Équilibre entre inquiétude et espoir : Des agriculteurs éthiopiens parlent de l’impact du changement climatique

Environnement

Notes au radiodiffuseur

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Partout en Afrique, les agriculteurs font face à une météo imprévisible causée par le changement climatique. Parfois, la saison des pluies commence en retard, parfois elle se termine tôt. Quelquefois, les pluies sont tardives et fortes, ce qui provoque des inondations.  Parfois, les pluies ne viennent pas du tout, ce qui entraîne des conditions de sécheresse. Avec ces changements climatiques, il est difficile pour les agriculteurs de planifier quelles cultures produire, quand préparer la terre, à quel moment procéder à la plantation et comment planifier les autres tâches agricoles.

 

Suite au changement climatique, les agriculteurs essaient plusieurs choses. Ils produisent de nouvelles cultures, ils mettent à l’essai des variétés résistantes à la sécheresse et ils modifient d’autres pratiques agricoles.

 

En Éthiopie, environ 45 % de l’économie reposent sur la production agricole. L’économie et les moyens de subsistance de bien des gens dépendent de la météo, en particulier de la pluie. Les conditions climatiques varient dans plusieurs endroits du pays, plus particulièrement entre les hautes terres et les basses terres. Le temps est relativement frais dans les hautes terres éthiopiennes et il y pleut beaucoup, ce qui est bon pour l’agriculture. Il y a deux saisons dans la région des hautes terres de l’Éthiopie. La saison sèche va d’octobre à mai et la saison des pluies de juin à septembre. Le temps dans les basses terres est bien plus chaud et sec. Les pratiques agricoles varient à travers le pays pour s’adapter aux différentes conditions météorologiques.

 

Le présent texte met en vedette les voix d’agriculteurs éthiopiens des hautes terres qui parlent de la façon dont ils vivent le changement climatique. Ils parlent des problèmes associés au changement climatique et des pratiques qu’ils utilisent pour s’adapter à la situation.

 

Les changements dans la configuration des pluies et les températures plus chaudes sont les principales préoccupations des agriculteurs éthiopiens des hautes terres. Non seulement il est difficile de décider quoi cultiver, mais les rendements ont diminué. Le changement climatique interagit avec d’autres pressions exercées sur les terres, comme le déboisement et la dégradation de l’environnement, pour réduire la capacité des agriculteurs à composer avec ces éléments. Les agents de vulgarisation et les programmes gouvernementaux préconisent des pratiques comme l’utilisation d’intrants, la plantation d’arbres, l’utilisation de cultures résistantes à la sécheresse, de cultures à maturation précoce, la diversification par d’autres activités (par exemple, l’élevage de bœufs et de poulets) pour aider les agriculteurs à s’adapter au changement climatique. Les agriculteurs adoptent ces pratiques et commencent à en voir les résultats.

Le présent texte présente ces pratiques, mais ne les explique pas en détail. Vous pourriez adapter cette émission pour y inclure des détails sur la façon dont les agriculteurs pourraient adopter une ou deux de ces pratiques dans votre région, par exemple élever des poulets, faire pousser des cultures vivrières résistantes à la sécheresse ou planter des arbres. Veuillez vous assurer de ne pas essayer d’inclure trop de renseignements, ce qui empêcherait vos auditeurs de tout retenir. Vous pourriez aussi faire suivre cette émission d’une tribune téléphonique avec un expert qui peut parler plus en détails de l’adoption de ces pratiques. Les agriculteurs de votre région sont‑ils touchés par les changements climatiques? Parlez‑leur et réalisez une émission sur ce thème.

Invitez les auditeurs à participer à la tribune téléphonique et à envoyer des messages textes à ce sujet, de même qu’à partager leurs propres expériences en rapport avec le changement climatique et ce qu’ils font pour s’y adapter. Voici quelques questions que vous pourriez leur poser :

Comment la météo a‑t‑elle changé au cours des dernières années ou de la dernière décennie?

Quel impact cela a‑t‑il eu sur votre exploitation agricole?

Qu’est-ce qui est le plus difficile par rapport au changement climatique?

Quelles mesures prenez‑vous pour vous adapter au changement climatique?

Avez‑vous connu des succès suite à cette adaptation?

Le présent texte repose sur des entrevues réelles. Vous pourriez vous en inspirer pour réaliser une émission sur les agriculteurs dans votre région et sur la façon dont ils sont touchés par le changement climatique. Ou encore vous pourriez choisir de produire ce texte dans le cadre de votre émission agricole régulière, en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer de prévenir votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et non pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

Durée moyenne de cet élément : 13-14 minutes sans la musique d’introduction et de conclusion.

Cette émission pourrait être diffusée à n’importe quel moment de l’année, mais il vaudrait peut‑être mieux la diffuser lorsque les agriculteurs choisissent les cultures qu’ils produiront, les pratiques liées à la  préparation de la terre et les autres pratiques qu’ils suivront lors de la prochaine saison de croissance.

Texte

Montée de l’indicatif musical puis fondu enchaîné

ANIMATEUR : Le changement climatique modifie les conditions météorologiques dans le monde entier. Le nombre de journées chaudes augmente et les fortes pluies deviennent plus fréquentes qu’au cours des dernières décennies. En Éthiopie et ailleurs en Afrique, les agriculteurs éprouvent des difficultés. Aujourd’hui, vous entendrez des agriculteurs qui sont en première ligne du changement climatique. Ces personnes vous raconteront les difficultés auxquelles elles font face et ce qu’elles font pour tenter de s’adapter. Restezàl’écoute.

Montée de l’indicatif musical puis fondu enchaîné

L’Éthiopie est composée d’un plateau central appelé les hautes terres éthiopiennes et de basses terres qui entourent le plateau. Les régions de hautes terres jouissent d’un climat relativement frais, tandis que les basses terres sont beaucoup plus chaudes et plus sèches. La météo dans les hautes terres éthiopiennes est cependant en train de changer. Les agriculteurs ont des problèmes avec ces changements, en plus des autres pressions exercées sur les terres montagneuses. Aujourd’hui, nous parlerons à des agriculteurs des hautes terres au sujet de ce qu’ils font pour s’adapter au changement climatique.

 

Montée de l’indicatif musical puis fondu enchaîné

ANIMATEUR : Il y a quelque mois, j’ai fait une promenade de deux heures en voiture d’Addis-Abeba au mont Mogle, dans la partie ouest de l’Éthiopie, un voyage d’environ 60 kilomètres. Voici un enregistrement de mon voyage ayant pour but de rencontrer des agriculteurs qui sont en première ligne du changement climatique.

 

SFX : Bruits de vent, d’animaux domestiques (bœufs, âne, bétail) et d’oiseaux sous les conversations

 

ANIMATEUR : Ces jours‑ci, la région entourant le mont Mogle semble s’être dégradée. Les montagnes et toute la région étaient auparavant couvertes d’arbres et abritaient beaucoup d’animaux, mais les montagnes sont maintenant très érodées et déboisées. En outre, les conditions climatiques changent d’un climat de hautes terres à un climat de basses terres.

 

Je commence à marcher avant que le soleil n’atteigne son zénith. Les agriculteurs que je rencontre sur ma route sont occupés à labourer en groupes. Certains interprètent des chansons du pays, encourageant les autres agriculteurs à ne pas se fatiguer. Ils commenceront la plantation au cours des deux prochaines semaines. Après une longue marche, je rencontre un agriculteur de la place qui s’appelle Ayano Megersa.

 

ANIMATEUR : Ayano Megersa était en train de labourer la terre pour cultiver du blé, la prochaine culture de sa rotation, et pour éliminer les mauvaises herbes. Il a l’air fatigué, mais il nous accueille et confie ses bœufs à son fils Tulu. Nous nous asseyons à l’ombre d’un arbre et il nous parle de ses activités avant la plantation.

AYANO : Nous ne disposons pas de beaucoup de temps avant la saison des pluies. Nous devons travailler dur avant que la pluie ne commence.

 

ANIMATEUR : Depuis combien de temps êtes‑vous dans ce district?

 

AYANO : Je suis né ici il y a 45 ans et j’y ai grandi. Ma famille est tributaire de l’agriculture pour notre subsistance.

 

ANIMATEUR : À quel moment commence la saison des pluies dans cette région?

 

AYANO : Les grandes pluies commencent en juin, mais cela varie. Ces dernières années, la pluie peut commencer tard et cesser tôt. Les agents de vulgarisation nous ont informés que le changement climatique rend les pluies plus imprévisibles.

 

ANIMATEUR : Ce changement a‑t‑il un impact sur votre exploitation agricole?

 

AYANO : Oh, sans aucun doute. Il devient pénible de composer avec les conditions météorologiques difficiles à cause du déboisement de nos forêts et de la dégradation de nos ressources naturelles. La fertilité de notre sol a diminué. Nous devons appliquer desintrants et utiliser des semences améliorées pour obtenir desrendements élevés. Il y a également une pénurie d’eau qui est causée, je crois, par le changement climatique.

 

ANIMATEUR : L’agriculteur paraît inquiet en parlant de l’impact des changements météorologiques. Vos rendements sont‑ils satisfaisants maintenant?

 

AYANO : Oui, les agents de vulgarisation nous ont avisés de protéger notre terre avec des cultures en terrasses. Par ailleurs, ils offrent des semences résistantes à la sécheresse. Maintenant, nous allons bien, mais nous ne pouvons pas prédire le temps qu’il fera demain ou l’an prochain parce que le climat change sans cesse.

 

Bruits de bœufs

 

ANIMATEUR : Quel est l’impact majeur du changement climatique pour les agriculteurs?

 

AYANO : Les saisons des pluies sont imprévisibles. Parfois, les pluies cessent ou il ne pleut pas pendant la saison belg (Note dela rédaction: la courte saison des pluies de mars à mai). Ces jours‑ci, la météo constitue notre principal problème. Pendant la saison sèche, notre bétail ne peut pas trouver assez d’herbe pour paître et nous sommes donc forcés de le vendre.

Transition de scène

 

ANIMATEUR : Mon deuxième arrêt est la maison de Gete Tolosa. L’intérieur de la maison est typique des agriculteurs éthiopiens. Il y a beaucoup d’objets traditionnels sur les murs. Nous nous asseyons sur un siège de boue, nous prenons le déjeuner et nous participons à la cérémonie traditionnelle du café. Des objets magnifiques ornent les murs: des habits, des outils agricoles, des décorations et d’autres choses du même genre. Je lui demande quel est l’effet du changement climatique sur ses activités agricoles.

 

GETE : Je ne sais pas quel serait notre sort si le gouvernement n’avait pas proposé ces pratiques agricoles améliorées.

 

ANIMATEUR : Quelles pratiques?

 

GETE : Des pratiques comme les semences améliorées, résistantes à la sécheresse et aux parasites. En outre, ces jours‑ci, nous plantons des arbres sur les terres dégradées.

 

ANIMATEUR : Elle s’inquiète des conditions météorologiques de plus en plus difficiles. Il est visiblement pénible pour elle d’en parler. Je lui demande si son rendement est satisfaisant maintenant.

 

GETE : Oui, notre rendement est meilleur qu’avec nos semences locales. Le problème auquel nous faisons face maintenant est la variation occasionnelle des pluies. Il peut y avoir de fortes pluies et des inondations. Les pluies peuvent également cesser tôt.

 

ANIMATEUR : À quoi ressemble la saison des pluies en comparaison avec le passé?

 

GETE : La saison des pluies raccourcit. Il pleuvait abondamment il y a dix ou quinze ans, mais les choses évoluent de jour en jour. Notre blé a besoin d’une saison des pluies d’au moins trois mois, ce qui est également crucial pour notre bétail.

 

ANIMATEUR : Que faites‑vous pour releverce défi?

 

GETE : Aucours desdernièresannées, les agents de vulgarisation nous ont conseillé d’utiliser des moyens de protection naturels. Nous utilisons maintenant des cultures en terrasses pour prévenir l’érosion de notre terre agricole. Nous cultivons aussi des légumes qui mûrissentrapidement et qui n’ont pas besoin de beaucoup d’humidité.

 

Transition musicale puis fondu enchaîné

 

ANIMATEUR : Le changement climatique est un rudeproblème pour les agriculteurs éthiopiens. Laissez‑moi vous présenter le prochain agriculteur. Bayu Daba a 72 ans et a vécu ici toute sa vie. Il est donc bien placé pour comparer la météo actuelle avec celle des dernières décennies. Il cultive du blé et élève du bétail.

 

Bayu Daba se tient debout au centre de sa terre agricole. Son épouse Birke est tout près et elle récolte des légumes tels que des choux et des pommes de terre. Ils ont creusé un petit puits traditionnel: un simple trou dans le sol pour puiser l’eau pour leurs légumes et leurs besoins domestiques. Je me présente et nous commençons à discuter. Il porte un vieux chapeau et a l’air fatigué.

 

Bruits d’oiseaux

 

BAYU : Cette saison est très occupée pour nous. Comme vous le voyez, nous procédons aux activités avant et pendant la plantation. Les pluies semblent suffisantes pour le moment, mais nous ne pouvons pas prédire la météo du mois prochain car elle varie beaucoup. Nous préparons notre terre et nous nous servirons d’intrants.

 

ANIMATEUR : Nous sommes à l’ombre d’un arbre. Cet agriculteur est assis et ne sourit pas. Il paraît inquiet et sa voix était basse pendant qu’il parlait du changement climatique.

 

BAYU : L’agriculture devient plus difficile chaque année. Il y a des décennies, nous n’utilisions pas d’intrants, ni de semences améliorées. À cette époque, le climat était un climat prévisible de hautes terres. Nos variétés locales nous donnaient donc un haut rendement de qualité.

 

Mais, avec le changement climatique, il est crucial de suivre des pratiques agricoles améliorées pour assurer la subsistance de notre exploitation agricole. Notre variété locale n’est pas résistante à la sécheresse comme le sont les semences améliorées. Notre mode de vie est aussi en évolution, tout comme le climat. Si nous utilisons la technologie améliorée, cela pourrait doubler notre rendement actuel.

 

ANIMATEUR : Je me rends compte que l’agriculteur s’attend à des réponses de ma part. Il tient pour acquis que je suis un expert en la matière. Je lui demande quel est l’impact direct du changement climatique sur sa vie.

 

BAYU : Les changements ont été étonnants. La fertilité de notre terre diminue sans cesse. La météo se réchauffe. Je crois que c’est le résultat du changement climatique. N’ai‑je pas raison? Je ne peux pas prédire quelle sera la météo demain, ni même cet après‑midi. Dans le passé, nous étions en mesure de planifier et de prédire la météo de façon saisonnière. Mais maintenant, nous n’avons qu’à suivre les conseils de l’agent de vulgarisation.

 

Notre agriculture dépend de la pluie et des autres conditions naturelles. C’est une approche fondée surla nature et qui ne dépend pas de l’irrigation. Le changement climatique modifie la nature de notre région et nos vies également.

 

ANIMATEUR : Comment change‑t‑il vos vies?

 

BAYU : Notre terre agricole était bien différente. Il y a vingt ou trente ans, le territoire agricole de notre village était vaste et la population de notre région était très modeste. Il était facile de voir des animaux sauvages près de notre village. La météo était celle des hautes terres. Le climat a complètement changé. Notre région de hautes terres ressemble maintenant aux régions de basses terres. Nos pratiques agricoles doivent donc changer en conséquence. Cet endroit convenait pour plusieurs cultures.

 

ANIMATEUR : Vous avez mentionné le contexte et les défis. Quelles sont les solutions pour relever ces défis?

 

BAYU : Le gouvernement offre dorénavant des semences améliorées résistantes à la sécheresse et aux parasites. On nous encourage à utiliser des semences améliorées et à lutter contre les parasites. Nous construisons tous des terrasses et nous plantons tous des arbres. Nos pratiques de reboisement nous encouragent vraiment à protéger la nature de notre village. Nous trouvons de l’eau de source dans ces régions reboisées et réhabilitées.

 

Montée de bruits d’oiseaux puis fondu enchaîné

 

ANIMATEUR : Nous entendrons maintenant l’épouse de Bayu, Birke, qui a 47 ans. Quelle est, selon vous, la raison de cette météo imprévisible?

 

BIRKE : La saison des pluies est imprévisible ou tardive. Cela a affecté directement notre production de blé. En plus, nous n’avons pas eu assez d’herbe ni d’aliments pour notre bétail, alors les experts nous ont conseillé de réduire au minimum le nombre de bêtes. Nous ne permettons plus à notre bétail de paître. À la place, nous engraissons des bœufs et nous les nourrissons avec des sous-produits d’usines agroalimentaires et de l’herbe récoltée dans notre petit champ.

 

ANIMATEUR : Qu’est‑ce que vous faites d’autre pour relever ce défi?

 

BIRKE : Le gouvernement nous encourage maintenant à utiliser des variétés de semences améliorées à haut rendement qui sont résistantes à la sécheresse et aux parasites. Notre production a doublé au cours des dernières années, en comparaison avec la variété locale.

 

Transition de scène

 

ANIMATEUR : Je suis maintenant dans la cuisine de Yeshi Begna. Elle fait cuire du pain pour ses enfants. La cuisine est très enfumée. Les trois enfants entourent leur mère pour obtenir du pain. Elle m’assure que ça ne prendra que quelques minutes à cuire.

 

Après 15 minutes, je sens l’odeur du pain frais. Les enfants demandent du pain et elle essaie de le refroidir. En premier lieu, elle le coupe en morceaux pour ses enfants. Ouah, il a bon goût! Je lui demande si elle cultive du blé uniquement pour son autoconsommation.

 

YESHI : Il y a longtemps, nous cultivions notre variété locale seulement pour notre autoconsommation. Maintenant, les choses changent. Nous avons besoin de semences améliorées pour gagner de l’argent afin d’acheter des choses aux enfants. Ces semences améliorées sont très importantes pour obtenir un rendement élevé. Si nous avons un excédent de production, nous le vendons au marché.

 

ANIMATEUR : Est‑ce que ce pain est fait de la variété améliorée?

 

YESHI : Non, celui‑ci est de notre variété locale. Elle ne requiert pas d’intrants comme l’urée ou le phosphate diammonique DAP (Note dela rédaction: l’urée et le DAP sont utilisés comme engrais).

 

ANIMATEUR : Pourquoi utilisez‑vous cette variété locale pour faire du pain?

 

YESHI : La variété améliorée est réservée principalement pour le marché et pour la prochaine saison. En passant, la nouvelle variété remplacera bientôt celle‑ci.

 

ANIMATEUR : Pendant que nous parlons, Yeshi continue de faire cuire du pain. Le bois fume et la fumée perturbe parfois notre entrevue.

 

ANIMATEUR : Combien de fois par semaine faites‑vous cuire du pain?

 

YESHI : Cela dépend… Normalement, je fais du pain deux fois par semaine. Mon mari apporte le blé au marché afin de gagner de l’argent pour acheter les biens dont notre famille a besoin, comme les vêtements notamment.

 

ANIMATEUR : Que pensez‑vous du changement climatique? A‑t‑il un impact sur votre vie?

 

YESHI : Nous faisons face à plusieurs défis en lien avec le changement climatique. Il y a une pénurie d’eau pour notre bétail et aussi pour nous. C’est là l’impact du changement climatique, telquejelecomprends. Les deux saisons des pluies deviennent imprévisibles. Il y a trois ans, il n’y a absolument pas eu de pluie pendant la saison belg.

 

ANIMATEUR : Je me tiens entre les fils de Yeshi. Ils s’appellent Deyasa et Meti. Les deux enfants tiennent du pain dans leurs mains. Deyasa a neuf ans. Pendant qu’il attend que sa mère lui donne un autre morceau de pain, je lui demande où sa mère a trouvé ce pain.

 

DEYASA : Nous avons beaucoup de blé et de farine dans notre entrepôt. Notre père l’a apporté après l’avoir cultivé.

 

Bruits d’oiseaux pendant quelques secondes, puis fondu enchaîné sous la conversation

 

ANIMATEUR : J’ai aussi rencontré une agente de vulgarisation du même district. Megersa Irena a travaillé comme agronome au cours des quatre dernières années.

 

ANIMATEUR : Quel est l’impact du changement climatique dans cette région?

 

MEGERSA : Le changement climatique a un impact direct sur les activités agricoles. Les conditions météorologiques deviennent plus chaudes et plus difficiles. Le changement climatique modifie la vie de la plupart des agriculteurs. Il a un impact négatif sur les cultures agricoles et sur l’élevage du bétail.

 

ANIMATEUR : Qu’entendez‑vous lorsque vous dites que cela modifie la vie des agriculteurs?

 

MEGERSA : Dans cette région, l’agriculture était totalement tributaire de la pluie. Les agriculteurs dépendaient donc principalement de la production de cultures. Maintenant, leurs vies changent cependant à cause du changement climatique. Ils ne sont pas en mesure de ne produire que des cultures. La nature les a forcés à envisager d’autres débouchés, comme l’engraissement de bœufs et l’élevagede poulets, s’ils veulent avoir un approvisionnement sûr ennourriture.

 

ANIMATEUR : Quel est le résultat de ces nouvelles pratiques?

 

MEGERSA : Oh! C’est très prometteur et utile de faire la transition vers de telles pratiques. Avant, ils étaient entièrement dépendants des pluies. Lorsque les pluies étaient imprévisibles, ils avaient des problèmes. Ils n’avaient aucun autre moyen de gagner leur vie.

 

ANIMATEUR : Quelles sortes de mesures prenez‑vous en ce moment pour faire face au changement climatique?

 

MEGERSA : Le gouvernement a une vaste stratégie ayant pour devise: «Instaurer un développement vert qui s’adapte au changement climatique». Les cultures en terrasses et le reboisement font partie de cette stratégie. Les agents de vulgarisation du district conseillent donc à tous les agriculteurs de pratiquer les cultures en terrasses et le reboisement. Nous avons vu des résultats encourageants dans quelques districts. Le principal résultat est que certaines régions dégradées sont en voie de rétablissement. J’espère que cette pratique contribuera au reboisement de cette région.

 

Montée de l’indicatif musical puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

 

ANIMATEUR : Les conditions météorologiques changeantes ont plusieurs sortes d’impacts sur les agriculteurs. Comme vous pouvez le voir, les agriculteurs sont inquiets.

 

Les changements dans la configuration des pluies et les températures plus chaudes sont les principales préoccupations des agriculteurs éthiopiens des hautes terres. Non seulement il est difficile de décider quoi cultiver, mais les rendements ont diminué. Le changement climatique interagit avec d’autres pressions exercées sur les terres, comme le déboisement et la dégradation de l’environnement, pour réduire la capacité des agriculteurs à composer avec ces éléments. Les agents de vulgarisation et les programmes gouvernementaux préconisent des pratiques comme l’utilisation d’intrants, la plantation d’arbres, l’utilisation de cultures résistantes à la sécheresse, de cultures à maturation rapide et la diversification vers d’autres activités (par exemple, l’élevage de bœufs et de poulets) pour aider les agriculteurs à s’adapter au changement climatique. Les agriculteurs adoptent ces pratiques et commencent à voir des résultats.

Les agriculteurs prennent les mesures qu’ils peuvent, avec l’aide du gouvernement. Nous savons que, pour s’attaquer à ces impacts négatifs, tout le monde doit travailler ensemble. Au micro ­­­­___________, qui vous dit au revoir et à la prochaine.

 

Montée de l’indicatif musical puis fondu enchaîné

Acknowledgements

Rédaction : Haileamlak Kassaye, journaliste, Addis-Abeba, Éthiopie.

Révision : Jimena Eyzaguirre, spécialiste principale du changement climatique, ESSA Technologies Inc., Canada.

Traduction : Société Ardenn, Ottawa, Canada.

Information sources

Interviews avec :

Ayano Megersa, agriculteur, 26 avril 2013

Gete Tolosa, agricultrice, 26 avril 2013

Bayu Daba, agriculteur, 27 avril 2013

Birke Woqo, agricultrice, 27 avril 2013

Kebede Jiru, ancien, 29 avril 2013

Megersa Irena, agronome, 8 mai 2013

Yeshi Begna, agricultrice et son fils Deyasa Jiru, 26 mai 2013

Melka Kore, agriculteur, 27 mai 2013