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Dans plusieurs régions d’Afrique, le manioc est l’un des plus importants produits agricoles de base. Toutefois, en Zambie, on le cultive surtout dans les provinces du Luapula et du Nord, alors que le maïs est très prisé dans la plupart des autres régions.
Le manioc offre plusieurs avantages par rapport au maïs. D’abord, il est très facile à cultiver et il exige très peu d’efforts. Le manioc pousse bien sur différents types de sols et supporte même de faibles précipitations. Les agricultrices et les agriculteurs n’ont aucun problème pour entreposer le manioc, car c’est un tubercule qu’on peut laisser enfoui longtemps dans le champ et récolter seulement une quantité suffisante pour ses besoins immédiats.
Pendant plusieurs années, l’État zambien a encouragé la culture du manioc dans des régions où ce n’était pas un aliment de base. Toutefois, l’adoption de cette culture s’est faite lentement. De nombreuses études démontrent que les populations refusent d’adopter le manioc parce qu’elles disposent de peu d’informations sur les façons dont on peut le cuisiner et le consommer. Ainsi, dans les régions où le manioc n’est pas cultivé, l’accent est mis sur l’initiation des agricultrices et des agriculteurs à la préparation du manioc pour qu’ils puissent le consommer lorsque surviennent des pénuries de vivres.
Ce texte radiophonique cible un auditoire rural particulier de l’est de la Zambie qui a toujours sous-estimé le manioc. Mais, vous pouvez facilement l’adapter de sorte qu’il soit pertinent pour la situation qui prévaut dans d’autres pays africains.
Vous pourriez présenter ce texte radiophonique dans le cadre de votre émission agricole courante, en utilisant des voix d’actrices et d’acteurs pour représenter les oratrices et les orateurs. Si tel est le cas, assurez-vous de préciser à votre auditoire au début de l’émission que les voix sont celles d’actrices et d’acteurs et non celles des personnes avec lesquelles les entrevues originales ont été réalisées.
Vous pourriez vous servir de ce texte radiophonique comme document de recherche ou vous en inspirez pour créer des émissions sur le manioc dans votre pays.
Discutez avec les agricultrices et les agriculteurs qui cultivent du manioc et celles et ceux qui ont choisi de ne pas en cultiver. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :
De quelles façons particulières les familles préparent-elles le manioc dans votre région? Comment les hommes aiment-ils qu’il soit apprêté? Comment les femmes aiment-elles qu’il soit apprêté? Sous quelles formes les enfants aiment-ils le manger?
Quelles sont les barrières ou les objections à la culture du manioc? Avez-vous trouvé le moyen d’éliminer ces barrières ou ces objections?
Durée estimée pour ce texte : 25 minutes avec la musique de début et de fin
Script
Je m’appelle Filius Chalo Jere et, aujourd’hui, je vous propose un sujet intéressant qui porte sur la façon dont le manioc peut être un aliment important pour votre famille. Bien évidemment, je sais que plusieurs personnes parmi les Ngoni de l’est de la Zambie n’ont pas la certitude que le manioc peut être un aliment de base. Au contraire, elles le considèrent comme l’aliment des Bemba qui vivent dans les provinces de Luapula et du nord.
Mais avez-vous remarqué que le climat est en train de changer et que notre production de maïs est menacée à cause des faibles rendements? Plusieurs d’entre nous sont confrontés à des pénuries de vivres à partir du mois d’octobre ou de novembre, lorsque nos greniers sont presque vides voire entièrement vides, jusqu’au mois de mars ou d’avril, lorsque nous récoltons notre variété de maïs hâtif.
Toutefois, nos cousins de longue date, les Bemba, ne sont jamais à court d’aliments de base, quelle que soit la période de l’année. Restez avec moi et ensemble nous apprendrons à utiliser davantage le manioc dans le régime alimentaire de notre famille.
PAUSE MUSICALE (chant provenant du village)Vous avez dû remarquer que le ministère de l’Agriculture de la Zambie ne se limite plus seulement à encourager les agricultrices et les agriculteurs à cultiver du manioc, mais qu’il leur montre également comment ils peuvent préparer et consommer ce produit agricole chez eux. J’étais curieux de savoir comment les agricultrices et les agriculteurs avaient accueilli ces informations, aussi me suis-je rendu en bicyclette au bureau du district où j’ai rencontré un agent du service de vulgarisation agricole.
Veuillez-vous présenter aux agricultrices et aux agriculteurs qui nous écoutent.
Si vous êtes un saint Thomas qui a besoin de voir de ses propres yeux et entendre de ses oreilles, j’ai une moto dehors. Allons au village de Kagunda qui n’est pas loin. Ce que vous y verrez et entendrez est la même chose que vous pouvez voir et entendre dans plusieurs autres villages.
Au début, j’avais l’impression d’avoir la tête dans une marmite en terre avec le casque de protection, et je ne savais pas comment nouer les lanières autour du cou. De plus, j’ai vingt ans ou plus que cette jeune Bemba imprudente. Ainsi, je ne savais pas où mettre les mains jusqu’à ce qu’elle me le montre.
Nous avons maintenant quitté la bonne route et sommes sur une route poussiéreuse. Ce n’est pas trop difficile et Nancy évite soigneusement les mauvaises portions. Je suis convaincu de ne pas tomber pas et peux me permettre de regarder autour de moi.
Nous venons juste de franchir une rivière et traversons à vive allure de petites propriétés. Nous sommes en mi-septembre, alors l’herbe est sèche et les feuilles des arbres commencent à bourgeonner. Dans le passé, les agricultrices et les agriculteurs d’exploitations familiales auraient été occupés à débroussailler leurs champs. Cependant, je parle énormément de l’agriculture de conservation à la radio et suis très heureux de voir qu’il n’y a aucune trace de feux de brousse.
Nous avons dépassé un village et traversons un autre. Non, nous n’allons pas le traverser ce village. Nancy est en train de ralentir.
EFFETS SONORES: le bruit de la moto s’éteintC’est agréable de voir une femme dans la cuisine externe qui est en train de préparer sur un de ces fourneaux économes en combustible dont je parle avec tant d’ardeur dans mon émission radiophonique.
Pendant que Nancy et moi descendons de la moto, la femme vient à notre rencontre en nous adressant de joyeux mots de bienvenue, avant de donner une grande accolade à Nancy. Par la suite, elle commence à faire des youyous et, soudain, plusieurs autres femmes sortent de leurs maisons pour venir à notre rencontre. Certaines portent des bébés au dos ou montrent des signes de grossesses. Un groupe d’enfants curieux du village se rassemblent pour voir ce qui se passe.
La femme qui est sortie de la cuisine est visiblement la responsable du groupe, et dès que le nombre de femmes a augmenté, elle les a conduites dans un chant de bienvenue.
EFFETS SONORES: CHANT DE BIENVENUE ET YOUYOUSMaintenant, en ce qui concerne le manioc, on le cultive dans cette région depuis longtemps. Cependant, nous l’avons toujours sous-estimé par rapport au maïs. Pour cette raison, nous le plantons généralement dans un recoin du jardin comme un produit sans importance et qu’on peut à l’occasion déterrer et manger directement cru ou bouilli comme casse-croûte.
En général, nous déterrons les tubercules, les lavons pour les débarrasser de la terre avant de les éplucher. Ensuite, nous les découpons en morceaux et nous les faisons bouillir dans une marmite. Le manioc de bonne qualité cuit rapidement et parfois vous n’avez même pas besoin d’ajouter du sel. Les enfants peuvent le manger directement et boire simplement de l’eau par la suite. Ils peuvent également le manger accompagnés de thé à la place du pain ou des petits pains. On retrouve même du manioc dans notre plat traditionnel, le nshima, n’est pas, Amake Tamara?
Le manioc offre quelques avantages supplémentaires. Vous pouvez utiliser les tiges du manioc comme matériel végétal, ce qui vous revient moins cher que d’acheter des semences de maïs. De plus, la farine de manioc peut se conserver pendant deux ou trois ans sans se gâter.
Mais, dites, je vois que vous ne buvez pas votre munkhoyo. Se pourrait-il que vous ne l’aimiez pas?
Avec la farine de manioc, vous avez juste à mettre une marmite d’eau à bouillir sur le feu. Ensuite, vous retirez la marmite du feu, vous la déposez par terre et vous commencer à ajouter la farine tout doucement en prenant soin de mélanger jusqu’à ce que vous obteniez une bouillie très épaisse. Et voilà, le tour est joué, votre nshima au manioc est prêt!
Pendant ce temps-là, je décortique mes arachides et je choisis les meilleures graines. Puis, je fais frire les arachides, les laisse refroidir pendant un moment et les débarrasse de leur enveloppe. Après ça, je les pile jusqu’à ce que j’obtienne une pâte.
Mais, si je veux utiliser de la poudre d’arachide, je ne fais pas frire les graines. Au contraire, après avoir décortiqué les arachides et sélectionné les meilleures graines, je les pile tout simplement et les tamise pour avoir une fine poudre.
Lorsque les feuilles sont bien cuites, j’ajoute le beurre ou la poudre d’arachide au lieu d’ajouter de l’huile de cuisson. Puis, j’ajoute du sel, mélange le tout vigoureusement pendant quelque temps. Ensuite, je retire quelques bois du feu, afin de laisser mijoter ma sauce à feu doux. Après ça, j’ajoute de la tomate et des oignons. Nous appelons cette sauce le gwada wovundula. Mes enfants l’aiment tellement que je dois utiliser une grande marmite pour préparer le nshima!
Une autre recette que les gens ont appris à aimer est de manger le manioc avec des arachides. Pour cette recette, après avoir les avoir lavés, les tubercules sont épluchés, mais il ne faut pas les découper en morceaux. Puis, on les laisse tremper dans l’eau pendant quelques jours. Lorsqu’ils commencent à sentir le rassis …
Bref, après les avoir retirés de l’eau, il faut les mettre à sécher au soleil.
À Bembaland, ce plat s’appelle kalundwe nembalala. Il est si prisé que les femmes en vendent sur le bord des routes. Mais c’est plus qu’un casse-croûte. Après l’avoir mangé et bu un verre d’eau, vous serez entièrement rassasié. Avec de si merveilleuses recettes, il n’est pas étonnant que nous les Bemba soyons si robustes et en bonne santé!
Alors, veuillez accorder un peu plus de respect au manioc et cultivez-en dans vos champs cette année. Comme les femmes de Kagunda l’ont confirmé, le manioc est une plante dont vous pouvez utiliser toutes les parties. Vous pouvez utiliser les feuilles pour faire de la sauce, vendre les tiges à vos collègues agricultrices et agriculteurs pour qu’ils les plantent et, bien sûr, les racines remplaceront les petits pains et le pain pour votre déjeuner, et vous donneront votre nshima béni!
Quel superbe produit qu’est le manioc!
Acknowledgements
Contributions : Filius Chalo Jere, réalisateur d’émissions radiophoniques agricoles à Breeze FM, à Chipata en Zambie
Révision : Mme Nancy Kaenga, nutritionniste au ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, Chipata en Zambie
Projet réalisé avec l’appui financier du Gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada
Information Sources
Entrevues :
Mme Nancy Kaenga, nutritionniste, ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, Chipata, Zambie, 22 septembre 2014
Chosiwe Shanzi, présidente, Amake Tamara, Abelesi et autres membres de l’Association des femmes de Kagunda, Chipata, Zambie, 22 septembre 2014
Dr Martin Chiona, phytogénéticien/spécialiste des racines et tubercules, Mansa, province du Luapula, Zambie. Interrogé à Chipata, en Zambie, le 17 septembre 2014