrices ont commencé à s’inquiéter par rapport à ce que l’avenir leur réservait. Qu’adviendrait-il de leurs familles si leur principale source de subsistance et de revenu venait à disparaître? Y avait-il un moyen de freiner cette épidémie?

Les agriculteurs et les agricultrices se mirent chacun à tester des solutions. La plus connue consistait à abattre les bananiers présentant les symptômes de la maladie.

Cette solution échoua à la grande surprise des agriculteurs. Le gouvernement s’inquiétait également de plus en plus, si bien que les chercheurs durent se mettre au travail. Les organisations non gouvernementales elles aussi se lancèrent à la recherche de solutions. Peu après, les services nationaux de conseils agricoles, surnommés NAADS, et certaines ONG commencèrent à montrer aux agriculteurs et aux agricultrices comment combattre la bactériose du bananier. Mais le temps qu’ils trouvent des solutions, plusieurs agriculteurs avaient perdu leurs récoltes entières de bananes. La maladie semblait avoir remporté la victoire, et les agriculteurs renoncèrent à se battre.

Toutefois, ce ne sont pas tous les agriculteurs qui baissèrent les bras. Un à un, de braves agriculteurs commencèrent à appliquer les conseils des NAADS et des ONG. Un à un, certains champs commencèrent à reprendre vie. L’un après l’autre, les agriculteurs se mirent à espérer à nouveau.

Désormais, la bactériose du bananier semble régresser et les plantations de bananes recommencent à se développer. Mais il reste encore beaucoup de travail sur la planche.

J’ai rendu visite à quelques agriculteurs et agricultrices du district de Bushenyi pour m’informer sur leurs moyens de lutte contre cette maladie destructrice et comment ils l’avaient maîtrisée. Pour commencer, nous allons entendre madame Moreen Mwsigwa du village de Rwemitoozo, dans le sous-comté de Kyeizooba. Elle est considérée comme une des meilleures productrices de bananes de son village.

L’INDICATIF SONORE joue et s’éteint

ANIMATEUR:
(LOIN DU MICRO, UNE VOIX S’ÉLÈVE AU LOIN) Bonjour, suis-je au domicile de Moreen Mwesigwa, ou me suis-je perdu?

MOREEN Mwesigwa:
(PRÈS DU MICRO) Vous êtes à la bonne place. Qui êtes-vous?

ANIMATEUR:
Je travaille à la station de radio. Je suis ici pour vous interviewer concernant la bactériose du bananier.

MOREEN Mwesigwa:
Ah si, vous avez appelé hier. Soyez le bienvenu, monsieur. Prenez place.

ANIMATEUR:
Merci beaucoup. Vos bananiers ont l’air en très bonne santé. On a l’impression que vous n’avez jamais soufferte de la bactériose du bananier.

MOREEN Mwesigwa:
(RIRES) Vous auriez dû venir ici il y a quatre ou cinq ans!

ANIMATEUR:
Vos bananiers étaient-ils en mauvais état?

MOREEN Mwesigwa:
C’était terrible! Vraiment horrible!

ANIMATEUR:
Quand avez-vous aperçu cette maladie pour la première fois?

MOREEN Mwesigwa:
En 2002, nous avons entendu à la radio qu’une maladie du bananier détruisait les bananiers des populations de villages lointains. Partout les gens craignaient que la faim et la famille ne s’installent. À cette époque-là, je pensais que les gens exagéraient tout simplement. Nous n’avions aucune idée de la gravité réelle du problème, car notre région n’avait pas été encore touchée par la maladie.

ANIMATEUR:
À quel moment vous êtes-vous rendu compte de la gravité de la situation?

MOREEN Mwesigwa:
En 2003, les NAADS ont commencé à sensibiliser tout le district par rapport à cette nouvelle maladie. Dans le cadre de cette sensibilisation, ils ont conduit des agriculteurs et des agricultrices de ce village dans des villages déjà touchés, afin que nous puissions prendre les précautions nécessaires pour la contrer. Lorsque j’ai vu à quel point les bananiers étaient touchés dans les villages que nous avons visités, j’ai été horrifié. Certains agriculteurs avaient déjà tout perdu.

D’autres agriculteurs possédaient toujours quelques plants, mais on aurait dit que ceux-ci avaient été touchés par des grêlons. En effet, les feuilles avaient séché, les faux-troncs des bananiers étaient tout petits et les jeunes régimes de matoke encore verts avaient mûri prématurément ou pourri.

ANIMATEUR:
Cela a dû être terrifiant.

MOREEN Mwesigwa:
Vous n’avez pas idée! De retour chez moi, je me promenais chaque matin dans ma plantation pour m’assurer qu’aucun plant malade ne s’y trouvait.

ANIMATEUR:
Alors, avez-vous vu des bananiers malades?

MOREEN Mwesigwa:
Pendant près de quatre ans, je n’en ai vu aucun. Je commençais à me considérer chanceuse. Et voilà qu’un jour, en 2007, j’ai organisé une fête ici et c’est ainsi que la maladie a pénétré dans ma plantation.

ANIMATEUR:
Je ne comprends pas.

MOREEN Mwesigwa:
Il arrive généralement que lorsque vous organisez une fête ici à Ankole, vos amis, vos voisins et votre famille vous apportent toutes sortes de nourriture. Un des principaux aliments que nous avons reçu pour la fête était le matoke, et après les avoir pelés, je me suis retrouvée avec un très gros tas de pelures. J’étais très heureuse, car je savais que les pelures pourraient fertiliser une assez grande surface de mes plantations de bananes. Mais c’est alors que quelqu’un m’a dissuadé de le faire: il a dit que cela pourrait transmettre la maladie à mes bananiers. J’ai suivi son conseil, mais cela n’a servi à rien! Quelques mois après la fête, j’ai découvert des bananiers malades tout autour du lieu où nous avions pelé les bananes.

ANIMATEUR:
Comment cela est-il arrivé?

MOREEN Mwesigwa:
Je crois que certaines bananes que les gens avaient apportées pour la fête étaient infectées! Mon erreur a été de laisser les gens cueillir des feuilles de bananiers avec des couteaux contaminés pour couvrir le matoke.

ANIMATEUR:
Qu’avez-vous fait lorsque vous avez découvert les plants malades?

MOREEN Mwesigwa:
Je les ai abattus et les ai enfouis sous terre. Quelques mois plus tard, j’ai découvert un autre plant malade. La situation a continué à empirer au point que je me suis retrouvée à abattre quatre bananiers par jour.

À ce moment-là, il m’était devenu impossible de vendre un seul régime de matoke.

ANIMATEUR:
Combien vendiez-vous auparavant?

MOREEN Mwesigwa:
Parfois, je pouvais vendre 70 régimes de matoke par mois. C’était de gros régimes qui ne pouvaient être soulevés par une seule personne.

ANIMATEUR:
Combien de temps s’est-il écoulé entre le moment où vous avez découvert le premier plant malade et le moment où tous vos bananiers ont été détruits?

MOREEN Mwesigwa:
Deux ans.

ANIMATEUR:
Mais, maintenant, ils paraissent en bonne santé! Ma question est la suivante: comment vous êtes-vous prise pour éradiquer la maladie cette fois-ci alors que vous aviez échoué auparavant?

MOREEN Mwesigwa:
Je m’y prenais très mal.

ANIMATEUR:
Comment ça?

MOREEN Mwesigwa:
Par exemple: je ne savais pas que je devais désinfecter le panga (Note de la rédaction: un panga est une machette) que j’utilisais pour abattre les bananiers malades avant de l’utiliser sur un bananier non infecté, ou que c’était mauvais d’utiliser un panga pour plus d’une plantation. Cela contribue à propager la maladie à tous les bananiers.

ANIMATEUR:
Alors, qu’est-ce qu’il convient de faire?

MOREEN Mwesigwa:
Après avoir abattu les bananiers malades, vous devez passer le panga au feu pendant quelques minutes ou le nettoyer avec du désinfectant Jik. Cela aide à tuer la bactérie qui se trouve sur le panga. Si vous possédez plus d’une plantation de bananes, chaque plantation doit avoir son propre panga marqué d’un signe particulier. De cette façon, lorsqu’une plantation est contaminée par la maladie, vous pouvez limiter la maladie à cette plantation et épargner ainsi les autres. De plus, lorsqu’ils procèdent à l’ébourgeonnement et à l’effeuillage quotidiens, les agriculteurs et les agricultrices doivent désinfecter les outils avant de passer d’un bananier à un autre.

ANIMATEUR:
Cela signifie que vous devez vous déplacez dans la plantation avec un seau de Jik afin de pouvoir y plonger les outils chaque fois que vous aurez ébourgeonné ou effeuillé un bananier.

MOREEN:
En effet.

ANIMATEUR:
Donc, en dehors de la lutte contre la bactériose du bananier, que faites-vous d’autre pour obtenir d’aussi bonnes récoltes? J’imagine déjà l’argent que vous rapporteront ces bananiers…

MOREEN Mwesigwa:
(RIRES) Merci. Eh bien, les récoltes sont bonnes maintenant, car à un moment donné j’ai dû abattre toutes les souches mères et en replanter de nouvelles. L’an dernier, la plantation a recommencé à reprendre des couleurs. Alors, j’ai pris ma houe et j’ai labouré le sol pour le rendre plus meuble. Puis, j’ai répandu du fumier et appliqué du paillis.

ANIMATEUR:
Qu’avez-vous utilisé en guise de paillis?

MOREEN Mwesigwa:
J’ai utilisé de l’herbe séchée provenant du marais. Nous nous sommes également informés sur l’irrigation, pour pouvoir maintenir les récoltes à un niveau élevé pendant les périodes de sécheresse.

ANIMATEUR:
J’ai quitté le domicile de Moreen pour Kitagata, un autre village qui n’est pas très éloigné.

J’y ai rencontré Robina Rwaheiguru, une femme dans le début quarantaine. Elle est la secrétaire de l’association paysanne Kitara, qui signifie «grenier». L’association compte 21 membres.

EFFETS SONORES:
LE MOTEUR D’UNE VOITURE S’ÉTEINT LOIN DU MICRO

ROBINA Rwaheiguru:
(UNE VOIX JOYEUSE S’ÉLÈVE AU LOIN) Vous êtes le bienvenu, monsieur. Je viens juste de rentrer de la plantation pour vous attendre. Vous travaillez à la station de radio, n’est-ce pas?

ANIMATEUR:
Si. Merci, madame Robina. Si vous le permettez, pourrions-nous discuter tout en nous promenant dans vos bananeraies?

Rwaheiguru
:
Je n’y vois aucun inconvénient. Venez. Commençons par celle qui se trouve de l’autre côté de la route.

ANIMATEUR:
Bien sûr. Alors, je suis ici pour vous poser quelques questions à propos de la bactériose du bananier. Quand avez-vous découvert cette maladie pour la première fois sur vos bananiers?

Rwaheiguru:
C’était en 2005. J’étais allée rendre visite à une belle-sœur malade à Bunyaruguru. Et je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que ses bananiers et ceux de ses voisins souffraient affreusement d’une maladie étrange. Ce n’est qu’un mois après être retourné chez moi que j’ai aperçu le premier pied malade dans ma bananeraie. C’était comme si j’avais transporté la maladie chez moi dans mes chaussures.
ANIMATEUR:
Qu’avez-vous fait alors?
Rwaheiguru:
À ce moment-là, les autorités du sous-comté avaient déjà commencé à sensibiliser les gens par rapport à la maladie. Elles nous disaient d’abattre les pieds malades et de les enfouir sous terre le plus rapidement possible. Et c’est ce que j’ai fait.

ANIMATEUR:
Est-ce que cela vous a servi?

Rwaheiguru:
Non. La maladie a continué à se propager jusqu’à ce que toutes mes cultures disparaissent.

ANIMATEUR:
Combien de temps cela a-t-il pris?

Rwaheiguru:
Je dirais environ deux ans.

ANIMATEUR:
À quoi avez-vous pensé à ce moment?

Rwaheiguru:
J’ai pensé … nous avons tous pensé qu’il s’agissait d’une malédiction divine. Aucune chose de ce genre ne s’était jamais produite dans nos vies. Nous avions l’habitude d’entendre parler des désastres causés par les sauterelles dont ont été victimes nos grands-parents il y a très longtemps. Mais nous n’avions jamais vu une chose pareille de nos propres yeux.

ANIMATEUR:
Qu’avez-vous fait après avoir perdu vos cultures?

Rwaheiguru:
Qu’aurais-je pu faire? J’ai préparé la terre et j’y ai planté des patates douces.

ANIMATEUR:
Et pourtant, regardez les cultures de bananes que vous avez ici maintenant! Comment vous êtes-vous prise pour redresser la situation?

Rwaheiguru:
Les choses ont changé lorsqu’on s’est rendu compte de nos erreurs.

ANIMATEUR:
Desquelles s’agissait-il?

Rwaheiguru:
Le fait de ne pas désinfecter les pangas que nous utilisions pour couper les bananiers malades. C’est de cette façon que nous avons tous infecté nos bananiers. Depuis lors, nous avons appris à désinfecter nos outils. Nous avons également appris que le fait de laisser les bourgeons mâles sur un régime de matoke en développement constituait un autre moyen par lequel le flétrissement bactérien se propageait. Donc, désormais, nous enlevons les bourgeons mâles après que ceux se trouvant sur le dernier régime ont été exposés à l’aide de bâton fourchu.

ANIMATEUR:
À ce que je vois, la terre de votre plantation est vraiment fertile. Qu’avez-vous fait pour qu’elle reste fertile?

Rwaheiguru:
Nous la paillons toujours avec des feuilles de bananiers élagués et de l’herbe séchée provenant des marais. Puis, il n’y a pas si longtemps, nous avons appris à creuser des fosses pour la fabrication du compost que j’utilise pour accroître la fertilité du sol.

ANIMATEUR:
Comment cela fonctionne-t-il?

Rwaheiguru:
Vous creusez trois fosses l’une à côté de l’autre. Vous y déversez toutes sortes de déchets, y compris les résidus alimentaires, les crottes de chèvre, la fiente de poules, etc., dans la première fosse jusqu’à ce qu’elle soit remplie. Lorsque c’est le cas, vous videz les déchets de la première fosse pour les déverser dans la deuxième fosse. Puis, vous commencez à préparer les déchets dans la deuxième fosse pour qu’ils puissent se décomposer de manière uniforme.

HOST:
Comment procédez-vous à cette préparation?

Rwaheiguru:
J’y ajoute de l’urine, afin que les déchets puissent se décomposer rapidement. Je continue d’ajouter l’urine jusqu’à ce que la première fosse soit à nouveau remplie, ce qui peut prendre environ deux mois.

ANIMATEUR:
Alors, vous enlevez ensuite les déchets pour les répandre sur les plants?

Rwaheiguru:
Non, les déchets qui sont en état de décomposition continuent de produire de la chaleur et ne sont pas prêts. Au lieu de cela, je transvase les déchets dans la troisième fosse pour que les déchets en décomposition se transforment en engrais organique.

ANIMATEUR:
Donc, à quel moment savez-vous que le fumier est prêt pour être appliqué?

Rwaheiguru:
Lorsqu’il a la couleur de la terre, à savoir une terre de couleur noire, et qu’il ne dégage plus de la chaleur.

ANIMATEUR:
Comment l’appliquez-vous?

Rwaheiguru:
Ce n’est pas bon de répandre l’engrais directement sur les bananiers eux-mêmes. Par conséquent, nous l’appliquons à trente centimètres du côté du pied qui est au stade de bourgeonnement. Après avoir répandu le fumier tout autour de la souche mère, nous retournons la terre avec un râteau pour que le fumier se mélange à la terre et pour permettre à l’eau de s’y infiltrer plus facilement. Après cela, les plantes poussent bien!

ANIMATEUR:
Je vois que vos bananiers ont l’air flamboyants. Qu’en est-il de vos récoltes?

Rwaheiguru:
Parfois, quand j’ai de la chance, je peux récolter quarante régimes de bananes par mois.

ANIMATEUR:
Dites, quelle est la superficie de votre bananeraie?

Rwaheiguru:
Elle mesure environ deux acres.

ANIMATEUR:
Merci. C’était Robina Rwaheiguru qui nous expliquait comment elle s’était battue contre la bactériose du bananier et avait maintenu sa terre fertile. Ces deux méthodes lui rapportent toutes les deux de bonnes récoltes de matoke. Il me faut maintenant m’entretenir avec un expert sur quelques points.

EFFETS SONORES:
LE MOTEUR D’UNE VOITURE S’ÉTEINT LOIN DU MICRO

Je me trouve avec une agente agricole, madame Clemence Nohamutizi, dans le village de Kyamuhunga, à 15 kilomètres du domicile de Robina. Mme Nohamutizi s’est rendue à la plantation pour y rencontrer des agriculteurs et, si je veux pouvoir lui parler, je dois aller la retrouver là-bas. Manifestement, c’est une dame très occupée. Je la trouve en train d’achever sa rencontre avec un groupe d’agricultrices dans une bananeraie. Donc, elle répond à mes questions en présence des femmes, à l’évidence pour qu’elles en profitent également.

ANIMATEUR:
Madame Clemence, je me suis entretenu avec des agriculteurs et des agricultrices à propos de la bactériose du bananier. Ils m’ont appris que la première fois que la maladie est apparue, les agricultrices et les agriculteurs ont fait de leur mieux pour la combattre, mais en vain. Ces mêmes agriculteurs et agricultrices ont actuellement de très bonnes récoltes. Pourquoi ont-ils échoué la première fois?

Nohamutizi:
Ils ont échoué parce qu’ils avaient perdu espoir. Ils ne suivaient pas les conseils des experts, car chacun d’eux croyait que la maladie était incurable. La plupart des agriculteurs et agricultrices n’inspectaient pas régulièrement leurs plantations afin d’abattre et enfouir les bananiers malades de la manière appropriée.

ANIMATEUR:
Qu’il y a-t-il de si mauvais à ne pas couper un bananier malade?

Nohamutizi:
Lorsque vous laissez un bananier malade sur pied, vous maintenez l’inoculum en activité. L’inoculum est le germe de la bactérie. Et comme tout germe, tant qu’elle ne meurt pas, il se développera.

ANIMATEUR:
Pourtant les agriculteurs et les agricultrices m’ont dit que, même lorsqu’ils abattaient les bananiers malades, la maladie continuait à se propager.

Nohamutizi:
Comme je le disais, ils ne suivaient pas nos conseils, du moins pas entièrement. Par exemple: nous leur avons déclaré qu’il ne suffisait pas d’abattre les bananiers malades s’ils ne faisaient pas passer les outils au feu ou n’utilisaient pas par la suite de désinfectants ordinaires comme le Jik.

Ils ont dit que le Jik coûtait trop cher et d’autre chose de ce genre. Certains ne coupaient même pas les bananiers malades. D’autres agriculteurs et agricultrices étaient, soit malades, soit trop âgés pour se permettre de consacrer le peu d’énergie qui leur restait à abattre des bananiers malades. Toutefois, plusieurs étaient tout simplement paresseux ou obstinés. Ces comportements ont tellement nui aux agriculteurs et aux agricultrices qui se battaient de toutes leurs forces pour éradiquer la maladie qu’ils se plaignaient même auprès des autorités.

ANIMATEUR:
Et qu’ont fait les autorités?

Nohamutizi:
Elles ont adopté un règlement municipal stipulant que toute personne dans la plantation de laquelle serait trouvé un pied malade devrait payer une amende de 40 milles [Note de la rédaction: environ 11 $US] pour chaque bananier malade. Si l’infraction se répétait, l’agriculteur ou l’agricultrice coupable se verrait emprisonné. Par conséquent, les gens ont commencé à lutter de toute leur force contre la maladie.

ANIMATEUR:
Qui veillait au respect du règlement? La police?

Nohamutizi:
Tout le monde, y compris les voisins, le président du CM1, le président de CM5, tout le monde, et ce, du village au district, était un exécuteur de la loi.

ANIMATEUR:
La maladie a-t-elle commencé à régresser à ce moment?

Nohamutizi:
Si. Mais pas aussi facilement! Vous savez que nous utilisons les feuilles de bananiers dans la préparation de presque tous les mets. Nous coupons les feuilles de bananiers chaque jour, dont une sur un tel pied et une autre sur un autre … Alors c’est ainsi que les nouveaux bananiers étaient contaminés.

Toutefois, nous avons corrigé ces erreurs tout doucement. Maintenant, les gens désinfectent leurs outils avec du Jik ou les passent au feu, et ils abattent les bananiers malades et les enfouissent sous terre de manière appropriée. C’est la raison pour laquelle les plantations paraissent belles à nouveau.

ANIMATER:
Expliquez-moi quelles sont les meilleures méthodes qu’il faut appliquées pour qu’une bananeraie puisse vous procurer le maximum de récolte.

Nohamutizi:
Les meilleures façons consistent en de simples pratiques agricoles telles que maintenir le sol humide en le paillant et en aménageant des murets pour retenir l’eau, retourner la terre autour du bananier pour permettre à l’eau de s’infiltrer dans la terre meuble, sarcler à temps pour éviter que les mauvaises herbes ne dérobent les nutriments destinés aux bananiers, et automatiquement effeuiller et ébourgeonner les bananiers régulièrement.

ANIMATEUR:
Quelle est la meilleure façon de procéder à l’effeuillage et à l’ébourgeonnement?

Nohamutizi:
La meilleure façon de procéder à l’effeuillage consiste à supprimer uniquement les feuilles jaunes qui sont cassées. Ne coupez pas les autres feuilles, car elles apportent toujours des nutriments à la plante. Mais lorsqu’une feuille jaunit et se casse, cela démontre qu’elle est usée. Par conséquent, vous devez la couper et l’utiliser en guise de paillis.

ANIMATEUR:
Quand est-il de l’ébourgeonnement?

Nohamutizi:
Lorsqu’il s’agit de l’ébourgeonnage, vous devez vous assurer que seuls trois ou quatre troncs tiennent debout en lieu et place de chaque souche mère, dont un rejet de remplacement et un fils. Ces troncs produiront à leur tour des fruits, l’un après l’autre. Tout autre rejet laissé sur la souche mère constitue un gaspillage d’espace et fera que les autres régimes de bananes soient plus petits.

ANIMATEUR:
Quel secret cache l’application de la cendre autour des pieds de bananiers? Plusieurs agriculteurs m’ont dit qu’ils répandaient de la cendre, mais ils ne m’ont pas expliqué les raisons.

Nohamutizi:
La cendre peut être utilisée à plusieurs fins. Elle contient du potassium et du phosphore. Le phosphore permet à la plante d’avoir plus de racines, ce qui implique qu’elle pourra tirer plus de nutriments du sol. Le potassium permet le transport et l’accumulation des nutriments dans les mains du régime … et tout cela permet à l’agriculteur ou à l’agricultrice d’avoir d’obtenir des récoltes plus importantes.

ANIMATEUR:
C’était Mme Clemence Nohamutizi, une agente agricole du district de Bushenyi. Elle a une vaste expérience en matière de culture de bananes et de lutte contre la bactériose du bananier. Selon Clemence, les agriculteurs et les agricultrices peuvent éradiquer cette maladie s’ils font preuve d’un peu d’intelligence. Elle m’a dit ne plus avoir de flétrissement bactérien dans sa plantation, et qu’elle connaît quelques personnes qui n’en ont plus comme elle.

En effet, la bataille contre cette maladie est loin d’être gagnée, mais à l’évidence vous pouvez prendre certaines mesures pour la maîtriser, et même l’éradiquer, et avoir des cultures en bonne santé. Alors, continuez à vous renseigner auprès de personnes comme Clemence et continuer à appliquer leurs conseils, car il y a de l’espoir.

(PAUSE) Aujourd’hui, non seulement nous avons entendu parler de certains moyens de lutte contre le flétrissement bactérien et des erreurs à éviter, mais également nous avons parlé des différentes façons dont vous pouvez accroître votre production de bananes en utilisant de simples techniques agricoles, telles que le paillage, le compostage, ainsi que les méthodes d’effeuillage et d’ébourgeonnement appropriées.

N’oubliez pas d’écouter l’émission la semaine prochaine, qui portera sur ___. C’était au micro ___. Au revoir.

Acknowledgements

Rédaction : Tony Mushoborozi, créateur de contenu, Scrypta Pro Ltd., Ouganda
Révision : Muhumuza John Bosco, Mbarara Zonal Agricultural Research and Development Institute, National Agricultural Research Organisation, Mbarara, Ouganda

Information sources

Sources d’information
Interviews :
Moreen Mwesigwa
Robina Rwaheiguru
Clemence Nohamutizi
Toutes les interviews ont été réalisées en décembre 2015.

 

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