Bonnes pratiques de production et de gestions post-récolte – d’adaptation et d’atténuation au changement climatique de la culture du soja conventionnel au Togo

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Introduction

 

La culture du soja a été introduite au Togo dans les années 1980, avec l’objectif d’apporter un complément alimentaire en protéines et réduire la malnutrition. Mais, c’est à partir de2010que les producteurs(trices) togolais ont adopté la culture. Depuis lors, la production du soja a connu une progression importante, et le Togo est un exemple dans la production de sojaconventionnel (le soja cultivé en utilisant des herbicides et des pesticides, généralement sur de grandes parcelles de terre) en Afrique de l’Ouest. Laculture du soja est devenue rentable non seulement pour les producteurs(trices) du soja, mais aussi pour les autres acteurs de la chaine de valeur. C’est une culture de rente (culture tournée vers l’exportation) compétitive avec coton qui est la première culture de rente au Togo.

Quelques données essentielles concernant la filière soja au Togo

  • La production du soja constitue une source de revenus importante pour les paysans.
  • La conservation du soja est facile.
  • En 2019, près de 300 000personnes travaillaient au sein de la filière soja au Togo.
  • Le Togo compte plus de 13 350 producteurs(trices) identifiés en 2019.
    • Le pays a produit 176 000 tonnes de soja (bio et conventionnel) pour la campagne agricole 2019-2020.
  • Près de 50 milliards FCFA de recettes pour la campagne de commercialisation 2019-2020.
  • Le rendement moyen à l’hectare est estimé à 760 kg/hectare, et peut produire jusqu’à1,8tonne/hectare chez certains producteurs(trices) dans la région centrale pour le soja conventionnel.
  • La chaîne de production est bien organisée et encadrée.
  • Les institutions de microfinance et des agrégateurs accompagnent les producteurs(trices).
  • La filière soja dispose d’un bon marché lié à la capacité de transformation locale et à lademande des exportations vers l’Asie pour le soja conventionnel.

Impact prévu du changement climatique sur la culture et la récolte du soja conventionnel

  • La fluctuation du prix de soja conventionnel au Togo et dans le reste de l’Afrique est liée en grande partie aux conditions climatiques.
  • Le Togo expérience de risques d’aléas climatiques dus aux courants marins causant des températures extrêmes et une irrégularité des saisons dans le sud du pays. Cette situation estaccentuée par les changements climatiques dont l’une des principales conséquences reste le dérèglement de pluies (parfois précoces ou tardives) et ce, sur l’ensemble du territoire togolais. Cela réduit les rendements de soja dont la culture est sujette aux mêmes stress que les autres cultures qui dépendent delapluie.
  • À la maturité et à la récolte, des pluies excessives et souvent tardives gênent les activités de séchage et de stockage et entraînent une détérioration de la qualité des graines.
  • Les producteurs(trices) n’ont pas les compétences et les moyens techniques et financiers de maîtrise del’eau sur la ferme. Ils sont soumis chaque année à la variabilité du climat et à une production saisonnièrelimitée dans le temps.

Stratégies d’adaptation aux aléas et des changements climatiques

Face aux caprices du climat, la gestion de de l’eau est le problème crucial auquel les producteurs(trices) font face. Plusieurs agences publiques travaillent à résoudre ce problème et à améliorer la résilience des agriculteurs(trices).

  • En collaboration avec le ministère de l’agriculture ainsi que d’autres partenaires, les services de météorologie travaillent en indiquant des périodes de semis aux producteurs(trices) de soja enfonction de la variété. Cela aide àsemer au bon moment pour bénéficier de lapluviométrie disponible.
  • Les producteurs(trices) sont encadrés pour adopter des techniquesde agriculture intelligente face au climat en fonction des changements climatiques auxquelles ilsfont face. Par exemple, un paysan qui expérience un excès de pluies accompagnées de ventsintenses à un moment où le soja n’en a pas besoin, peut faire dubuttage (rassembler le sol autour des plants) de soja pour les renforcer. Les agricultures(trices) peuvent aussi créer des digues ou des escaliers pour réduire les dégâts liés à l’érosion hydrique.

Dimensions sexospécifiques de la filière soja au Togo

  • La filière soja représente une importante source de revenus aux femmes qui ont le monopole de la transformation artisanale.
  • Les hommes ont un monopole écrasant sur la production agricole au Togo, tandis que les femmes sont très impliquées dans la commercialisation. Ils achètent le soja aux producteurs et le revendent soit sur les marchés locaux, soit à des exportateurs. Le soja est une réserve bancaire à domicile pour les femmes à travers le systèmedestockage et de revente.
  • La production artisanale du fromage de soja, du lait de soja et de la moutarde de soja constitue une activité génératrice de revenus pour les femmes en milieu rural, périurbain et urbain.

 

Informations clés concernant la culture et la commercialisation du soja

 

1- Le choix des variétés et des semences

Les variétés

Comme recommandé par l’institut togolais de recherche agricole et d’autres partenairestechniques, les producteurs(trices) de soja au Togo optent pour des variétésaméliorées. Au Togo, Il y a quatre variétés de soja adaptées aux conditions climatiques:

  • TGX1485-1D: Mature dans 90 à 100 jours.
  • TGX2004-13F: Mature dans 90 jours.
  • TGX2008-2F: Mature dans 85 jours.
  • TGX 1910-14F: Mature dans 107 jours. Cette variété est la plus cultivée au Togo.

Les semences

  • Les producteurs(trices) de Togo ne cultive pas de soja génétiquement modifié.
  • Il existe un réseau national de coopératives et de producteurs de semences certifiées encadré par la Direction des Semences et Plants.
  • L’émergence des exportatrices agrégateurs(trices) de soja est l’un des facteurs ayant accru l’adoption des semences certifiées par les petits producteurs(trices).
  • Les agrégateurs préfinancent l’achat des semences certifiées par les agriculteurs(trices) et mettent des fonds à la disposition des producteurs sous forme de crédits de campagne.

2- Le choix et la préparation du sol

Le choix du sol

Choisir un sol léger qui laisse passer de l’eau et qui évacue facilement;

  • Le soja aime le terrain plat et riche en matière organique.
  • Cultive le soja après la culture du sorgho, du mil, du maïs ou du coton.
  • Éviter de cultiver le soja sur les sols où on a précédemment cultivé le voandzou, l’arachide, le niébé, et le pois d’Angole. Il n’est pas non recommandé de cultiver le soja plus de deux saisons consécutives sur une même parcelle, ou de produire plusieurs variétés de soja sur la même parcelle à la même saison.

La préparation du sol

  • Après le déboisement (pour les nouvelles exploitations) et le défrichement (pour les terres agricoles existantes), les petits et moyens producteurs(trices) labourent le sol à la houe ou avec la traction animale. Le labour au tracteur pour préparer le sol commence à se répandre, grâce au système de location de tracteur à l’hectare dans certaines zones.
  • L’écartement est de 50 à 70 cm entre les billons ou les lignes selon qu’a terre est labourée à la houe ou à la traction animale.
  • La culture de soja ne nécessite pas de fertilisants riche en nitrogène. Mais quand les sols sont pauvres, on utilise la fumure organique de fond entre 3à5tonnesparhectare de la pauvreté des sols. Si du fumier a été appliqué sur la culture précédente, il faut éviter d’en faire à nouveau.

3 – Le semis

  • Utilise une semence améliorée certifiée à 40 kg par hectare.
  • Semer en ligne, de préférence après une pluie (15 -20 mm de hauteur de pluie).
  • Semer en ligne, en mettant deux graines par trou de 3 à 4 cm de profondeur avec 20 cm entre les trous.
  • Dans les six jours suivant le semis en lignes, semer à nouveau dans les trous ou les graine n’ont pas germé, en maintenant un espacement de 20 cm entre les trous de plantation.
  • Choisir les dates de semis de sorte que lamaturité coïncide avec la fin de la saison pluvieuse pour faciliter un bon séchagedusoja.
  • Il est recommandé d’inoculer les semences de soja afin de favoriser la fixation biologique de l’azote atmosphérique dans les nodosités des racines. L’inoculation permet d’améliorer et la fertilité du sol et par ricochet le rendement. Au Togo, les agriculteurs(trices) utilisent le Mycotri et Mycoplus (des marques d’inoculants) ou le NoduMax.
  • Le semis à plat et en ligne sont préférés au semis sur billons carladensité sur le semis en billon est toujours inférieure à la normerecommandée(250000plants/ha).

4- Gestion des mauvaises herbes

Elle est recommandée d’éliminer la concurrence des mauvaises herbes pour les nutriments, ce qui favorise les racines et le développement des semis. Deux opérations de sarclage sont recommandées:

  • Le premier sarclage devrait s’effectuer 15 à 20 jours après le semis.
  • Le second sarclage devrait s’effectuer 35 à 40 jours après le semis. Pendant cette période, le buttage, la mise en terre ou le buttage (empiler la terre autour de la base d’une plante) renforcent le développement des racines et maintiennent l’humidité du sol et le remplissage de la cosse.

5- Gestion des ravageurs et des maladies

  • Les variétés recommandées aux paysans au Togo, sont résistantes aux nématodes (vers ronds souvent appelés fléau du soja) et aux maladies de soja. D’autres ravageurs comprennent les chenilles défoliatrices et lespunaisesdegousse.
  • Si les chenilles et punaises attaquent, utiliser uninsecticide.
  • Pour le soja biologique ou conventionnel, il est très rare chez les producteurs(trices) togolais de constater des cas graves des épidémies de maladies ou de ravageurs. En cas d’infection grave ou d’épidémie, les agriculteurs doivent discuter de la situation avec un expert agricole afin de choisir un produit antiparasitaire approprié.

6 – Les techniques de récolte et de stockage

On reconnaît une plante de soja mur par le jaunissement et la chute des feuilles. On remarquera également que les gousses deviennent brun marron et font du bruit de claquement quand on secoue la plante.

La récolte

Même si c’est plus facile de déraciner les plants lors de la récolte, c’est mieux de récolter le soja en coupant les tiges au ras du sol. Les racines abandonnées dans le sol contribuent à la fertilisationdu sol.

Ensuite, sécher les plants coupés avec leurs gousses sur un espace bien propre ou sur une bâche. Pour savoir si c’est bien sec, il faut remuer les gousses. Quand on entend les graines de soja cliquette à l’intérieur des gousses et qu’elles craquent sous les dents, cela indique que le soja est prêt pour le battage.

Le battage, vannage et le triage

Le battage se fait sur un grand espace propre et dégagé afin de pouvoir récupérer lesgrainesprojetées loin hors de l’aire de battage.

Le vannage et triage se font pour séparer les débris des graines.

Le séchage

Certains acheteurs considèrent que le soja est sec dès qu’il atteint 9% de taux d’humidité. Il est recommendé d’exposer les graines après battage au soleil avant de les emballer pour le stockage au magasin.

Stockage

Après vannage, triage et séchage, le soja peut être stocké dans des sacs. C’est important de disposer ces sacs sur des palettes ou sur une matière étanche qui sépare le soja et le sol afin d’éviter le contact avec l’humidité car cela peut entraîner une augmentation de l’incidence des maladies fongiques et de la pourriture. Le stockage doit se faire dans un endroit sec et aéré.

7- L’organisation et la commercialisation du soja conventionnel au Togo

La plupart des producteurs(trices) de soja en Togo sont organisés en groupements et en coopératives. Ils reçoivent des encadrements techniques venant des aggregateurs(trices), des associations et de l’Institut d’Appui et de Conseil (ICAT) et des systèmes financiers décentralisées (SFD).

Cette organisation permet aux paysans de bénéficier d’un marché stable, ce qui les motive d’augmenter la superficie qu’ils dédient à la culture du soja chaque année, en remplaçant des cultures telles que le maïs et le coton.

Définitions des mots clés

Inoculer les semences de soja : Favorise une fixation biologique accrue de l’azote atmosphérique au niveau des nodosités des racines.

Voandzou: Une légumineuse encore appelée pois de terre, originaire d’Afrique occidentale (Burkina Faso, le Tchad, le Mali, le Niger et le Sénégal) où elle est très cultivée ses graines.

Acknowledgements

Rédaction : Lemou Alo, Journaliste rédacteur, Lomé, Togo
Révision : M. Tete Komivi Wolako, agronome, expert chaine de valeur soja, ProCIV. GIZ-Togo, 09 mai 2021.

Entretiens et interviews :

M. Tete Komivi Wolako, agronome, expert chaine de valeur soja, ProCIV. GIZ-Togo, 09 mai 2021.

M. Mabewa Antona, agronome, responsable du module d’extension agriculture bio, ProCIV, GIZ-Togo, 11 mai 2021.

 

Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ) qui met en œuvre le programme des Centres d’innovations vertes.

Information sources

Kokou, L. K., et al, 2018. Fiche technique de compostage accéléré. https://www.formationsagricoles.tg/contenupartie/affichage1/id/78

Nambou, K., et Ka, A., 2008. Pour Bien Produire Le Soya. Institute Togolais de Recherche Agronomique. https://www.farmershop.biz/wp-content/uploads/2019/08/Bien-Cultiver-le-Soja-Au-Togo.pdf

S. A., 2000. Culture de Soja : 4 mesures importantes à suivre. Agridigitale. https://agridigitale.net/art-culture_de_soja_4_bonnes_pratiques__suivre.html

Tchabana. B. T., et al, 2020. Bien produire du soja par l’application des bonnes pratiques culturales au Togo. https://formationsagricoles.tg/contenus/MAPAH-09052020104512-FT_soja_vf.pdf

Terpend, N. T., Johnson, P. J., et Glin. L. G., 2018, Rapport de mission du programme Centre d’Innovations Vertes pour le secteur agro-alimentaire, Volet 3 /(ProCIV-AIS) Période : du 18/02/ au 30/04/2018/