Les cultivateurs d’arachides malawites prospèrent, suivant le proverbe local « L’union fait la force » (Alimi a Mtedza ku Malawi Akupha Makwacha Kudzera M’mwambi oti ‘Mu Umodzi Muli Mphamvu’)

Cultures agricolesEnvironnement

Notes au radiodiffuseur

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Les agriculteurs du District de Mchinji, dans la Région Central du Malawi sont en train d’apprendre les pratiques optimales en matière de culture d’arachides, dans le cadre d’un programme financé par le gouvernement et des donateurs, appelé Rural Livelihoods and Economic Enhancement Programme (RLEEP), lancé en 2010.

Mchinji est un des districts où les agriculteurs ont été bénéficiaires, suite à la formation d’écoles d’agrobusiness. Ces écoles enseignent aux agriculteurs comment aborder l’agriculture en tant qu’entreprise et travaillent avec eux pour tester de nouvelles méthodes agricoles.

Ce texte explique comment la vie de ces agriculteurs a été transformée grâce à la culture d’arachides, tant en termes de pratiques agricoles que de bénéfices pour leur famille. Il est basé sur des entrevues avec des agriculteurs de la Section Mwati de la Zone de Planification de l’Extension (EPA, en anglais) de Chiosya à Mchinji, et avec le Coordinateur adjoint pour l’agriculture attaché à cette EPA.

Vous pourriez vous inspirer de ce texte pour conduire une recherche et écrire un texte sur les arachides, sur les écoles de terrain agricole ou les écoles d’entreprenariat, ou sur un sujet similaire touchant votre région. Alternativement, vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en utilisant la voix d’acteurs pour représenter les interlocuteurs. Le cas échéant, veuillez vous assurer de dire à votre audience, au début du programme, que les voix sont celles d’acteurs et non des personnes impliquées dans les entrevues originales.

Si vous décidez d’utiliser ce texte comme la base ou la source d’inspiration pour la création de votre programme sur les arachides, vous pourriez considérer les questions suivantes:

Les arachides sont-elles purement ou principalement une culture de subsistance dans votre région? Si oui, y a-t-il des moyens d’en améliorer le rendement et de gagner plus de revenus grâce aux arachides, pour les fermiers qui cultivent des arachides seulement pour leurs besoins domestiques ou qui n’en cultivent qu’une petite quantité pour la vente? Si oui, quels sont-ils? Y a-t-il des pratiques peu coûteuses qui amélioreraient leurs rendements? Est-ce que le fait de se joindre à un groupe de fermiers les aiderait à faire augmenter leurs rendements et/ou à réduire leur coût de production?

Vous pourriez aussi utiliser ces questions pour servir de base à une tribune téléphonique ou à une tribune de messages-textes.

Est-ce que les cultivateurs locaux d’arachides ou d’autres plantes surveillent leurs dépenses de sorte qu’ils savent à quel prix ils doivent vendre afin de gagner un bon profit? Si non, y a-t-il des ressources disponibles pour les aider à faire un tel suivi et à gérer leur entreprise agricole plus efficacement?

Est-ce que les arachides sont cultivées et par les hommes et par les femmes, dans votre région? Si oui, y a-t-il des différences dans la façon dont ils abordent la culture d’arachides? Y a-t-il des différences dans la façon dont ils commercialisent leurs arachides? Y a-t-il des différences concernant les variétés qu’ils choisissent de cultiver? Si oui, quels sont les critères que chaque groupe (hommes et femmes) utilise pour choisir les variétés à cultiver?

Durée estimée pour ce texte: 27 minutes avec la musique de début et de fin

Texte

Animateur (présentateur en studio)
Reporter de terrain (George Kalungwe)
Agriculteurs:

  • Ignansio Chisale (homme)
  • Austokia Jumbe (femme)

Agent vulgarisateur:

  • George Kasokola, Coordinateur adjoint pour le développement de la vulgarisation agricole, zone de planification de la vulgarisation agricole de Chiosya, Mchinji, Malawi

 

ANIMATEUR: Bienvenue à ce programme. Aujourd’hui nous discuterons spécifiquement de la façon dont certains cultivateurs d’arachides du Malawi ont transformé leur vie en abordant l’agriculture dans une optique d’entreprise.

Au Malawi, l’arachide est une culture importante, pour la commercialisation et pour la consommation, et elle est essentiellement cultivée par des petits agriculteurs. Alors que le marché du tabac est en déclin, l’arachide est une des cultures présentant des avantages potentiels pour les petits agriculteurs. Ceci est particulièrement vrai pour les femmes qui cultivent des arachides tant pour la consommation que pour générer des revenus pour leur familles.

Les arachides sont sources de protéine, d’huile comestible, de gras, d’énergie, de minéraux et de vitamines. Dans le sol, elles fixent l’azote et améliorent la fertilité du sol, ce qui permet de réduire l’utilisation d’engrais chimique. Elles sont aussi une source de nutriments pour l’alimentation du bétail.

Dans ce programme, nous nous rendons dans le District de Mchinji, dans la partie ouest du Malawi, à la frontière avec la Zambie.

Ici, un programme financé par le gouvernement, appelé Rural Livelihoods and Economic Enhancement Programme (RLEEP) aide les agriculteurs à améliorer leur production d’arachides et leurs aptitudes au marketing.

Nous parlerons de deux agriculteurs dont la vie a été transformée par la culture de cette plante. Ces agriculteurs sont membres de l’École d’agrobusiness (ÉAB) de Mwati. Quand ils finissent leurs travaux de ferme, ils aiment bien chanter. Voici une de leurs chansons:

INSERTION – Chanson

Qu’est-ce qu’une ÉAB, Madame?

Une ÉAB est une école apprenant aux agriculteurs à voir l’agriculture comme une entreprise.

Madame, ne restez pas assise à ne rien faire, venez voir ce que font vos amis.

Monsieur, ne restez pas assis à ne rien faire, venez voir ce que font vos amis.

Nous, vos amis, avons lancé une ÉAB.

Une ÉAB est une école d’agrobusiness.

Et nos méthodes agricoles se sont améliorées.

Nos méthodes agricoles continuent de s’améliorer grâce à l’ÉAB.

Voulez-vous vous joindre à nous?

 

ANIMATEUR: Aujourd’hui, nous avons avec nous deux agriculteurs qui ont frappé fort dans le domaine de la culture d’arachide. Peut-être pourrez-vous utiliser ce qu’ils disent pour vous aider à devenir un cultivateur d’arachides prospère.

Mon producteur, George Kalungwe s’est rendu au village de Che-Yadi pour parler à ces agriculteurs et à leur conseiller. À présent, permettez-moi de vous présenter nos agriculteurs.

IGNANSIO CHISALE:

Mon nom est Ignansio Chisale. Je viens du village de Chisaka (Traditional Authority Zulu). Je suis marié et j’ai cinq enfants. Mon premier enfant, une fille, a terminé le niveau form 4 l’an dernier. Le second est un garçon qui est au niveau form 3, un autre garçon est au niveau standard 8, un autre au niveau standard 5, et le dernier est une fille qui est au niveau standard 1.

KALUNGWE: Madame, j’aimerais aussi en savoir plus sur vous.

AUSTOKIA JUMBE:

Je suis Austokia Jumbe. Je viens du village de Kankonere. J’ai six enfants. Le premier est à Lilongwe où elle travaille dans le cadre d’un projet de l’Université de la Caroline du Nord. Un autre est ici au village, avec moi, tandis qu’un autre travaille au Centre de santé Ludzi en tant que médecin. Les autres sont à l’école primaire.

J’ai commencé à cultiver les arachides avant de me marier, dans les années 1960s.

KALUNGWE: Quelle est la taille de votre champ d’arachides?

MME JUMBE: Mon champ d’arachides fait environ cinq acres, cinq acres et demi.

KALUNGWE: Et vous, M. Chisale? Quelle est la taille de votre ferme?

M. CHISALE: Cette année, j’ai planté trois acres d’arachides. Mais mon champ mesure six acres au total. Je pratique la rotation des cultures, alors je divise le champ en différentes parties, et je cultive d’autres types de plantes dans les autres sections.

ANIMATEUR: La route qui a mené au succès n’a pas été facile à parcourir pour ces deux agriculteurs. Ils ont fait face à de nombreux défis avant de commencé à cultiver des arachides pour le commerce.

M. CHISALE: Durant mes premières années de culture, je faisais pousser des arachides. Cependant, ce n’était pas pour la vente. Ça fait deux ans que cultive des arachides sur une base commerciale. J’ai commencé à prendre au sérieux la culture d’arachides après avoir reçu une formation en agrobusiness par l’entremise du RLEEP.

KALUNGWE: Qu’est-ce qui a fait que vous vous êtes lancé dans une entreprise de culture d’arachides, Madame?

MME JUMBE: J’ai commencé à fréquenter ce groupe par l’intermédiaire du Chef du village de Kankonore. Il m’a dit que j’avais été sélectionnée pour faire partie de ce groupe. Ils m’ont choisie parce que j’étais impliquée dans la production d’arachides depuis longtemps.

KALUNGWE: Et vous, M. Chisale, comment avez-vous commencé à fréquenter ce groupe?

M. CHISALE: Je faisais de la culture de légumes depuis longtemps et tout le monde me connaissait pour ça, dans cette zone. Quand j’ai entendu dire que des agriculteurs étaient en train de s’organiser en vue de produire des arachides, j’ai contacté le conseiller agricole. J’ai travaillé de concert avec lui pour mettre ce groupe en place.

KALUNGWE: Qu’est-ce qui vous à motivée à vous impliquer, Madame?

MME JUMBE: Je savais que cela allait être avantageux pour moi, comparativement à mes habitudes de travail antérieures. La vie est dure maintenant, économiquement parlant. Ce sont seulement ceux qui se joignent à des groupes qui trouvent la vie plus facile. J’étais très heureuse quand je me suis jointe à ce groupe. En rentrant chez moi, j’étais toute souriante. J’étais impatiente d’y retourner! (TOUS RIENT)

KALUNGWE: M. Chisale, quel a été le rôle du RLEEP?

M. CHISALE: Le RLEEP est venu ici pour éduquer les agriculteurs sur la production d’arachides. Le RLEEP nous a aidés en matière de formation et d’autres besoins.

L’autre objectif était de nous aider à vendre nos produits en tant que groupe. On nous a dit que nous achèterions des intrants agricoles en tant que groupe et non en tant qu’individus. Par exemple, il est coûteux pour un individu de payer le transport, d’acheter des houes et de l’engrais. Si on est en groupe, on réduit le coût parce que chaque membre contribue.

ANIMATEUR: Avant de discuter davantage du parcours réussi de nos deux agriculteurs, parlons des généralités concernant le projet RLEEP. George Kalungwe s’adresse au coordinateur adjoint pour le développement de la vulgarisation agricole de la zone de Chiosya.

GEORGE KASOKOLA:

Merci beaucoup. Mon nom est George M. Kasokola.

KALUNGWE: Comment ce projet de promotion de la production commerciale d’arachides a-t-il débuté dans cette zone?

M. KASOKOLA: À la base de ce projet, il y a le fait que le district de Mchinji, particulièrement Chiosya, est un des endroits où les arachides sont cultivées depuis longtemps. Mais les gens ne considéraient pas cette culture comme étant lucrative car ils n’appliquaient pas une approche entrepreneuriale à leurs activités agricoles.

Constatant cela, le RLEEP est venu en 2010 pour former des agents de vulgarisation en matière d’agrobusiness.

Les agents de vulgarisation ont montré aux agriculteurs comment établir des écoles d’agrobusiness, qui sont utilisées comme des plate-formes où les agriculteurs peuvent apprendre à aborder l’agriculture dans une perspective d’entreprise. Premièrement, on enseigne aux agriculteurs des meilleures pratiques agricoles. Cela les aide à avoir de meilleurs rendements. Ensuite, on leur apprend comment commercialiser leurs arachides.

KALUNGWE: Quelle a été la difficulté majeure qu’ont eu les agriculteurs d’ici, dans le cadre de leur entreprise agricole?

M. KASOKOLA: Avant, les agriculteurs ne pouvaient pas faire la différence entre leurs profits et ce qu’ils dépensaient pour la production. Ils se satisfaisaient de l’argent qu’ils recevaient après la vente. Ils appelaient cet argent «profit» sans savoir combien ils avaient dépensé et sans soustraire ce montant de ce qu’ils avaient gagné afin de connaître leur profit réel.

Par exemple, un agriculteur pouvait dépenser 20000 Kwacha (60$ US) pour la production et recevoir à la fin 18000 Kwacha (54$ US) après avoir vendu la récolte. Parce que l’agriculteur(agricultrice) voit qu’il(elle) a fait beaucoup d’argent d’un seul coup, il(elle) pense que c’est un profit, oubliant combien il(elle) a dépensé pour les semences et la construction de billons, ainsi que leur travail physique. Mais maintenant, après avoir calculé les frais de production, les agriculteurs sont capables de déterminer ce qui est un prix profitable pour leur produit.

L’école d’agrobusiness prend environ un an parce qu’il y a beaucoup de choses que nous apprenons aux agriculteurs, par exemple, les plans d’affaires, les aptitudes au marketing, et comment calculer les profits. L’école commence avec l’achat des semences et se termine avec des semences d’arachides, un cycle complet.

ANIMATEUR: Nous avons entendu dire que ces agriculteurs ont vu leur vie transformée par l’approche agrobusiness. Discutons maintenant comment l’école d’agrobusiness est organisée et comment elle opère en tant que groupe d’agriculteurs.

M. CHISALE: Nous avons formé le groupe en 2011, le 7 décembre. Le même jour, nous avons organisé des élections pour les divers postes et nous avons établi des règles et des règlementations pour guider notre fonctionnement.

Nous venons de recevoir nos certificats de la part du RLEEP. Nous avons été formés par notre agent vulgarisateur, avec l’assistance du RLEEP. Ceux d’entre nous qui ont terminé la formation ont ouvert des écoles dans nos zones. Nous venons de différents villages, alors chacun d’entre nous a établi une école dans nos villages, où nous enseignons à nos pairs agriculteurs toutes les choses que nous ont apprises nos conseillers agricoles. Ainsi, les aptitudes atteignent davantage de gens.

KALUNGWE: Madame, avez-vous ce certificat?

MME JUMBE: Oui, j’en ai reçu un.

KALUNGWE: Qu’est-ce que ça vous fait?

MME JUMBE: Je me sens très fière parce qu’avant je ne pensais pas que j’aurais un tel certificat.

KALUNGWE: Je crois savoir que vous enseignez à des agriculteurs comme vous comment faire de l’agrobusiness. Combien de gens avez-vous formés?

MME JUMBE: En ce moment, je suis en train d’en former six. Je leur dis d’acheter des cahiers et de copier les notes que j’ai faites durant ma formation afin de les lire à la maison. Je leur dis de se référer aux notes chaque fois qu’ils veulent travailler dans leur jardin. Je crois tellement en les arachides. Je crois que l’arachide est la meilleure culture parce qu’elle me permet de gagner rapidement de l’argent pour ma famille.

KALUNGWE: En dehors des arachides, quelle autre plante cultivez-vous?

MME JUMBE: Je cultive des haricots et du maïs. Parfois, je cultive du tabac quand le marché est prometteur.

Mais je trouve que les arachides sont plus productives, contrairement au tabac qui est trop exigeant. Il faut avoir des arbres pour le séchage, un cric pour faire des balles, il faut le transporter jusqu’à une chambre de criée, et plein d’autres choses, alors on dépense beaucoup d’argent.

Ce qui est bien avec les arachides, c’est qu’on a pas besoin de beaucoup d’intrants et qu’il y a moins de travail. Après avoir semé, la tâche suivante est le désherbage, puis la récolte, et on amène les arachides à la maison pour attendre que les marchés ouvrent.

KALUNGWE: M. Chisale, avez-vous aussi décidé de vous concentrer sur les arachides?

M. CHISALE: En terme d’entreprise, je pense que les arachides représentent la meilleure culture. Quand on fait un choix de culture, il faut considérer les coûts de production. On peut faire pousser du tabac, du maïs et des pommes de terre, dans le cadre d’une entreprise. Mais de toutes ces cultures, je trouve que les arachides sont les plus productives puisque je dépense moins en intrants mais je fais assez de profit. Donc en terme d’entreprise, je me concentre sur les arachides.

KALUNGWE: M. Chisale, avez-vous obtenu des prêts financiers quelconques?

M. CHISALE: J’ai eu un prêt d’Exagris Africa, principalement pour les semences CG7, et j’ai maintenant réussi à le rembourser en totalité.

KALUNGWE: Quel type de prêt était-ce et combien avez-vous remboursé?

M. CHISALE: Exagris Africa nous a donné 20 kilogrammes de semences d’arachides et nous avons payé un dépôt de 800 Kwacha (2,50$ US). À la fin, nous avons remboursé 36 kilogrammes d’arachides décortiquées.

KALUNGWE: Mme Jumbe, comptez-vous vendre une partie de votre récolte d’arachides?

MME JUMBE: Oui, je veux en vendre la majeure partie.

KALUNGWE: Comment comptez-vous la vendre?

MME JUMBE: On nous a conseillé d’attendre que les prix augmentent. Alors nous n’allons pas la vendre tout de suite, mais plutôt attendre quelques mois, probablement jusqu’en octobre. Nous vendons notre production en tant que groupe, pas en tant qu’individus. Cela nous donne plus de pouvoir de négociation. Nous voulons trouver un bon marché et vendre notre production à un bon prix.

KALUNGWE: M. Chisale, que pouvez-vous dire au sujet des marchés et comment comptez-vous vendre votre production?

M. CHISALE: D’après ce qu’on nous a enseigné, nous calculons d’abord combien nous avons dépensé durant le processus de production. Ainsi, quand un acheteur fait une offre, nous vérifions si nous allons faire suffisamment de profit, avant d’accepter l’offre. Si ce n’est pas le cas, nous ne vendons pas. Si nous pouvons faire un bon profit, nous vendons.

ANIMATEUR: Ici (nom de la station de radio), vous écoutez (titre du programme) avec (nom de l’animateur). Nous venons d’entendre comment des agriculteurs de l’école d’agrobusiness de Mwati, au Malawi, comptaient vendre leur production pour faire un bon profit. C’est une des aptitudes que leur a enseignée leur conseiller agricole local, M. Kasokola. Il explique:

M. KASOKOLA: Notre formation met l’accent sur le fait que les agriculteurs doivent travailler en groupe. Ici, au Malawi, la plupart des agriculteurs n’ont pas assez de capital pour cultiver beaucoup d’arachides. Alors nous encourageons plusieurs agriculteurs à mettre en commun leurs récoltes et à les vendre en tant que groupe afin d’économiser, par exemple, les frais de transport vers le marché.

Quand ils mettent en commun leur production, ils ont un énorme tonnage, ce qui attire les gros acheteurs. Le fait de vendre en tant que groupe améliore leur pouvoir de négociation.

Il y a de nombreux vendeurs allant de village en village pour acheter des produits. Certains d’entre eux trafiquent leurs balances pour tromper les agriculteurs. Si les agriculteurs sont en groupes, ils peuvent contester cela et essayer de trouver un acheteur parfait. Un agriculteur individuel ne peut pas faire cela. C’est pourquoi nous encourageons l’approche consistant à vendre en groupe.

ANIMATEUR: Avant que nous discutions comment la vie de Mme Jumbe et de M. Chisale ont été changées et quels sont leurs plans d’avenir, M. Kasokola parlera des connaissances qu’il partage avec les agriculteurs.

M. KASOKOLA: Premièrement, nous encourageons les agriculteurs à planter de façon précoce de sorte que leurs plants soient adéquatement hydratés et soient capables d’utiliser les nutriments du sol. Deuxièmement, nous leur enseignons qu’il faut éviter la contamination de leurs arachides par l’aflatoxine. Vous savez, l’arachide est une plante comestible. Si les gens mangent des arachides contaminées, cela aura un effet sur leur santé au long terme. C’est pourquoi nous insistons sur le fait que les arachides doivent être exemptes de maladie. Si des arachides ont un haut niveau d’aflatoxine, on ne peut pas les vendre, par exemple, dans les pays européens.

Nous pressons les agriculteurs de suivre de bonnes pratiques agricoles depuis leurs champs jusqu’au lieu de stockage. La contamination à l’aflatoxine peut se produire dans le jardin, alors nous devons prendre grand soin des cultures dans le champ. Nous devons aussi faire particulièrement attention en déterrant les arachides car c’est là une autre étape risquée où la contamination à l’aflatoxine peut se produire.

Quand vous plantez, il faut vous assurer que les billons sont espacés de 75 centimètres. Si vous utilisez un terrain plat, les lignes doivent être à 60 centimètres l’une de l’autre. Il ne devrait y avoir aucun espace entre les plants. Par exemple, si vous plantez de la CG7, l’espace entre les plants devrait être de 15 centimètres. Cette variété a de grosses graines, alors que pour la Kasinjiro, qui a de petites graines, l’espacement devrait être de 10 centimètres. Nous enseignons aux agriculteurs à planter des rangées doubles sur les billons qui soient séparées de 75 centimètres. Cela assure un rendement élevé et une bonne couverture du sol, de sorte qu’il puisse retenir l’humidité.

KALUNGWE: Les agriculteurs font pousser différentes variétés d’arachides. Peuvent-ils mélanger ses différentes variétés sur le même terrain?

M. KASOKOLA: Les agriculteurs ont appris que des variétés d’arachides différentes ne devraient pas être plantées sur une même parcelle, et qu’il faut séparer les différents types au moment de la récolte. Cette séparation est la première étape du classement.

KALUNGWE: Je crois savoir que certains agriculteurs ont aussi appliqué de l’engrais sur leurs arachides. Je ne pensais pas que cela se faisait, habituellement.

M. KASOKOLA: Nous faisons cela dans le cadre d’un essai, dans certaines parties de Mchinji, afin de tester la performance des arachides qui sont cultivées avec de l’engrais chimique. Nous avons observé que les arachides avec engrais avaient des rendements bien plus grands que les arachides sans engrais.

Cette année, une ONG a donné du gypse aux agriculteurs, un engrais en poudre qui ressemble à de la chaux et qu’on utilise comme traitement de couverture. On l’applique sur les plants quand ils commencent tout juste à fleurir. Nous pensons que davantage de gens adopterons cela dans le futur parce que ça s’est avéré efficace.

ANIMATEUR: M. Kasokola a mentionné un essai visant à tester l’utilisation d’engrais avec les arachides. M. Chisale et Mme Jumbe étaient tous les deux impliqués dans cet essai.

M. CHISALE: L’utilisation d’engrais aide les arachides à très bien pousser. Quand nous construisons nos billons, nous faisons une fente dans le milieu de chaque billon, et appliquons de l’engrais D Compound en en saupoudrant sur le dessus du billon fendu. Nous faisons des billons qui mesurent 40 mètres de long, et sur cette longueur nous utilisons un litre d’engrais. Après avoir appliqué l’engrais, nous le couvrons de terre et nous attendons que les pluies viennent.

Après avoir semé avec les premières pluies, nous inspectons le jardin continuellement. Quand nous trouvons que trois plantes sur dix ont commencé à fleurir, nous appliquons le second type d’engrais appelé gypse. Le gypse ressemble à la farine de maïs. Nous l’appliquons sur le sol entourant les plantes, en utilisant la même quantité que pour le D compound (un litre).

ANIMATEUR: Ici (nom de l’animateur) sur (nom de la station de radio), et vous êtes à l’écoute de (titre du programme). Nous avons entendu des explications sur les techniques que les agriculteurs utilisent et l’assistance qu’ils obtiennent de la part des agents de vulgarisation. Nous allons bientôt entendre comment leur vie a été transformée et quels sont leurs plans d’avenir. Mais pour l’instant, nous allons prendre une pause en écoutant ce poème écrit par un des membres du groupe.

WILLARD SIMANI:

Je suis Willard M. Simani. J’ai un poème. Le titre est: Qu’est-ce que vous faites dans votre région?

 

Qu’est-ce que vous faites dans votre région?

Je demande: qu’est-ce que vous faites dans votre région?

Nous voici, étudiant dans une école d’agrobusiness

Nous apprenons à faire de l’agrobusiness

Je demande: qu’est-ce que vous faites dans votre région?

Ici, nous savons désormais ce qu’il faut pour bien pratiquer l’agriculture.

Ah, les vieilles pratiques agricoles? Nous les avons abandonnées depuis longtemps!

Nous sommes dans une ÉAB – une école qui enseigne l’agrobusiness.

L’agriculture que pratiquaient nos aïeux en 1929?

Ah, ici, nous avons abandonné ça depuis longtemps!

Je demande: qu’est-ce que vous faites dans votre région?

Ici, nos vies ont changé, surtout avec la culture d’arachides.

Sur un petit lopin, on en récolte plus!

Nous avons des conseillers travaillant avec nous chaque jour dans notre ÉAB.

Je demande: qu’est-ce que vous faites dans votre région?

Nous nous sommes associés aux agents de vulgarisation du gouvernement et aux conseillers RLEEP pour la production et le marketing d’arachides dans notre ÉAB.

Nous voici unis.

Ah! Un vrai ami est celui qui donne de bons conseils.

ANIMATEUR: C’était là un poème, récité par un de nos jeunes du village de Che-Yadi. Si vous venez de vous joindre à nous, vous êtes sur (nom de la station). Dans ce programme, nous parlons des succès de cultivateurs d’arachides de Mchinji, un district du centre du Malawi. En s’inscrivant dans une école d’agrobusiness, Mme Jumbe et M. Chisale ont non seulement changé leur vie sur le plan social, mais aussi leurs pratiques agricoles.

MME JUMBE: Oui, ma pratique agricole a changé. Tout d’abord, je divise mon champ en différentes sections pour pouvoir cultiver différentes plantes sur chaque parcelle. Ensuite, j’ai appris des trucs pour récolter beaucoup sur un petit terrain. Auparavant, nous faisions des billons, que nous espérions faire un profit ou non. Cela a changé, maintenant.

KALUNGWE: Quelle quantité d’arachides avez-vous récoltée cette année?

MME JUMBE: Sur les 84 billons-tests que j’ai ensemencés pour mon entreprise agricole, j’ai récolté un char à bœufs et demi (Note de l’éditeur: un char à bœufs équivaut à environ une demi-tonne d’arachides). C’est juste la parcelle expérimentale. Au total, j’ai récolté cinq chars à bœufs et demi.

KALUNGWE: M. Chisale?

M. CHISALE: Pour l’essai au cours duquel nous avons essayé l’engrais, j’étais parmi ceux qui ont utilisé l’engrais et mes plantes ont bien donné. J’ai récolté 67 seaux (Note de l’éditeur: Normalement, il s’agit de seaux de 20 litres qui pèsent 16 kilos.)

KALUNGWE: M. Kasokola, en tant que coordinateur adjoint pour le développement de la vulgarisation agricole, quels changements avez-vous observés chez les agriculteurs depuis qu’ils ont commencé à pratiquer l’agriculture dans une optique d’entreprise?

M. KASOKOLA: Avant que nous ne commencions à enseigner l’agrobusiness aux agriculteurs, ils ne savaient pas faire un plan d’affaires. Le plan d’affaires les aide à comprendre ce qu’ils ont dépensé et à quel prix vendre leurs produits pour faire un profit.

Les agriculteurs sont maintenant bien organisés. Par exemple, ils ont construit ce bâtiment dans lequel nous sommes présentement, avec une partie de leurs profits, afin d’avoir un lieu de réunion digne de ce nom.

ANIMATEUR: Les agriculteurs ont commencé à voir les bénéfices de leurs activités agricoles il y a deux ans, quand ils sont commencé à faire de l’agrobusiness. Alors, dans quelle mesure vos vies ont-elles changé?

MME JUMBE: Ma vie de famille a considérablement changé depuis que j’ai commencé à cultiver des arachides dans une optique d’entreprise. Maintenant, j’ai les moyens de m’acheter des articles ménagers tels que du savon, et je suis aussi capable d’acheter de l’engrais pour d’autres cultures, et aussi de payer les frais scolaires pour mes enfants.

KALUNGWE: Avez-vous eu des problèmes avant de commencer la production d’arachides dans une optique d’entreprise?

MME JUMBE: Tout à fait, j’ai eu des problèmes divers parce que je comptais sur mon mari pour répondre aux besoins du ménage. Mais depuis que j’ai commencé à cultiver des arachides dans une optique d’entreprise, je comble tous les besoins du ménage grâce à l’argent que je gagne.

KALUNGWE: Pouvez-vous nous dire combien vous gagnez par saison, grâce à la production d’arachides?

MME JUMBE: Je gagne beaucoup d’argent, parfois plus de 100000 Kwacha (environ 300$ US). J’utilise une partie de cet argent pour acheter de l’engrais et le reste pour les frais scolaires de mes enfants et les besoins du ménage. Cette année, je m’attends à gagner plus que par le passé parce que Dieu m’a bénie et m’a accordé une grosse récolte. Je m’attends à gagner le double de mes revenus ou plus.

KALUNGWE: M. Chisale, votre vie a-t-elle changé depuis que vous cultivez l’arachide?

M. CHISALE: D’abord, laissez-moi dire qu’avant j’avais un emploi. Mais j’ai arrêté peu après pour me concentrer sur l’agriculture. Contrairement à ce travail, l’agriculture a aidé à transformer ma vie. Quand je travaillais, mon salaire durait difficilement tout le mois. Parfois, mes enfants se faisaient renvoyer de l’école suite à des retards de paiement des frais de scolarité. Mais maintenant, j’envoie mes enfants à l’école sans problème. Un de mes enfants vient de finir le niveau form 4 et je compte l’envoyer au collège. Je ne suis pas inquiet car je sais que je pourrai payer pour n’importe quel cours qu’il veut suivre. Je n’ai pas non plus de problème pour me procurer les articles ménagers dont j’ai besoin.

ANIMATEUR: Suite au succès qu’ils ont connu ces deux dernières années, Mme Jumbe et M. Chisale ont des grands projets d’avenir.

M. CHISALE: Mon projet majeur pour l’avenir est l’éducation de mes enfants, alors je vais augmenter la surface de ma production d’arachides. Je vais planter assez de graines pour 10 acres cette année, mais selon l’expertise développée auprès du RLEEP, cela signifie que j’aurai seulement besoin d’un jardin de cinq acres. Souvenez-vous que nous plantons deux rangées sur un même billon.

Après l’éducation de mes enfants, j’aimerais bâtir une meilleure maison avec un toit en tôles ondulées pour profiter de la vie à mon tour.

KALUNGWE: Mme Jumbe, quels sont vos projets d’avenir?

MME JUMBE: J’aimerais cultiver sept ou huit acres d’arachides cette année. Je vois un brillant avenir si je continue à suivre les conseils qu’on m’a donnés. En ce moment, ma maison n’a pas de sol en ciment. Mais l’année prochaine, je sais que j’aurai un sol en ciment dans ma maison et je changerai le toit de chaume en un toit de tôles.

KALUNGWE: Y a-t-il quoi que ce soit que vous aimeriez ajouter?

M. CHISALE: J’aimerais encourager mes collègues agriculteurs à prendre la culture d’arachides au sérieux parce qu’elle est très enrichissante. S’ils veulent recevoir un maximum de profits, ils devraient avoir un plan d’affaires bien précis. Le plan est un guide pour savoir quoi faire au bon moment, par exemple, quand appliquer de l’engrais ou récolter vos arachides.

Les agriculteurs devraient se considérer comme des gens d’affaires. Ce ne sont pas que les propriétaires de boutiques qui font des affaires. Même nous, agriculteurs, sommes des gens d’affaires. Nous ne devrions pas nous sous-estimer.

ANIMATEUR: C’était la voix de M. Ignansio Chisale, directeur de l’école d’agrobusiness de Mwati, dans le District de Mchinji, dans le centre du Malawi. Il était accompagné de Mme Austokia Jumbe, un membre de cette école. Ce sont deux des agriculteurs dont la vie a été transformée grâce à l’agrobusiness.

Nous avons appris qu’en suivant des pratiques agricoles appropriées, les agriculteurs peuvent voir leur vie transformée. Par exemple, les agriculteurs doivent avoir un plan d’affaires pour les guider dans le processus de production, de sorte qu’ils puissent faire la différence entre profits et dépenses.

C’est ici que nous mettrons fin au programme d’aujourd’hui.

Si vous avez des questions ou des commentaires au sujet du RLEEP relatif aux arachides au Malawi, contactez:

The National Program Director (Dickson Ngwende)
Rural Livelihoods Economic Enhancement Programme
P.O BOX 30312, Lilongwe, 3, Malawi
Téléphone: + 888 216 000
E-mail: dngwende@rleep.org

Vous étiez en compagnie de (nom de l’animateur).

Acknowledgements

Rédigé par: George Kalungwe, Sous-éditeur en chef/Producteur, Station Zodiak Broadcasting, Malawi, un partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales.

Révisé par: Dr Justus Chintu, Scientifique chercheur (reproduction des arachides), Département des Services de Recherche Agricole, et Dr Philip Kamwendo, Consultant et Coordinateur de projet, Consultant IFAD – SPIP, S/C Rural Livelihoods and Economic Enhancement Programme (RLEEP).

Information sources

Interviews avec:

Ignansio Chisale et Austokia Jumbe – 6 juillet 2013

Coordinateur adjoint pour le développement de la vulgarisation agricole, zone de planification de la vulgarisation agricole, Zone de vulgarisation agricole de Chiosya, Mchinji, Malawi – 6 juillet 2013