Aquaculture au Ghana : la pisciculture contribue à la hausse des bénéfices agricoles et l’amélioration de l’alimentation de la famille

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Notes au radiodiffuseur

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L’aquaculture est la production de plantes, d’animaux ou des deux dans un milieu aquatique contrôlé. La pisciculture est une composante majeure de l’aquaculture.

Le Ghana offre de bonnes conditions pour l’aquaculture. Le climat se prête à l’élevage du tilapia et d’autres espèces, la quantité et la qualité des réserves d’eau y sont exceptionnelles, la main-d’œuvre est abondante et le pays produit suffisamment de ressources agricoles pour approvisionner la grande industrie des aliments pour poissons.

Dans le passé, les habitants de certaines régions du Ghana devaient leur survie à la pêche. Cependant, une bonne partie des réserves naturelles de poissons ont disparu dès suite de diverses raisons, y compris la surpêche, l’utilisation d’engins de pêche inappropriés, le déboisement et la dégradation des bassins hydrographiques, les changements climatiques, le développement urbain et la destruction des plans d’eau. Le Ghana n’arrive à combler que seulement 50 % environ de sa demande en poisson. Par conséquent, il y a là un grand potentiel pour les agricultrices et les agriculteurs de pallier cette pénurie par le poisson d’élevage.

Au Ghana, la pratique de l’aquaculture est confrontée à deux problèmes, à savoir le manque d’alevins de tilapia faciles à se procurer et le manque d’aliments de poissons granulés standardisés, peu coûteux et faciles à obtenir.

Au Ghana, les réserves disponibles en alevins de tilapia sont limitées et les alevins coûtent assez cher. Selon certaines études, le prix des alevins peut atteindre jusqu’à 40 % du prix d’un poisson adulte. Ce coût élevé et le faible bénéfice qu’ils en retirent rendent les agricultrices et les agriculteurs peu enthousiastes à pratiquer la pisciculture.

Toutefois, le Ghana est en train de mettre en place un programme visant à rendre disponibles les alevins toute l’année, et ce, en grande quantité et à un coût variant entre 2 % et 7 % du prix des poissons adultes. Cela changera radicalement la dynamique de la pisciculture.

Actuellement, les aliments de poissons commerciaux sont importés d’Amérique du Sud, du Moyen-Orient ou d’Asie vers l’Afrique de l’Ouest. Le coût élevé de ces importations empêche la plupart des agricultrices et des agriculteurs d’exploitations familiales du Ghana de s’en procurer, les poussant ainsi à remplacer ces aliments par des aliments locaux fabriqués à base de résidus d’huile de palme et d’épluchures de manioc. Ces produits sont faibles en nutriments, et ont pour conséquence une production piscicole de mauvaise qualité et non constante.

Ce texte radiophonique est basé sur une entrevue réalisée avec M. Peter Opoku, pisciculteur à Mankranso, dans la région ashanti au Centre du Ghana, le professeur Stephen Amisah, doyen de la Faculté des ressources renouvelables de l’Université Kwame Nkrumah. Le texte traite des problèmes spécifiés ici dans les Notes.
Vous pourriez utiliser ce texte radiophonique dans le cadre de votre émission agricole courante, utiliser des voix d’actrices et d’acteurs pour représenter les oratrices et les orateurs. Si tel est le cas, assurez-vous de prévenir votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’actrices et d’acteurs, et non celles des personnes avec lesquelles les entrevues originales ont été réalisées.

Vous pourriez également vous servir de ce texte radiophonique comme document de recherche ou vous en inspirer pour créer vos propres émissions sur la pisciculture dans votre pays.

Discutez avec des piscicultrices, des pisciculteurs et des spécialistes en aquaculture. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :

Quels sont les débouchés de production et vente de poisson dans votre communauté, région ou pays?
Quelles sont les principales difficultés de production et de commercialisation, et quelles sont les solutions que les agricultrices et les agriculteurs ont trouvées à ces difficultés?

Durée estimée pour ce texte : 20-25 minutes, avec la musique de début et de fin

Texte

ANIMATEUR:
Vous écoutez (nom de la radio) et je m’appelle (nom de l’animateur). C’est votre émission agricole préférée (titre de l’émission). Aujourd’hui, nous allons parler de la pisciculture, un moyen dont les agricultrices et les agriculteurs peuvent se servir pour réduire la pauvreté, améliorer l’alimentation de leurs familles et assurer leur sécurité alimentaire. Nous vous présenterons un pisciculteur qui gère une entreprise piscicole rentable, et nous lui demanderons de nous raconter comment il a réussi!

INDICATIF SONORE RÉGLÉ SOUS

La pisciculture peut être un projet rentable pour les agricultrices et les agriculteurs. Cependant, des problèmes comme le manque d’aliments de poissons et la non-disponibilité d’alevins sur les marchés locaux empêchent les agricultrices et les agriculteurs ghanéens de tirer le maximum d’avantages de la pisciculture.

Aujourd’hui, nous entendrons des agricultrices et des agriculteurs qui se font de l’argent grâce à la pisciculture. Nous discuterons avec deux personnes: M. Opoku Peter, agriculteur Mankranso dans la région ashanti du Ghana, et le professeur Stephen Amisah, doyen de la Faculté des ressources renouvelables et du département des pêches de l’Université des sciences et des technologies Kwame Nkrumah.

M. Peter Opoku vit à Mankranso avec sa famille. Il est père de quatre enfants. Il cultive du maïs, du manioc, du riz, de la banane plantain, et élève en plus des poissons. Il élève également des moutons, des chèvres et de la volaille. M. Opoku cultive une terre d’environ 20 acres, située non loin de son domicile dans le village. Il utilise les recettes de son exploitation agricole pour nourrir sa famille et pourvoir à leurs autres besoins. En tant que chef de famille, il doit participer à des funérailles tous les samedis et apporter sa contribution à la grande famille. Il dit couvrir tous ces besoins avec les revenus que lui rapporte l’exploitation.

Notre reporteur Kwabena Agyei a rendu visite à M. Peter Opoku à Mankranso.

 

EFFETS SONORES: SONS PROVENANT DE L’EXPLOITATION AGRICOLE, BRUITS DE GOUTTES DE PLUIE

ANIMATEUR:
C’est la saison pluvieuse de septembre au Ghana. Il est 9 h du matin et il pleut depuis les premières heures du matin, bien qu’il ne s’agisse pas d’averses. J’accompagne M. Peter Opoku dans sa ferme située à environ 25 minutes de marche du village.

M. Opoku porte des bottes Wellington et des vêtements destinés aux travaux champêtres. La terre est boueuse et glissante. Je dois retirer mes chaussures pour marcher dans l’eau et la boue. Il y a des grenouilles et des crapauds qui sautent partout au fur et à mesure que nous avançons vers les étangs piscicoles. En tout, cinq étangs sont aménagés près d’une rivière qui est sortie de son lit à cause de la pluie qui n’a cessé de tomber au cours des dernières semaines. D’autres agricultrices et agriculteurs cultivent tout autour des étangs. On peut entendre le coassement des grenouilles partout. Je demande à l’agriculteur comment il a commencé la pisciculture.

PETER OPOKU:
Tout comme il est en train de pleuvoir en ce moment, il pleuvait un jour de 2009 lorsque je suis venu ici pour m’occuper de mes plants de riz et de gombo. Il pleuvait des cordes ce matin-là et toutes les plantes étaient restées immergées pendant longtemps. Je me rappelle avoir vu un très grand nombre de crapauds et de grenouilles. J’ai même dit à ma femme que c’était comme s’il pleuvait des crapauds et des grenouilles.

À ce moment, un ami m’a rendu visite ici à la ferme et m’a suggéré d’utiliser cette terre pour mener une activité qui devenait de plus en plus devenir rentable dans le pays. Je me suis demandé quel type d’activité pouvait être réalisé sur une terre gorgée d’eau. Mais mon ami m’a dit que la terre se prêtait à la pisciculture. Au départ, je n’ai pas aimé l’idée, mais maintenant je profite des recettes.

ANIMATEUR:
Qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée?

PETER OPOKU:
J’ai consulté certaines personnes et j’ai décidé de tenter ma chance. Pour commencer, nous avons utilisé des pioches et des pelles pour creuser une tranchée de 50 pieds sur 50 pieds et profonde de six pieds.

La tranchée s’était à nouveau remplie d’eau au moment où nous finissions de la creuser. Un pisciculteur m’a conseillé de vider l’eau de l’étang et de débarrasser l’eau de tous les morceaux de bois, les insectes morts, les reptiles et les feuilles.

La semaine suivante, l’étang était à nouveau rempli. On m’a conseillé d’attendre environ trois semaines avant d’y mettre les alevins. Les gens m’ont dit que cela permettrait à la boue de se déposer dans le fond et à l’air de pénétrer dans l’eau qui se trouve dans l’étang, afin d’éviter que les substances dangereuses émanant des racines d’arbres coupés autour de l’étang ne nuisent aux poissons.

Trois semaines après, l’eau était claire et on pouvait voir le fond de l’étang. Cela démontrait que l’eau était assez saine pour les poissons.

ANIMATEUR:
Je vois que vous avez clôturé l’étang. Pourquoi?

PETER OPOKU:
Après avoir nettoyé l’eau, j’ai clôturé l’étang avec un filet pour éviter que les crapauds, les grenouilles et les serpents ne pénètrent dans l’étang avant d’y mettre les alevins. Ces animaux mangent les alevins. De plus, les serpents et les autres reptiles peuvent se multiplier et envahir l’étang. Cela est également dangereux pour les êtres humains.

Avez-vous remarqué comment les berges de l’étang sont inclinées loin de l’étang. C’est pour empêcher que les berges ne s’affaissent et ne provoquent une pollution de l’eau. Le tuyau installé ici au coin de l’étang sert à évacuer l’excès d’eau de l’étang, et empêcher les poissons de s’échapper au cas où l’étang déborderait. J’ai planté des herbes autour de l’étang pour éviter l’érosion des berges.

ANIMATEUR:
Comment avez-vous aleviné l’étang?

PETER OPOKU:
J’ai démarré l’étang avec 1000 alevins de tilapia. Les premiers alevins n’étaient pas destinés à l’élevage. Je les élevais pour les vendre.

Je n’avais pas d’argent pour acheter des aliments composés au magasin. Alors, j’ai mélangé de la balle de maïs et de riz avec du poisson broyé. Ce n’était pas un bon aliment, mais je n’avais pas le choix. Le sac d’aliments composés de 50 kilos se vendait à 100 cedis ghanéens (35 $US) au magasin. Un sac suffit pour nourrir 1000 alevins pendant trois jours.

Toutefois, les aliments que je fabriquais moi-même ne favorisaient pas une bonne croissance des poissons. J’ai voulu les récolter neuf mois après, mais ils étaient trop petits pour être vendus. J’ai dû les laisser grossir pendant neuf autres mois. Sur 1000 alevins que j’avais mis au départ dans l’étang, j’ai vendu environ 750 après 18 mois. J’en ai tiré peu de bénéfices, en dehors de ceux que j’ai utilisés pour ma consommation personnelle et de ceux que j’ai offerts aux amis et aux membres de la famille. Cependant, je suis devenu accro à la pisciculture dès cette première tentative.

ANIMATEUR:
Nous reviendrons dans un instant avec plus d’informations sur la pisciculture, lorsque nous entendrons le spécialiste en aquaculture, le professeur Stephen Amisah.

MUSIQUE PENDANT 15 SECONDES

ANIMATEUR:
Vous nous souhaitons encore la bienvenue. Vous écoutez toujours l’émission agricole (titre de l’émission) sur (nom de la station de radio). Je vais revenir à M. Opoku Peter un peu plus tard. Pour le moment, écoutons le professeur Stephen Amisah, doyen de la Faculté des ressources renouvelables de l’Université des sciences et des technologies Kwame Nkrumah de Koumassi. Il nous parlera des difficultés et des perspectives liées à la pisciculture au Ghana.

ANIMATEUR:
Quelles sont les difficultés que rencontrent les piscicultrices et les pisciculteurs locaux?

STEPHEN AMISAH:
Une des difficultés est que la plupart des agricultrices et des agriculteurs ne peuvent pas s’approvisionner directement en aliments de poissons produits localement. La majorité des aliments de poissons commerciaux sont importés et coûtent cher. Ainsi, les agricultrices et les agriculteurs doivent recourir à un mélange d’aliments importés et d’aliments locaux. Parfois, ils donnent trop à manger aux poissons des étangs. Les aliments non consommés pourrissent et provoquent une baisse de l’oxygène, ce qui nuit aux poissons.

Un autre problème est l’incapacité des agricultrices et des agriculteurs à obtenir un crédit pour démarrer une exploitation agricole.

ANIMATEUR:
Pourquoi les agricultrices et les agriculteurs sont incapables d’obtenir des crédits?

STEPHEN AMISAH:
Cela résulte en partie du fait que les agricultrices et les agriculteurs ne tiennent pas de registres sur leurs activités agricoles. S’ils le faisaient, les banques pourraient examiner ces registres et leur accorder un crédit.

De plus, la plupart des agricultrices et des agriculteurs cultivent sans tenir compte de l’accès aux marchés. Ce qui que les poissons se vendent à un bas prix pendant la récolte.

Il y a un manque d’informations appropriées sur l’aquaculture. Les agentes et les agents de vulgarisation sont mal formés en aquaculture. Ils suivent des formations sur l’agriculture en général et ils essaient de déduire par leurs connaissances en agriculture qu’ils s’y connaissent en aquaculture, mais ce sont deux domaines qui sont assez différents.

Par exemple, si vous essayez d’appliquer le régime alimentaire des chèvres, des moutons ou de la volaille aux poissons, vous aurez sans aucun doute des problèmes.

ANIMATEUR:
Qu’en est-il de la commercialisation?

STEPHEN AMISAH:
Les gens vont au marché pour acheter de gros tilapias. Si une agricultrice ou un agriculteur introduit du tilapia dans les étangs, elle ou il pourrait se retrouver avec un étang rempli de petits tilapias qui ne trouvent pas beaucoup de preneurs sur le marché. Pour avoir de plus gros tilapia, vous devez procéder au renversement de sexe.

ANIMATEUR:
Le renversement de sexe? Qu’est-ce que c’est?

STEPHEN AMISAH:
Cela relève des compétences des piscicultrices et des pisciculteurs et non des agricultrices et des agriculteurs. À l’âge d’environ 14 jours, les alevins sont placés dans une mare séparée où on les nourrit d’aliments spéciaux pendant 25 à 30 jours. Ces aliments contiennent de l’hormone mâle testostérone. Cette hormone transforme tous les alevins en des spécimens mâles qui grandissent 30 à 40 % plus vite que les femelles. Comme je l’ai dit, c’est quelque chose que les piscicultrices et les pisciculteurs font, pas les agricultrices et les agriculteurs. En ce qui concerne ces derniers, on leur recommande d’acheter des poissons à sexe inversé auprès de fournisseurs accrédités.

Cependant, il peut être difficile d’acheter des alevins de poisons à sexe inversé. En outre, il arrive parfois que les alevins que vous mettez dans les étangs ne soient pas tous à sexe inversé. Ils commencent à se reproduire et très peu de temps après l’étang au complet se remplit de petits poissons. En conséquence, les agricultrices et les agriculteurs doivent acheter les alevins auprès de fournisseurs accrédités.

ANIMATEUR:
Existe-t-il d’autres problèmes auxquels sont confrontés les piscicultrices et les pisciculteurs?

STEPHEN AMISAH:
Parfois, les gens donnent trop à manger aux poissons. Les aliments non consommés se décomposent et forment des dépôts au fond de l’étang. Cela entraîne la prolifération d’algues qui sont nuisibles pour la santé les poissons, et qui doivent être évitées.

L’autre problème est que, périodiquement, les agricultrices et les agriculteurs doivent évacuer l’effluent des étangs. Certaines fermes piscicoles déversent directement l’effluent dans une rivière où les populations vivant en aval s’approvisionnent en eau. Les agricultrices et les agriculteurs peuvent installer des tuyaux pour évacuer l’effluent du fond des étangs. Ces tuyaux sont munis d’un robinet que les agricultrices et les agriculteurs ouvrent de temps en temps, afin de faire passer l’effluent dans une fosse aménagée pour le retenir.

ANIMATEUR:
Nous connaissons les tilapias et les silures, mais est-ce qu’il existe d’autres espèces que les agricultrices et les agriculteurs peuvent élever ici?

STEPHEN AMISAH:
On met tellement l’accent sur le tilapia et le silure, alors qu’il existe d’autres espèces qui sont également bonnes et rentables. Deux d’entre elles sont le pareutropius debauvi connu sous le nom de poisson-chat africain ou koboo en langue akan, et le pollimyrus adspersus, également désigné comme le dipneuste africain ou takeri si wakyi en langue akan. Ces espèces se vendent bien sur les marchés ghanéens.

Un des plus graves problèmes auxquels sont confrontés les agricultrices et les agriculteurs actuellement est l’importation de tilapias peu coûteux et de mauvaise qualité de la Chine. Bien qu’ils soient interdits, ils arrivent toujours à pénétrer dans le pays.

ANIMATEUR:
C’était le professeur Stephen Amisah, doyen de la Faculté des ressources renouvelables de l’Université des sciences et des technologies Kwame Nkrumah.

Nous allons revenir à M. Opoku Peter pour qu’il nous explique davantage comment il est devenu un pisciculteur prospère.

PETER OPOKU:
Après la première récolte avec mon premier étang, je me suis intéressé davantage à la pisciculture, car les gens commençaient à venir de Koumassi pour acheter mon tilapia, même si je n’avais qu’un étang. La commercialisation n’était pas un problème. J’ai vendu tous les poissons le même jour où je les avais récoltés! J’ai vendu un kilo de poissons pour 10 cedis ghanéens.

En 2010, j’ai financé la construction de trois autres étangs. Des responsables du ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture m’ont montré comment construire les étangs. J’ai loué une excavatrice pour les travaux d’excavation. Les trois étangs mesurent chacune 100 pieds carrés sur 100.

La location de l’excavatrice était une bonne chose, mais ça m’a coûté beaucoup d’argent. J’ai déboursé 1500 cedis ghanéens (405 $US) pour chaque étang. Ce coût est élevé pour la majorité des agricultrices et des agriculteurs. En fait, j’ai utilisé l’argent de la vente de poissons de la première récolte pour financer cette construction.

ANIMATEUR:
Où avez-vous trouvé les alevins cette fois-ci?

PETER OPOKU:
Je les ai achetés chez Nana Siaw, un pisciculteur commercial de Koumassi. Mille alevins me sont revenus à environ 500 cedis ghanéens, soit presque 166 dollars américains. Chaque étang contenait environ 2500 alevins de tilapia que j’ai dû transporter sur près de 25 kilomètres jusqu’à mon exploitation agricole. Les agricultrices et les agriculteurs doivent transporter les alevins le matin ou le soir pour éviter qu’ils ne meurent à cause de la chaleur. J’ai loué une camionnette Toyota avec des aquariums remplis d’eau pour transporter les alevins jusqu’à mon exploitation agricole.

Avec quatre étangs remplis de 10000 alevins, je dois bien les alimenter, afin qu’ils puissent grossir à un rythme normal.

ANIMATEUR:
Avez-vous eu des problèmes cette fois-ci?

PETER OPOKU:
J’ai eu les mêmes problèmes d’aliments comme cela fut le cas avec mon premier étang. Toutefois, j’ai développé de très bons aliments locaux faits à base de maïs, de riz, de niébé et de poisson séché. J’ajoute un peu d’eau à ce mélange dans de l’eau et je roule en boudins pour faire ensuite des pellets. Un sac de riz de 50 kilos et un gros sac ou un sac de maïs de 90 kilos, ainsi qu’un panier de nsesaawa, sorte de poisson que l’on vend sur le marché local, suffisent à nourrir les alevins de quatre étangs pendant deux semaines lorsque vous pratiquez l’alimentation en cage. Cela coûte beaucoup moins cher que d’acheter des aliments importés.

ANIMATEUR:
Que voulez-vous dire par alimentation en cage?

PETER OPOKU:
Nous plaçons un filet en métal dans l’étang pour cloîtrer un certain nombre de poissons qui sont nourris en même temps. Cela empêche les aliments de se répandre dans le reste de l’étang.

ANIMATEUR:
Depuis combien de temps utilisez-vous vos aliments locaux, et quelle est leur efficacité?

PETER OPOKU:
J’utilise ce type d’aliments depuis que Nana Siaw m’a montré comment les préparer. Les poissons se développent bien avec ces aliments. Lors de ma dernière récolte, il y a quelques semaines, certains poissons pesaient un kilo. Le kilo coûte 12 cedis ghanéens maintenant. Je dois avouer que la pisciculture est un projet rentable qui vaut la peine d’être réalisé.

Je peux désormais payer les frais de scolarité de mes enfants grâce au revenu que me rapporte la pisciculture.

ANIMATEUR:
M. Peter Opoku nous a fourni de bonnes informations sur la pisciculture. Maintenant, il va nous parler des problèmes qu’il rencontre et de ses plans pour l’exploitation agricole.

PETER OPOKU:
Il y a beaucoup à gagner avec la pisciculture. Ce n’est pas difficile de prendre soin des poissons, mais il y a certains problèmes, dont le premier est le coût des alevins qui peut représenter jusqu’à 40 % du coût des poissons adultes.

La deuxième difficulté se situe au niveau de l’approvisionnement en aliments. Ces derniers sont importés et coûtent trop cher pour la plupart des agricultrices et des agriculteurs d’exploitations familiales. Cela pousse les agricultrices et les agriculteurs à utiliser des aliments locaux non autorisés et qui sont composés de restes de nourriture que nous consommons. Cela peut être dangereux pour les poissons.

Troisièmement, le nettoyage des étangs est aussi une tâche difficile. Il n’y a pas d’équipement pour nettoyer ou vider correctement l’effluent de poissons. Par conséquent, les étangs restent souvent sans être nettoyés pendant quelque temps, et cela peut nuire à la qualité et la quantité des poissons.

On trouve difficilement les filets de pêche. Vous devez vous rendre sur la côte pour les acheter.

L’afflux de tilapias chinois est l’un de nos problèmes majeurs. Les piscicultrices et les pisciculteurs n’ont pas vraiment de la difficulté à vendre leurs produits au Ghana. Toutefois, depuis que l’importation de tilapias de la Chine a commencé, les perspectives pour notre marché sont à la baisse. Bien que le gouvernement ait interdit l’importation de tilapias, nous en avons toujours qui entrent dans le pays.

ANIMATEUR:
Nous avons vu qu’il existe de bonnes perspectives pour la pisciculture au Ghana, mais que les problèmes ne manquent pas non plus. Nous allons à nouveau laisser la parole à M. Peter Opoku.

PETER OPOKU:
La pisciculture n’est pas la seule activité que je mène. Je cultive également des produits comme le maïs, le niébé et le riz. J’utilise certains de ces produits pour nourrir les poissons. Je cultive également du manioc et de la banane plantain. Je subviens aux besoins de ma famille grâce à l’élevage de quelques animaux dont je consomme une partie et vends l’autre.

J’utilise environ 10 acres de terre pour les étangs de poisson et le reste pour l’agriculture. En fait, je pratique l’agriculture mixte. Ma femme et mes enfants m’aident pour toutes les activités de l’exploitation. Mes enfants nourrissent les poisons et entretiennent les étangs, pendant que je vais cultiver mon champ. Cela permet de réduire le coût des activités agricoles. Cependant, j’engage parfois des gens pour m’aider au champ.

ANIMATEUR:
Diriez-vous que la pisciculture a amélioré vos conditions de vie?

PETER OPOKU:
La vie que j’avais avant de commencer la pisciculture n’était pas du tout facile. Mais lorsque je me suis tourné vers la pisciculture, j’ai vu mes revenus augmenter. Je peux aller en tout temps pêcher du poisson à l’étang pour nos repas. Mes enfants préfèrent le poisson à la viande. Ils me disent que cet aliment les rend heureux. Mon revenu annuel a augmenté d’environ 40 %.

Nous avons une coopérative régionale de piscicultrices et de pisciculteurs. Je participe à plusieurs ateliers qui m’aident à apprendre de nouvelles méthodes de pisciculture. J’apprends également à tenir des registres pour toutes mes activités agricoles. Je tiens des registres pour la quantité d’aliments que je donne aux poissons et je surveille la qualité de l’eau et l’application d’autres mesures de sécurité pour les poissons et les étangs. Je vérifie le poids des poissons au fur et à mesure qu’ils croissent. J’ai également des registres pour mes revenus et mes dépenses. Cela m’aide à obtenir des prêts auprès d’une caisse populaire, pour acheter certains équipements destinés à l’exploitation agricole.

ANIMATEUR
: Nous venons d’entendre l’histoire d’un cultivateur-grainetier qui a diversifié ses activités en se lançant dans la pisciculture, et qui a pu remplir toutes ses obligations en tant qu’homme marié. Pourquoi ne pas tenter vous aussi de vous lancer dans la pisciculture? Après tout, le poisson est une bonne source d’alimentation, et la vente de poisson peut vous rapporter de bons revenus.

Chers auditrices et auditeurs, c’est ici que prend fin notre discussion. Je vous retrouverai à nouveau sur (nom de la station) la semaine prochaine. C’était (nom de l’animateur). À la prochaine.

Acknowledgements

Remerciements

Contribution : Kwabena Agyei, chargé de programmes, Radios Rurales Internationales, Ghana.
Révision : Steve Amisah, professeur agrégé, département des pêches et de la gestion des bassins hydrographiques, Faculté des ressources renouvelables, Université des sciences et des technologies Kwamé Nkrumah, Koumassi, Ghana

Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada fourni par l’entremise du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD)

Information sources

Entrevues réalisées avec :
Peter Opoku, le 20 août 2014
Professeur Stephen Amisah, le 18 août 2014
Augustine K. Opoku, MDAA, Kumasi Metro, le 19 août 2014
Samuel Ayobi, MDAA, Mankranso, le 19 août 2014
Kofi Takyi, pisciculteur, Techiman, Brong Ahafo, le 20 août 2014
Stephen Appiagyei, pisciculteur, Techiman, le 20 août 2014
Thomas A Tei, pisciculteur, Akuse, région de l’Est, le 27 août 2014. (Entrevue téléphonique)
Nana Siaw, pisciculteur, Ahomaso, Ashanti, le 10 août 2014

Project undertaken with the financial support of the Government of Canada through the Department of Foreign Affairs, Trade and Development (DFATD)